En tandem sur la route de la soie

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Boue et pétrole

Bonjour à toutes et à tous !

Ca y est, on est de retour en Europe, on vous raconte bientôt nos derniers jours dans une prochain post. Avant ça, je rattrape mon retard en publiant deux vidéos de notre sortie avec Marlène et Vincent en Azerbaïdjan. Pour rappel, on était tombés sur une flaque de pétrole puis on avait rejoint les volcans de boue. Autant dire qu’avec notre passé de physiciens des fluides, on était scotchés ! On espère que ces vidéos vous fascineront aussi !

J’en profite pour vous souhaiter une très belle année 2019. Au delà des traditionnels vœux de bonheur et de santé, je ne peux m’empêcher de vous souhaiter de franchir le pas pour tous vos projets rêvés, même s’ils vous semblent un peu fous. En préparant ce voyage, nos proches se sont parfois inquiétés (dangers potentiels, boulot…), et pourtant, on n’aura pas regretté une seule seconde cette prise de risque. Donc vraiment, si vous hésitiez encore : lancez-vous !

Et comme vous le savez, une autre chose qui nous tient à cœur et nous préoccupe est l’écologie et l’état catastrophique de notre planète, nous courrons littéralement à notre perte en continuant ce modèle thermo-industriel qui détruit tant la nature que les humains. Il semblerait que 2018 ait été l’année d’une prise de conscience plus large, en France du moins. Le succès de la pétition l’affaire du siècle (que je vous invite à signer si vous ne l’avez pas déjà fait) en témoigne. J’appelle donc de tous mes vœux (et promis, on fera bien plus qu’espérer 😉 ) que 2019 soit l’année marquée par de réelles actions et des changements de cap.

Merci encore à vous pour tous vos retours qui nous encouragent à poursuivre ce blog et bon visionnage !

Stéphanie

 

Au jour le jour

Amitiés à Tbilisi

Notre séjour à Tbilisi devait durer une petite semaine, mais les rencontres et l’environnement si agréables nous ont facilement convaincus de rester plus longtemps. L’autre raison est que pour rejoindre Batumi il n’y a qu’une route dans la vallée, qui est très large et très fréquentée. Normalement les cyclos passent par le plateau arménien au sud, mais à cette période de l’année nous n’osons pas, il fait très froid et la neige est déjà présente à cette altitude de 2000m. Ainsi nous déciderons de prolonger notre séjour et de prendre un transport pour rejoindre Batumi.

L’arrivée à Tbilisi nous a causé notre premier choc d’un retour à la ville. Nous avions évité Baku, ainsi c’est la première ville “occidentale” depuis bien longtemps : lumières de partout, centres commerciaux immenses en périphérie, casinos pour les touristes… En plus il y a une vieille ville, donc ça ressemble vraiment à une capitale européenne !

Vincent a une connaissance du milieu de la musique qui vit désormais à Tbilisi, et nous le rencontrons accompagné de sa femme dès le lendemain de notre arrivée. Brice était ingénieur lumières lorsqu’il a rencontré Vincent ; à Tbilisi, il est cogérant de la salle de concert Backstage 76. Sa femme Tamouna est d’origine Géorgienne, elle enseigne notamment les arts plastiques à l’école française, mais c’est une artiste au multiples talents comme le théâtre, la musique et le chant.
Nous avons une chance immense d’avoir pu faire leur connaissance, ils ont été des hôtes exceptionnels, d’excellent conseil, des guides passionnés, et par dessus tout des amis d’une générosité sans borne ! Notre séjour à Tbilisi a été d’une richesse incroyable grâce à eux, merci à Marlène et Vincent de nous avoir tous regroupés !

Le groupe whatsapp des cyclos nous donne un excellent conseil de magasin de vélo, nous avons besoin de faire une révision complète du tandem. Il a été entièrement bichonné pour la dernière fois à Mashad, ça commence à faire longtemps, surtout qu’il a encaissé le Pamir entre temps… J’amène le tandem chez bike house, et le mécano que j’y rencontre est excellent ! Il découvre quelques soucis non prévus, en particulier l’axe du moyeu est KO. Il n’a pas ce modèle d’axe et nous devons donc changer de moyeu, il nous propose un modèle assez innovant qui fonctionne avec des roulements à billes au lieu des habituelles cages de billes. Il suffit de changer les roulements pour le remettre à neuf, c’est donc fiable et facile d’entretien, on verra dans la durée ! Il constate aussi que notre jante présente des amorces de fissures. Elles sont nombreuses et toutes (sauf une) au niveau des œillets des rayons côté frein… Au sujet des freins, la purge était plus que nécessaire à ce stade, notre liquide de frein était noir. J’ai aussi dû écumer les magasins de la ville pour trouver des pneus convenables, sans réussir vraiment : j’ai trouvé des pneus acceptables. Cette ronde des magasins est un classique, j’ai aperçu un autre cyclo en chemin que je retrouve chez bike house. Il a dû changer de jante et a des difficultés à trouver des rayons de la bonne taille. Je garde son contact et nous nous retrouverons régulièrement avec d’autres cyclotouristes présents à Tbilisi.

Entre les cyclos et les soirées en compagnie de Brice et Tamouna, nous sommes occupés tous les soirs ! Nous allons à Backstage pour la première fois le vendredi à l’occasion d’une soirée dansante, et nous rencontrons les associés de Brice. Ils sont aussi français et l’un d’eux a récemment ouvert un restaurant en centre ville. Nous y allons le lendemain et fréquentons ainsi les membres de la communauté française expatriée. Nous faisons de nombreuses rencontres très enrichissantes ! La vie d’expat est assez particulière, les conditions de vie sont souvent agréables, professionnellement les enseignants et détachés de la fonction publique ont des conditions de travail exceptionnelles comparé à la situation en métropole, les rencontres sont faciles et (un peu) variées, mais la communauté est par définition très mobile et la vie est faite de départs et d’arrivées, sauf pour ceux qui s’installent définitivement !

Le samedi 8 décembre, outre la manifestation des gilets jaunes, c’est aussi la marche internationale pour le climat. Nous avions espoir d’y participer, mais malheureusement aucun événement n’était programmé à Tbilisi… Stéphanie en parlait avec Marlène vendredi soir, et comme ni l’une ni l’autre ne sont du genre à se laisser abattre, elles ont décidé d’organiser une marche ! Nous sollicitons tous nos contacts cyclistes, je passe la matinée à produire des flyers que l’on imprime dans le petit magasin en bas de l’hôtel, un atelier gilet jaune et pancartes s’improvise dans la cour et tout est prêt pour aller marcher dans les rues de Tbilisi à 16h ! Voici quelques photos de cet événement :

Nous sommes plutôt contents des quelques discussions que nous avons pu avoir avec les gens de passage. Le niveau d’information était d’ailleurs plutôt bon ! Quelques personnes à la fin de mon speech étaient très perturbées et me demandait ce que je voulais (de l’argent peut être ?), ou bien ce qu’elles pouvaient faire ? Cette dernière question est très courante et je suis certain que parmi vous qui nous lisez certains d’entre vous s’interrogent identiquement. La réponse que je donnais était alors dans ces lignes : “Je vous encourage à vous renseigner sur l’étendue du problème, prendre le temps de comprendre les implications pour nos sociétés et pour vous même puis de faire ce qu’il vous semble être juste, ce qu’il vous semble être la bonne chose à faire.”

La Géorgie est extrêmement riche d’un point de vue culturel, et à Tbilisi les activités ne manquent pas ! Le dimanche soir Tamouna nous emmène au Théâtre du mouvement, à mi chemin entre le théâtre et le cirque c’est accessible aux étrangers car les interprètes sont aussi des acteurs. Seul le narrateur parle en géorgien, mais le spectacle est compréhensible même sans pouvoir saisir le sens de ses interventions occasionnelles.

J’en profite aussi pour placer ici les photos de la cathédrale, nous sommes allés écouter les chants polyphoniques le dimanche matin pour la messe :

Vincent, Marlène et Johanna décollent mardi en fin d’après midi, et pour leur dernière soirée à Tbilisi nous sommes de nouveau invités chez Brice et Tamouna. Ils nous réservent une très belle surprise puisque Tamouna a convié les musiciens de son groupe, et lorsque nous arrivons l’appartement est transformé en studio de répétition ! Sous couvert de répétition, nous avons en réalité droit à un véritable concert privé !! Tamouna interprète des chansons en français qu’elle écrit, ainsi que quelques reprises. Elle s’accompagne avec divers instruments tandis que ses musiciens jouent guitare, basse et percussions.
Pour nous, Tamouna incarne parfaitement la richesse et la générosité du peuple géorgien. En effet c’est une hôte excellente qui fait vivre avec talent la tradition du tamada, elle est attentionnée et maîtrise l’art de porter des toasts hautement philosophiques et touchants. Ce rôle de tamada incombe habituellement plutôt à des hommes, mais on espère que c’est en train de changer !

Le jour du départ j’aide tout le monde à amener les vélos et bagages jusqu’au bus qui va directement à l’aéroport et on se dit rapidement au revoir quand il arrive dans la foulée ! Ils sont tous bien rentrés, petite pensée pour Marlène qui après 21 mois sur la route sans aucun problème s’est fêlée trois côtes lorsque l’échelle qui monte à leur lit s’est dérobée sous ses pieds… Rester à la maison, c’est dangereux !

Lors de notre dernière soirée chez Brice et Tamouna nous avons fait la connaissance de Nicolas, un photographe et vidéaste qui vient de terminer son premier film qui porte sur la Géorgie. Il nous a invité à assister à la projection de son film qui aura lieu à Backstage le mercredi soir. Nous avons beaucoup apprécié son travail, il le présente habituellement à un public européen et c’était assez drôle de voir les réactions en live des géorgiens de souche !

Pour notre dernier soir à Tbilisi la pauvre Côt-côt est toute malade, elle a vomi plusieurs fois et on n’a pas le cœur de la laisser toute seule. On reste donc tranquillement à l’hôtel pour ranger toutes nos affaires. On aurait dû retourner à Backstage au moins pour prendre l’apéritif et dire au revoir à Brice et Tamouna. On est déçus et un peu tristes de ne pas avoir pu leur redire de vive voix à quel point nous avons appréciés les moments partagés avec eux, mais on espère bien les revoir, soit en France soit lors d’un prochain voyage ??

Nous avons beaucoup aimé notre séjour à Tbilisi, grâce aux rencontres que nous y avons faites mais aussi parce que la ville est très belle ! Le quartier ancien est superbe, même si on s’inquiète un peu pour les vieux bâtiments qui penchent dangereusement… Quand on sait que la zone est sismique, le prochain tremblement de terre pourrait avoir des conséquences catastrophiques ! La ville est très vallonnée ce qui offre de riches points de vue, en particulier depuis le télécabine et dans les jupes de la mère de la Géorgie.

Pour nous rendre à Batumi, nous devons commencer par rouler jusqu’à la station de bus, 10km au nord du centre ville. Une fois sur place nous trouvons facilement un fourgon, il nous propose de partir immédiatement sans attendre que les autres sièges ne soient remplis en payant plus cher. (Info cyclistes : la station s’appelle Didube, on s’en sort pour un peu moins de 60€ pour un fourgon entier, sachant que le trajet représente environ 20€ d’essence. Il est préférable de prendre le train, mais ce n’est pas possible avec Côtelette.)

L’arrivée de nuit à Batumi fait honneur à la ville, pleine de grande tours et de néons. Ce n’est pas vraiment le genre de ville que l’on adore, c’est une grande station balnéaire bourrée de casinos pour les touriste russes… Cependant, la période hivernale ayant vidé la ville de ses touristes, on y passe une journée de visite très agréable et ensoleillée. Comme depuis le début de notre séjour en Géorgie, on y mange très bien ! Le lendemain, nous devons nous rendre dans la matinée au bureau du ferry, mais un échange avec leur agent nous apprend qu’il n’est pas nécessaire de venir avant 12h. Finalement le ferry arrive à 12h, donc on a rendez-vous au bureau en début d’après midi. Évidemment, le ferry doit d’abord être vidé avant que nous ne puissions embarquer, il va donc falloir attendre ! Nous nous installons dans un restaurant 24/7 à proximité et prenons notre mal en patience. La bonne nouvelle c’est que notre contact nous assure que nous embarquerons dans la soirée, pas de nuit d’hôtel additionnelle ! On finit par recevoir le top départ à 23h, le temps d’embarquer et de décharger nos affaires et nous pouvons nous coucher vers 1h. Nous serons réveillés un peu plus tard par les douanes puis pouvons enfin attaquer une vraie nuit. Sur le bateau tout opère en heure bulgare (2h de moins), cela tombe bien car cela nous permettra de dormir suffisamment avant d’aller petit déjeuner !

Au jour le jour

Grand Caucase

Comme prévu lors de notre arrivée au port de Kuryk, la météo venteuse nous immobilise au terminal. Les prédictions météo de mon appli indiquent que le vent ne se calmera pas avant le week-end. Malin comme un singe, je demande à notre contact de la compagnie de bateau s’il est raisonnable de penser que le bateau partira donc au plus tôt le dimanche suivant. Le concept de prédiction météorologique lui semble totalement inconnu et il continue de prétendre que le bateau arrivera le lendemain. Cette situation cocasse peut vous sembler surprenante, mais c’est ainsi, il n’y a aucun planning de traversée, qui se font au gré de la météo. C’est assez drôle au fond, ça évoque les temps anciens où les offrandes aux dieux des vents étaient de rigueur pour espérer survivre à un séjour en mer. C’est même tristement proche, puisque la raison pour laquelle ces bateaux ne manœuvrent pas par grand vent est bien parce qu’il y a eu des accidents. Il sont trop haut par rapport à leur largeur, et peuvent donc se renverser facilement…

Ainsi, de lendemain en lendemain, nous patientons au total 4 nuits au terminal. Le plus drôle, c’est que le bateau est stationné en mer, immobilisé devant la rade, à attendre que le vent des steppes veuille bien se calmer. Heureusement, nous attendons en excellente compagnie ! Après deux nuits seuls dans le terminal, d’autres cyclistes nous rejoignent, attirés eux aussi par l’optimisme météorologiquement infondé de notre contact maritime. Nous faisons ainsi la rencontre de quatre cyclistes : Bang (Corée du sud) et Chang (Australie) plus Marlène et Vincent, un couple français parti depuis 20 mois déjà, avec qui nous sommes devenus très amis. Au moment où j’écris ces lignes ils embarquent dans un avion pour la France, et depuis notre rencontre nous ne sommes pas quittés !

Avant d’embarquer, nous transitons via un autre terminal bien mieux équipé, un lieu très agréable dont on regrette d’avoir été exclu durant nos 5 jours d’attente ! Il se trouve dans la zone sécurisée du port à laquelle nous n’avons pas le droit d’accéder sans être accompagnés… Il faut dire que le complexe entier a ouvert il y a 3 mois environ et tout n’est pas encore bien rodé. Par exemple la cantine est parfois accessible, parfois interdite, cela dépend du garde présent à l’entrée de la zone sécurisée… Voici une photo de l’endroit où nous dormions :

L’embarquement se passe sans problème, c’est aussi un train-ferry, donc des wagons viendront remplir tout l’espace disponible derrière les quelques camions. On a presque eu peur que Côtelette soit enfermée dans le parking, mais heureusement un jeune de l’équipage (seule personne qui parle anglais, pour les plus de 30 ans la lingua franca est le russe) en charge des passagers nous dit qu’il n’y a aucun problème, elle pourra même rester avec nous dans la cabine !! Il est content de discuter avec nous, car cela lui permet d’exercer son anglais. Il a un berger allemand chez lui, c’est une excellente nouvelle pour nous car cela veut dire qu’on revient dans des pays où les gens sont habitués aux chiens de compagnie, et donc beaucoup plus gentils avec les animaux !

A bord, nous sommes au total huit touristes, en incluant deux backpackeuses. Nous sommes accompagnés de huit chauffeurs de camion, tous turcs il me semble. Le bateau possède en sus un équipage de 23 personnes. J’arrive à discuter un tout petit peu avec les chauffeurs, de manière générale ils sont assez embêtés d’avoir été bloqués aussi longtemps… Ils font l’aller retour entre Aktau et Mersin (côte sud de la Turquie), normalement cela leur prend 5 ou 7 jours. Mais à cette période où la météo est capricieuse, ils étaient déjà partis depuis 10 jours en embarquant ! Nous avons profité de la traversée pour faire quelques jolies photos :

On nous avait prévenus et… la nourriture à bord se révèle à la hauteur de sa réputation. Le midi, pâtes au poulet, et le soir, poulet aux pâtes ! Pas un fruit ou légume frais à l’horizon malheureusement… Heureusement nous ne restons pas bloqués en mer trop longtemps, donc ce régime ne durera pas trop, et dès le dimanche soir nous entrons au port d’Alat, côté Azerbaïdjanais. C’est plutôt chanceux, car on connaît des cyclistes qui sont restés bloqués 5 jours à bord et là le menu fixe devient pesant !

La frontière se passe sans problème pour Côtelette, mais j’ai oublié de mettre mon deuxième prénom sur le visa ! Je fais toujours très attention et voilà, j’ai oublié. En plus ils ont un petit pdf des erreurs usuelles à ne pas commettre… Bref, petite frayeur en repensant aux histoires lues sur internet de personnes devant repayer (cher !) pour faire éditer un visa en express sur place, mais heureusement un coup de bigot à un supérieur compréhensif me sauve ! Les agents aux rayons X demandent à Bang s’il transporte un drone, mais, deuxième coup de chance, ils ne nous posent pas la question ! On apprendra plus tard que ce n’est pas vraiment interdit, il faut juste le mettre dans un sac scellé, on n’a pas le droit de voler en Azerbaïdjan. Comme le nôtre est définitivement cassé et ne vole plus de toutes façons, ce n’est pas très grave… (Il est sous garanti, mais seulement en France.) Au port nous voyons un panneau qui prévient de la présence de serpents d’eau 😮

Nous arrivons de nuit et mettons tous nos espoirs dans un hôtel un peu légendaire qui se trouverait à la sortie du port. Nous parvenons à le trouver, et le manager nous offre une bière à tous ! Notre séjour dans le Caucase commence bien ! Nous attendons une pièce pour le tandem envoyée de France par notre revendeur, malheureusement il n’a pas fait de Chronopost mais un simple Colissimo, donc contrairement à nos prévisions la pièce n’est pas encore arrivée. Stéphanie a rendez-vous pour un second entretien quelques jours plus tard, nous décidons donc de rester quelques jours, en espérant que cela laissera le temps à notre pièce d’arriver.

Nos compagnons de voyage prennent la direction de Baku le lendemain, mais nous restons avec Marlène et Vincent et décidons de faire une excursion à la journée pour aller voir les volcans de boue, ils sont à quelques kilomètres seulement de l’hôtel ! Sur la route nous rencontrons une flaque de pétrole brut (il y a des raffineries et des puits de partout dans cette région), si on fait abstraction de la pollution c’est un liquide drôlement amusant.

Les volcans de boue sont aussi sacrément rigolos, il est difficile de les décrire alors voici une vidéo et des photos !

Côtelette a l’air plutôt inquiète de ces formations étranges, ça nous arrange bien car on la voyait déjà se rouler dans la boue, on connaît d’autres voyageurs dont le chien aurait été ravi !!

Le lendemain, Marlène et Vincent prennent un peu d’avance car nous attendons toujours le colis ainsi que l’entretien de Stéphanie. Nous avons rendez-vous plus loin sur la route du nord, dans la ville de Samaxi que nous rejoindrons en taxi pour les rattraper !

Durant cette période, malheureusement, nos problèmes de pneu continuent et la sortie au volcans (non chargés !) suffit à user nos pneus, pour une durée de vie de deux jours, record battu ! Pas de chance, l’atelier vélo de Alat est fermé, donc Stéphanie doit de nouveau ressortir son kit de couture !

(Petite parenthèse : L’entretien se déroule bien, et contrairement à nous vous ne resterez pas dans l’inconnu plus longtemps car on a appris il y a quelques jours qu’elle est prise ! Cette nouvelle toute récente nous rend très très heureux, son poste à proximité de Libourne nous permettra d’habiter en campagne mais pas loin d’une grande ville, et sera en lien avec l’écologie et les problématiques de transition, c’est absolument parfait !!)

Le lendemain, notre taxi arrive et semble découvrir l’ampleur de la tâche qui lui incombe, pourtant la veille il avait bien vu le vélo ainsi que la chienne. Il est assez marrant en fait, il semble s’imaginer que la chienne pourrait voyager sans monter dans la voiture ? On accroche la carriole derrière ?? Bref, on s’en sort, mais Côtelette devra rester bien calme dans les bras de Stéphanie car à chaque mouvement il se retourne paniqué et regarde plus en arrière que la route !!

Nous arrivons à Samaxi sans problème, mais sous la pluie ! Le temps de remonter le vélo et de déjeuner, on apprend que la route choisie par Marlène et Vincent s’est transformée dans la nuit en champ de boue ! Ils ont dû faire demi-tour et on va se retrouver plus loin.

L’Azerbaïdjan est un pays très riche grâce aux énergies fossiles, par exemple les routes sont en parfait état ! C’est le premier pays musulman que nous traversons où la bière est omniprésente et servie dans tous les restaurants, qui proposent parfois aussi du porc. Le long de la route vers la Géorgie nous croisons des domaines vinicoles gigantesques, la région semble touristique et doit voir passer des cars de touristes durant l’été. Nous avons malheureusement expérimenté quelques défauts de cette présence, durant certains de nos échanges nous avons eu l’impression qu’on s’intéressait un peu trop à notre porte-feuille… Ils n’ont pas l’habitude des cyclistes visiblement ! Le meilleur est probablement lorsque nous avons pique-niqué sur le parvis d’un restaurant fermé et qu’un homme s’est approché de nous pour nous facturer notre simple présence. Nous avons fait semblant de ne pas comprendre, mais je le suspecte même d’être simplement passé par et de ne pas être le propriétaire. C’est un peu embêtant, mais pour la suite à chaque fois que nous demandions un service nous devions immédiatement préciser “bes plata” (gratuit en russe). Pigeon ou pingre, il faut choisir 🙁

La route redevient plus rurale et ces problèmes disparaissent rapidement ! Nous retrouvons Marlène et Vincent dans un petit restau où ils nous attendent, l’ambiance est super sympa et les gens adorables avec nous ! Nous venons de passer pas mal de temps sous l’eau, Côtelette est totalement trempée et pleine de boue, mais à l’intérieur le poêle va nous permettre de bien faire sécher toutes nos affaires.

Pour camper nous continuons de demander à des restaurants d’emprunter leurs belvédères inutiles en hiver. Cela permet de protéger la tente de la pluie, même si l’humidité suffit souvent à tremper la toile extérieure ! Un portrait de l’un de ces propriétaires adorables :

La météo s’améliore un peu, et notre plafond nuageux se dissipe petit à petit. Cela nous permet de découvrir les sommets enneigés alentour, la région est très belle ! Cela fait longtemps que nous n’avons pas roulé dans des environnements tempérés où il y a beaucoup d’arbres feuillus. Avec l’automne, les couleurs sont superbes ! Sur les routes nous croisons de nombreuses vaches, dont quelques unes noires et blanches. Cela nous rappelle un excellent documentaire tourné dans la campagne d’Azerbaïdjan que nous avions vu avant de partir, “Madonna, la vache qui a conquis le Caucase”. Je ne le trouve pas en replay mais dans les grandes lignes ça parle d’un paysan qui souhaite faire venir une vache normande dans sa campagne, mais les vieux du village sont contre ! Ce n’est pas parce qu’elle donnera plus de lait que les vaches d’ici qu’il faut ramener des vaches étrangères !! Bref, le documentaire est plutôt amusant et fait que nous appelons toutes ces vaches Madonna 🙂

Avant d’arriver à Sheki nous décidons d’emprunter un raccourci, qui va se révéler un peu sportif… La route se dégrade petit à petit jusqu’au moment où nous faisons face à ce qu’on ne peut qu’appeler un canyon ! Après ce trou gigantesque, il faudra encore traverser une rivière, puis plusieurs lits asséchés mais pierreux et enfin des flaques de boue. Les raccourcis, c’est joli et ça va toujours plus vite !

Nous arrivons dans la petite ville de Sheki, ville historique où nous décidons de nous arrêter pour deux nuits. C’est une petite halte très sympathique dont voici quelques photos. Côtelette découvre le luxe et s’installe sur un canapé extérieur !

Nous y rencontrons Quentin, un autre cycliste qui a eu des soucis articulaires et est resté 15 jours à Sheki. Sauf qu’en Azerbaïdjan, même si l’on dispose d’un visa de 30 jours, tout séjour plus long que 15 jours requiert de s’enregistrer officiellement auprès des autorités. Cette information n’est pas très connue, et normalement on reçoit un petit papier en entrant dans le pays. Mais cela n’a pas été le cas pour nous, ni pour Quentin, qui s’est fait refouler à la frontière. Il a donc dû revenir une fois de plus à Sheki pour trouver un bureau capable de traiter le problème. Le choix auquel on est confronté est alors le suivant : payer une amende ou bien se faire expulser du pays (cela signifie qu’on ne peut pas y revenir pendant 3 ans). Tous les cyclos ayant le problème choisissent évidemment l’expulsion, dont la forme est d’ailleurs bien laxe… il suffit de sortir du pays avant la fin de son visa. Pas d’escorte musclée jusqu’à la frontière donc.

Nos nuits s’enrichissent d’un nouveau bruit à partir de ce moment, ce sont les chacals. Leurs cris terrifiants viennent bercer nos nuits, et Côtelette panique totalement. Stéphanie réussit à la faire dormir en la prenant à moitié dans ses bras pour la rassurer, mais à partir des nuits suivantes elle aura sa place dans la tente, sinon elle aboie et ne ferme pas l’œil de la nuit!

Le passage de frontière se fait sans encombre et sans contrôle de nos affaires. On quitte officiellement la zone où tout le monde parle russe et c’est avec un peu de tristesse qu’on réalise qu’on a entendu nos derniers “ab kudaaaaa” criés le long de la route par les gens qui nous demandent d’où l’on vient.

Côté Géorgien on trouve de nombreux magasins et bureaux de change, c’est pratique et cela nous permet de nous acheter le snickers local, une churchkhela. C’est comme la saucisse à la noix que j’avais achetée en Turquie, mais en meilleur car fait maison 🙂

Le midi c’est une nouvelle séance de couture qui attend Stéphanie, les routes en Géorgie sont en un peu moins bon état et un nid de poule nous a mis totalement à plat ! En plus, c’est la contagion et Vincent a lui aussi un pneu déchiré. Heureusement il transporte un pneu de rechange, et nous récupérons son pneu au cas où… D’ailleurs il semblerait que nous ne soyons pas les seuls à faire les frais du mauvais état des routes ; pour nous une voiture géorgienne se reconnaît à l’absence de pare-choc avant !

La route est très agréable, nous arrivons à Kvaréli le soir et trouvons un petit hôtel, pas cher et super chic ! Côtelette s’installe de nouveau dans un petit fauteuil extérieur, ça lui va très bien ! Nous venons d’arriver en Géorgie, et même si nous avions repéré cette route des vins, on ne s’attendait pas à ce que nous réservent les prochains jours ! Nous sommes en bonne compagnie, la gastronomie géorgienne est fantastique, les vins sont excellents et l’hospitalité des locaux exceptionnelle… Nous découvrons les traditions géorgiennes avec plaisir, en particulier leur façon de tenir des banquets. Ceux-ci sont appelés supra et peuvent durer de longues heures. L’un des convives est nommé tamada, son rôle est de s’assurer que tout le monde est content, et surtout de porter des toasts, qui se doivent d’être “hautement philosophiques”. On s’improvise tamadas à tour de rôle, mais on sent bien qu’on est pas vraiment à la hauteur de la solennité régnant chez nos tablées voisines…

Les prochains jours nous réservent beaucoup de pluie, on reste donc une journée sur place afin de visiter l’église, le centre ville ainsi qu’une exploitation. Au déjeuner nous découvrons une autre spécialité géorgienne, le kachapuri, une sorte de pizza au fromage. Leur taille nous surprend un peu, et nous avons beaucoup à manger, ça tombe bien car nous avons aussi beaucoup à boire avec nos voisins qui nous offrent des tournées de cognac maison ! En fait, la bouteille est pour nous, impossible de repartir sans ! Après ce déjeuner copieux et arrosé, nous sommes prêts pour la visite de l’usine vinicole située en centre ville. Il paraît que les Géorgiens auraient inventé le vin, je ne sais pas si c’est vrai mais nous découvrons leur méthode de fabrication ancestrale. Ils utilisent d’immenses amphores en terre cuite appelés qvevri. Le raisin est écrasé et placé dans ces immenses récipients enterrés pour quelques mois ou quelques années. Ils fabriquent des vins plus ou moins sucrés : les vins secs fermentent la totalité de leur sucre, tandis que les vins sucrés sont fabriqués en stockant le liquide à basse température pour stopper la fermentation.

Le lendemain, petite journée où nous traversons simplement la vallée. En chemin nous croisons une exploitation de taille beaucoup plus raisonnable (35000 bouteilles, l’usine de Kvaréli en produit 2 millions !) où nous nous arrêtons pour déjeuner. Troisième spécialité géorgienne, les khinkali, ce sont les raviolis du coin. Ils sont traditionnellement fourrés avec de la viande, mais en trouve facilement des versions végétariennes. Cette exploitation a une histoire assez intéressante, en effet le propriétaire avait tout d’abord racheté le terrain avec pour idée d’y construire un hôtel. En commençant les travaux ils ont trouvés des qvevris enterrés là depuis 500 ans ! En redécouvrant l’histoire de ce lieu le propriétaire a décidé de prolonger cette pratique et a donc changé de projet ! Aujourd’hui cela a l’air de marcher du tonnerre, et cela fait plaisir de voir une exploitation de petite taille comme celle-ci, qui travaille en méthode 100% traditionnelle. Pas de réfrigération en place ici pour faire les vins sucrés, ils disposent d’une cave qui reste naturellement à basse température tout au long de l’année.

Le soir nous arrivons à Gurjaani où nous ne parvenons pas à trouver le petit hôtel sympa que nous avions repéré… Les hôtels ici sont un peu chers car c’est une ville très touristique, mais une gérante qui parle français nous aide à trouver une chambre d’hôte dans notre budget. Nos problèmes de pneus n’en finissent pas, notre pneu arrière a éclaté à quelques kilomètres (seulement, heureusement !) de la ville. Stéphanie doit encore coudre, mais nous utilisons cette fois l’ancien pneu de Vincent. Elle arrive bientôt au bout du fil de pêche !! Je parviens à trouver un pneu de VTT énorme dans un magasin du centre ville, en espérant qu’on ne devra pas s’en servir… L’optimisme ne paye pas toujours, et évidemment on devra changer pour ce monstre dès le lendemain 🙂 Signalons aussi que pour éviter d’emprunter la grande route qui va vers Tbilisi, nous choisissons de grimper un petit col par les petites routes. C’est superbe et on ne regrette pas, mais c’est très raide ! On force tellement que notre maillon rapide de chaîne (qui nous suit depuis la France malgré 3 changements de chaîne) rend l’âme en pleine montée.

Le soir nous trouvons un bon spot de camping avec une vue sur la vallée. Nous transportons des œufs et pour la première fois nous réussissons à n’en casser aucun ! Le lendemain matin on fait découvrir aux copains la super recette iranienne de l’omelette au dattes, un régal plein d’énergie idéal pour une journée de vélo !

Il ne pleut pas, mais les routes secondaires sont impraticables à cause des intempéries de ces derniers jours. Les pistes sont trop boueuses… Cela veut dire que pour nous rendre à Tbilisi nous n’aurons d’autre choix que de suivre la route principale, assez fréquentée. Ce n’est pas hyper sympa :/ L’après midi nous assisterons à une collision entre un fourgon et un chien de rue qui nous suivait joyeusement… On est sous le choc, Marlène et Vincent essayent de s’occuper un peu du pauvre chien en le transportant sur le bas côté avec l’aide de deux géorgiens qui se sont arrêtés. On finira par le laisser dans un endroit calme avec de la nourriture et de l’eau, on pense qu’il survivra mais ne pourra plus se servir de ses pattes arrières. Ce dur rappel à la réalité de cette route chargée nous a tous un peu refroidis, et nous aimerions bien trouver un endroit où dormir au chaud un peu plus loin. Nous sommes dans une station essence, et tel un signe du destin c’est l’instant que choisit le pneu avant de Vincent pour éclater dans un immense bruit de canon, qui résonne entre les pompes. Y’a des jours sans…

A seulement 50km de Tbilisi et 4km du prochain hôtel, nous décidons de demander l’aide des employés de la station service pour commander un fourgon et aller dormir à Tbilisi. Drôle de dernière journée à vélo après 21 mois sur la route pour Marlène et Vincent… Tout se finit bien car nous retrouvons Johanna dans notre guest house, elle nous a de nouveau rapporté du fromage de France, et la famille qui gère l’hôtel Valdi est adorable ! Côtelette prend ses quartiers à l’intérieur et s’habitue rapidement au confort !

Trucs et astuces

Héberger son serveur VPN furtif

Ce post trucs et astuces devient extrêmement technique mais la première partie est générale, vous pouvez vous rendre à la partie tutoriel directement et sauter l’introduction en cliquant ici.

 

Comme pour beaucoup de droits qui nous sont acquis, l’habitude fait qu’on ne réalise notre chance de les avoir. Pour peu qu’on soit nés avec, on ne s’imagine peut être même pas qu’on puisse s’en passer. Dans ce post il s’agit de l’internet libre.

De nombreux pays ne voient pas d’un bon oeil le simple fait de pouvoir communiquer librement sur internet. La censure et la propagande peuvent être une raison, la peur des mouvements sociaux une autre. Il est donc courant en tant que voyageur de se retrouver gêné dans son utilisation habituelle de l’internet. Certains pays comme la Chine bloquent tous les services de google, ce qui signifie plus d’accès à ses email pour beaucoup. Certains pays comme la Turquie bloquent l’accès à wikipédia, ressource fréquemment consultée. Et de nombreux pays bloquent certains ou tous les réseaux sociaux : en Iran pas de facebook et impossible d’utiliser whatsapp, canaux souvent utiles pour donner des nouvelles. D’autres pays disposent de ces systèmes de censure mais ne l’activent qu’à certaines occasions, donc ce n’est pas parce que whatsapp marche en arrivant que vous n’avez pas besoin de VPN, il peut très bien être bloqué plus tard (cela nous est arrivés au Tadjikistan, lors de la libération d’un journaliste connu Facebook a été bloqué quelques jours pour éviter qu’une manifestation ne s’organise).

La solution à ce problème consiste à faire passer son trafic internet par un serveur localisé dans un autre pays. Le principe est simple, toutes les requêtes que vous envoyez sont en réalité envoyées vers un serveur qui a accès à un internet libre, et qui vous sert de relai. Ce système s’appelle un VPN, ou réseau privé virtuel. Vous avez peut être aussi entendu parler de proxy, c’est similaire mais un VPN établit une connexion sécurisée et c’est ce qui va nous intéresser ici.

 

En fonction du niveau de paranoïa, de richesse, et d’avancées technologiques du pays, les systèmes sont plus ou moins avancés technologiquement. On pourrait classifier les systèmes de censure en plusieurs “niveaux”:

  1. Simple censure (Turquie, Azerbaïjan)
  2. Censure, port VPN bloqué (par exemple dans le bateau Athènes-Chios, ou certains WiFi)
  3. Censure, port et trafic VPN bloqué (Chine, Iran)
  4. Répression policière absolue avec fouille des téléphones régulière

(Notez qu’en plus de ces niveaux techniques l’utilisation d’un VPN peut être ou non légale, avec des conséquences plus ou moins lourdes.)

Pour éviter le niveau 1, en tant que touriste vous pouvez prendre le “risque” d’utiliser un VPN pour accéder normalement à internet. Vous vous en doutez, les personnes qui prennent vraiment un risque sont plutôt les activistes et journalistes du pays en question qui ont besoin de ces outils pour faire leur travail librement…

Pour éviter le niveau 2, il faut que votre VPN utilise un port non standard.

Pour éviter le niveau 3, il faut un système de VPN un peu plus complexe, qui va dissimuler l’apparence de son trafic afin de ne pas être détecté en tant que connexion de type VPN.

Pour atteindre le niveau 4 il vous faudra voyager au Xinjiang, ce n’est pas une expérience que l’on vous recommande. Pour éviter le niveau 4, si vous lisez ces lignes il vous suffit de ne jamais retourner en Chine si vous êtes du Xinjiang, si non, normalement, on en viendra pas à ça, hein ?

 

Si vous n’avez que faire des données liées à votre historique de navigation vous pouvez utiliser un VPN gratuit sur votre téléphone tel que TurboVPN, qui fonctionne même en Chine (enfin, sauf si vous n’avez pas de chance, mais la plupart des cyclos s’en servent). Vous pouvez aussi payer pour un service qui fait ça bien, comme tunnelbear.

Dans cet article j’explique pas à pas comment mettre en place un VPN sur son serveur personnel, ainsi que la manière de s’en servir sur un appareil windows, linux ou android. Si vous suivez ce tutoriel jusqu’au bout vous pourrez éviter les systèmes de censure de niveau 3 dans la liste ci dessus, c’est à dire que le VPN fonctionnera même en Chine et en Iran par exemple. Vous pouvez aussi zapper les dernières étapes si vous n’avez affaire qu’au niveau 1 ou 2 de censure.

C’est ici que cet article devient technique. Voila. Si vous ne cherchez pas à installer votre propre serveur VPN, vous pouvez vous arrêter de lire 🙂

Tutoriel : héberger son serveur VPN furtif

Prérequis

Pour pallier au niveau 2 de censure

  • Un serveur privé (ubuntu/debian) sur lequel vous avez les droits administrateur
  • Un minimum de connaissance en administration système
  • De la patience

Pour pallier au niveau 3 de censure

  • Un petit fétiche pour les fichiers de configuration apache

Pour pallier au niveau 4 de censure

  • 7 euros si vous voulez naviguer avec votre téléphone android
  • Les imprévus sont plus probables ici, il faudra vous dépatouiller

 

Mise en place du serveur OpenVPN (niveau 1)

Dans cette première partie, vous trouverez des instructions très similaires à ce qu’on peut trouver sur d’autres sites web, d’ailleurs je n’ai rien inventé et je ne fait que réunir des infos de nombreuses autres ressources en un seul et même endroit.

# Mise à jour du système, la suite dépend en particulier du packet openSSL qui est souvent mis à jour
sudo apt-get update
sudo apt-get upgrade
sudo apt-get dist-upgrade 

# Installez openVPN et des utilitaires réseau
sudo apt-get install openvpn bridge-utils

# easy-rsa va vous permettre de manager les clés, cette opération copie ses outils dans le dossier de openvpn
sudo cp -r /usr/share/easy-rsa/ /etc/openvpn/
# Cette opération copie une config par défaut
sudo cp /usr/share/doc/openvpn/examples/sample-config-files/server.conf.gz /etc/openvpn/ && sudo gzip -d /etc/openvpn/server.conf.gz

# Vous pouvez voir le résultat de tout ça
cd /etc/openvpn/easy-rsa/
ls


# Pour la suite, ça se passe dans ce même dossier mais il faut être root
su root
# Charger toutes les variables (attention à l'espace entre . et vars)
. vars
# Retire tous les certificats précédents (normalement il n'y en a pas ?)
./clean-all
# Construit l'autorité de certificats (CA) et sa clé
# Il faut choisir un nom unique pour "Common Name". Le reste peut être laissé vide en entrant "."
./build-ca
# Générer un certificat et une clé privée pour le serveur
# Pour "Common Name" il faut un autre nom unique comme "server".
# Vous pouvez choisir "." quand on vous demande un "challenge password".
./build-key-server server
# Construire les paramètres pour les échanges cryptographiques "Diffie-Hellman" avec le serveur
./build-dh
# Création du pare-feu HMAC
openvpn --genkey --secret /etc/openvpn/easy-rsa/keys/ta.key

# A présent on peut ajouter son premier client, ils doivent tous avoir des noms uniques !
# De même vous pouvez laisser le challenge password vierge en tapant "."
./build-key Utilisateur1
# Pour terminer l'ajout d'un utilisateur on doit lui créer un compte unix sur le serveur
# Ce compte est créé sans home et sans accès shell.
sudo useradd Utilisateur1 -M -s /bin/false
sudo passwd Utilisateur1

Vous devrez répéter ces trois dernières opérations pour ajouter d’autres utilisateurs.

Pour que ceux-ci puissent se connecter il doivent récupérer les certificats et leur clé privée, ca.crt, ta.key, utilisateur1.crt, et utilisateur1.key. Le plus simple est de créer ces fichiers vides et d’utiliser cat sur le serveur pour copier leur contenu vers le client.

# Dernière étape côté serveur, il faut activer le forwarding d'IP
# On ouvre le fichier de conf
sudo vim /etc/sysctl.conf
# Décommentez cette ligne :
net.ipv4.ip_forward=1
# Sauvegardez, on applique les changements :
sudo sysctl -p /etc/sysctl.conf
# Configuration du forwarding entre le réseau VPN et le net
sudo iptables -t nat -A POSTROUTING -s 10.8.0.0/24 -o eth0 -j MASQUERADE
# Cette règle sera effacée à chaque redémarrage, on peut la rendre persistante grâce au paquet suivant :
sudo apt-get install iptables-persistent
# On peut enfin démarrer le service openvpn :
sudo service openvpn start

Bravo ! Le serveur est configuré avec le fichier de configuration par défaut !

Cela signifie que vous avez un serveur VPN fonctionnel qui écoute sur le port 1194.

Si votre utilisateur 1 a récupéré ses clés, il n’a plus qu’à installer OpenVPN sur son appareil, changer la configuration pour indiquer l’IP de votre serveur et ça roule.

Mais tout n’est pas si simple, et les difficultés commencent ici. En voici une petite liste :

  • En l’état, votre pare-feu HMAC ne sert à rien car il n’est pas pris en compte dans la config par défaut
  • Votre serveur écoute en UDP
  • Votre serveur écoute sur le port 1194

En gros, sur un WiFi inconnu vous pouvez vous attendre à ce que les seuls ports ouverts soit les port TCP 80 et 443, qui correspondent au trafic internet HTTP et HTTPS. Le reste sera fermé dans la très grande majorité des cas (sauf par exemple le port 8080 qui nous sera utile plus loin) !

 

Utiliser le port 443 pour son trafic VPN (niveau 2)

La meilleure solution pour éviter que votre connexion à votre VPN n’échoue est de faire en sorte que celui ci fonctionne en TCP sur le port 443. En effet, les fournisseurs de votre WiFi ne peuvent pas bloquer ce port, sinon ils bloqueraient à peu près tous les sites internet…

Si vous possédez un serveur privé, c’est peut-être parce que vous y hébergez un site web, et si vous y hébergez un site web, j’espère bien qu’il est en HTTPS ! Dans ce cas, votre port 443 est déjà bien occupé par le trafic généré par votre site web.

Heureusement, OpenVPN est bien fait et il est capable de partager le port sur lequel il écoute. Cela signifie que c’est OpenVPN qui écoute sur le port 443 et s’il identifie du trafic web, alors il redirige les paquets vers un autre port sur lequel votre serveur apache écoute désormais. Voici un schéma qui explique l’avant et l’après port sharing :

Pour mettre ça en place, il vous faut les bons fichiers de conf pour OpenVPN côté serveur et côté client (cliquez pour télécharger mes fichiers de conf exemples).

Si vous avez ouvert le fichier de conf server vous avez dû voir la ligne “port-share localhost 10443”, cela veut dire que le trafic web intercepté par OpenVPN sera renvoyé sur le port 10443. Il faut donc que votre serveur apache écoute le trafic HTTPS sur ce port !

Il faut donc modifier vos fichiers de confs apache dans le dossier /etc/apache2/ :

  • dans le fichier ports.conf, remplacez 443 par 10443
  • dans /sites-available/, pour le fichier default-ssl.conf et les .conf de chacun de vos sites web HTTPS, changez la ligne <VirtualHost *:443> par <VirtualHost *:10443>.

Et voilà ! Vous pouvez redémarrer les service apache2 et openVPN à présent :

sudo service openvpn restart
sudo service apache2 restart

Vous disposez à présent d’un VPN qui fonctionne en TCP sur le port 443 ! Super boulot !

Le VPN furtif (niveau 3)

Les problèmes ne s’arrêtent pas là malheureusement, en effet une technologie appelée Deep Packet Inspection (DPI) permet de connaître le type de paquet qui circule, et si celui-ci reconnaît des paquets VPN, ils seront bloqués. Seuls quelques pays utilisent cette technologie, d’ailleurs seuls quelques pays sont capables de la mettre en place (comme euh… la Chine ! Ca vous surprend non ?).

Pour éviter ça, il existe plusieurs méthodes. On peut rajouter par dessus tout ça un tunnel crypté, mais cela fait baisser le débit, la solution alternative consiste à obfusquer les paquets. C’est à dire les modifier pour qu’ils ne soient plus suspects. Ce sont nos amis du Tor project qui ont développé cet outil, obfsproxy, car le trafic de type TOR est aussi détectable et bloqué par certains pays. Le résultat ne ralentit que peu le trafic.

La nouvelle situation est un peu plus compliquée, nous allons distinguer ce qu’il se passe côté serveur et côté client.

Côté serveur, vos données sont désormais transmises à un serveur obfsproxy. Celui-ci décrypte à l’aide d’une clé convenue à l’avance vos paquets, il transmet ensuite le paquet à openVPN sur le port de votre choix. Le serveur obfsproxy ne peut pas partager son port, vous devrez donc en trouver un de disponible pour lui tout seul, et qui ne soit pas bloqué. Dans ce tutoriel j’utilise le port 8080.

Côté client, les paquets VPN sont envoyés à un proxy (d’où le nom obfsproxy) qui encrypte à l’aide de la même clé convenue à l’avance, puis, si j’ai bien compris, le paquet revient à openVPN qui l’envoie à votre serveur pour qu’il soit réceptionné par le (obfs)proxy qui tourne sur ce dernier.

Voici un schéma complet de ma compréhension de ce qu’il se passe :

Pour mettre ça en place, il vous faut les bons fichiers de conf pour OpenVPN côté serveur et côté client (cliquez pour télécharger mes fichiers de conf exemples), puis redémarrer le service openvpn.

Si vous aviez modifié vos fichiers de confs apache, ce n’est plus nécessaire et vous pouvez revenir en arrière sur vos modifs (et redémarrer le serveur apache !).

Pour installer obfsproxy vous pouvez simplement faire :

sudo apt-get install obfsproxy

Personnellement j’ai eu quelques difficultés avec openSSL et httplib2 fournis par mon système, qui faisaient échouer l’installation. Voici ce que j’ai fait pour régler ce problème :

# Installer le openSSL de python
sudo python -m easy_install --upgrade pyOpenSSL
# On se débarasse du httplib2 du système
sudo apt-get remove python-httplib2 
#On installe le httplib2 de pip
sudo pip install --upgrade httplib2
# Normalement ce coup ci ça passe
sudo apt-get install obfsproxy

Il ne vous reste plus qu’à lancer une instance de obfsproxy. Le processus ne doit pas s’arrêter (et il faut le relancer si le serveur redémarre !), je vous conseille donc de le lancer dans un screen :

# Créer une instance nommée de screen
screen -S obfsproxy
# Création du proxy d'obfuscation qui écoute sur 8080 et qui envoie sur 1194
sudo obfsproxy --log-file=obfsproxy.log --log-min-severity=info obfs2 --dest=127.0.0.1:1194 --shared-secret=CLE_SECRETE server 0.0.0.0:8080

Pour quitter screen, utilisez la combinaison de touches ctrl+a, puis appuyez sur d.

Côté serveur, on est bons !

 

Pour le côté client cela diffère grandement en fonction de votre OS.

Pour mac et linux, il faut installer puis démarrer une instance de obfsproxy dans un terminal, quelque chose de ce genre là (pas essayé moi même mais ça devrait être correct) :

obfsproxy --log-min-severity=info --log-file=obfsproxy.log obfs2 --shared-secret=CLE_SECRETE socks 127.0.0.1:1080

 

Pour windows, il faut installer anaconda 2, puis créer un fichier .ps1 donc le contenu est :

C:\Users\Surface\Anaconda2\Scripts\obfsproxy.exe --log-min-severity=info --log-file=obfsproxy.log obfs2 --shared-secret=CLE_SECRETE socks 127.0.0.1:1080

Ensuite, cliquez droit sur le fichier ps1 et sélectionnez “Exécuter avec Powershell”. Une fois que c’est démarré, vous pouvez connecter OpenVPN.

 

Pour android, il vous faudra utiliser la version payante de “OpenVPN client”. Je n’ai trouvé aucune alternative gratuite malheureusement ! Si vous connaissez une app open source qui prend en charge obfsproxy, laissez moi un commentaire !

 

Conclusion

Si vous avez suivi ce guide jusqu’au bout, bravo ! A ma connaissance il n’en existe aucun d’équivalent, même en anglais. Le seul que j’ai trouvé est discuté dans ce thread sur Reddit, mais il n’est pas disponible… Je suis très intéressé par les retours de toute personne qui aura réussi à suivre ce tuto jusqu’au bout, afin de l’améliorer et de le clarifier au maximum.

 

Mes sources principales sont :

https://vpntips.com/how-to-setup-a-vpn-server/

https://community.openvpn.net/openvpn/wiki/TrafficObfuscation

 

Remarques sur le choix des ports :

Le port 8080 étant souvent ouvert, vous pouvez l’utiliser pour votre trafic VPN au lieu de vous embêter avec le port-sharing etc. Cela reste utile de savoir comment marche le partage de port avec openVPN, donc j’ai préféré bien décrire cette situation.

Cela peut offrir un autre avantage, avec une seule configuration serveur openVPN sur port 443, vous pouvez vous connecter soit en mode furtif (via obfsproxy sur le port 8080), soit en mode normal (sur le port 443 directement), au cas où le port 8080 soit bloqué ! Le port 443 n’est jamais bloqué, donc pas de risque !

Le schéma complet ressemble alors à ça selon ce que j’ai compris :

Enfin, le port 80 n’est jamais bloqué non plus, si apache n’utilise que le port 443, vous pourriez aussi consacrer ce port au trafic VPN !

Remarque sur l’emplacement de votre serveur :

Au Turkménistan, l’IP de mon serveur français était carrément bloquée, dans ce cas, aucune chance de faire fonctionner votre VPN… Nous avons utilisé tunnelbear pendant notre séjour dans ce pays.

Trucs et astuces

Inspirations

Ce voyage nous apporte quelque chose dont nous n’avions pas soupçonné l’importance : du temps ! Du temps pour s’informer, mais surtout pour réfléchir, discuter de ce qui nous est important, maturer nos réflexions…

Nous avons le luxe d’avoir complètement mis de côté nos préoccupations de la vie urbaine (Vais-je être à l’heure à mon prochain rendez-vous ? Comment aborder cet enjeu lors de ma prochaine réunion ? Il faut que je finisse telle chose, et que je n’oublie pas de répondre à bidule…). Et mine de rien, ça laisse de l’espace pour penser, et ce, d’autant plus quand on passe une bonne partie de nos journées à pédaler !

 

Avec ce post, j’ai envie de partager avec vous les lectures/écoutes qui m’ont le plus inspirées et fait avancer ces derniers mois (je dis “je” mais la plupart sont partagées avec Claude). Ces recommandations seront aussi un reflet de nos préoccupations actuelles. On espère qu’elles inviteront à des échanges avec vous ! 🙂

Avant de partir, certain.e.s d’entre vous nous avaient envoyé leurs recommandations de lectures, des romans principalement, merci encore ! Cependant, on a finalement beaucoup plus écouté de podcasts que lu de livres.Le soir, on s’endort vite et quand on se pose quelque part, on a d’autres choses à faire, notamment… l’écriture de ce blog ! 😉 C’est pour ça que finalement, il n’y a pas tant de romans que ça dans cette liste…

Et dernière chose avant de commencer, pour toutes les personnes qui ont une liseuse, je vous recommande le génialissime service de la bibliothèque numérique de la mairie de Paris (merci encore Cécile pour le plan !). Avec l’inscription de base à la bibliothèque (gratuit, même pas besoin d’être parisien.ne, une simple carte d’identité suffit), vous avez accès à l’emprunt de 4 ebooks par mois. Le catalogue est bien fourni, il y a même des BDs ! Et si vous cherchez un titre précis, leur community manager est super réactif sur twitter. Bref, on est vraiment super contents de ce service !!

Pour y voir un peu plus clair, j’ai classé ça par grands thèmes.

 

Écologie

Les personnes qui nous connaissent le savent, on est très préoccupés par l’état environnemental de notre planète. Réchauffement climatique, chute de la biodiversité… les mauvaises nouvelles ne manquent pas et nous sommes aujourd’hui convaincus qu’un effondrement de nos sociétés comme on les connaît est inéluctable. On se dit que toutes les actions que l’on fait aujourd’hui ont deux vertus : limiter la casse (mais casse il y aura) et surtout… préparer la suite.

Évidemment, ces nouvelles ne sont pas très réjouissantes, ça nous travaille beaucoup, on en parle, en cauchemarde, ça nous déprime, nous questionne, nous donne de l’énergie d’autres choses… Et pour se sentir moins seul, comprendre, identifier comment lutter, on passe pas mal de temps à lire et écouter sur le sujet.

Podcasts

On écoute aussi de manière moins assidue sismique, atterrissage, vlan !, usbek et rica ou encore bons plants.

Livres

  • Le syndrome de l’autruche, George Marshall : livre passionnant sur “pourquoi notre cerveau veut ignorer le changement climatique”. L’auteur explore notamment l’importance des récits (au delà des arguments rationnels) et estime que les écolos devraient tirer des enseignements des religions. Si vous vous êtes déjà demandés “mais pourquoi tout le monde s’en fout alors que c’est SI important”, je vous recommande vivement ce livre.
  • Une autre fin du monde est possible, Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gautier Chapelle : Avant de lire ce livre, je vous recommande le “tome” précédent Comment tout peut s’effondrer, livre qui fût un réel bouleversement pour moi (ce moment où on t’enlève des œillères que tu ne peux plus remettre). Dans ce second livre, les auteurs explorent justement les conséquences de ces bouleversements sur le plan intérieur et comment nous pouvons/devons réinventer le futur.
  • Petit manuel de résistance contemporaine, Cyril Dion : une bonne synthèse de plusieurs lectures, notamment le syndrome de l’autruche (que Cyril Dion a préfacé dans sa version française). S’il n’y a qu’un seul livre à lire, c’est peut être le bon.
  • Homo Detritus, Baptiste Monsaingeon : un petit bijou ! Au delà du fond passionnant avec une super partie sur l’histoire des déchets dans nos sociétés, ce livre est extrêmement bien écrit, critique sur nos sociétés, fait le lien avec plein d’autres lectures… un vrai coup de cœur !
  • Petit traité de résilience locale (version pdf gratuite) : comment préparer un monde post-effondrement
  • L’âge des low-tech, Philippe Bihouix : sortir des high tech avec les low tech, c’est possible !
  • Zero Waste Home, Bea Johnson : le livre référence sur le zéro déchet. Essentiel pour aborder un mode de vie plus écologique mais ça manque à mon sens de réflexion sur la répartition genrée des tâches domestiques…
  • Gouverner la décroissance (dispo sur cairn pour les académiques) : des pistes pour aller vers une société décroissante. J’ai beaucoup aimé l’idée d’un revenu non pas universel mais de transition. Il y a aussi deux autres volumes dans la même série que je n’ai pas encore lus.
  • Où atterrir, Bruno Latour : Bruno Latour montre (notamment) en quoi mondialisation, montée des inégalités et changement climatique sont liés
  • Sortir de la société de consommation, Serge Latouche : ou pourquoi s’engager dans la décroissance

Récemment, j’ai découvert la nouvelle revue terrestres dont je lis les articles de très grande qualité sur internet.

Pour mes prochaines lectures, j’ai envie de lire Cataclysmes de Laurent Testot, Reclaim, recueil sur l’écoféminisme dirigé par Emilie Hache, le manuel de l’antitourisme de Rodolphe Christin, la guerre métaux rares de Guillaume Pitron et dans un autre genre (BD), le petit traité d’écologie sauvage d’Alessandro Pignocchi.

 

Discriminations

Les questions d’égalité femme/homme nous intéressent depuis un petit moment, notre voyage continue de nous interroger sur d’autres aspects. Voici ce qu’on écoute :

  • Un podcast à soi (Arte Radio) : génialissime podcast féministe, la réflexion y est toujours très fine et pertinente, merci et bravo pour ce travail !
  • La poudre : interviews de femmes inspirantes
  • Regard : questionne le rapport à la beauté des femmes

On écoute aussi occasionnellement les podcasts de Madmoizelle ainsi que les couilles sur la table. J’ai aussi entendu que le podcast Quouïr sur les questions LGBT+ était très bien mais on ne l’a pas encore écouté.

 

Pendant notre voyage, on s’est dit plusieurs fois qu’on avait la chance d’être un coupe hétérosexuel blanc, et que notre voyage serait bien différent si on était noirs par exemple…

  • Nous et les autres : 3 épisodes qui déconstruisent le racisme réalisés dans le cadre d’une expo avec le musée de l’Homme
  • Kiffe ta race : explore les questions raciales, on n’a pas été très emballés par le 1er épisode mais les suivants valent vraiment le coup !

 

Récits de vie

On écoute pas mal de podcasts qui racontent des histoire des gens. Au delà d’histoires singulières, ces récits reflètent nos sociétés.

  • Une série française (France Inter) puis jeunesse 2016 (France culture) : Super série sur la jeunesse française. Qui aurait dit que l’idole de Claude serait une femen ?
  • Que sont-ils devenus (Arte Radio) : une prof de collège va à la rencontre de ses anciens élèves. Parcours de vie et surtout réflexions sur l’enseignement au programme.
  • Les pieds sur terre (France Culture) : des reportages sans commentaires, des sujets très variés, on aime beaucoup ! La série ma fille sous influence est magnifique.
  • Transfert : à défaut d’avoir des histoires incroyables de la part de nos amis ou notre famille, on écoute transfert
  • Casseroles : on a tous un rapport intime à certaines recettes, ce podcast les explore tout en activant nos papilles !
  • Entre : Justine nous raconte son année de 6ème et son entrée dans l’adolescence
  • Superheros : histoire d’une vie, on n’a écouté qu’une seule saison pour l’instant
  • Le centre du monde : à la rencontre de jeunes réfugiés au centre d’accueil pour mineurs de MSF à Pantin
  • Arte Radio : de manière générale, Arte Radio regorge de pépites ! En vrac, on a aimé cette histoire d’amour ou ce documentaire.

 

Actualités/documentaires

Encore quelques podcasts :

  • Spla$h : un podcast sur l’économie super bien vulgarisé, avec des questions brûlantes de société traitées par les spécialistes du domaine. Bravo !
  • LSD, la série documentaire (France Culture) : des documentaires en 4 épisodes, toujours super intéressants. On a adoré la série sur l’agnotologie
  • Thinkerview : des interviews fleuves (sur des questions environnementales, sociales…), les invités sont souvent passionnants par contre on a beaucoup de mal (et c’est peu dire…) avec l’intervieweur que l’on trouve condescendant, méprisant et qui coupe toujours les invités sous prétexte de “questions pièges”. Il faut donc réussir à en faire abstraction pour apprécier.

Pour mieux comprendre le pays dans lequel on voyage et les enjeux géopolitiques, on écoute régulièrement cultures monde (France Culture). On apprécie aussi de manière générale ce que fait France Culture, quand on veut creuser un sujet, ses émissions sont précieuses, on a par exemple beaucoup aimé la série sur les communs d’Entendez-vous l’éco. L’émission une histoire particulière, un récit documentaire est chouette elle aussi. Et pour finir, un série qui s’annonce passionnante sur l’écologie et la politique nous attend dans l’émission matières à penser.

Par ailleurs, on continue de lire les jours auxquels on est abonnés.

 

Organisations

Comment fonctionne un collectif, comment favoriser la coopération et non la compétition ? Toutes ces questions me passionnent et voici quelques lectures qui m’ont fait avancer sur ces sujets.

  • Découvrir l’intelligence collective, Olivier Piazza : écrit par le co-directeur du DU Intelligence Collective, j’ai eu le plaisir d’y retrouver plein de choses qu’on avait vues pendant le DU, pour ce.lles. eux qui ne connaissent pas (encore) l’intelligence collective, plongez-vous y ! Et pour les autres, vous y trouverez aussi plein de choses, de références… Merci particulièrement à Olivier pour ce rapprochement entre communs et intelligence collective.
  • L’entraide, l’autre loi de la jungle, Pablo Servigne et Gauthier Chapelle : ce livre a fait le pont entre mes préoccupations environnementales et l’intelligence collective (d’ailleurs Gauthier Chapelle était un intervenant du DU et Marine Simon qui est largement citée dans le livre fait partie de l’équipe pédagogique, merci à tous les deux !!). Il explore comment la coopération se développe, que ce soit dans la nature ou au sein des groupes humains. Une lecture inspirante !
  • Liberté & Cie, Isaac Getz : La lecture de Reinventing Organizations de Frédéric Laloux il y a quelques années avait été un réel “choc” (dans le sens positif du terme !). Avec cette lecture, j’ai pu poursuivre la découverte de ces entreprises liberées.

Romans

  • Chanson douce, Leila Slimani : au delà du roman, les rapports de domination de classes
  • Dans la forêt, Jean Hegland : deux jeunes femmes se retrouvent seules dans leur maison dans une clairière alors que la société s’effondre
  • Servante écarlate, Margaret Atwood : dystopie avec en arrière fond les questions de dictature écologique et de conditions des femmes
  • Vernon Subutex, Virginie Despentes : plongée à travers la société française, illusions perdues, nouveau récit… une trilogie à lire/vivre plus qu’à décrire 😉
  • Au revoir là-haut puis les couleurs de l’incendie, Pierre Lemaitre : drôle, bien écrit, dépeint la France d’entre deux guerres, on a regardé le film adapté du 1er roman qui est lui aussi super
  • Mille soleils splendides, Khaled Hosseini : destins croisés de deux femmes en Afghanistan

 

Voilà pour cette liste, je vais m’arrêter là, elle est déjà assez longue ! J’espère que j’aurais réussi à vous donner envie pour quelques écoutes/lectures. Je suis évidemment preneuse de vos recommandations et surtout d’échanger avec vous sur tout ça ! 🙂

A très vite alors !

Stéphanie

PS : au fait, on a accumulé du retard et on n’a pas répondu à vos derniers commentaires mais sachez que ça nous fait toujours autant plaisir de vous lire !! <3

PPS : je me permets d’enrichir cette liste au fur et à mesure de mes nouvelles découvertes

Au jour le jour

La caravane passe

La nouvelle tant attendue arrive : le colis avec la remorque est arrivé au Kirghizistan ! Ni une ni deux, nous allons à la poste chercher plus d’informations et… tadam !! Le colis est là !
On débale avec grand bonheur la magnifique remorque envoyée par Burley (que l’on remercie encore ultra chaleureusement !). On l’aménage le lendemain pour le plus grand confort de Côtelette (on enlève le siège enfant et on lui fait un sol/hamac pour que son poids ne repose pas seulement sur le fond de la remorque) et on fait nos adieux à l’équipe d’Ultimate Adventure.

Il est temps de refermer cette parenthèse “Bishkek” ! Nous y avons passé vraiment de très bons moments, et ce, notamment grâce à toutes les personnes que nous y avons rencontrées, que ce soit au sein des communautés de cyclos (Elliot et Stella, Marsha, Ben et Gui, Vlad et Sylvia, Tom, Tim et Ben), d’expats (Morgane, Fabien, le bar Somewhere), de touristes (Nicole) ou de locaux (Jamila et son amie, l’équipe d’Ultimate, Shai, tous les commerçants). Au sein des cyclos, une mention toute particulière à Elliot pour son humour typiquement british et sa gentillesse (l’Angleterre ce n’est pas loin, Côtelette attendra ta visite !) et à Marsha, incroyable jeune hongkongaise (21 ans !) pleine de vie qui a traversé le Pamir et le Zorkul seule sur un vélo acheté à Bishkek alors qu’elle n’avait jamais fait de voyage à vélo et a appris à pédaler il y a un an seulement ! Quelle elle leçon de vie, bravo Marsha !!

Autre belle leçon que l’on réapprend dans cette ville : les transports en commun. Il existe un système de mini bus collectifs (les “mashrutkas”) incroyablement efficace. Pour traverser la ville d’un point à un autre, il y a toujours plusieurs lignes directes de mashrutkas. Elles sont en plus très fréquentes et ne coutent que quelques soms… bravo !
Si vous voulez vous amuser à tester, voici un exemple où j’ai tracé un trajet de la friends guesthouse jusqu’à ultimate adventure. Vous pouvez changer les points et verrez qu’il y a toujours un trajet en mashrutka possible !

Nous sommes donc partis de Bishkek avec notre convoi qui s’agrandit de plus en plus : le tandem, la remorque… et Côtelette ! Oui, parce que même si elle a rapidement adopté sa carriole en y dormant dès la 1ère nuit (on lui avait mis toutes ses couvertures et le froid a aidé !), Côtelette n’est pas encore fan de l’idée de rester dedans alors que ça bouge… On passera pas mal de temps les premiers jours à l’habituer et les efforts paient puisqu’après 4 jours, elle est prête pour faire 10kms avec nous pendant qu’on pédale !
On sort de Bishkek en longeant un canal, ça a l’avantage d’être ultra tranquille niveau circulation mais a l’inconvénient d’être un peu gadouilleux, Côtelette se transforme en monstre bicolore (noire en bas). On aura notre premier réveil sous tente sous la neige !

On se réconforte en voyant le bonheur de Côt-côt (son nouveau petit nom) qui se roule dedans…

Sur la route, on a la désagréable surprise d’être bloqués par un canal. Les habitants super sympas nous actionnent les vannes pour éteindre le gros du débit et qu’on puisse traverser au gué un peu plus bas. Ca n’aura malheureusement pas suffi à nous épargner les pieds…

On ressort trempés ! Le soir, on a la chance d’être accueillis dans l’appartement d’une mosquée, on peut être au sec le temps de la nuit (nos chaussures elles, mettront plusieurs jours à s’en remettre !).

Le passage de la frontière se passe sans encombre. On n’a même pas besoin de montrer le magnifique certificat que nous ont fait les vétérinaires officiels du Kirghizistan. A ce propos, une fois de plus, ces vétos du ministère nous ont épatés. On était initialement allés les voir parce qu’on savait qu’on avait besoin de ce certificat pour sortir du pays, les vétos privés nous avaient parlé d’un “poop test” dont ne nous ont jamais reparlés les vétos officiels. Ils nous ont juste dit de venir 3 jours max avant le passage de la frontière. Je retourne donc dans le cabinet des horreurs avec Côtelette (il y a toujours du sang partout…), ils me demandent un truc “laboratory”, je crois qu’ils me parlent de la prise de sang, je leur dit qu’on a tout envoyé à Moscou… Ils me font le certificat et me demandent de payer 700. Habituée à négocier, je fais l’étonnée qui pensait que le prix n’était que de 500. Et là, il m’explique que c’est bien 500 le prix sauf qu’il faut rajouter 200 parce qu’on n’a pas fait le fameux poop test (200 pour qu’il fasse un faux certificat en fait !) !! Au passage, on aura quand même économisé les 500 pour les fausses dates du passeport, on ne les avait pas en liquide sur le coup, on leur a dit qu’on leur paierait au moment du certificat et ils ont oublié de me les demander…
On reste quand même abasourdis de la corruption de ces vétos officiels, on avait tout fait pour être dans les règles et on se retrouve avec des documents falsifiés à 2 reprises…

La première grande ville après la frontière est Merke. On demande à deux jeunes dans la rue s’ils connaissent un endroit où l’on pourrait mettre la tente. Ils nous font patienter, l’un d’entre eux est bijoutier et nous montre ses créations sur instagram (vous pourrez même nous retrouver dans un spot publicitaire 😉 ), on sera finalement invités chez Sveta, une amie à eux. On passe une formidable soirée avec eux trois et certains de leurs amis.
Une fois de plus, on remercie google traduction qui nous permet d’échanger au delà de la barrière de la langue !

Ils sont tous de nationalités différents : kurde, tchétchène, karachai et ukrainienne, et aussi tous de citoyenneté kazakhe. L’un d’entre eux me montre son passeport (kazakh), dans la partie “commentaires” est ajouté : “nationality: kurd”. On l’a déjà mentionné, la nationalité et la citoyenneté sont des concepts disctincts en Asie Centrale. C’est évidemment très perturbant pour nous, français, qui sommes très attachés au fait que “cette personne est française, et ce, peu importe d’où elle vient”. Pour eux, cela permet de valoriser leur culture d’origine, tout en se sentant appartenir au même pays qu’est le Kazakhstan. Ils nous expliquent que cela ne génère pas de communautarisme particulier, la preuve en est de ce groupe d’amis multinationalités. On se questionne tout de même sur la pertinence d’une telle nationalité après plusieurs générations…
Une fois de plus, on observe qu l’Asie Centrale est un sacré méli-mélo (pour reprendre l’expression des pignons voyageurs) ethnique et culturel. Autre exemple : la ville de Turkestan sera peuplée de 45% d’Ouzbèques (et 52% de kazakhes).

A Turkestan, nous attend un train qui nous emmènera jusqu’au Aktau, port de la mer Caspienne, nous économisant quelques milliers de kilomètres à travers les steppes vides. Le planning était serré, on a pris du retard en attendant la remorque, on a fait des mini-journées en terme de distance pour apprendre à Côtelette à rester dans sa carriole… si on veut arriver à tant et ne pas décaler notre planning d’une semaine, il va falloir accélérer. On prend donc un taxi qui nous emmène à Shymkent, la 3ème ville du pays. On réussit l’exploit à faire rentrer le tandem, la carriole, nos bagages, Côtelette et nous dans une 4 portes avec coffre (en plus du couple qui nous emmène à l’avant !).

Sur la route, on s’arrête dans une auberge pour déjeuner. On demande un plat végétarien et la serveuse nous apporte fièrement le-dit plat en nous précisant “sans viande”. On ne doit pas avoir la même définition de “viande”…

On repart les jours suivants à travers les steppes. On y voit des troupeaux de dromadaires et chameaux qui nous rappellent le temps des caravanes…

On s’installe un soir pour un bivouac, on arrive à trouver un petit relief qui nous protège un peu de la route. Une voiture nous voit quand même. On s’endort rapidement après que la nuit tombe. Malgré nos duvets ultra chaud, je suis contente d’avoir investi dans une bouillotte d’occase à 50 centimes !!

Au milieu de la nuit (bon, ok, on réalisera après qu’il était 22h), on est réveillés par des lumières, des bruits de klaxons et… Côtelette qui aboie ! On ouvre la tente, on est éclairés par un projo sur un 4×4 et des militaires cagoulés nous appellent. Côtelette quant à elle est prête à nous protéger mais… en restant au chaud ! Elle aboie depuis sa carriole !

Claude sort, explique qu’on est des touristes, qu’on fait du vélo… Les militaires ont l’air plus curieux qu’embêtants. Ils commencent à vouloir discuter mais les tremblements de Claude frigorifié abrègent les échanges. Avant de repartir, ils veulent une photo avec lui mais avant… ils lui passent fusil et ceintures de cartouches autour du torse ! Malheureusement, nous n’avons pas la photo mais cette scène restera clairement gravée dans nos mémoires !!

Le lendemain, on dort quelques kilomètres après le mausolée d’Arystan Bab.

On entend des hurlements qui ne ressemblent pas vraiment à ceux de chiens… On s’endort en essayant de ne pas trop y penser. Pendant la nuit, à deux reprises, on est réveillés par Côtelette qui chasse un animal qui se serait trop approchés de nous (pour rappel, elle chasse indistinctement vache comme chien errant…).
Une fois arrivés en ville, je me renseigne un peu plus sur la faune des steppes et apprend que le Kazakhstan est le pays où il y a le plus de loups au monde !! (plus qu’en Russie et au Canada donc !) Depuis quelques années, les antilopes disparaissent et les loups en arrivent à s’approcher de plus en plus des villages… Brrr, ça fait froid dans le dos !!
Au passage, ça a donné lieu à toute une série d’histoires incroyables autour de cet animal : des habitants qui ont des loups comme chiens de garde ou encore un héros local qui en a étranglé un à mains nue. J’apprends aussi qu’en Asie Centrale, les loups sont chassés avec… des aigles ! J’avoue ne pas trop y croire jusqu’au moment où je vois cette vidéo hallucinante :

(petite mention à ma famille : j’espère que vous ne vous moquerez plus de Romain, il avait raison !!)

On passe une journée sous la pluie battante, on est bien contents d’arriver à Turkestan ! Pour ma part, je mets un peu de temps à me réchauffer sous les couvertures et mon duvet. 😉

La ville est connue pour son célèbre mausolée dont la construction a été initiée par le fameux Timour/Tamerlan dont on entend parler depuis un petit moment maintenant, les travaux ont été stoppés à la mort de ce dernier et le mausolée est resté inachevé.
C’est un peu particulier pour nous puisque ce sont nos derniers jours en Asie Centrale et surtout c’est une dernière ville avec des vestiges aussi importants sur la route de la soie !

Pour la visite de la ville, Côtelette sera votre guide :

On passe 3 jours très agréables. J’ajoute quelques photos.

Notre hôtel ne dispose pas de jardin, Côtelette reste avec le vélo dans le petit resto d’en face. La propriétaire et la cuisinière sont adorables, on y dîne avec plaisir tous les soirs.

Côt-côt quant à elle se régale de tous les restes des repas ! En plus, elle trouve un tas de feuilles et de branches dans lequel elle se fait son petit nid, ça a l’air plutôt confortable (pour la séquence mignonnitude, j’ajoute une photo d’elle “en boule”).

Je vais retirer de l’argent avant de prendre le train. L’expérience est quelque peu perturbante : il y a beaucoup de monde qui attend aux distributeurs. Certaines personnes sont très lentes, ne semblent pas vraiment savoir se servir de l’automate. En général, une personne de la queue les aide, quitte à recommencer complètement l’opération et à ne pas vraiment gagner de temps… Le principe de code secret semble inconnu, il est normal de regarder par dessus l’épaule de celui qui est devant. Et pour finir, il faut être très attentif et coller la personne devant soi pour ne pas se faire doubler ! J’ai dû faire plusieurs remarques à un mec qui essayait de me passer devant, il n’a pas l’air d’avoir apprécié et a fini par changer de file. Bon débarras !

Avant de quitter la ville, on tombe sur un concert traditionnel avec des champs à la gloire de Turkestan, c’est assez rigolo…

Depuis Turkestan, nous avons pris le train direction Aktau sur la mer Caspienne. Au programme, 37h de train et quelques milliers de kilomètres de steppes gelées.
Au départ, le quai fourmille. Les trains s’y arrêtent entre 15 et 20mn, c’est donc la parfaite occasion de se ravitailler : magasins, barbecs, femmes qui déambulent avec leur casseroles pleines de mante… il n’y a que l’embarras du choix !

En voyant les wagons couchettes passer, on aperçoit des bribes de moments de vie, c’est rigolo.

Le long des rails, on réalise qu’il n’y a pas les habituels caténers qui longent les voies. Les trains ici ne roulent pas à l’électricité mais au diesel ! Le chauffage est quant à lui au charbon, il y a dans chaque wagon une réserve de charbon avec un foyer qui chauffe de l’eau. La nuit, on voyait des cendres passer devant nos fenêtres.

Nous avons réservé une cabine entière (4 personnes) ce qui était la condition pour pouvoir transporter la chienne. Finalement, ça nous arrange bien puisque cela nous permet de garder le vélo (on aurait probablement du le mettre dans un autre train… plus lent sinon !).

On surveille les longs arrêts pour aller promener Côtelette. On ne regrette pas d’être dans le train : il fait un froid glacial (-6°C en maximale dans une des villes traversées) avec un vent ultra fort et c’est complètement vide… On passe par la ville d’Aral qui fût une ville portuaire. La mer s’est depuis retirée, cela fait écho à l’agriculture intensive de coton que nous avons pu voir en Ouzbékistan. Une fois de plus, notre voyage nous rappelle les désastres écologiques causés par nos sociétés…

Voyager avec un chien nous réserve des surprises : des pas très bonnes (Côtelette reçoit un coup de pied par un gars “gratuitement” alors qu’elle remontait dans le train…) mais aussi des magnifiques ! 🙂 Sur le quai à Turkestan, une jeune femme et une petite fille étaient venus nous voir et avaient carressé Côtelette. Elles nous retrouvent dans le train, on discute un peu et un peu plus tard, Lana donne une lettre super émouvante à Claude lors d’une pause… (elle a été touchée de nous voir voyager avec Côtelette et de prendre soin d’elle, elle nous remercie pour cela)

On est tellement touchés, un énorme merci pour ce cadeau que tu nous as fait Lana !! On n’a pas réussi à te revoir mais sache qu’on se rapellera de toi longtemps et que tu es la bienvenue si tu viens en France ! 🙂

On finit par arriver à Aktau, fatigués mais contents. On se met en route pour Kuryk, le port qui est à 90km au sud de la ville. Le vent nous fait face, on n’avance pas très vite…

Le lendemain, on est désespérés quant on voit qu’en forçant de toutes nos forces, nos pointes peinent à dépasser les 10km/h… On a envie d’arriver au port, on fait donc du stop.
Un chauffeur adorable de camion réfrigéré nous prend et nous avance de 30km.

Les 15kms restants sont vent dans le dos. Sans un coup de pédale, on atteint les 18km/h !!
Pendant plusieurs centaines de mètres, on va à la même vitesse qu’un buisson en forme de crêpe qui avance emporté par le vent ! On se dit que c’est peut être en observant ce genre de phénomène que la roue a été inventée ! 😉
Sur la route du port, on se fait arrêter par des “durug” (amis en russe) qui insistent pour nous prendre en photos. Clairement, ils n’ont pas l’haleine dépourvue de vapeurs alcoolisées… C’est d’ailleurs un phénomène courrament rencontré depuis le Khirghizstan, les locaux ne semblent pas attendre l’heure de l’apéro pour attaquer la vodka…

On arrive finalement au terminal. Il y a une magnifique pelouse synthétique, Côtelette se roule dedans mais voit bien qu’il y a quelque chose qui cloche. Le bateau n’est pas parti de Baku à cause de la tempête. On s’apprête donc à attendre plusieurs jours que le vent se calme. Advienne que pourra !