Résidence Kirghize
Nous passons quelques jours à Osh avec l’espoir de trouver une remorque pour Côtelette et l’objectif de la faire pucer. Avant d’arriver à Osh, nous avions échangé avec le propriétaire de l’hostel (nous campons dans le jardin), pour nous assurer qu’il acceptait les animaux et pour lui parler de notre recherche de remorque vélo.
Il nous dit avec assurance qu’il connaît au moins deux magasins qui en vendent. Si vous n’avez pas assez voyagé dans la région, vous avez de fortes chances de vous réjouir, mais nous restons circonspects face à cette nouvelle. Nous nous rendons à l’adresse indiquée, et bien évidemment, il n’y a pas de remorque pour enfant… De retour à l’hostel on demande au propriétaire d’appeler ses autres adresses, on ne veut pas faire face à une nouvelle déception. Il nous envoie un message… bredouille !
Nous nous rendons à l’évidence, pour trouver une remorque, il va nous falloir nous rendre à la capitale !
Sur le front vétérinaire, notre avancée n’est pas plus fière. Stéphanie et Johanna se rendent chez un vétérinaire qui parle anglais et qui leur explique qu’ils ne font plus de puçage (sauf si on se procure la puce ?). Nous allons donc consulter nous oracles “agrovet” du bazar, et après une visite au temple “Agrovet Asia” Stéphanie ressort dépitée. Ils ont épluché tout le catalogue médical dédié au chiens, mais dans la région on s’y connaît plutôt en veaux, vaches et chevaux…
Même conclusion, pour acheter une puce, il faudra faire un saut de puce de 11h de taxi direction Bishkek.
Nous réservons donc un trajet pour le lendemain, départ 8h (la route est belle il vaut mieux la faire de jour !). On vous passe l’émoi du chauffeur face à la présence de Côtelette, on lui assure que “elle est entraînée cela ne posera aucun problème” et pas “c’est une chienne de rue qui déteste la voiture on ne sait pas si elle va supporter 12h de transport”. En réalité il espérait avoir un siège libre pour engranger plus d’argent, mais comme nous avions dit très clairement à l’hostel que nous voulions une voiture complète (pour pouvoir faire des pauses chien en cas de souci), ils finissent par trouver un arrangement. Tout ça se passe avant le départ, mais aussi sur la première heure et demie du trajet par téléphone… Heureusement on est habitués à ce que le prix change en route à présent, on sait se défendre :p
Nous arrivons à Bishkek vers 20h, et nous sommes accueillis superbement par les cyclos présents à la Friend’s guesthouse, le repaire local pour les vélos. Le lendemain (vendredi, seuls les séjours en ville sont capables de nous redonner un sens des jours de la semaine !) nous nous rendons dans une clinique vétérinaire où nous avons rendez-vous avec Jamila. Jamila est une jeune fille Kirghize qui vient de finir ses études en Angleterre. Elle parle donc un anglais parfait, et nous avons la chance d’avoir pu la rencontrer via sa cousine, elle-même amie du copain de Johanna. D’ailleurs, ses capacités anglophones associées à sa connaissance du russe seront sollicitées par d’autres personnes de la clinique vétérinaire, c’est un talent recherché !
Jamila nous aide à traduire tout ce que nous dit le personnel (adorable !) de la clinique, et à poser nos questions. Il faut dire que la situation en terme d’obligation vétérinaire pour franchir les frontières de chaque pays est plutôt complexe… Heureusement la complexité culmine pour l’entrée en Europe, ce qui nous laisse le temps de franchir les obstacles successivement 🙂 Notre objectif pour cette visite est de faire pucer Côtelette et d’obtenir un passeport international où figure les vaccinations. Aucun problème, notre chienne se transforme en cyborg sans difficulté, mais il est impossible de reporter les traitements qu’elle a reçus à Sary-Mogol sur son nouveau passeport. Ainsi, nous devons refaire un traitement anti-vers et les vaccins !
Nous apprenons au passage qu’il est dangereux de faire le traitement pour les vers en même temps que les vaccins car cela peut épuiser l’animal et le rendre très malade. Visiblement le véto de Sary-Mogol n’a pas pris la peine de nous prévenir et n’a pas l’habitude de prendre des précautions… Quand je pense qu’on s’étonnait qu’elle soit fatiguée les jours qui ont suivis… Elle aurait dû être léthargique mais marchait encore 20km sans difficulté ! Cela explique aussi que son premier jour en cage se soit bien passé en Chine, elle était encore sous le coup des traitements.
Ainsi, nous devrons revenir une semaine plus tard pour les vaccinations. Le problème, c’est que si nous devons attendre un délai de 30 jours après la vaccination, nous allons rester coincés en Kirghizie sacrément longtemps…
Pour remercier Jamila de son aide, nous allons tous déjeuner dans la meilleure pizzeria de Bishkek : Dolce Vita. Si on y réfléchit bien c’est certainement aussi la meilleure pizzeria du Kirghizistan, et probablement d’Asie Centrale… Nous profitons donc d’un déjeuner excellent, Jamila nous raconte des choses sur son pays et nous donne des bonnes adresses pour notre séjour à Bishkek qui vient de se rallonger d’au moins une semaine 🙂
Le lendemain, Johanna et moi nous rendons à Dordoy, c’est le plus grand marché d’import d’Asie Centrale et c’est… carrément impressionnant. Pour vous faire une idée, les allées du bazar sont formées par des containers côte à côte, empilés deux par deux. J’ai une photo d’une allée dont toutes les échoppes étaient fermées :
Maintenant que vous avez une bonne idée de ce à quoi ressemble une allée, il vous suffit d’imaginer la même chose sur une surface qui correspond en gros à une petite ville française, soit six ou sept mille containers… D’après la page wikipédia c’est comparable au grand bazar de Téhéran et au marché Chatuchak de Bangkok, pour ceux qui connaissent 😉 (Ce qui veut aussi dire que je peux désormais me vanter d’avoir visité le top 3 des marchés gargantuesques…).
Après une grande balade dans ce dédale et demandé plusieurs fois notre chemin, nous arrivons chez les marchands de vélos et accessoires. Nous trouvons même une boutique dédiée entièrement aux poussettes, dont le propriétaire connaît bien son métier et achève d’enterrer nos espoirs lorsque je lui montre ce que l’on cherche en photo “Nyet, only internet”. On avait bien sûr déjà pensé à cette option, mais la livraison au Kirghizistan n’est pas possible sur les sites qui offrent des remorques pour chien…
On enclenche alors le plan B, Stéphanie rédige un mail émouvant racontant l’histoire de Côtelette et l’envoie à tous les fabricants de remorque pour chien, en plus d’un appel à l’aide sur facebook. La force de l’internet est exceptionnelle et nous obtenons de nombreuses réponses, mais la plus exceptionnelle nous vient de Burley, qui souhaite nous soutenir en nous offrant une remorque ! Ils sont vraiment très attentionnés, vérifient la taille de la remorque par rapport à la taille de Côtelette, s’assurent que l’attache est compatible avec notre tandem, mais malheureusement ne peuvent pas livrer en Asie Centrale… Nous décidons d’accepter cette offre exceptionnelle (comment les remercier assez ??!) et de payer nous-même le transport jusqu’ici. Johanna se renseigne et DHL propose des prix intéressants depuis l’Allemagne (ils ont la chance de profiter du réseau DHL, notre colissimo est presque deux fois plus cher). La remorque arrive donc rapidement chez la mère de Johanna, qui s’occupe le jour même du renvoi vers Bishkek ! Merci encore ! Malheureusement, il y a une grande différence entre DHL Express et ce service, et le colis peut mettre plus de 15 jours à nous parvenir… Nous allons donc devoir rester encore quelques temps à Bishkek 🙂
Cela va malheureusement obliger Johanna à partir pus tôt que nous pour rejoindre Alex en Azerbaïdjan, et vu que nous restons seuls (et que ça fait déjà une semaine qu’on festoye tous les soirs avec les autres cyclos de notre hostel) nous décidons d’essayer de nous rendre utiles. A défaut de trouver un volontariat dans une ferme, grâce au groupe facebook “Expats in Bishkek” nous sommes invités par Stéphane dans sa guest house, en échange de quelques services, à définir.
Nous nous installons donc chez Ultimate Adventure, l’agence francophone implantée en Kirghizie depuis le plus longtemps ! Nous nous attaquons à un rafraîchissement général du site web en échange d’un hébergement exceptionnel ! La guest house est vide car la saison est terminée, mais nous restons avec le personnel sympathique que nous aidons par ci par là (finalement assez peu, le site web sera notre contribution principale). Le modèle de l’agence est assez intéressant car ils ont leur propre école de guide où ils forment les futurs guides… en français !
Au Kirghizistan, il y a deux langues officielles, le Kirghize et le Russe. Tout le monde dans le pays parle russe, mais dans la capitale c’est cette langue qui est utilisée quasi exclusivement. Il y a d’ailleurs une forte présence d’expatriés russes, contrairement au reste du pays où on a pu en voir seulement quelques uns, par exemple à Osh. De nombreux jeunes issus de parents kirghizes ne maitrisent pas la langue car ils ont été élevés en russe exclusivement, même si leurs parents parlent kirghize entre eux. Lors de leurs études, une grande proportion des étudiants choisi d’apprendre l’anglais, mais certains choisissent le français comme première langue étrangère. Nous avons eu la chance d’en rencontrer plusieurs, d’une part au sein de la faculté de français de l’université nationale, et une seconde fois lorsque nous sommes intervenus à l’Alliance Française (merci Morgane !). Nous avons présenté le voyage à vélo et discuté en français avec les personnes présentes, accompagnés par nos amis cyclos La Paire Peinard (un autre pino !) et Des Rustines et des Ailes.
L’école de guide d’Ultimate Adventure va donc chercher ses recrues parmi ces étudiants. La majorité d’entre eux sont d’ailleurs des étudiantes, et même si certaines sont motivées par le métier de guide et le deviennent, les traditions encore fortement présentes au Kirghizistan ne leur permettent pas de l’exercer longuement. En effet, dès qu’elles seront mariées, il est très probable (pour ne pas dire certain) que leur mari leur impose de se consacrer à leur foyer… Ainsi les rares femmes qui restent guides sont mariées à des étrangers ou célibataires… Ajoutez à cela qu’ici, si vous n’êtes pas mariée à 21 ans c’est qu'”il y a un problème”, et vous comprendrez que la durée d’activité des guide féminines de l’agence soit courte…
L’avantage d’être arrêtés dans une grande ville c’est qu’on ne manque pas d’activités !
Déjà, pendant la première semaine, nous avons profité de l’abondance des marchés et bazar de la ville en produits que nous n’avions pas vu depuis longtemps ! Des framboises à 1€20 le kilo, de la crème fraîche et du fromage, des légumes variés… et nous cuisinons tous ensemble à a guest house. Pour vous donner un exemple, nous avons fait une soirée crêpes 😀
Stéphanie est allée prendre quelques photos de Osh Bazaar, juste à côté de notre première guesthouse :
Nous participons aussi à un cours de cuisine où nous apprenons à faire les lagman véritables ! On a donc appris en particulier à étirer les pâtes à la main 😀 Je ne peux pas me retenir de glisser ici un aparté sur la Chine, en effet les lagman ont une origine disputée entre Ouïgours et Dungan, deux minorités musulmanes chinoises. Si vous avez lu nos articles précédents ou bien les journaux vous savez certainement déjà des choses sur les Ouïgours, mais qui sont les Dungan ? Ils sont aussi désignés comme Hui, et sont totalement indiscernables d’un point de vue racial des Han. Il suffit de deux clics depuis l’article wikipédia sur les lagman pour le trouver, mais je vous en recommande très vivement la lecture de cet article : Ethnic minorities in China, je l’ai trouvé absolument passionnant !
Pour terminer sur le plan culinaire, la ville regorge de restaurants internationaux, mention spéciale à notre Thaï préféré : Baan Baan.
J’aurais préféré ne pas évoquer ce plan #galère dans lequel nous sommes tombés, mais nous avons fait une sortie au parc Ala Archa dans les montagnes à proximité. C’est une vallée magnifique qui vaut vraiment le coup d’oeil, je vous laisse voir les photos… Il faisait extrêmement froid et nous avons dû écourter notre excursion…
Nous profitons avec Côtelette du grand parc de la ville, un endroit assez particulier… Les lacs qui servent de spot de plage l’été sont vides à cette période, les grandes allées sont presque vides (même un dimanche de grand beau temps on ne croise que quelques poussettes), une musique variée mais invariablement d’un goût douteux est diffusée dans la zone principale du parc. Heureusement le parc est assez grand pour trouver des coins de nature libres de toute construction, avec l’automne la forêt est magnifique et nous profitons du redoux venu en cette fin octobre.
La première fois que nous pique-niquons dans le parc, alors que nous n’avons croisé qu’une vingtaine de personnes en tout, un couple récemment installé à Bishkek et qui parle français nous aborde, ainsi qu’une dame Kirghize qui a vécu en France plusieurs années ! La francophonie a décidément un rayonnement exceptionnel 🙂
Shai et son fils Bekjantai nous invitent à dîner dès le lendemain, c’est pour eux l’occasion de pratiquer le français et pour nous la chance de passer du temps avec une famille Kirghize ! Nous passons une soirée superbe (il faut dire que nous sommes très bien reçus !) en leur compagnie, nous apprécions beaucoup le temps passé avec eux !
Nous avons aussi quelques projets d’excursion aux alentours (retourner à Ala Archa ??), mais les dénivelés sont un peu trop importants pour sortir à la journée à vélo malheureusement… Le transport en voiture est possible mais revient assez cher. Ces plans ne seront pas réalisés car Stéphanie vient de candidater à un poste et… a été sélectionnée pour l’entretien ! Elle a donc pas mal de travail de préparation, le poste lui plairait vraiment et elle bûche donc avec passion et rigueur… On croise les doigts !
Je vous laisse avec quelques photos de la ville et surtout… de Côtelette dont tout le monde veut des nouvelles ! Nous reprenons la route mardi, on attend encore la remorque mais on pourra passer la chercher en bus au pire en fin de semaine !
8 COMMENTS
J’ai hâte de “voir” la perspective Côtelette 😀
Incroyable votre investissement pour Côtelette ! Elle a bien de la chance de vous avoir rencontré. J’admire aussi l’utilisation d’Internet pour des fin diverses et variées: recherche de lieux, d’objets, d’emploi, de système D… et même la possibilité de donner un coup de main!
Le blog nous manquait, quel plaisir de vous voir si bien intégrés à Bishkek. Vous arrivez à établir des relations avec tout le monde, bravo. Il semble faire déjà froid, vous n’aurez donc pas de choc thermique pour votre retour en hiver.
Et bonjour à Côtelette
Encore de belles aventures dans ce voyage ! Je voyage avec vous !
Et cette histoire de boulot ???
Je suis toujours avec passion tous vos articles, merci pour ce grand partage. Heureux aussi de retourner au Kirghizstan en quelque sorte, c’est tellement bien.
Bravo et merci aussi pour ce récit… 🙂
Bien contentes de retrouver des nouvelles sur votre blog , ça nous manquait !
Des photos et des histoires bien dépaysantes et la star “Côtelette” !
Bisous de nous 2.
On adore vous lire, toujours autant. Cet article a mis du temps, on s’est inquiétés. On était justement au grand, immense, gigantesque marché de Chatuchak de Bangkok avant hier 🙂 des bisous ?
Bonjour,
Un article vraiment sympa à lire, amoureux du Kirghizistan (et d’une kirghiz) je ne peux qu’aimer cette article. C’est un pays que j’affectionne particulièrement par la beauté de la nature encore vierge et la chaleur du peuple Kirgiz.
Bonne continuation à vous dans votre périple ..