Author: <span>Stéphanie Couvreur</span>

Au jour le jour

Côtelette la star

Bonjour à toutes et à tous,

Je reprends les manettes du blog pour une nouvelle un peu spéciale : nous avons été sélectionnés par l’équipe de Cyclo Camping International (CCI pour les intimes) pour le prochain festival international de voyage à vélo ! Nous projetterons un film que j’ai réalisé où je raconte l’histoire de Côtelette (comme quoi, mes heures de montage n’auront pas été vaines 😉 ) et nous tiendrons un stand pour vendre la revue Mâtin (pour rappel, nous avons écrit un long article dans le numéro Azur). Bon, soyons modestes, la star, ce sera Côtelette, pas nous. 😉

Si vous ne connaissez pas ce festival, c’est l’occasion de le découvrir, il est vraiment super ! Par contre, n’oubliez pas de réserver des places à l’avance si vous voulez assister à des projections. Malgré que ça se déroule dans la grande salle de spectacles de Vincennes, les séances sont souvent complètes.

On vous donne donc rendez-vous le samedi 18 janvier à 17h pour la projection de notre film et tout le week-end derrière notre stand. Evidemment, on emmènera Côtcôt avec nous 😉

Et comme cadeau pour vous remercier de nous avoir lus pendant tout notre périple, voici en avant-première le film qui sera diffusé ! (je sais qu’il y a une énorme faute sur le titre /o\ , ce sera évidemment corrigé !)

Et même si vous le voyez maintenant, ça vaudra le coup de venir voir ça sur grand écran ! Bon visionnage et à très vite ! 🙂

Au jour le jour

Atterrissage

Bonjour à toutes et à tous !

Comme vous l’avez deviné, nous sommes rentrés, le voyage est fini ! Le retour a été bien chargé et nous avons de ce fait délaissé un peu ce blog… Nous allons rattraper notre retard au cours de ces prochaines semaines. On a aussi travaillé dur sur un long article à paraître dans le prochain numéro de la super(be) revue mâtin, on vous en dira plus dans quelques semaines quand il sera sorti.

On vous avait quitté à Citavecchia, le port le plus proche de Rome. On a embarqué pour 24h de traversée jusqu’à Barcelone. Cette fois encore, la météo est capricieuse, on embarque en retard et on passera finalement une seconde nuit dans le bateau. La compagnie est bien plus sympa que les grecs qui avaient refusé de nous donner un peu d’eau, ils nous offrent les repas ! Comme pour les traversées précédentes, l’équipage est super sympa avec nous même si nous n’avons pas réservé une cabine spéciale accueil de chiens qui coûte les yeux de la tête. Nous reprenons nos habitudes (nous aurons passé 11 nuits dans des bateaux sur l’ensemble du voyage !) et nous installons avec Côtelette dans un coin avec matelas, duvets, masques et boules quies.

En journée, nous passons entre la Corse et la Sardaigne. On capte furtivement le réseau français, le retour est proche ! Le dimanche matin, nous arrivons à Barcelone où nous sommes superbement accueillis par Damyana et Nicolas. Julien, notre ami qui nous avait mis en relation, nous avait prévenus : “je connais des gens exceptionnels à Barcelone”, on n’a pas été déçus ! On se promène dans la ville, on se délecte des tapas espagnols… et surtout, on parle ! Pour la première fois depuis longtemps, on peut faire de vraies phases dans la langue locale, qu’est ce que ça fait du bien !

On reprend la route pour nos derniers jours à deux, on a la chance que notre famille nous rejoigne pour les derniers jours de vélo. On longe la Costa Brava, on redécouvre le bonheur des pistes cyclables, d’autant plus appréciées quand elles sont sous le soleil ! Depuis l’Italie, on a aussi retrouvé la circulation dense dans les villes (voire les embouteillages…). On est à chaque fois marqués que les voitures se concentrent autant à l’intérieur des villes (qui font en général moins de 5km de long). Dès qu’on en sort, on redevient (quasi) seuls sur les routes. Preuve en est que la voiture est malheureusement encore beaucoup trop utilisée pour de courts déplacements urbains alors que pour des trajets de moins de 5km, le vélo est quand même une solution accessible…

Le soir, difficile de se cacher et les campings sont tous fermés pour l’hiver. On s’installe à côté de campings cars. Pendant la nuit et le matin , Côtelette s’éclipse, on la voit revenir en se léchant les babines, on rigole en se disant qu’elle a vraiment le don pour trouver des poubelles à manger !

Le lendemain dans la matinée, la chienne est dans la remorque à cause de la circulation, on s’arrête et Claude réalise qu’elle tremble… On la fait descendre de sa carriole et on réalise qu’elle tient à peine sur ses pattes… Clairement, quelque chose ne va pas. Ni une, ni deux, on fait demi-tour vers le centre ville que l’on vient de traverser direction le vétérinaire le plus proche. Le diagnostic est clair : elle a dû s’empoisonner… La véto lui fait une première injection d’anti-venin et nous dit d’attendre quelques heures le temps que cela fasse effet. La pauvre côt-côt est au plus mal : elle tremble de partout, a les yeux dans le vide… Autant vous dire que nous non plus, on n’est pas au max de notre forme. Les habitants s’arrêtent nous demander s’ils peuvent nous aider, nous apportent à manger, des couvertures… On vous passe les détails mais après une autre injection, on a cru la voir pousser son dernier souffle dans un long râle (sa température avait baissé, elle respirait très lentement…) quand tout d’un coup, elle a redressé la tête, comme si elle se disait “non pas maintenant, j’en ai trop bavé pour arriver là, je veux profiter de ma nouvelle vie !” et à partir de ce moment, son état s’est amélioré petit à petit. Ouf !!! La véto nous a avoué après coup qu’elle était sûre qu’elle ne survivrait pas, c’était sans compter la résistance et la volonté impressionnantes de Côtelette !!

On a appris après coup que la mort aux rats était très courante en Espagne, on imagine que les campings devant lesquels on avait dormi en avaient utilisés… On maudit la passion de notre chienne pour les poubelles et à partir de ce moment, on la surveille de près.

Le lendemain, on prend un train pour rattraper notre journée de retard. On arrive à quelques kilomètres de la frontière que l’on passe le soir. Ca y est, on est en France !! C’est avec une émotion toute particulière que l’on lance un “bonjour” aux cyclistes que l’on croise. On trouve un petit spot de camping abrité du vent devant l’entrée du cimetière de Cerbère. On descendra le lendemain au village où l’on trouvera avec joie… une boulangerie !

En pédalant jusqu’à Narbonne, on réalise que la France, c’est aussi le pays des carafes d’eau au resto (hors d’Europe, on prenait du thé mais depuis quelques semaines, on était obligés de prendre des bouteilles d’eau ce qui avait le don de nous agacer), des allées de platanes, des ronds-points mais aussi… des blagues sexistes ! On avait à peine mis le pied dans notre cher pays, qu’on entendait déjà “ah mais c’est cool à l’avant, on se la coule douce/on se fait porter”, et ce, évidemment seulement quand je (Stéphanie) suis à l’avant. Et si vous doutez du caractère sexiste, quand je suis à l’arrière, il m’est arrivé plusieurs fois d’entendre “attention Monsieur, elle est derrière vous, vous ne la voyez pas mais elle fait semblant de pédaler, ahahah”. La palme revient à Juliette et Florent qui pensaient poser le vélo pour aller un peu plus loin à pied quand quelqu’un leur a dit “ah, mais il marche ?!” parce qu’évidemment, si l’homme est à l’avant et la femme à l’arrière à conduire, c’est forcément que l’homme est handicapé… /o\

On ne sait pas à quel point cette culture des mauvaises blagues est typiquement française ou si nous ne les comprenions pas à l’étranger. Il nous semble quand même qu’en Espagne ou en Italie où nous comprenions assez bien, aucun inconnu n’ait osé nous faire une mauvaise blague juste en nous voyant passer devant lui…

Pour notre dernier bivouac, on s’installe dans une superbe pinède. L’hiver a cet avantage qu’il est possible de s’installer relativement tôt dans des endroits relativement passants (et de ce fait, inenvisageables en plein été). On réalise par contre qu’au bivouac précédent, j’ai perdu un bout du réchaud… :/ On bricole avec une cuillère, tant pis pour ce dernier repas de camping qui ne sera pas une grande réussite. La pièce en question se rachète donc j’abandonne mon projet de faire l’aller-retour en stop le matin tôt pour aller la chercher (petite pensée à l’épisode des cuillères 😉 ), ouf !

Le lendemain, la journée est particulière : on arrive à Narbonne où nous attendent les parents de Claude et de la famille qui y habite ! On est carrément accueillis par un photographe et on se fait interviewer par un journaliste (cela donnera ce petit article – bon, on ne garantit pas toutes nos citations 😉 ). On passe surtout une excellente soirée, ça fait chaud au cœur de revoir la famille !

Cette soirée n’est que le début d’un retour ponctué de retrouvailles puisque le lendemain, après une chouette journée avec Jean, le père de Claude, dans les vignobles, nous arrivons à Trèbes, où habite aussi de la famille de Claude. On est à quelques kilomètres de Carcassonne et du village d’enfance de Jean, on s’y promène une journée. Quand on repart, on est accompagnés par Jean ainsi que Michel et Denise sur leur vélo électrique. Autant dire qu’avec notre poids lourd tandem/remorque/bagages, on est semés dans les montées ! On repart quand même allégés du matériel de camping que l’on confie aux parents de Claude, nous n’en aurons pas besoin la prochaine semaine.

Entre Trèbes et Toulouse, on espérait longer le canal du midi mais les berges ne sont pas aménagées tout le long et certaines ont été détruites par les récentes inondations. A ce propos, je vous recommande cet article de Mediapart qui traite d’une énorme pollution à l’arsenic dont le jardin de Michel est victime… On arrive à trouver des petites routes et des endroits où les chemins de halage sont praticables. On finit quand même l’étape intermédiaire à pousser le tandem dans la boue alors qu’on apercevait le gîte que nous avions réservé !

On passe encore une superbe journée le long du canal, c’est le paradis pour Côtelette qui fait des sprints derrière les canards. On rigole bien en la voyant courir à toute blinde avec sa patte arrière qui part dans tous les sens (elle a dû avoir un accident un jour). A Toulouse, on retrouve des amis, quel plaisir !!

Le samedi, Charles (un ami de Claude), ma mère et mon beau-père nous rejoignent à la gare de Toulouse. Nous nous élançons pour les derniers kilomètres le long du canal latéral à la Garonne. Le beau temps est au rendez-vous, on passe de super bons moments ! Charles rentre à Paris en début de semaine et nous finissons le parcours à quatre (cinq avec Côtelette !). Ce retour progressif est vraiment idéal pour nous : le fait de voir nos proches concrétise le retour, on se réhabitue doucement au confort et surtout… on est ravis de partager le voyage à vélo avec eux !!

En arrivant en Gironde, on commence à voir les vignes. On visite la magnifique ville de St Emilion, on n’est plus qu’à quelques kilomètres de notre futur chez nous ! La balade au milieu des vignes est superbe, c’est sûr, on reviendra !

Le jeudi matin, on arrive à Saint Denis de Pile pour visiter la maison que l’on a louée via une visite photos par le bon coin. Ouf, pas de mauvaise surprise, c’est conforme à ce que l’on attendait ! Petit jardin, chambre d’amis, grand salon… quel luxe !! Après un pique-nique au soleil, on enfourche le vélo une dernière fois pour aller jusqu’à Libourne. On y rencontrera un warmshowers super sympa chez qui on laisse le tandem et nos affaires. On a un petit pincement au cœur quand on referme la porte du garage, on est à pied cette fois et on ne reviendra que dans trois semaines ! Ca y est, le voyage est bel et bien terminé !! Pour cette fin de voyage, on trouve un bon resto et on en profite pour fêter avec un peu de retard l’anniversaire de ma maman.

Je pourrais m’arrêter là mais comme on a accumulé pas mal de retard sur le blog, je vous donne quand même un peu plus de nouvelles.

Tout est allé très vite après notre arrivée à Libourne : remontée à Orléans, retour dans le bordelais pour l’état des lieux et le déménagement, passage à Paris pour voir quelques amis et installation à Libourne ! On a écumé le bon coin pour nous installer (défi rien de neuf oblige), on a repris le boulot… De mon côté, ça s’annonce passionnant, plein de beaux défis, je suis ravie ! 🙂 Et Claude a retrouvé son ancienne boite, en télétravail cette fois, il va à un espace de coworking où il fait plein de belles rencontres, il est très content lui aussi !

Finalement, on se fait très vite à la vie sédentaire ! On n’a eu (pas encore du moins) aucun moment de déprime, après un an à se faire plaisir en voyageant, on avait hâte de retrouver des projets dans lesquels s’investir. On ne se sentait pas très utile (heureusement que ce blog était là et qu’on lisait vos retours !) et surtout, on était toujours dans l’éphémère et l’instant présent. Finalement, on est contents de retrouver un peu de long terme.

Dans les choses rigolotes de retour de voyage, il y a le rapport au temps. Quand on voit des amis qu’on n’a pas vus depuis un an, on a l’impression de les avoir quittés hier. Par contre, quand on voit des photos de cet été dans le Pamir, ça nous semble déjà une éternité… Et quand on les voit, c’est comme si on ne se rendait compte que maintenant de ce qu’on a fait ! En y arrivant à vélo, les paysages et les gens ont changé tellement lentement que nous ne nous sommes jamais sentis déconnectés. C’est depuis la France qu’on réalise qu’on était bien à (presque) l’autre bout du monde !

On nous demande aussi souvent s’il y a des choses qui nous font bizarre. Clairement, ouvrir nos cartons fût un petit choc. On avait pourtant donné beaucoup de choses avant de partir, on en a encore données beaucoup en les ouvrant ! Et côté vêtements, je pensais que je serais contente de retrouver un peu de variété. Passé le premier jour et le bonheur de retrouver une robe, je me suis étonnamment vite rabattue sur mes habits de rando… Après un an dans des habits confortables, le système oppressif que sont les habits féminins me frappe de plein fouet : matières qui irritent, pas de poches dignes de ce nom, coupes qui entravent les mouvements, baleines de soutien-gorge qui rentrent dans la peau, talons qui font mal aux chevilles…

Je vous vois venir, vous vous dites “bon, ok eux, ils sont bien installés, mais Côtelette ?!”. On vous rassure, elle aussi va super bien. Elle se fait bien à sa vie de chien de maison même si elle est toute excitée en fin de journée quand elle sait que c’est le moment de la balade. Elle s’éclate à courir derrière les lapins, le seul souci est que dans ces moments, elle ne nous écoute plus vraiment et qu’on galère parfois à la retrouver… :/

Sur ce, je vous laisse ! Un grand merci à toutes et à tous de nous avoir suivis au cours de cette année, on était vraiment contents de pouvoir partager ce voyage avec vous ! Pour ceux qui aiment les chiffres, on a traversé 20 pays, pédalé 11 000 km et monté 10 fois l’Everest. Et évidemment, si vous vous en doutiez, on a juste adoré cette expérience, on revient avec des souvenirs plein la tête et enrichis de toutes les magnifiques rencontres que l’on a faites. On nous demande souvent si on a eu de mauvaises expériences/rencontres et honnêtement, la réponse est… non ! Il y a eu quelques moments difficiles : la Chine, l’empoissonnement de Côtelette et quelques moments oppressants en tant que femme (Turquie et Iran notamment)… mais jamais nous ne nous sommes sentis en danger.

Le bilan est donc plus que positif ! Donc vraiment, si vous hésitiez à vous lancer dans un voyage lent, on ne peut que vous recommander : OSEZ, LANCEZ-VOUS !!

Et si jamais vous passez dans le coin de Libourne, faites nous-signe ! Pour les cyclistes, vous pourrez nous retrouver sur warmshowers.

Après cet article, sont encore prévus une dernière vidéo (avec CôtCôt en guest star), les posts de Marie et Amélie (dans lesquels vous pourrez trouver respectivement un bel éclairage historique et de magnifiques dessins) et si j’ai le courage des posts trucs et astuces… Ca vaut donc le coup de revenir ! 🙂

D’ailleurs, à propos de ce blog, beaucoup de personnes nous ont demandé si on voulait en faire un livre. Ce n’a jamais été notre projet, il y a déjà beaucoup de livres qui racontent un tel voyage, on n’a pas une plume particulière ni une approche spécifique donc on doute de l’intérêt… On pensait a minima imprimer pour nous et nos proches une version papier du blog pour avoir un souvenir. Amélie nous a proposé de nous aider à le mettre en page ce qui donnerait un bel objet donc on va peut-être partir sur un entre deux (quelques impressions mais sans vocation à grande diffusion)… Si certain.e.s d’entre vous êtes intéressés, faites-nous signe, on vous tiendra au courant !

A bientôt !

Stéphanie

Trucs et astuces

Voyager à vélo avec un chien

“Mais à quel point ça va être galère de voyager avec un chien ?” Telle était la question qu’on se posait quand on réfléchissait à adopter Côtelette.  Après quelques mois de voyage à trois, on peut vous dire qu’à la fois, ça n’a pas changé grand chose, et en même temps, ça en a changées beaucoup. Qu’est-ce que je veux dire par là ? Je vous fais un petit retour d’expérience.

 

Courir à côté du vélo

Commençons par ce qui occupe une grande partie de nos journées : le vélo. De manière générale, Côtelette adore courir derrière nous (elle ne serait pas avec nous si ça n’avait pas été le cas !). Elle n’est pas très rapide, en gros, elle suit bien jusqu’à 15km/h. Elle a toujours tendance à rester une centaine de mètres à l’arrière et fait des sprints dès qu’elle ne nous voit plus. Si on va plus vite, elle nous rattrape dès qu’il y a une côte.

De manière générale, elle reste assez bien sur le bas côté. Elle a quand même tendance à divaguer quand il y a un attrait incroyable de l’autre côté de la route (genre une poubelle) ou que l’on va très lentement (en grosse côte), ça lui laisse du temps pour zoner comme elle aime le faire. On essaie de lui apprendre à rester “à droite”, ça marche plus ou moins bien pour être honnête… Elle reste très habituée aux voitures et se range dès qu’elle entend le bruit d’un moteur.  On se fait quand même des petites frayeurs parfois, dès que cela devient trop dangereux, on la prend dans la remorque.

En ville ou en montée, il nous est arrivé de la faire courir en laisse à côté de nous. Ça marche très bien sauf qu’elle est incapable de galoper en laisse, elle trottine seulement et ne dépasse pas les 10km/h, ce qui est assez limitant…

Avec nous, elle a couru jusqu’à 50km en une journée. Elle est capable de faire plus mais quand elle est fatiguée, elle se met à boiter (sa patte arrière droite est toujours raide) du coup, on l’économise. En général, elle court une trentaine de kilomètres par jour. On lui donne régulièrement à boire, dans sa gamelle ou dans notre gourde vélo qu’on lui a dédiée (le bouchon est cassé et elle n’est plus très pratique pour nous).

 

Dans la remorque Burley Bee

Quand la chienne est fatiguée, que la route est dangereuse ou encore que l’on veut aller vite (sur du plat goudronné par exemple), elle est dans la remorque.

Côté matériel, on a une remorque Burley Bee dont on est extrêmement contents.

C’est initialement une remorque pour deux enfants, on a enlevé le hamac qui sert normalement de siège et on a construit un plancher (le poids de l’enfant est censé reposer sur le hamac et non sur le tissu qui sert de fond, on n’a pas osé la mettre directement dessus).  A Bishkek, on avait cousu un “hamac” en tissu mais il avait tendance à se détendre (et nous n’avions pas trouvé des attaches pour pouvoir resserrer les sangles facilement) et il restait humide longtemps en cas de pluie. A Tbilissi, Claude a bricolé un plancher solide fait de lames en plastiques récupérées, c’est parfait ! On a aussi ajouté un mousqueton au bout d’une corde pour faire une “ceinture” et surtout éviter que Côtelette descende en marche (l’effet est plus dissuasif qu’autre chose mais ça marche).

Au dessus du plancher, on met en général la bâche qui reste ainsi facile d’accès et la couverture en polaire de Côtelette, elle est ainsi bien confortable. La remorque est très spacieuse, la chienne a plein de place et peut se coucher confortablement. Elle l’apprécie d’ailleurs puisque quand il pleut ou qu’il fait froid, elle s’y réfugie d’elle-même.

Sauf quand elle est vraiment très fatiguée, Côtelette ne déborde jamais d’enthousiasme à l’idée de monter dans sa carriole. On doit en général l’aider à monter, surtout si on ne sort pas l’argument magique : un peu de nourriture ! Avant de démarrer, on s’assure qu’elle est couchée (a minima assise). Si elle est debout, elle est moins stable et il lui est arrivé de tomber en avant dans des descentes suite à des freinages trop forts, on fait beaucoup plus attention depuis. Elle aime bien avoir la tête qui sort pour observer ce qui se passe, du coup on ne ferme jamais complètement la remorque. Selon le temps, on la laisse carrément ouverte ou on lui laisse un petit espace. Quand il pleut, malgré notre garde-boue, de l’eau remonte le long de la roue et on retrouve Côtelette tachetée de boue voire avec la tête bien mouillée !

Sous le plancher, il y a un peu de place, on s’en sert comme “coffre” pour stocker notamment les croquettes. Attention juste en cas de pluie, comme on laisse la remorque ouverte, de l’eau peut s’y accumuler.

Niveau conduite, la remorque est très légère (10kgs), on la sent à peine (jusqu’au moment où on enlève et tout d’un coup, on se sent plus légers ! 😉 ). La vitesse théorique maximale est de 24km/h mais en pratique elle est toujours restée stable, on essaie de ne pas dépasser les 40km/h avec la chienne à l’intérieur.

Enfin, elle est vraiment ultra pratique, les roues se déclipsent et le tout se plie en quelques secondes. Ça nous a permis de la transporter très facilement. Les roues sont du 20″, la même taille que notre roue avant ce qui facilite le changement de pneus. Il y avait un super drapeau orange à l’arrière qui permettait d’être bien visible mais malheureusement, on l’a perdu un jour de très (très) grand vent au Kazakhstan. Le drapeau semblait plutôt bien fixé mais les conditions étaient vraiment particulières : c’était ce fameux jour où, sur une route kazakhe parfaitement lisse et plate, l’on faisait des pointes à 10km/h en poussant comme des fous, jusqu’au moment où la route a tourné et où on a atteint les 18km/h sans toucher les pédales !!.

 

En journée

On pensait qu’il serait compliqué d’aller dans des cafés, faire les courses… En pratique, on n’a jamais eu de problème. Quand Côtelette ne peut pas rentrer avec nous à l’intérieur, elle reste dehors avec le vélo. Selon les lieux, on l’attache ou pas. En général, elle se couche dans un coin et nous attend.

Dans des endroits où il n’y a pas beaucoup de monde qui passe, elle peut avoir tendance à aboyer sur les gens qui s’approchent trop près d’elle ou de nous (ou même de la porte par laquelle on est rentrés si on est à l’intérieur). Dans ce cas, on va la voir pour la calmer (ça marche bien, elle sait qu’on n’aime pas qu’elle aboie) et si besoin, on l’attache. Elle a le mérite de dissuader les personnes qui s’approchent d’un peu de trop près du vélo. 😉

On a quand même remarqué qu’elle aboyait préférentiellement contre les personnes qui avaient un grand bâton (depuis l’Europe de l’Ouest : les personnes âgées avec une cane, ou les blessés avec des béquilles !), les personnes qui ont une casquette/capuche/béret (encore les vieux !) ainsi que les enfants qui courent et crient. Elle a clairement quelques traumatismes et a été battue avant qu’on ne la rencontre…

C’est d’ailleurs fou de voir à quel point son comportement a changé en quelques mois. Quand on l’a rencontrée, elle s’approchait tout doucement de nous la queue entre les jambes, était toujours sur ses gardes de peur qu’on lui fasse du mal… On a du mal à reconnaître la chienne qui maintenant est ultra pot de colle en réclamant toujours plus de câlins !

Quand on est en ville avec elle, on la prend en laisse quand il y a beaucoup de circulation ou du monde. On a quand même tendance à la laisser en liberté. Elle nous suit très bien même si elle a tendance à être lente à force de trop zoner. On doit lui reconnaître un talent certain pour dénicher des trésors de poubelles. Combien de fois, on a ri en la voyant arriver avec un os énorme, un pain plus gros qu’elle…

Depuis la Géorgie, elle adore comme nous les terrasses. Comme nous ne lui donnons jamais à manger à table, elle va s’asseoir à côté des tables voisines et prend son air adorable. 99% du temps, les personnes font “oh, mais qu’elle est mignonne” et lui donnent à manger !

 

Les interactions avec les autres chiens

Si vous demandez à un cyclotouriste quelle est sa plus grosse peur, il est probable qu’il vous réponde : les chiens agressifs ! A partir de la Grèce, nous avons développé des tactiques anti-chiens. Une fois que l’on a compris qu’accélérer ne faisait qu’attiser l’envie des chiens de nous courser et de nous mordiller les mollets, on a adopté la technique de loin la plus efficace : ralentissement en parlant gentiment au chien, arrêt et marche à côté du vélo au besoin et seulement s’il insiste, on lui crie dessus et fait semblant de lui envoyer des cailloux. Ca marche super bien !

On était un peu inquiet en emmenant Côtelette : comment allait-ce se passer avec elle et les chiens agressifs ? Une fois de plus, ce fût très facile. Dès qu’un chien aboie d’un peu trop près, elle galope pour nous rattraper et se colle au vélo. Elle ignore ses congénères et poursuit sa course avec nous. Les autres chiens ne s’intéressent plus du tout à nous mais à elle. En général, ils abandonnent très rapidement leur poursuite en la voyant et ne l’embêtent pas. Certains sont tout de même assez vocaux et ont tendance à nous aboyer dessus un peu trop longtemps pour nos oreilles sensibles, il est aussi arrivé (très rarement) que certains soient agressifs avec elle, dans les deux cas, celui qui est à l’avant descend du vélo et et leur crie dessus voire leur court après (Claude est carrément adepte de la technique du yéti qui consiste à leur courir dessus en hurlant et en secouant les bras en l’air). Tous les chiens deviennent alors des poules mouillées et s’enfuient en courant (chassés aussi par Côtelette qui reprend du poil de la bête quand elle nous voit vouloir les dégager).

En ville, c’est encore plus facile, Côtelette est vraiment super sympa avec les autres chiens et n’est jamais méchante avec eux. Au pire, l’autre chien n’est pas autant de bonne composition et elle l’ignore et au mieux, ils se paient une bonne partie de jeux.

 

Le soir

En camping, elle a dormi successivement dehors, sous le auvent de la tente, dans sa remorque puis… dans la tente avec nous ! Elle s’est faite au confort ! 😉 L’avantage principal de l’avoir dans la tente est qu’elle ne voit rien et donc elle n’aboie pas. La nuit, elle a tendance à être beaucoup plus stressée et à vouloir monter la garde. Elle se couche sur sa couverture qu’on lui installe à nos pieds et ne bouge pas.

Quand on dort en hôtel ou chez des gens, elle dort dehors dans la remorque ou à l’intérieur selon ce qui est possible (en pratique, principalement dehors en Asie Centrale et à l’intérieur depuis l’Europe). Elle est très sage et ne fait jamais de bêtise hormis regarder d’un peu trop près les poubelles ou trouver un endroit plus confortable que sa couverture comme… les canaps ! Elle a bien compris qu’on n’aimait pas trop qu’elle y monte du coup, quand elle s’y installe, elle en redescend quand elle nous entend nous lever. On la retrouve debout avec la queue qui bat à l’horizontale (signe qu’elle a fait une bêtise) et on peut voir des poils et une empreinte encore toute chaude sur le canapé ! Pour éviter tout problème quand on la laisse seule à côté d’un canapé, on le recouvre de la bâche ou on y met des chaises pour qu’elle ne puisse pas y monter.

 

La nourriture

En Asie Centrale, on n’a pas toujours trouvé des croquettes, on lui faisait alors à manger des féculents (riz, pâtes ou avoine) avec la viande que l’on trouvait : saucisses (type knackis) ou la viande de nos repas que l’on ne voulait pas (on a abandonné de demander végétarien, ils enlevaient juste la viande et le goût était présent de toute façon)… Depuis le Caucase, on trouve très facilement des croquettes.

 

Les transports

Au delà du vélo, on a fait pas mal de moyens de transports : voiture, train, bus, bateau, métro… et tout s’est toujours très bien passé. De par son passé de chienne des hauts plateaux pamiris, Côtelette ne raffole pas des transports à moteurs mais elle consent à nous suivre.

Pour le train, nous avons fait un trajet de 37h (!) au Kazakhstan. On avait réservé une cabine entière pour avoir le droit de la prendre avec nous. Cela nous a finalement bien arrangé, cela nous a permis de garder le vélo avec nous (on aurait du probablement le mettre dans un autre train sinon).

Pour le bateau, elle était en cabine avec nous pour les traversées des mers caspienne et noire. Depuis qu’on est en Europe de l’Ouest, il y a des règles plus strictes pour les animaux de compagnie. Pour faire court, soit elle reste avec nous dehors, soit on la met dans une cage glauquissime, soit on se paie la cabine spécifiquement réservée pour accepter les animaux de compagnie (et qui coûte une petite fortune évidemment). En pratique, on a toujours réussi à trouver un coin/couloir où l’équipage accepte qu’on reste avec elle. Comme tout bon voyageur au long cours, nous sortons matelas, duvets, masques et boules quies pour dormir paisiblement (on reste quand même des amateurs face aux camionneurs bulgares qui scotchent les portes…). Au lieu de se cacher entre des sièges comme on faisait avant, on s’est installés dans des endroits très calmes où l’on a très bien dormi ! Merci Côtelette !!

Dans les transports en commun, la muselière est parfois obligatoire. En pratique, on la lui met autour du cou sans lui mettre (elle déteste et l’enlève au bout de 3s d’inattention), ça suffit en général. Il y a juste une fois en Italie où on nous a demandé de lui mettre dans le métro.

De manière générale, depuis la Turquie, il existe des règlements pour les animaux, c’est donc moins facile de voyager avec un (gros) chien. En Turquie, il est par exemple interdit de transporter un chien dans le bus (à moins que le chien reste dans la soute ^^) ou le train. A Toulouse, ils ne sont pas autorisés dans les transports en commun… c’est donc un peu plus galère mais on a toujours réussi à trouver une solution !

 

Les démarches administratives

On l’a mentionné dans nos articles, on a passé pas mal de temps à préparer l’entrée de Côtelette en Europe. Vous pourrez tout retrouver sur les sites officiels mais voici les principales étapes si vous voulez ramener un chien adopté hors d’Europe en Europe (la procédure est la même pour les chats) :

  1. pucer le chien
  2. le faire vacciner contre la rage (+ les autres vaccins usuels)
  3. après au moins un mois, faire une prise de sang, extraire le sérum et l’envoyer dans un laboratoire agréé par l’Europe pour qu’il y a assez d’anticorps antirabiques
  4. au moins 3 mois après la date de la prise de sang, l’animal a le droit de rentrer en Europe après avoir rempli un formulaire officiel tamponné par les autorités vétérinaires dans le pays dans lequel vous vous trouvez

En pratique, il faut donc au minimum 4 mois entre le moment où vous faites pucer le chien et le moment où il peut rentrer en Europe.

Hormis l’entrée en Europe (où il a fallu montrer tous les papiers cités ci-dessus), on ne nous a toujours demandé que le passeport. En théorie, certains pays peuvent demander d’autres papiers, notamment un certificat vétérinaire.

Nos sites de références pour les passages de frontière étaient AniVetVoyage et PetTravel.

 

Matériel

En terme de matériel spécifique pour la chienne, nous avons ajouté à notre barda :

  • la remorque Burley Bee
  • une muselière
  • une couverture (donnée par des voyageurs, merci !)
  • une brosse (on retire des kilos de poils depuis qu’il fait plus chaud ! Et elle *adore* se faire masser ! 😉 )
  • une balle (on essaie de lui apprendre à jouer avec un objet mais ça n’est pas une grande réussite pour l’instant…)
  • en terme de gamelle, on avait une gamelle en inox que l’on a oubliée dans un resto, depuis elle boit dans notre poêle et mange dans une de nos assiettes, on lui a aussi dédié notre gourde de vélo dont le bouchon est cassé, on lui donne à boire dedans quand elle court avec nous
  • des croquettes (par sacs de 3 à 5kgs)

 

Voilà ! Finalement, c’est plutôt assez simple de voyager avec son chien ! On espère qu’on aura donné envie à certain.e.s de se lancer ! 🙂 N’hésitez pas à partager vos trucs et astuces si vous en avez ou encore à poser des questions !

Au jour le jour

Traversée de la mer noire et souvenirs bulgares

Aux dernières nouvelles, nous étions à Batumi, nous nous apprêtions à prendre le bateau pour traverser la mer noire pendant 3 jours.

“Paisible”, “relaxant”, “calme”, “tranquille”, “reposant”, ce sont les mots que nous utilisions pour décrire notre expérience en bateau le 2ème jour. Il faut dire que le contexte incite à la détente : doux roulis et rien à faire à part la sieste, la lecture, l’écoute de podcasts… Côtelette a été vite adoptée à bord, elle est devenue la coqueluche et a mangé un nombre de saucisses incroyable (celles que nous filait le cuistot pour elle, les nôtres que nous ne mangions pas, plus le rab des chauffeurs de camions, il y avait de quoi faire !).

C’était trop beau pour durer, le vent a fini par s’en mêler, voyez en images :

La pauvre côt-côt était paniquée, le bateau tanguait tellement qu’elle glissait sur plusieurs centimètres en restant couchée par terre… Heureusement, le lit de Claude était bien plus rassurant ! 😉 Et finalement, on s’en est bien sortis puisqu’aucun de nous trois n’a été malade !

C’est donc avec un soulagement certain que nous avons mis le pied à terre à Burgas ! Pendant tout le temps que la douane vérifiait les papiers d’imports de la chienne, nous croisions très fort les doigt. L’entrée dans l’UE d’un animal domestique est très stricte, nous avions bien tous les papiers mais avec notre passeport kirghize aux dates fantaisistes (dont la date où a été posée la puce qui peut se retrouver via la base de données) et le résultat du test anti-rabbique photoshoppé (pour pouvoir rentrer plus tôt en Europe), nous n’en menions par large. Heureusement, la douane n’y voit que du feu, nous rentrons avec le sésame tamponné qui nous permettra de nous déplacer en Europe sans souci avec la chienne pendant 4 mois. Ça y est, on arrive à la fin de ce cauchemar administratif, Côtelette rentrera bien avec nous !!

A Burgas, on a tout de même été voir un véto pour voir s’il était possible d’avoir un passeport européen (notre passeport “européen” reçu au Kirghizstan n’a d’européen que le titre de la 1ère page et n’est pas conforme aux réglementations) qui nous éviterait de conserver tous les papiers d’importation. Ce n’est pas possible sans refaire une nouvelle fois le vaccin contre la rage, on abandonne donc, on verra ça de retour en France.

Pour ma part, ce passage en Bulgarie est particulier puisqu’il y a 10 ans, je passais 5 mois à Sofia, en tant que volontaire européenne. En quelques jours, certaines phrases et mots me reviennent (je dois reconnaitre que les mots que je reconnais le plus facilement sont… les marques de bière ! 😉 ), je déchiffre les menus (avec la nationale shospka salade aux couleurs du drapeau).

Je redécouvre aussi la lutte de tous les instants pour ne pas me laisser tromper par les hochements de tête bulgares (de haut en bas = non, dandinement sur les côtés = oui).

Avec surprise, après près de 5 mois en Asie Centrale, j’apprécie le kachkaval, l’un des 2 fromages bulgares (celui-là est jaune, l’autre, le siréné, ressemble à de la féta). Vu mon souvenir d’une sorte de gouda insipide, ça en est limite inquiétant pour mon palais ! 😉 Quant à la boza, boisson fermentée à base de blé dont se délectent les enfants, elle fait toujours l’unanimité pour les français : in-bu-vable.

Je note aussi les évolutions du pays : les routes ne sont plus défoncées et les voitures sont en bien meilleur état que dans mon souvenir…

Cette arrivée en Bulgarie marque aussi notre retour en Europe : on continue de s’émerveiller à chaque repas (on a même trouvé un café avec une formule végétarienne le midi !), petites routes peu empruntées idéales pour le vélo, voitures qui font attention à nous… Ce dernier point est particulièrement appréciable : plus besoin de se jeter sur le bas côté quand un camion arrive alors qu’il y a de la circulation en face, les voitures attendent derrière nous pour nous dépasser maintenant ! Elles nous laissent aussi passer quand elles ont un stop au lieu de nous couper la route.

La ville de Burgas n’a pas grand intérêt, on fait tout de même une balade sympa sur la plage. Côtelette s’éclate dans le sable, elle n’ose pas trop s’approcher des vagues par contre.

On reprend la route avec un bon rythme les jours suivants : on a rendez-vous avec Amélie, une amie de Claude, à Haskovo dans 3 jours ! Elle a la bonne idée d’arriver le jour de Noël, on passera les fêtes avec elle !

Quand on pédale, on prend bien la mesure des journées et des saisons. Les courtes journées d’hiver ne nous facilitent pas la vie : difficile d’affronter le froid avant que le soleil se lève et pas évident de faire une journée correcte de vélo quand le soleil se couche à 16h40… On arrive quand même à faire de belles pauses dej au soleil et on pousse donc après la tombée de la nuit après avoir assisté à de magnifiques couchers de soleil.

Le premier soir est difficile : il fait brumeux, l’humidité nous glace. A quelques kilomètres de notre objectif, la remorque crève… On se motive pour tout réparer et on finit par réussir à arriver au village. Une famille adorable à qui on demande de l’eau propose de nous héberger. On refuse, on sait que ce genre d’invitation implique forcément un coucher tardif (en tout cas plus tardif que pour des cyclistes qui se couchent à 20h30 en hiver 😉 ) et on risque d’avoir du mal à décoller tôt le lendemain. On se réfugie donc dans un commerce abandonné qu’on avait repéré.

Le lendemain, on aura plus de chance. On passe la journée à longer une vallée où se succèdent les centrales (à charbon et nucléaire il nous semble). Le soir, le ciel est très clair, on voit très bien au clair de lune. Des chacals nous repèrent quand on traverse une vallée, ils hurlent. On ira se poser un peu plus loin au calme.

Avant d’arriver à Haskovo, on traverse un village beaucoup plus pauvre que les autres. Il semble habité majoritairement par les tsiganes. Je me rappelle alors des discriminations fortes dont on parlait il y a 10 ans. La situation ne semble malheureusement pas avoir beaucoup évolué…

On finit par arriver à Haskovo sous un encore superbe coucher de soleil. Quelques minutes après notre arrivée, Amélie frappe à notre porte. Elle prendra la plume pour le prochain article. 🙂

 

Au jour le jour

Boue et pétrole

Bonjour à toutes et à tous !

Ca y est, on est de retour en Europe, on vous raconte bientôt nos derniers jours dans une prochain post. Avant ça, je rattrape mon retard en publiant deux vidéos de notre sortie avec Marlène et Vincent en Azerbaïdjan. Pour rappel, on était tombés sur une flaque de pétrole puis on avait rejoint les volcans de boue. Autant dire qu’avec notre passé de physiciens des fluides, on était scotchés ! On espère que ces vidéos vous fascineront aussi !

J’en profite pour vous souhaiter une très belle année 2019. Au delà des traditionnels vœux de bonheur et de santé, je ne peux m’empêcher de vous souhaiter de franchir le pas pour tous vos projets rêvés, même s’ils vous semblent un peu fous. En préparant ce voyage, nos proches se sont parfois inquiétés (dangers potentiels, boulot…), et pourtant, on n’aura pas regretté une seule seconde cette prise de risque. Donc vraiment, si vous hésitiez encore : lancez-vous !

Et comme vous le savez, une autre chose qui nous tient à cœur et nous préoccupe est l’écologie et l’état catastrophique de notre planète, nous courrons littéralement à notre perte en continuant ce modèle thermo-industriel qui détruit tant la nature que les humains. Il semblerait que 2018 ait été l’année d’une prise de conscience plus large, en France du moins. Le succès de la pétition l’affaire du siècle (que je vous invite à signer si vous ne l’avez pas déjà fait) en témoigne. J’appelle donc de tous mes vœux (et promis, on fera bien plus qu’espérer 😉 ) que 2019 soit l’année marquée par de réelles actions et des changements de cap.

Merci encore à vous pour tous vos retours qui nous encouragent à poursuivre ce blog et bon visionnage !

Stéphanie

 

Trucs et astuces

Inspirations

Ce voyage nous apporte quelque chose dont nous n’avions pas soupçonné l’importance : du temps ! Du temps pour s’informer, mais surtout pour réfléchir, discuter de ce qui nous est important, maturer nos réflexions…

Nous avons le luxe d’avoir complètement mis de côté nos préoccupations de la vie urbaine (Vais-je être à l’heure à mon prochain rendez-vous ? Comment aborder cet enjeu lors de ma prochaine réunion ? Il faut que je finisse telle chose, et que je n’oublie pas de répondre à bidule…). Et mine de rien, ça laisse de l’espace pour penser, et ce, d’autant plus quand on passe une bonne partie de nos journées à pédaler !

 

Avec ce post, j’ai envie de partager avec vous les lectures/écoutes qui m’ont le plus inspirées et fait avancer ces derniers mois (je dis “je” mais la plupart sont partagées avec Claude). Ces recommandations seront aussi un reflet de nos préoccupations actuelles. On espère qu’elles inviteront à des échanges avec vous ! 🙂

Avant de partir, certain.e.s d’entre vous nous avaient envoyé leurs recommandations de lectures, des romans principalement, merci encore ! Cependant, on a finalement beaucoup plus écouté de podcasts que lu de livres.Le soir, on s’endort vite et quand on se pose quelque part, on a d’autres choses à faire, notamment… l’écriture de ce blog ! 😉 C’est pour ça que finalement, il n’y a pas tant de romans que ça dans cette liste…

Et dernière chose avant de commencer, pour toutes les personnes qui ont une liseuse, je vous recommande le génialissime service de la bibliothèque numérique de la mairie de Paris (merci encore Cécile pour le plan !). Avec l’inscription de base à la bibliothèque (gratuit, même pas besoin d’être parisien.ne, une simple carte d’identité suffit), vous avez accès à l’emprunt de 4 ebooks par mois. Le catalogue est bien fourni, il y a même des BDs ! Et si vous cherchez un titre précis, leur community manager est super réactif sur twitter. Bref, on est vraiment super contents de ce service !!

Pour y voir un peu plus clair, j’ai classé ça par grands thèmes.

 

Écologie

Les personnes qui nous connaissent le savent, on est très préoccupés par l’état environnemental de notre planète. Réchauffement climatique, chute de la biodiversité… les mauvaises nouvelles ne manquent pas et nous sommes aujourd’hui convaincus qu’un effondrement de nos sociétés comme on les connaît est inéluctable. On se dit que toutes les actions que l’on fait aujourd’hui ont deux vertus : limiter la casse (mais casse il y aura) et surtout… préparer la suite.

Évidemment, ces nouvelles ne sont pas très réjouissantes, ça nous travaille beaucoup, on en parle, en cauchemarde, ça nous déprime, nous questionne, nous donne de l’énergie d’autres choses… Et pour se sentir moins seul, comprendre, identifier comment lutter, on passe pas mal de temps à lire et écouter sur le sujet.

Podcasts

On écoute aussi de manière moins assidue sismique, atterrissage, vlan !, usbek et rica ou encore bons plants.

Livres

  • Le syndrome de l’autruche, George Marshall : livre passionnant sur “pourquoi notre cerveau veut ignorer le changement climatique”. L’auteur explore notamment l’importance des récits (au delà des arguments rationnels) et estime que les écolos devraient tirer des enseignements des religions. Si vous vous êtes déjà demandés “mais pourquoi tout le monde s’en fout alors que c’est SI important”, je vous recommande vivement ce livre.
  • Une autre fin du monde est possible, Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gautier Chapelle : Avant de lire ce livre, je vous recommande le “tome” précédent Comment tout peut s’effondrer, livre qui fût un réel bouleversement pour moi (ce moment où on t’enlève des œillères que tu ne peux plus remettre). Dans ce second livre, les auteurs explorent justement les conséquences de ces bouleversements sur le plan intérieur et comment nous pouvons/devons réinventer le futur.
  • Petit manuel de résistance contemporaine, Cyril Dion : une bonne synthèse de plusieurs lectures, notamment le syndrome de l’autruche (que Cyril Dion a préfacé dans sa version française). S’il n’y a qu’un seul livre à lire, c’est peut être le bon.
  • Homo Detritus, Baptiste Monsaingeon : un petit bijou ! Au delà du fond passionnant avec une super partie sur l’histoire des déchets dans nos sociétés, ce livre est extrêmement bien écrit, critique sur nos sociétés, fait le lien avec plein d’autres lectures… un vrai coup de cœur !
  • Petit traité de résilience locale (version pdf gratuite) : comment préparer un monde post-effondrement
  • L’âge des low-tech, Philippe Bihouix : sortir des high tech avec les low tech, c’est possible !
  • Zero Waste Home, Bea Johnson : le livre référence sur le zéro déchet. Essentiel pour aborder un mode de vie plus écologique mais ça manque à mon sens de réflexion sur la répartition genrée des tâches domestiques…
  • Gouverner la décroissance (dispo sur cairn pour les académiques) : des pistes pour aller vers une société décroissante. J’ai beaucoup aimé l’idée d’un revenu non pas universel mais de transition. Il y a aussi deux autres volumes dans la même série que je n’ai pas encore lus.
  • Où atterrir, Bruno Latour : Bruno Latour montre (notamment) en quoi mondialisation, montée des inégalités et changement climatique sont liés
  • Sortir de la société de consommation, Serge Latouche : ou pourquoi s’engager dans la décroissance

Récemment, j’ai découvert la nouvelle revue terrestres dont je lis les articles de très grande qualité sur internet.

Pour mes prochaines lectures, j’ai envie de lire Cataclysmes de Laurent Testot, Reclaim, recueil sur l’écoféminisme dirigé par Emilie Hache, le manuel de l’antitourisme de Rodolphe Christin, la guerre métaux rares de Guillaume Pitron et dans un autre genre (BD), le petit traité d’écologie sauvage d’Alessandro Pignocchi.

 

Discriminations

Les questions d’égalité femme/homme nous intéressent depuis un petit moment, notre voyage continue de nous interroger sur d’autres aspects. Voici ce qu’on écoute :

  • Un podcast à soi (Arte Radio) : génialissime podcast féministe, la réflexion y est toujours très fine et pertinente, merci et bravo pour ce travail !
  • La poudre : interviews de femmes inspirantes
  • Regard : questionne le rapport à la beauté des femmes

On écoute aussi occasionnellement les podcasts de Madmoizelle ainsi que les couilles sur la table. J’ai aussi entendu que le podcast Quouïr sur les questions LGBT+ était très bien mais on ne l’a pas encore écouté.

 

Pendant notre voyage, on s’est dit plusieurs fois qu’on avait la chance d’être un coupe hétérosexuel blanc, et que notre voyage serait bien différent si on était noirs par exemple…

  • Nous et les autres : 3 épisodes qui déconstruisent le racisme réalisés dans le cadre d’une expo avec le musée de l’Homme
  • Kiffe ta race : explore les questions raciales, on n’a pas été très emballés par le 1er épisode mais les suivants valent vraiment le coup !

 

Récits de vie

On écoute pas mal de podcasts qui racontent des histoire des gens. Au delà d’histoires singulières, ces récits reflètent nos sociétés.

  • Une série française (France Inter) puis jeunesse 2016 (France culture) : Super série sur la jeunesse française. Qui aurait dit que l’idole de Claude serait une femen ?
  • Que sont-ils devenus (Arte Radio) : une prof de collège va à la rencontre de ses anciens élèves. Parcours de vie et surtout réflexions sur l’enseignement au programme.
  • Les pieds sur terre (France Culture) : des reportages sans commentaires, des sujets très variés, on aime beaucoup ! La série ma fille sous influence est magnifique.
  • Transfert : à défaut d’avoir des histoires incroyables de la part de nos amis ou notre famille, on écoute transfert
  • Casseroles : on a tous un rapport intime à certaines recettes, ce podcast les explore tout en activant nos papilles !
  • Entre : Justine nous raconte son année de 6ème et son entrée dans l’adolescence
  • Superheros : histoire d’une vie, on n’a écouté qu’une seule saison pour l’instant
  • Le centre du monde : à la rencontre de jeunes réfugiés au centre d’accueil pour mineurs de MSF à Pantin
  • Arte Radio : de manière générale, Arte Radio regorge de pépites ! En vrac, on a aimé cette histoire d’amour ou ce documentaire.

 

Actualités/documentaires

Encore quelques podcasts :

  • Spla$h : un podcast sur l’économie super bien vulgarisé, avec des questions brûlantes de société traitées par les spécialistes du domaine. Bravo !
  • LSD, la série documentaire (France Culture) : des documentaires en 4 épisodes, toujours super intéressants. On a adoré la série sur l’agnotologie
  • Thinkerview : des interviews fleuves (sur des questions environnementales, sociales…), les invités sont souvent passionnants par contre on a beaucoup de mal (et c’est peu dire…) avec l’intervieweur que l’on trouve condescendant, méprisant et qui coupe toujours les invités sous prétexte de “questions pièges”. Il faut donc réussir à en faire abstraction pour apprécier.

Pour mieux comprendre le pays dans lequel on voyage et les enjeux géopolitiques, on écoute régulièrement cultures monde (France Culture). On apprécie aussi de manière générale ce que fait France Culture, quand on veut creuser un sujet, ses émissions sont précieuses, on a par exemple beaucoup aimé la série sur les communs d’Entendez-vous l’éco. L’émission une histoire particulière, un récit documentaire est chouette elle aussi. Et pour finir, un série qui s’annonce passionnante sur l’écologie et la politique nous attend dans l’émission matières à penser.

Par ailleurs, on continue de lire les jours auxquels on est abonnés.

 

Organisations

Comment fonctionne un collectif, comment favoriser la coopération et non la compétition ? Toutes ces questions me passionnent et voici quelques lectures qui m’ont fait avancer sur ces sujets.

  • Découvrir l’intelligence collective, Olivier Piazza : écrit par le co-directeur du DU Intelligence Collective, j’ai eu le plaisir d’y retrouver plein de choses qu’on avait vues pendant le DU, pour ce.lles. eux qui ne connaissent pas (encore) l’intelligence collective, plongez-vous y ! Et pour les autres, vous y trouverez aussi plein de choses, de références… Merci particulièrement à Olivier pour ce rapprochement entre communs et intelligence collective.
  • L’entraide, l’autre loi de la jungle, Pablo Servigne et Gauthier Chapelle : ce livre a fait le pont entre mes préoccupations environnementales et l’intelligence collective (d’ailleurs Gauthier Chapelle était un intervenant du DU et Marine Simon qui est largement citée dans le livre fait partie de l’équipe pédagogique, merci à tous les deux !!). Il explore comment la coopération se développe, que ce soit dans la nature ou au sein des groupes humains. Une lecture inspirante !
  • Liberté & Cie, Isaac Getz : La lecture de Reinventing Organizations de Frédéric Laloux il y a quelques années avait été un réel “choc” (dans le sens positif du terme !). Avec cette lecture, j’ai pu poursuivre la découverte de ces entreprises liberées.

Romans

  • Chanson douce, Leila Slimani : au delà du roman, les rapports de domination de classes
  • Dans la forêt, Jean Hegland : deux jeunes femmes se retrouvent seules dans leur maison dans une clairière alors que la société s’effondre
  • Servante écarlate, Margaret Atwood : dystopie avec en arrière fond les questions de dictature écologique et de conditions des femmes
  • Vernon Subutex, Virginie Despentes : plongée à travers la société française, illusions perdues, nouveau récit… une trilogie à lire/vivre plus qu’à décrire 😉
  • Au revoir là-haut puis les couleurs de l’incendie, Pierre Lemaitre : drôle, bien écrit, dépeint la France d’entre deux guerres, on a regardé le film adapté du 1er roman qui est lui aussi super
  • Mille soleils splendides, Khaled Hosseini : destins croisés de deux femmes en Afghanistan

 

Voilà pour cette liste, je vais m’arrêter là, elle est déjà assez longue ! J’espère que j’aurais réussi à vous donner envie pour quelques écoutes/lectures. Je suis évidemment preneuse de vos recommandations et surtout d’échanger avec vous sur tout ça ! 🙂

A très vite alors !

Stéphanie

PS : au fait, on a accumulé du retard et on n’a pas répondu à vos derniers commentaires mais sachez que ça nous fait toujours autant plaisir de vous lire !! <3

PPS : je me permets d’enrichir cette liste au fur et à mesure de mes nouvelles découvertes