Vues Afghanes

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Vues Afghanes

Désolé pour la longue période sans publication, au Tadjikistan après Dushanbe l’internet n’était pas assez rapide pour nous permettre d’éditer nos articles. Nous avons dû attendre d’être au Kirghizstan !

Au départ de Dushanbe il existe deux routes pour rejoindre la région du Pamir. Le Pamir désigne la chaîne de montagnes qui termine l’Himalaya à l’ouest. C’est plus ou moins un plateau à une altitude de plus de 3500m. La région à l’Est du Tadjikistan s’appelle officiellement GBAO, c’est à dire Gorno-Badakhshan Autonomous Oblast (Oblast en russe c’est une région administrative). Cette région regroupe toute la partie montagneuse et est plus ou moins “autonome”, cela représente 45% du territoire et… 3% de la population. On retrouve ici toutes les subtilités du découpage des régions qui date de l’URSS. Les ethnies ne correspondent pas forcément au découpage des frontières… Quelques exemples :

– Dans la ville de Boukhara en Ouzbékhistan la langue la plus parlée est le tadjik. La seconde est le russe et la troisième l’ouzbèke. En gros la région est historiquement un empire persan (les Samanides) et la langue tadjik est très proche du persan. Cette région est aujourd’hui encore la source de tensions entre le Tadjikistan et l’Ouzbékhistan. C’est en 1924 que le Tadjikistan est formé en tant que république soviétique propre, et à ce moment là hop, la région de Samarcande et Boukhara n’y a pas été rattachée (possiblement en représailles d’une révolte). Pour vous donner une idée des tensions actuelles, la frontière la plus proche de Samarcande que nous avons pu emprunter a réouvert en mars 2018… Les photos des présidents Tadjik et Ouzbèke se serrant la main qui la décorent sont donc d’un symbolisme conséquent.

– La région de l’est du Pamir n’aime pas beaucoup le président, les gens sont d’ethnie kirghize et n’hésitent pas à parler de la région comme étant kirghize. C’est plus ou moins subtil, par exemple la télévision chez les gens ne s’intéresse qu’aux diffusions kirghizes. Un homme de Murgab qui parlait bien anglais et curieux de notre voyage nous a même demandé dans quel pays nous allions après le Kirghizstan ! Et les chapeaux kirghizes y font leur apparition 🙂

Pour ceux qui aimeraient creuser le sujet, cet article wikipédia est instructif.

Revenons à nos moutons, et à nos deux routes pour quitter Dushanbe. La route du nord est plus courte mais pourtant moins fréquentée. Cela s’explique par son état de surface désastreux et son dénivelé très important. Les voitures et camions utilisent donc plutôt la route du sud, qui traverse la région du Kathlon, via les villes de Dangara et Kulob. Les cyclistes, avertis de ce qui les attend dans le Pamir préfèrent en général la route du sud, mais depuis l’attentat autour de Dangara (voir notre article précédent), cet itinéraire est moins emprunté.
La plupart des cyclistes que nous avons rencontrés ont donc emprunté la route nord, certains autres, dont nous mêmes, ont décidé de prendre un taxi pour sauter cette portion (surtout les jours suivant l’attentat). En pratique cela nous permettait aussi de sauter une portion de route difficile et de passer plus de temps dans l’est du pays, tout en arrivant à temps au Kirghizstan pour rejoindre Baptiste et Marion !

Nous nous rendons donc à la station de taxi consacrée à la direction du Pamir, nous arrivons par la petite entrée et c’est assez amusant, on dirait un immense garage pour 4×4 à ciel ouvert !
On explique qu’on souhaite se rendre à QalaiKumb, 4 ou 5 chauffeurs nous font des propositions et nous décidons de suivre l’un d’entre eux sur l’argument objectif qu’ils nous paraît plus sympathique que les autres 😀

Le chargement du vélo se passe bien, pas de démontage en deux parties nécessaire ! Le départ est programmé pour dans une vingtaine de minutes. On s’arme de pain, coca et d’eau pour un trajet qui peut être long. On parle de moins de 400km, mais en pratique ça peut prendre 8h…

Notre chauffeur ne trouve personne dans la gare qui aimerait se joindre à notre convoi, et on récupère donc deux enfants de son village qui patientaient avec nous, visiblement sans garantie de pouvoir monter si un client qui paye s’était montré (?). Ils s’installent à l’arrière dans l’espace restant à côté du vélo, nous partons, il est 11h40. Je précise que nous sommes assis tous les deux à l’avant, autant vous dire qu’on est un peu serrés, et au milieu on profite des coups de coude du chauffeur chaque fois qu’il passe une vitesse 🙂 On profite aussi de la musique locale, mais ça c’est partout dans la voiture !

Notre chauffeur effectuera plusieurs pauses plutôt amusantes. Lors de la première il négocie puis charge plus de 20kg de raisins, il a probablement l’intention de faire son commerce une fois arrivés, dans le Pamir on ne trouve pas beaucoup de produits frais ! Lors d’une seconde pause, il achète dix pastèques gigantesques. Pour charger le tout, il fait plus attention à notre vélo qu’aux enfants, et c’est nous qui les aidons à réorganiser l’espace afin qu’ils n’en aient pas de partout à leurs pieds ou sur les genoux…

Nous effectuons une pause déjeuner aux alentours de 15h dans un bouiboui de connaisseurs : il n’y a aucune indication que c’est un restaurant. Végétariens de l’Asie Centrale (trop risqué pour moi. Aussi Steph reste dégoûtée de la viande depuis la Turquie), nous demandons des lagman sans viande, et c’est très bon, même si la viande est simplement retirée de nos bols avec plus ou moins de talent. Les lagman, vous ne le savez pas encore mais vous connaissez peut être déjà, c’est une orthographe différente de “ramen”, c’est donc un bol de soupe avec des légumes et des pâtes allongées maison. Après Kulob, nous passons un col dont le sommet correspond au checkpoint d’entrée dans le GBAO. Après un contrôle de nos passeports et de nos permis spéciaux, nous entamons la descente. Le paysage est complètement différent de ce côté, et on aperçoit pour la première fois l’Afghanistan. En effet, à partir de maintenant et durant toute la durée de cet article, nous longeons la frontière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan. Cette frontière est marquée par un fleuve, le Panj.


L’asphalte disparaît environ 20km avant QalaiKumb et notre chauffeur nous explique que la route est vraiment pourrie, comme ce que nous parcourons actuellement, jusqu’à Roshan, soit là où il habite. Nous arrivons à QalaiKumb à 19h30, et il fait déjà nuit. Notre chauffeur nous propose de pousser jusqu’à son village et de dormir chez lui (sans payer l’hébergement). Le vélo n’est pas prêt à rouler, il fait déjà nuit donc nous aurons du mal à trouver un emplacement où camper et cela veut dire que nous allons devoir payer un hôtel. On décide de continuer avec notre chauffeur en payant un peu plus (à peu près autant que ce que nous aurait couté de dormir à QalaiKumb). Quelques minutes plus tard nous nous arrêtons pour le dîner. Cette fois pour des végétariens c’est pas gagné… Kebab au menu, et c’est tout ! La cuisine est à cours de pain, heureusement qu’on en avait acheté avant de partir 🙂
On se contente donc d’une soupe aux légumes… avec le goût de viande évidemment !
Nous repartons, notre chauffeur nous indique que l’on peut s’assoupir, lui ne s’endormira pas. Sur une route normale on aurait du mal à le croire, mais vu sur quoi nous roulons, il est forcé d’être dans un état de concentration extrême et l’adrénaline doit le garder en pleine forme. Une heure plus tard nous sommes bloqués car deux camions se font face, et ne peuvent pas se croiser. Toutes les voitures sont bloquées en attendant. Là normalement vous vous dites qu’à force de manœuvres la situation va se débloquer, mais absolument pas. Il fait nuit noire, le bord de la route est un à pic qui plonge droit dans la rivière, et les camions sont munis d’une remorque, ce qui rend toute manœuvre fort délicate. Notre chauffeur entame une sieste (en écrasant de son siège les enfants à l’arrière), et nous attendons. Il s’écoule une heure complète avant que le camion aval n’abandonne et se range sur le côté afin de laisser passer le trafic de voitures. Nous repartons, mais pour notre voiture plutôt large, croiser les camions s’avère un peu coton. Notre chauffeur assure, il est très prudent depuis le début du trajet et on l’apprécie d’autant plus dans ce moment 🙂 On ne vous cache pas qu’il n’est pas facile de dormir dans une voiture qui tremble quand on est collés à deux sur un siège qui ne peut pas s’allonger car notre vélo est juste derrière. C’est vers minuit et demie que l’épuisement finira par agir et nous dormons tous les deux jusqu’à arriver… à 2h30 du matin.
Bilan, 600km, 15h de taxi. On rêverait presque d’une autoroute ;)Notre courte nuit chez le chauffeur est très agréable, nous dormons sous une tonnelle à l’extérieur. Leur quartier d’hiver est une maison traditionnelle du Pamir, la pièce principale comporte 5 colonnes et un plafond caractéristique. C’est un peu long à décrire mais vous pouvez voir les photos. Les colonnes portent les noms de personnages sacrés de la tradition Alévi, l’emplacement auprès de l’une d’elle est réservé au chef du village, il faut donc éviter de s’asseoir au hasard ;)Épisode amusant, Stéphanie souhaitant prendre une douche, une femme l’emmène dans la salle de bain, puis s’enferme avec elle. Elle la fixera durant toute la durée de sa toilette… Manque de pudeur ? Curiosité de voir si les Européennes sont faites pareilles ? On ne sait pas !

Le village où nous dormons est en réalité un peu avant Roshan (25km) et s’appelle Shitz. Nous prenons la route qui redevient rapidement de l’asphalte (miracle !). Juste après notre départ nous rencontrons Chris, un cyclo allemand. Nous nous retrouvons un peu plus loin lors de notre pause goûter du matin, et nous déjeunons avec lui une fois arrivées à Roshan. Nous trouvons un petit restau très bien qui nous sert un plov sans la viande et une assiette de frites, super ! Le plov c’est pareil, en fait vous connaissez : le mot ressemble beaucoup à pilaf. C’est un plat de riz ! Avec des carottes (des raisins secs en principe, mais en pratique il faut avoir de la chance) et un micro bout de viande si on est pas végétarien.

Un peu plus loin nous croisons un checkpoint, c’est celui qui se trouve au pied de la jonction avec la vallée de la Bartang. Cette vallée est la plus sauvage du coin, il n’y a presque aucun trafic, de nombreuses rivières qui peuvent être profondes à traverser, et la route est très mauvaise. Au checkpoint nous croisons notre premier groupe de motards. Ils sont 8 ou 10 en moto cross, et suivis par un pickup qui transporte leurs affaires.

Nous continuons la route et traversons quelques villages. On croise régulièrement des enfants très gentils ! On voit aussi des enfants… de l’autre côté de la rivière ! En effet la vallée est super étroite à ce niveau, et les villages Afghans alternent avec les villages Tadjik. Très peu de choses distinguent les deux côtés de la vallée et les images d’un pays en guerre sont bien loin ici… Les enfants Afghans comme les Tadjik nous font coucou, se baignent dans la rivière. On voit l’activité dans les champs de la même façon que de notre côté, et les hommes qui transportent le foin nous apparaissent de loin comme des bottes de foin qui marchent !

Le soir nous nous arrêtons dans une village et plantons la tente dans le jardin d’une dame adorable, elle nous a même fait une petite liste de vocabulaire Anglais – Tadjik – Pamirski.

Nous arrivons à Khorog autour de l’heure du déjeuner. Nous hésitons à nous arrêter pour la nuit, mais nous pouvons tout aussi bien faire un longue pause et repartir en milieu d’après midi. L’hôtel où les cyclos se retrouvent est plutôt éloigné du centre, ce qui ne nous arrange pas puisque nous avons quelques courses à faire. Nous décidons donc de ne pas dormir sur place, et nous dirigeons directement vers le centre. La première étape est le bazar, qui se trouve à l’entrée de la ville du côté où nous sommes. Nous faisons la connaissance de Christine et Bruno, deux cyclos partis avec un tandem muni d’un panneau solaire pour le suntrip. Malheureusement leur véhicule n’était pas assez stable et ils ont dû continuer avec deux vélos droits.

Il y a beaucoup de vélos dans cette ville, c’est vraiment le point de passage obligatoire ! Au bazar nous trouvons du fil de pêche (pour la couture de pneu, Steph est une experte !) ainsi que de la super glue. Pas de piles de bonne qualité en vue par contre… Nous passons à la banque pour échanger nos euros, mais c’est impossible car nous sommes un jour de week-end !

Direction le centre ville pour rendre visite au PECTA. C’est le centre d’information touristique de la région, mais plus important, ce sont eux qui délivrent les permis pour accéder à la réserve naturelle du lac Zorkul, par laquelle nous avons l’intention de passer. Les contrôles sont très légers, donc on choisit de payer pour deux jours chacun, même si ça risque de nous en prendre trois plutôt.

Nous nous installons sur la terrasse d’un restaurant qui donne sur la rivière, ils proposent une sorte de sandwich grillé dont, miracle, il existe une version végétarienne ! Évidemment c’est un peu chiche, mais on complète notre repas par une assiette de frites ainsi que… une crêpe !

En repartant nous visitons l’un des supermarchés de la ville où Stéphanie se rend pour faire des courses pour quelques jours. A priori on ne trouvera pas de magasin avant Ishkachim. En repartant nous nous engageons dans la vallée de la Wakhan.

La route qui s’appelle la Pamir Highway est la route principale, aussi appelée M41. C’est la route qu’emprunte les camions et la plupart du traffic. Il existe deux autres vallées (dont la Bartang croisée plus haut) qui traversent le Pamir, ainsi que quelques itinéraires bis. La vallée de la Wakhan est la plus au sud, elle longe le fleuve Panj et donc la frontière Afghane.

Si vous regardez une carte vous verrez qu’à ce niveau en Afghanistan commence un appendice étrange, c’est le corridor de la Wakhan. Ce bout de territoire très isolé dans les montagnes est le résultat d’un accord de 1865 entre les Britanniques et les Soviétiques qui avait pour objectif de mettre fin à la guerre diplomatique intense qui a eu lieu durant tout le 19e siècle en Asie centrale. Cette compétition est plus connue sous le nom de “Grand Jeu”, et son histoire est très bien racontée dans un livre que mon père m’a offert avant le départ et que je vous recommande chaudement ! Ce territoire allongé jusqu’à rejoindre la Chine sert donc de tampon entre deux empires qui ne pouvaient supporter de frontière commune !

En cette fin d’après midi, nous parcourons seulement quelques kilomètres avec un vent de face assez fort. La route est assez escarpée et les lieux de camping ne sont pas légion, nous nous arrêtons donc dans un village pour essayer de planter la tente dans un jardin. Le plus difficile dans ces cas là est de réussir à refuser l’hospitalité, que cela soit de dormir à l’intérieur ou bien de la nourriture. Les gens sont extrêmement généreux, et il faut savoir se montrer ferme ! Notre méthode consiste à insister pour planter la tente dans le jardin, et de commencer à cuisiner rapidement (quitte à se doucher une fois la nuit tombée). Avoir notre maison et notre dîner prêts permet de refuser plus facilement ce que nos hôtes souhaitent nous offrir ! D’autant plus que la vie dans le Pamir est rude et les gens ne sont pas très riches, on ne voudrait pas abuser !! En général on repart quand même avec quelques tomates, des pommes ou bien des mûres séchées. La spécialité du coin sont les amandes de noyaux d’abricot, mais celles ci sont toxiques à haute dose (cyanure) alors on limite notre consommation 😉

Lorsque nous repartons le lendemain matin le vent est heureusement retombé. Nous longeons la vallée étroite du Panj avec de jolies vues sur l’Afghanistan.

Sur la route nous croisons un groupe d’enfants et ados un peu méchants, du genre à bloquer la largeur de la route et à nous lancer des cailloux quand nous passons sans nous arrêter. Inutile de préciser que ce n’étaient que des garçons. Le plus étrange c’est qu’ils se baladaient à pied alors que le prochain village était à environ 10km.
Quand nous arrivons dans ce village il est l’heure pour nous de trouver un endroit où dormir, une dame nous propose un hôtel mais l’ambiance ne nous plaît pas trop, en plus le groupe de jeunes vient de se faire déposer par une voiture. On a absolument aucune envie de participer à la vue de leur village vu comment ils se sont montrés désagréables. C’est une motivation suffisante pour continuer notre route jusqu’au prochain village où nous pouvons nous installer dans le jardin d’une dame très gentille (on réussit à n’accepter qu’un délicieux demi pain ;)).

Le lendemain nous croisons sur notre route une source chaude que nous avions repérée sur la carte. Elle est gratuite et en plein air, mais l’eau n’est qu’à 25 ou 30°C, pas assez pour nous convaincre de piquer une tête !

Nous arrivons à Ishkachim le midi, la banque est donc fermée mais nous voulons encore changer nos euros ! L’activité avec l’Afghanistan existe un tout petit peu ici, puisqu’il y a un marché hebdomadaire transfrontalier. Il se tient sur une île au milieu du Panj, sur laquelle ne se trouve sinon qu’une base militaire. Il a lieu tous les samedis matins mais malheureusement nous ne sommes pas là le bon jour (et on apprendra plus tard que le samedi suivant il était exceptionnellement annulé).

Pour patienter nous nous installons dans un restaurant voisin, mais tout ce que nous parvenons à commander sont des assiettes de frites ! Ça nous convient même si elles ne sont pas excellentes… Nous croisons un second groupe de moto cross, qui déjeunent là aussi.

Une fois la banque ouverte, évidemment impossible de changer des euros mais on me renvoie vers une autre, Amonat. En route nous en trouvons une troisième, ils annoncent leur taux pour les euros, mais évidemment on me refuse le change. Je demande alors où se trouve la banque Amonat et ils me garantissent qu’il n’y en a pas à Ishkachim. C’est un peu un classique du coin, les gens ne savent pas ce qui se trouve dans la ville, même dans la rue à côté, mais ils sont prêts à vous jurer que c’est introuvable. En général il suffit de trouver un autre interlocuteur,  en l’occurrence une dame dans la rue qui m’emmène très gentiment jusqu’à la banque. Elle est vraiment cachée, mais, surprise, il y a un distributeur ! On me refuse encore le change (même des dollars…) mais je repars content car je peux ajouter la banque et son distributeur sur openstreetmap, ce qui rendra la vie plus facile des futurs touristes. On change quelques dollars avant de repartir enfin ! C’est un peu un autre classique du coin, ce qui devrait être facile et rapide prend beaucoup de temps, mais on est pas pressés 😉
Pour dormir ce soir là on se rend sur un spot de camping sauvage indiqué sur notre carte, il a été ajouté récemment sur OSM. C’est pas mal du tout à part qu’il y a beaucoup de moustiques :/
Un peu plus tard un motard arrive, Nikolas, nous prévient que deux autres personnes sont en route, puis repart. En réalité il est reparti voir deux cyclistes qui cherchaient aussi un endroit où camper un peu plus haut, super sympa de sa part ! Nous faisons alors là rencontre de Silvia et Vlad, un couple roumain. C’est assez drôle car on a déjà entendu parler d’eux via Gabriel, ils s’étaient croisés en Turquie, donc ils sont connus pour nous !!
En repartant le lendemain nous les précédons car en général nous sommes plus lents, cependant en raison d’une crevaison ils ne nous rattrapent qu’au moment du déjeuner. Après ce moment nous resterons ensemble pendant plus d’une semaine !
Nous dormons le soir dans le village de Yamchun, dans le verger d’une famille. La fille de la famille, qui doit avoir environ 12 ans parle très bien anglais ! Elle dit qu’elle apprend à l’école, mais nous sommes très impressionnés !
La route dans le Wakhan n’est pas de bonne qualité, l’asphalte disparaît quelques kilomètres après Ishkachim et laisse place à une piste difficile. En plus ils ont visiblement eu la drôle d’idée de recouvrir la terre avec des graviers, ce qui améliore certainement la situation pour les voitures, mais rend la route horrible pour les vélos. De même, les portions en sable ne gênent probablement pas tant que ça les 4×4, mais à vélo ils sont impassables !
Pour compenser, les paysages sont exceptionnels !
Par contre cela met nos pneus à rude épreuve et nous crevons, c’est malheureusement le pneu arrière qui est déchiré sur la bande de roulement, Stéphanie va nous recoudre tout ça ! C’est un travail difficile pour lequel elle est à présent devenue une experte, mais comme vous pourrez le voir ce n’est pas le pire cadre pour s’y atteler ; )
Nous arrivons à Langar le soir, mais nous avons bien conscience que nous ne pourrons pas continuer notre route sans un pneu de rechange… La couture, bien que savamment exécutée, ne durera pas longtemps sur ces routes !!
Dans le prochain article on vous raconte la suite, et comment on se prépare pour 8 jours d’autonomie dans la nature pour rejoindre Murgab !
6 COMMENTS
  • Anita
    Reply

    Votre hommage nous a un peu glacé bien que justifié. C’est drôle un couple de cyclistes français parcourant les États Unis en vélo nous en ont parlé cet aprèm, ilsnots pas voulu s’etendre pour ne pas nous inquiéter quant on leur a dit que vous étiez au Tadjikistan. Prenez soin de vous et profitez de tous ces paysages et belles rencontres.
    Bisous

  • Christine
    Reply

    Bouh! Ce long silence nous inquiétait un peu… Heureux que vous alliez bien. Continuez à être prudents et prenez bien soin de vous. Que vos belles rencontres et ces contrées inconnues vous accompagnent encore. Gros bisous

  • DUPLAN
    Reply

    ravie d’avoir de vos nouvelles après avoir attendu parler de l’attentat, merci pour toutes ces découvertes d’endroits inconnus pour ma part
    bises a vous 2

  • Élisabeth
    Reply

    Tout d’abord j’ai fait une fausse manipulation et mon email apparaît, si vous pouvez l’effacer svp.
    Je voulais dire que je reste sans voix devant ces horreurs et je souhaite que votre voyage se déroule sans encombres. Soyez prudents. Bises

  • Pascal
    Reply

    Impressionantes, cette grande vallée. Malgré le fleuve, ça semble rester plutôt sec et rocailleux (à cause de l’altitude je suppose ?)

    Sinon :
    – Des soviétiques en 1865 ? des précurseurs sans doute !
    – “l’eau n’est qu’à 25 ou 30°C, pas assez pour nous convaincre de piquer une tête” -> vous êtes bien frileux !
    – j’admire votre persévérence sur ces routes/pistes pas vraiment adaptées au vélo !

  • Cécile
    Reply

    C’est vraiment super que le récit de votre périple soit émaillé de topos géopolitiques, c’est très instructif ! (et merci pour tous ces liens pour approfondir).
    Je n’aurais pas soupçonné que l’on puisse recoudre un pneu (il doit vous falloir une sacré aiguille, non ?), mais en y réfléchissant, c’est plutôt malin (et écolo !) de faire durer au maximum votre matériel (vous ne devez de toute façon pas toujours avoir le choix).
    Je suis d’accord avec Pascal, les paysages sont très beaux mais plutôt secs, vous devez manger/respirer pas mal de poussière !

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