Author: <span>Claude</span>

Au jour le jour

De bon Mâtin

Aujourd’hui nous profitons de nos vacances (sans le vélo mais avec Côtelette), pour vous annoncer la parution d’un article rédigé par nos soins dans une revue que nous chérissons fort.

Notre amie Amélie qui nous a rejoints pour Noël en Bulgarie (et qui publiera prochainement un article invité, accompagné de ses superbes dessins) travaille au sein d’une équipe de courageux qui ont décidés de se lancer dans l’édition d’une nouvelle revue.

Mâtin, la revue chromatique, bâtarde et sans collier, est le magnifique résultat de leur dur labeur, et chaque numéro est une petite merveille. La revue Mâtin paraît tous les 6 mois, avec comme thématique une couleur unique, qui est utilisée pour l’impression du livre.

L’impression bichrome (le noir en plus de la couleur thématique) donne un cachet unique à la revue. Le travail graphique impressionnant d’Amélie permet de mettre en valeur le contenu et le travail de toute l’équipe.

Si vous êtes des aficionados de notre blog, les aventures que nous relatons dans l’article n’auront rien de nouveau pour vous, cependant le texte est tourné de manière à raconter une histoire, ce qui n’est pas le cas de notre blog, plutôt chronologique.

Le contenu de la revue est toujours passionnant, présentant des articles sur des thématiques très variées. Les textes partagent deux points communs : la couleur du tome de parution et leur engagement. Écologistes, féministes, politiques ou sociaux, nombreux sont les combats menés par des individus ou des groupes, chacun à leur échelle, qui trouvent leur voix dans un article. La revue se dit “critique et joueuse” et offre une tribune bienvenue à ces nombreuses luttes, et à leur convergence.

Alors si vous souhaitez vous procurer un beau livre et retrouver quelques unes de nos aventures au format papier, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Je vous mets ci-dessous la carte des librairies qui ont la revue en magasin, vous pouvez aussi commander un exemplaire directement sur leur site web : https://www.revuematin.org/

Voir en plein écran

Pour vous mettre l’eau à la bouche, voici quelques photos de cette superbe revue et de notre article mis en page :

 

 

 

 

Au jour le jour

Retour antique

Désolés pour le retard dans cet article, nous sommes déjà de retour en France, tout va bien, nous rattrapons progressivement le retard sur le blog !

Après avoir eu la chance de retrouver Amélie pile pour passer les fêtes ensemble (elle est en train de rédiger un article pour vous raconter son séjour avec nous !), nous devons reprendre la route vers l’Europe de l’ouest.

Amélie nous a ramené une nouvelle jante pour notre roue arrière qui présente des fissures inquiétantes, repérées par Misha à Tbilissi. La marque nous a pris ce problème en garantie et nous avons pu envoyer la jante chez Amélie, juste avant qu’elle ne nous rejoigne. Pour la seconde fois du voyage nous avons commandé un pneu dans un magasin athénien, et je les appelle donc pour savoir s’ils pourront refaire notre roue, et combien cela coûterait. On me passe l’atelier et ils me répondent que ça ne pose absolument aucun problème. Le magasin est littéralement à l’autre bout de la ville, et notre warmshowers n’habite pas très près du métro, il faut donc commencer par prendre un bus. A Athènes, il n’y a absolument aucun horaire de passage des bus, pour une capitale c’est un peu bizarre… Impossible donc de choisir l’itinéraire le plus court avant de partir, il faut parier sur sa ligne de bus préférée. En théorie il passe toutes les 10 minutes, j’attends donc 20 bonnes minutes avant qu’il n’arrive 🙂 J’arrive péniblement au magasin aux alentours de midi, et quand il me voit avec ma roue et la jante à la main le mécanicien semble seulement comprendre ce dont j’ai besoin… Et ils m’envoient bouler. C’est trop long, ils avaient compris que je voulais qu’ils changent… le pneu ! Je précise qu’au moment de la commande j’avais laissé un message explicitant ce dont j’ai besoin, et que j’avais quand même rappelé pour m’assurer que tout était ok… En Turquie ils l’avaient fait en 1h sans souci, comme quoi, dans les pays où on parle bien anglais, on ne se fait pas forcément mieux comprendre !!

Je suis un peu agacé de ce quiproquo, et j’appelle donc tous les autres magasins de vélo du coin. Ils sont tous débordés et m’annoncent des délais de plusieurs jours, en plus il me faudrait certainement encore une heure de transport pour atteindre leurs boutiques. On décide donc de continuer à rouler avec notre jante fendue jusqu’à Corinthe, la ville est beaucoup plus petite donc les différents magasins sont proches du centre ville, ils seront beaucoup moins débordés et dès le premier appel j’obtiens une réponse positive.

Pour quitter Athènes notre excellent gps nous suggère un itinéraire qui passe par l’île de Salamine, cela nous évite un long détour et une sortie de capitale jamais bien agréable. En plus nous sommes déjà du bon côté de la ville pour atteindre le premier bac (cyclistes, sachez qu’il coûte 1€) qui nous emmènera sur l’île. Stéphanie s’attaque durant le court trajet à la customisation de notre super carriole Burley, elle utilise le scotch réfléchissant qu’on avait acheté en Chine pour écrire tandemonde.fr sur les vitres. Après le premier bac ce n’est pas encore terminé, mais vous verrez plus bas que le résultat est super classe !

Nous traversons Salamine dans sa largeur, ce qui n’est pas très long et nous nous arrêtons pour déjeuner dans un restaurant typiquement grec, avec de la friture de poisson. On découvre avec horreur que leur habitude de faire frire s’applique aussi à la cuisine des légumes, le déjeuner est un peu lourd ! En attendant Côtelette qui attend dehors a une étrange tâche grise sur le dos, d’origine non identifiée mais dont l’odeur et la texture rappellent sans erreur possible des intestins de poisson… C’est le défaut de rouler près de la mer, elle a dû trouver les poubelles des pêcheurs ! En gros, durant la semaine qui suit dès que Côtelette s’approchera de nous on aura l’impression d’être au rayon sardines de votre poissonnier préféré.

Nous empruntons un deuxième bac pour quitter Salamine qui nous ramène à l’ouest de l’Attique dont nous longeons la côte pour atteindre le Péloponnèse. La vue sur la baie est absolument superbe, on peut y voir une succession de reliefs au delà des îles, les couchers de soleil encore précoces sont particulièrement appréciables.

Nous parvenons à trouver un emplacement de camping dans un parc qui borde une plage, le temps est doux et aucune pluie n’est prévue, le bivouac est donc très agréable. En arrivant on essaie de laver un peu Côtelette, car sa présence dans la tente serait sinon totalement invivable

Comme nous avons les sacoches presque vides, à ce moment là, nous décidons de prendre notre petit déjeuner dans un restaurant en bord de mer. Un grec qui parle parfaitement français vient discuter avec nous, il a vécu à Paris et aurait aimé y rester mais pour des raisons professionnelles il a dû rentrer en Grèce pour enseigner. Cela peut paraître anodin, mais cet homme nous a fait prendre conscience de la proximité de notre retour, il nous montre qu’on croise désormais des gens qui peuvent très bien être un peu parisiens !

A l’heure du déjeuner nous traversons l’isthme (et son canal) et arrivons à Corinthe, nous rendons visite au magasin de vélo sympa et il nous propose de s’occuper de tout pour le lendemain matin. Cela nous laisse l’après midi pour nous rendre à la Corinthe antique dont nous aimerions voir l’acropole. Elle est située sur une colline très haute et très isolée, c’est plutôt inhabituel pour un paysage côtier ! Malheureusement, le système des bus grecs et son aléatoire imprévisible viendra de nouveau nous piquer… On se contentera donc d’une balade dans la ville nouvelle, et pour se réconforter on se dit que de toutes manières, il faudra bien qu’on revienne pour faire un tour complet du Péloponnèse !

En attendant, notre petite sardine préférée empeste toujours, on essaie donc de la laver un peu mieux dans la salle de bain de notre hôtel. On découvre qu’elle sait, comme sa contrepartie marine, être glissante et parvient à s’échapper bien vite de cette activité qui lui déplaît !

A partir de Corinthe nous longeons la côte nord du Péloponnèse, nous devons atteindre la ville de Patras (sur la côte ouest) où nous avons l’intention d’embarquer pour l’Italie. Il pleut beaucoup ce jour là et nous décidons de dormir au sec. Par ailleurs, les côtes en Europe sont très denses et moins favorables au bivouac… On trouve toujours, mais chercher un endroit et monter la tente sous la pluie, c’est toujours un peu plus dur pour le moral !

Nous redécouvrons les appart-hôtels, c’est très agréable de pouvoir profiter d’une vraie cuisine pour se faire plaisir, et cela évite la combinaison hôtel+restaurant, mortelle pour le porte-feuille 😉

Nous profitons de paysages côtiers très beau sur tout cet itinéraire, avec des vues sur la Grèce centrale. La pluie n’est heureusement pas continue, et nous empruntons de temps en temps des routes proches de la plage qui nous permettent de laisser Côtelette courir.

Nous arrivons à Patras après une matinée où nous roulons vite, nous bouclons donc la journée en début d’après midi à temps pour le déjeuner dans une cantine grecque très sympathique. Tout est fait maison et on est vraiment en compagnie des habitués. Nous reprenons la route pour aller patienter dans le terminal de ferry. Le bateau est en retard par rapport à l’heure prévue, nous embarquerons vers 23h. A bord il y a beaucoup de monde, les ponts sont remplis de camions ! Une fois de plus le personnel de bord est très arrangeant et nous pouvons nous installer avec la chienne à l’intérieur, en haut d’un escalier qui n’est jamais emprunté. Pour la première fois, nous aurons de la compagnie ! Un groupe de camionneurs bulgares a visiblement l’habitude de ne pas réserver de couchage non plus, il y a une personne sur chaque palier ! C’est assez drôle à voir, en plus ils sont hyper préparés. Celui qui s’installe au même étage que nous a un petit chauffage électrique portable et il utilise du scotch sur le cadre de la porte attenante, afin de couper les courants d’air venants du pont !

En Italie nous arrivons au nord de la région de Pouilles. Nous avons entendu énormément de bien de cette région, apparemment les italiens du nord y viennent en vacances et en été, il y a énormément de monde. On se dit qu’il serait dommage de ne pas profiter d’être là pour faire un petit tour ! La région est assez grande mais certains villages superbes ne sont pas très loin, on décide donc de faire une boucle de quelques jours !

En plus nous sommes un contact avec un autre cyclo qui s’appelle Quentin qu’on avait croisé rapidement à Sheki, en Azerbaïdjan (mais si, rappelez vous, il s’est fait expulser :D), sauf qu’il a quelques jours de retard sur nous, et il arrivera à Bari quand nous reviendront. Il a aussi renoncé à rentrer par l’Europe de l’est et a suivi le même itinéraire que nous depuis la Grèce. Mais il a eu moins de chance car en macédoine orientale il a roulé sous la neige !

Voici quelques photos de Bari:

Les petites routes de campagne des Pouilles se prêtent parfaitement au vélo. On roule entre les oliviers toute la journée sans croiser grand monde. Il y a aussi des vignes qu’on avait d’abord prises pour des arbres fruitiers ! En effet dans cette région les vignes sont fixées en hauteur, on peut circuler en dessous ! Les travailleurs qui à cette période taillent les pieds peuvent donc rester debout.

En roulant vers le sud on découvre de petites constructions coniques très jolies, et on en voit de plus en plus ! Ce sont des trulli, constructions typiques de la région, et la petite ville de Alberobello en est remplie !

Nous passons beaucoup de temps à visiter les petites villes médiévales de la région, c’est très agréable, et nous roulons donc de plus petites distances. Nous avons passé notre plus belle nuit dans la région à l’intérieur d’une maison composée de trulli.

La journée suivante Stéphanie ne se sent pas très en forme (et oui c’est la preuve que ça peut lui arriver aussi… une fois par an !) on fait donc une petite journée de nouveau et on décide de dormir en dur pour qu’elle puisse bien se reposer.

Dès le lendemain matin elle va beaucoup mieux, les câlins de Côtelette ont peut être aidé ? Nous finissons de remonter le long de la côte en direction de Bari, et de nouveau les villages sont superbes, avec en plus le bord de mer !

Pour le déjeuner nous avons rendez vous avec Quentin que nous retrouvons sur la plage de Bari ! Nous faisons la rencontre d’un autre cycliste, Mimo, qui vit en France et s’apprête à faire un tour à vélo au Maroc puis en Afrique.

Nous reprenons la route en compagnie de Quentin en milieu d’après midi, et comme le soleil se couche encore très tôt nous arrivons simplement dans la banlieue nord de Bari. Nous trouvons un terrain vague en pleine ville (on a presque vue sur la mer !), un hôtel poussera peut être là bientôt ?

Le lendemain nous roulons toute la journée le long de la côte, les villes que l’on traverse sont encore superbes, la journée est très agréable et c’est sympathique de voyager un peu en compagnie !

Tout ne pouvait pas être parfait, le soir lorsque nous récupérons de l’eau dans une station essence, l’employé demande à Quentin de payer pour l’eau ! On est loin de la générosité qui a été le mot d’ordre de tout notre voyage, bienvenue en Europe… Pour camper nous nous installons dans un champ au bout d’un cul de sac qui mène à des rails. On voit que le coin est un peu squatté et l’agriculteur a trouvé bon de suspendre des bustes de mannequins ainsi que des poupées d’enfants dans ses treillis… Ambiance glauque garantie ! Cependant on dort tout aussi bien 😀

Depuis que nous sommes en Italie, les magasins sont tous fermés l’après midi. Les magasins ferment aux alentours de 13h et réouvrent en fin de journée à partir de 17h. A cette période de l’année, cela veut dire que la nuit est tombée quand on peut de nouveau faire des courses… Cela nous force donc parfois à rouler la nuit au moins un petit peu, le temps d’atteindre un village où faire quelques courses si l’on n’a pas anticipé ! Pour les habitants, c’est assez pratique, cela veut dire qu’il y a de la vie dans les villages le soir après les horaires de travail normaux. Ce régime s’applique à toutes les boutiques, imaginez vous pouvoir aller chez votre opérateur téléphone ou internet en sortant du travail ! Mais pour les commerçants, ça ne doit pas vraiment être confortable…

Ce soir là, nous roulons un peu de nuit, et nous entrons dans une région où les champs prennent de plus en plus le pas sur la vigne et les olives. Ainsi lorsque nous apercevons dans la nuit la sombre présence de quelques arbres sur notre gauche nous saisissons notre chance et nous installons dans l’un des rares champs d’oliviers.

Nous roulons vers l’ouest et nous traversons des zones agricoles très peu denses. Notre itinéraire nous fait passer par de petites routes et nous ne croisons aucun village.

On commence à s’inquiéter un peu pour le déjeuner, nous n’avons presque rien ! Heureusement à un croisement pourtant un peu perdu entre deux routes nous trouvons un tabac qui fait aussi épicerie. On commence à réfléchir à comment se faire un pique nique à partir de ce qu’on y trouve… La perspective n’est pas formidable, et comme l’espoir fait vivre on demande si il n’y a pas un restaurant dans le coin. Et là le miracle a eu lieu, on nous répond que si, il y a bien un restau à 100m, de l’autre côté du croisement !

C’était pour le moins inattendu, et nous découvrons une spécialité italienne : les fermes d’agrotourisme ! Il y a même un site et une application qui répertorie ces fermes qui font aussi restaurant ou hôtel parfois. Nous y mangeons des pizzas excellentes pour un prix sympathique, cela vaut vraiment le coût !

Après déjeuner nous commençons notre ascension pour traverser les Apennins. Le col est bien moins haut que là où nous étions passés à l’aller, nous empruntons la “route des Pouilles”, c’est l’axe qui relie Naples et sa région avec l’est du pays. La différence de richesse entre les régions italiennes est très visible sur cette route, un détail marquant, lorsque nous passons le panneau nous annonçant l’entrée dans la région de la Campanie, la route devient parfaitement lisse et les nids de poule disparaissent ! Les Pouilles sont une des régions les plus pauvres d’Italie… Nous passons le point le plus haut de nuit :

Nous cherchons un endroit où dormir, ce qui n’est pas très facile ce soir là… Nous demandons à quelques personnes qui, en gros, nous envoient bouler. Deuxième rappel que nous sommes en Europe, les gens ne sont plus aussi accueillants et se méfient de nous… Nous finirons par trouver un endroit adapté au bord de la route, un surplomb en asphalte qui nous permet de nous cacher des phares des voitures, ça fera l’affaire !

Nous passons là l’une des nuits où nous ressentons le plus le froid du voyage, les températures sont positives (de peu) mais l’humidité est très importante ce qui créée un ressenti bien plus froid qu’il ne l’est vraiment. Il ne pleut pas, mais le matin notre tente est totalement trempée, nos duvets aussi sont très humides !

Une grosse matinée nous attend, mais deux bonnes nouvelles nous attendent. Premièrement nous apprenons qu’un warmshowers peut nous accueillir pour la nuit, on pourra donc tout faire sécher et rencontrer une famille italienne ! Deuxièmement, pour déjeuner nous trouvons de nouveau un restaurant “agroturismo” dans la ville de Bénévent où nous mangeons comme des rois !

Salvatore, notre warmshowers, nous a proposé de rouler un peu avec nous, mais comme nous sommes plus lents que prévu il n’a pas très envie de rouler de nuit. Cependant il insiste pour venir nous voir… en voiture !! Il nous rejoint un peu avant la tombée de la nuit sur la route, et nous comprenons petit à petit qu’il est venu pour nous escorter !!! Il reste derrière nous pendant près de 15km avec ses feux de route allumés afin de nous éclairer ! Et ce n’est que le début… Nous découvrons une personne d’une gentillesse et d’une générosité sans borne ! Il a des chiens qui risquent de ne pas apprécier la compagnie de Côtelette, alors il lui trouve une place dans un jardin en centre ville qui sert d’hôtel pour chien ! Sa femme Irina nous a cuisiné beaucoup de très bonnes choses et nous passons une soirée superbe !

Salvatore a de très bons conseils en terme d’itinéraire pour aller à Rome, mais plusieurs jour de pluie sont annoncés et nous préférons filer vers la mer où nous avons l’intention de rester deux nuits nous reposer.

Nous trouvons un petit hôtel au bord de la mer dont la gérante est adorable, où nous arrivons complètement trempés par le mauvais temps de la journée. Nous laissons passer deux nuits et une journée de pluie non stop !

Dans tous le sud de l’Italie on a eu la désagréable surprise de voir beaucoup, beaucoup de poubelles… Naples a la réputation d’avoir des problèmes de ramassage, avec des histoires sordides de mafia etc… Des italiens nous ont confirmé que c’était un problème récurrent, mais nous avons trouvé ça vraiment dommage, même si cela rendait Côtelette plutôt heureuse ! Quentin nous a raconté des expériences chez des couchsurfers qui utilisent de la vaisselle en plastique, le volume des déchets produits par les Italiens est aussi très élevé à cause de cette mauvaise habitude du jetable. Un vendeur me voyant avec mes sacs en tissu m’a dit lui aussi que les italiens demandaient toujours des sacs en plastique !

Pour atteindre Rome il ne nous reste plus qu’à longer la côte du Latium vers le nord, c’est assez joli mais franchement gâché par un trafic très dense, il impossible d’emprunter une route secondaire dans cette région. Nous avons quand même la chance de profiter d’une demi journée superbe où la côte est un peu plus préservée et durant laquelle nous longeons une sorte de réserve. Ce dernier tronçon marin signe la fin de la période agréable, nous plongeons alors en direction de Rome et les routes sont de plus en plus chargées.

Les derniers 35km avant d’arriver en sont presque dangereux, c’est comme si les autoroutes étaient fermées et que le trafic avait été détourné sur les petites routes de campagne… sans bas côté ! L’état des routes n’est pas très bon et nous cassons deux rayons presque simultanément. Lorsque nous nous en rendons compte nous n’avons plus qu’un rayon en stock, alors nous décidons d’arriver jusque Rome en roulant tranquillement…

Notre plan fonctionne et nous retrouvons Marie chez elle, c’est un vrai bonheur ! Et Côtelette adore aussi :

Nous sommes arrivés un vendredi soir et nous avons de la chance car Rémi et Muriel sont aussi de passage à Rome pour le week end (prolongé).

Nous passons une semaine hyper sympa avec quelques visites, balades, restos mais surtout repos !

Avant de repartir nous rencontrons une autre voyageuse, Coline, avec qui nous étions en contact via whatsapp. Sa spécialité c’est les crêpes et on en a bien profité !

En repartant, nous prenons le train (Côtelette n’aime toujours pas ça) direction Civitavecchia afin d’embarquer pour Barcelone !! C’est notre dernier ferry !

 

Au jour le jour

Amitiés à Tbilisi

Notre séjour à Tbilisi devait durer une petite semaine, mais les rencontres et l’environnement si agréables nous ont facilement convaincus de rester plus longtemps. L’autre raison est que pour rejoindre Batumi il n’y a qu’une route dans la vallée, qui est très large et très fréquentée. Normalement les cyclos passent par le plateau arménien au sud, mais à cette période de l’année nous n’osons pas, il fait très froid et la neige est déjà présente à cette altitude de 2000m. Ainsi nous déciderons de prolonger notre séjour et de prendre un transport pour rejoindre Batumi.

L’arrivée à Tbilisi nous a causé notre premier choc d’un retour à la ville. Nous avions évité Baku, ainsi c’est la première ville “occidentale” depuis bien longtemps : lumières de partout, centres commerciaux immenses en périphérie, casinos pour les touristes… En plus il y a une vieille ville, donc ça ressemble vraiment à une capitale européenne !

Vincent a une connaissance du milieu de la musique qui vit désormais à Tbilisi, et nous le rencontrons accompagné de sa femme dès le lendemain de notre arrivée. Brice était ingénieur lumières lorsqu’il a rencontré Vincent ; à Tbilisi, il est cogérant de la salle de concert Backstage 76. Sa femme Tamouna est d’origine Géorgienne, elle enseigne notamment les arts plastiques à l’école française, mais c’est une artiste au multiples talents comme le théâtre, la musique et le chant.
Nous avons une chance immense d’avoir pu faire leur connaissance, ils ont été des hôtes exceptionnels, d’excellent conseil, des guides passionnés, et par dessus tout des amis d’une générosité sans borne ! Notre séjour à Tbilisi a été d’une richesse incroyable grâce à eux, merci à Marlène et Vincent de nous avoir tous regroupés !

Le groupe whatsapp des cyclos nous donne un excellent conseil de magasin de vélo, nous avons besoin de faire une révision complète du tandem. Il a été entièrement bichonné pour la dernière fois à Mashad, ça commence à faire longtemps, surtout qu’il a encaissé le Pamir entre temps… J’amène le tandem chez bike house, et le mécano que j’y rencontre est excellent ! Il découvre quelques soucis non prévus, en particulier l’axe du moyeu est KO. Il n’a pas ce modèle d’axe et nous devons donc changer de moyeu, il nous propose un modèle assez innovant qui fonctionne avec des roulements à billes au lieu des habituelles cages de billes. Il suffit de changer les roulements pour le remettre à neuf, c’est donc fiable et facile d’entretien, on verra dans la durée ! Il constate aussi que notre jante présente des amorces de fissures. Elles sont nombreuses et toutes (sauf une) au niveau des œillets des rayons côté frein… Au sujet des freins, la purge était plus que nécessaire à ce stade, notre liquide de frein était noir. J’ai aussi dû écumer les magasins de la ville pour trouver des pneus convenables, sans réussir vraiment : j’ai trouvé des pneus acceptables. Cette ronde des magasins est un classique, j’ai aperçu un autre cyclo en chemin que je retrouve chez bike house. Il a dû changer de jante et a des difficultés à trouver des rayons de la bonne taille. Je garde son contact et nous nous retrouverons régulièrement avec d’autres cyclotouristes présents à Tbilisi.

Entre les cyclos et les soirées en compagnie de Brice et Tamouna, nous sommes occupés tous les soirs ! Nous allons à Backstage pour la première fois le vendredi à l’occasion d’une soirée dansante, et nous rencontrons les associés de Brice. Ils sont aussi français et l’un d’eux a récemment ouvert un restaurant en centre ville. Nous y allons le lendemain et fréquentons ainsi les membres de la communauté française expatriée. Nous faisons de nombreuses rencontres très enrichissantes ! La vie d’expat est assez particulière, les conditions de vie sont souvent agréables, professionnellement les enseignants et détachés de la fonction publique ont des conditions de travail exceptionnelles comparé à la situation en métropole, les rencontres sont faciles et (un peu) variées, mais la communauté est par définition très mobile et la vie est faite de départs et d’arrivées, sauf pour ceux qui s’installent définitivement !

Le samedi 8 décembre, outre la manifestation des gilets jaunes, c’est aussi la marche internationale pour le climat. Nous avions espoir d’y participer, mais malheureusement aucun événement n’était programmé à Tbilisi… Stéphanie en parlait avec Marlène vendredi soir, et comme ni l’une ni l’autre ne sont du genre à se laisser abattre, elles ont décidé d’organiser une marche ! Nous sollicitons tous nos contacts cyclistes, je passe la matinée à produire des flyers que l’on imprime dans le petit magasin en bas de l’hôtel, un atelier gilet jaune et pancartes s’improvise dans la cour et tout est prêt pour aller marcher dans les rues de Tbilisi à 16h ! Voici quelques photos de cet événement :

Nous sommes plutôt contents des quelques discussions que nous avons pu avoir avec les gens de passage. Le niveau d’information était d’ailleurs plutôt bon ! Quelques personnes à la fin de mon speech étaient très perturbées et me demandait ce que je voulais (de l’argent peut être ?), ou bien ce qu’elles pouvaient faire ? Cette dernière question est très courante et je suis certain que parmi vous qui nous lisez certains d’entre vous s’interrogent identiquement. La réponse que je donnais était alors dans ces lignes : “Je vous encourage à vous renseigner sur l’étendue du problème, prendre le temps de comprendre les implications pour nos sociétés et pour vous même puis de faire ce qu’il vous semble être juste, ce qu’il vous semble être la bonne chose à faire.”

La Géorgie est extrêmement riche d’un point de vue culturel, et à Tbilisi les activités ne manquent pas ! Le dimanche soir Tamouna nous emmène au Théâtre du mouvement, à mi chemin entre le théâtre et le cirque c’est accessible aux étrangers car les interprètes sont aussi des acteurs. Seul le narrateur parle en géorgien, mais le spectacle est compréhensible même sans pouvoir saisir le sens de ses interventions occasionnelles.

J’en profite aussi pour placer ici les photos de la cathédrale, nous sommes allés écouter les chants polyphoniques le dimanche matin pour la messe :

Vincent, Marlène et Johanna décollent mardi en fin d’après midi, et pour leur dernière soirée à Tbilisi nous sommes de nouveau invités chez Brice et Tamouna. Ils nous réservent une très belle surprise puisque Tamouna a convié les musiciens de son groupe, et lorsque nous arrivons l’appartement est transformé en studio de répétition ! Sous couvert de répétition, nous avons en réalité droit à un véritable concert privé !! Tamouna interprète des chansons en français qu’elle écrit, ainsi que quelques reprises. Elle s’accompagne avec divers instruments tandis que ses musiciens jouent guitare, basse et percussions.
Pour nous, Tamouna incarne parfaitement la richesse et la générosité du peuple géorgien. En effet c’est une hôte excellente qui fait vivre avec talent la tradition du tamada, elle est attentionnée et maîtrise l’art de porter des toasts hautement philosophiques et touchants. Ce rôle de tamada incombe habituellement plutôt à des hommes, mais on espère que c’est en train de changer !

Le jour du départ j’aide tout le monde à amener les vélos et bagages jusqu’au bus qui va directement à l’aéroport et on se dit rapidement au revoir quand il arrive dans la foulée ! Ils sont tous bien rentrés, petite pensée pour Marlène qui après 21 mois sur la route sans aucun problème s’est fêlée trois côtes lorsque l’échelle qui monte à leur lit s’est dérobée sous ses pieds… Rester à la maison, c’est dangereux !

Lors de notre dernière soirée chez Brice et Tamouna nous avons fait la connaissance de Nicolas, un photographe et vidéaste qui vient de terminer son premier film qui porte sur la Géorgie. Il nous a invité à assister à la projection de son film qui aura lieu à Backstage le mercredi soir. Nous avons beaucoup apprécié son travail, il le présente habituellement à un public européen et c’était assez drôle de voir les réactions en live des géorgiens de souche !

Pour notre dernier soir à Tbilisi la pauvre Côt-côt est toute malade, elle a vomi plusieurs fois et on n’a pas le cœur de la laisser toute seule. On reste donc tranquillement à l’hôtel pour ranger toutes nos affaires. On aurait dû retourner à Backstage au moins pour prendre l’apéritif et dire au revoir à Brice et Tamouna. On est déçus et un peu tristes de ne pas avoir pu leur redire de vive voix à quel point nous avons appréciés les moments partagés avec eux, mais on espère bien les revoir, soit en France soit lors d’un prochain voyage ??

Nous avons beaucoup aimé notre séjour à Tbilisi, grâce aux rencontres que nous y avons faites mais aussi parce que la ville est très belle ! Le quartier ancien est superbe, même si on s’inquiète un peu pour les vieux bâtiments qui penchent dangereusement… Quand on sait que la zone est sismique, le prochain tremblement de terre pourrait avoir des conséquences catastrophiques ! La ville est très vallonnée ce qui offre de riches points de vue, en particulier depuis le télécabine et dans les jupes de la mère de la Géorgie.

Pour nous rendre à Batumi, nous devons commencer par rouler jusqu’à la station de bus, 10km au nord du centre ville. Une fois sur place nous trouvons facilement un fourgon, il nous propose de partir immédiatement sans attendre que les autres sièges ne soient remplis en payant plus cher. (Info cyclistes : la station s’appelle Didube, on s’en sort pour un peu moins de 60€ pour un fourgon entier, sachant que le trajet représente environ 20€ d’essence. Il est préférable de prendre le train, mais ce n’est pas possible avec Côtelette.)

L’arrivée de nuit à Batumi fait honneur à la ville, pleine de grande tours et de néons. Ce n’est pas vraiment le genre de ville que l’on adore, c’est une grande station balnéaire bourrée de casinos pour les touriste russes… Cependant, la période hivernale ayant vidé la ville de ses touristes, on y passe une journée de visite très agréable et ensoleillée. Comme depuis le début de notre séjour en Géorgie, on y mange très bien ! Le lendemain, nous devons nous rendre dans la matinée au bureau du ferry, mais un échange avec leur agent nous apprend qu’il n’est pas nécessaire de venir avant 12h. Finalement le ferry arrive à 12h, donc on a rendez-vous au bureau en début d’après midi. Évidemment, le ferry doit d’abord être vidé avant que nous ne puissions embarquer, il va donc falloir attendre ! Nous nous installons dans un restaurant 24/7 à proximité et prenons notre mal en patience. La bonne nouvelle c’est que notre contact nous assure que nous embarquerons dans la soirée, pas de nuit d’hôtel additionnelle ! On finit par recevoir le top départ à 23h, le temps d’embarquer et de décharger nos affaires et nous pouvons nous coucher vers 1h. Nous serons réveillés un peu plus tard par les douanes puis pouvons enfin attaquer une vraie nuit. Sur le bateau tout opère en heure bulgare (2h de moins), cela tombe bien car cela nous permettra de dormir suffisamment avant d’aller petit déjeuner !

Au jour le jour

Grand Caucase

Comme prévu lors de notre arrivée au port de Kuryk, la météo venteuse nous immobilise au terminal. Les prédictions météo de mon appli indiquent que le vent ne se calmera pas avant le week-end. Malin comme un singe, je demande à notre contact de la compagnie de bateau s’il est raisonnable de penser que le bateau partira donc au plus tôt le dimanche suivant. Le concept de prédiction météorologique lui semble totalement inconnu et il continue de prétendre que le bateau arrivera le lendemain. Cette situation cocasse peut vous sembler surprenante, mais c’est ainsi, il n’y a aucun planning de traversée, qui se font au gré de la météo. C’est assez drôle au fond, ça évoque les temps anciens où les offrandes aux dieux des vents étaient de rigueur pour espérer survivre à un séjour en mer. C’est même tristement proche, puisque la raison pour laquelle ces bateaux ne manœuvrent pas par grand vent est bien parce qu’il y a eu des accidents. Il sont trop haut par rapport à leur largeur, et peuvent donc se renverser facilement…

Ainsi, de lendemain en lendemain, nous patientons au total 4 nuits au terminal. Le plus drôle, c’est que le bateau est stationné en mer, immobilisé devant la rade, à attendre que le vent des steppes veuille bien se calmer. Heureusement, nous attendons en excellente compagnie ! Après deux nuits seuls dans le terminal, d’autres cyclistes nous rejoignent, attirés eux aussi par l’optimisme météorologiquement infondé de notre contact maritime. Nous faisons ainsi la rencontre de quatre cyclistes : Bang (Corée du sud) et Chang (Australie) plus Marlène et Vincent, un couple français parti depuis 20 mois déjà, avec qui nous sommes devenus très amis. Au moment où j’écris ces lignes ils embarquent dans un avion pour la France, et depuis notre rencontre nous ne sommes pas quittés !

Avant d’embarquer, nous transitons via un autre terminal bien mieux équipé, un lieu très agréable dont on regrette d’avoir été exclu durant nos 5 jours d’attente ! Il se trouve dans la zone sécurisée du port à laquelle nous n’avons pas le droit d’accéder sans être accompagnés… Il faut dire que le complexe entier a ouvert il y a 3 mois environ et tout n’est pas encore bien rodé. Par exemple la cantine est parfois accessible, parfois interdite, cela dépend du garde présent à l’entrée de la zone sécurisée… Voici une photo de l’endroit où nous dormions :

L’embarquement se passe sans problème, c’est aussi un train-ferry, donc des wagons viendront remplir tout l’espace disponible derrière les quelques camions. On a presque eu peur que Côtelette soit enfermée dans le parking, mais heureusement un jeune de l’équipage (seule personne qui parle anglais, pour les plus de 30 ans la lingua franca est le russe) en charge des passagers nous dit qu’il n’y a aucun problème, elle pourra même rester avec nous dans la cabine !! Il est content de discuter avec nous, car cela lui permet d’exercer son anglais. Il a un berger allemand chez lui, c’est une excellente nouvelle pour nous car cela veut dire qu’on revient dans des pays où les gens sont habitués aux chiens de compagnie, et donc beaucoup plus gentils avec les animaux !

A bord, nous sommes au total huit touristes, en incluant deux backpackeuses. Nous sommes accompagnés de huit chauffeurs de camion, tous turcs il me semble. Le bateau possède en sus un équipage de 23 personnes. J’arrive à discuter un tout petit peu avec les chauffeurs, de manière générale ils sont assez embêtés d’avoir été bloqués aussi longtemps… Ils font l’aller retour entre Aktau et Mersin (côte sud de la Turquie), normalement cela leur prend 5 ou 7 jours. Mais à cette période où la météo est capricieuse, ils étaient déjà partis depuis 10 jours en embarquant ! Nous avons profité de la traversée pour faire quelques jolies photos :

On nous avait prévenus et… la nourriture à bord se révèle à la hauteur de sa réputation. Le midi, pâtes au poulet, et le soir, poulet aux pâtes ! Pas un fruit ou légume frais à l’horizon malheureusement… Heureusement nous ne restons pas bloqués en mer trop longtemps, donc ce régime ne durera pas trop, et dès le dimanche soir nous entrons au port d’Alat, côté Azerbaïdjanais. C’est plutôt chanceux, car on connaît des cyclistes qui sont restés bloqués 5 jours à bord et là le menu fixe devient pesant !

La frontière se passe sans problème pour Côtelette, mais j’ai oublié de mettre mon deuxième prénom sur le visa ! Je fais toujours très attention et voilà, j’ai oublié. En plus ils ont un petit pdf des erreurs usuelles à ne pas commettre… Bref, petite frayeur en repensant aux histoires lues sur internet de personnes devant repayer (cher !) pour faire éditer un visa en express sur place, mais heureusement un coup de bigot à un supérieur compréhensif me sauve ! Les agents aux rayons X demandent à Bang s’il transporte un drone, mais, deuxième coup de chance, ils ne nous posent pas la question ! On apprendra plus tard que ce n’est pas vraiment interdit, il faut juste le mettre dans un sac scellé, on n’a pas le droit de voler en Azerbaïdjan. Comme le nôtre est définitivement cassé et ne vole plus de toutes façons, ce n’est pas très grave… (Il est sous garanti, mais seulement en France.) Au port nous voyons un panneau qui prévient de la présence de serpents d’eau 😮

Nous arrivons de nuit et mettons tous nos espoirs dans un hôtel un peu légendaire qui se trouverait à la sortie du port. Nous parvenons à le trouver, et le manager nous offre une bière à tous ! Notre séjour dans le Caucase commence bien ! Nous attendons une pièce pour le tandem envoyée de France par notre revendeur, malheureusement il n’a pas fait de Chronopost mais un simple Colissimo, donc contrairement à nos prévisions la pièce n’est pas encore arrivée. Stéphanie a rendez-vous pour un second entretien quelques jours plus tard, nous décidons donc de rester quelques jours, en espérant que cela laissera le temps à notre pièce d’arriver.

Nos compagnons de voyage prennent la direction de Baku le lendemain, mais nous restons avec Marlène et Vincent et décidons de faire une excursion à la journée pour aller voir les volcans de boue, ils sont à quelques kilomètres seulement de l’hôtel ! Sur la route nous rencontrons une flaque de pétrole brut (il y a des raffineries et des puits de partout dans cette région), si on fait abstraction de la pollution c’est un liquide drôlement amusant.

Les volcans de boue sont aussi sacrément rigolos, il est difficile de les décrire alors voici une vidéo et des photos !

Côtelette a l’air plutôt inquiète de ces formations étranges, ça nous arrange bien car on la voyait déjà se rouler dans la boue, on connaît d’autres voyageurs dont le chien aurait été ravi !!

Le lendemain, Marlène et Vincent prennent un peu d’avance car nous attendons toujours le colis ainsi que l’entretien de Stéphanie. Nous avons rendez-vous plus loin sur la route du nord, dans la ville de Samaxi que nous rejoindrons en taxi pour les rattraper !

Durant cette période, malheureusement, nos problèmes de pneu continuent et la sortie au volcans (non chargés !) suffit à user nos pneus, pour une durée de vie de deux jours, record battu ! Pas de chance, l’atelier vélo de Alat est fermé, donc Stéphanie doit de nouveau ressortir son kit de couture !

(Petite parenthèse : L’entretien se déroule bien, et contrairement à nous vous ne resterez pas dans l’inconnu plus longtemps car on a appris il y a quelques jours qu’elle est prise ! Cette nouvelle toute récente nous rend très très heureux, son poste à proximité de Libourne nous permettra d’habiter en campagne mais pas loin d’une grande ville, et sera en lien avec l’écologie et les problématiques de transition, c’est absolument parfait !!)

Le lendemain, notre taxi arrive et semble découvrir l’ampleur de la tâche qui lui incombe, pourtant la veille il avait bien vu le vélo ainsi que la chienne. Il est assez marrant en fait, il semble s’imaginer que la chienne pourrait voyager sans monter dans la voiture ? On accroche la carriole derrière ?? Bref, on s’en sort, mais Côtelette devra rester bien calme dans les bras de Stéphanie car à chaque mouvement il se retourne paniqué et regarde plus en arrière que la route !!

Nous arrivons à Samaxi sans problème, mais sous la pluie ! Le temps de remonter le vélo et de déjeuner, on apprend que la route choisie par Marlène et Vincent s’est transformée dans la nuit en champ de boue ! Ils ont dû faire demi-tour et on va se retrouver plus loin.

L’Azerbaïdjan est un pays très riche grâce aux énergies fossiles, par exemple les routes sont en parfait état ! C’est le premier pays musulman que nous traversons où la bière est omniprésente et servie dans tous les restaurants, qui proposent parfois aussi du porc. Le long de la route vers la Géorgie nous croisons des domaines vinicoles gigantesques, la région semble touristique et doit voir passer des cars de touristes durant l’été. Nous avons malheureusement expérimenté quelques défauts de cette présence, durant certains de nos échanges nous avons eu l’impression qu’on s’intéressait un peu trop à notre porte-feuille… Ils n’ont pas l’habitude des cyclistes visiblement ! Le meilleur est probablement lorsque nous avons pique-niqué sur le parvis d’un restaurant fermé et qu’un homme s’est approché de nous pour nous facturer notre simple présence. Nous avons fait semblant de ne pas comprendre, mais je le suspecte même d’être simplement passé par et de ne pas être le propriétaire. C’est un peu embêtant, mais pour la suite à chaque fois que nous demandions un service nous devions immédiatement préciser “bes plata” (gratuit en russe). Pigeon ou pingre, il faut choisir 🙁

La route redevient plus rurale et ces problèmes disparaissent rapidement ! Nous retrouvons Marlène et Vincent dans un petit restau où ils nous attendent, l’ambiance est super sympa et les gens adorables avec nous ! Nous venons de passer pas mal de temps sous l’eau, Côtelette est totalement trempée et pleine de boue, mais à l’intérieur le poêle va nous permettre de bien faire sécher toutes nos affaires.

Pour camper nous continuons de demander à des restaurants d’emprunter leurs belvédères inutiles en hiver. Cela permet de protéger la tente de la pluie, même si l’humidité suffit souvent à tremper la toile extérieure ! Un portrait de l’un de ces propriétaires adorables :

La météo s’améliore un peu, et notre plafond nuageux se dissipe petit à petit. Cela nous permet de découvrir les sommets enneigés alentour, la région est très belle ! Cela fait longtemps que nous n’avons pas roulé dans des environnements tempérés où il y a beaucoup d’arbres feuillus. Avec l’automne, les couleurs sont superbes ! Sur les routes nous croisons de nombreuses vaches, dont quelques unes noires et blanches. Cela nous rappelle un excellent documentaire tourné dans la campagne d’Azerbaïdjan que nous avions vu avant de partir, “Madonna, la vache qui a conquis le Caucase”. Je ne le trouve pas en replay mais dans les grandes lignes ça parle d’un paysan qui souhaite faire venir une vache normande dans sa campagne, mais les vieux du village sont contre ! Ce n’est pas parce qu’elle donnera plus de lait que les vaches d’ici qu’il faut ramener des vaches étrangères !! Bref, le documentaire est plutôt amusant et fait que nous appelons toutes ces vaches Madonna 🙂

Avant d’arriver à Sheki nous décidons d’emprunter un raccourci, qui va se révéler un peu sportif… La route se dégrade petit à petit jusqu’au moment où nous faisons face à ce qu’on ne peut qu’appeler un canyon ! Après ce trou gigantesque, il faudra encore traverser une rivière, puis plusieurs lits asséchés mais pierreux et enfin des flaques de boue. Les raccourcis, c’est joli et ça va toujours plus vite !

Nous arrivons dans la petite ville de Sheki, ville historique où nous décidons de nous arrêter pour deux nuits. C’est une petite halte très sympathique dont voici quelques photos. Côtelette découvre le luxe et s’installe sur un canapé extérieur !

Nous y rencontrons Quentin, un autre cycliste qui a eu des soucis articulaires et est resté 15 jours à Sheki. Sauf qu’en Azerbaïdjan, même si l’on dispose d’un visa de 30 jours, tout séjour plus long que 15 jours requiert de s’enregistrer officiellement auprès des autorités. Cette information n’est pas très connue, et normalement on reçoit un petit papier en entrant dans le pays. Mais cela n’a pas été le cas pour nous, ni pour Quentin, qui s’est fait refouler à la frontière. Il a donc dû revenir une fois de plus à Sheki pour trouver un bureau capable de traiter le problème. Le choix auquel on est confronté est alors le suivant : payer une amende ou bien se faire expulser du pays (cela signifie qu’on ne peut pas y revenir pendant 3 ans). Tous les cyclos ayant le problème choisissent évidemment l’expulsion, dont la forme est d’ailleurs bien laxe… il suffit de sortir du pays avant la fin de son visa. Pas d’escorte musclée jusqu’à la frontière donc.

Nos nuits s’enrichissent d’un nouveau bruit à partir de ce moment, ce sont les chacals. Leurs cris terrifiants viennent bercer nos nuits, et Côtelette panique totalement. Stéphanie réussit à la faire dormir en la prenant à moitié dans ses bras pour la rassurer, mais à partir des nuits suivantes elle aura sa place dans la tente, sinon elle aboie et ne ferme pas l’œil de la nuit!

Le passage de frontière se fait sans encombre et sans contrôle de nos affaires. On quitte officiellement la zone où tout le monde parle russe et c’est avec un peu de tristesse qu’on réalise qu’on a entendu nos derniers “ab kudaaaaa” criés le long de la route par les gens qui nous demandent d’où l’on vient.

Côté Géorgien on trouve de nombreux magasins et bureaux de change, c’est pratique et cela nous permet de nous acheter le snickers local, une churchkhela. C’est comme la saucisse à la noix que j’avais achetée en Turquie, mais en meilleur car fait maison 🙂

Le midi c’est une nouvelle séance de couture qui attend Stéphanie, les routes en Géorgie sont en un peu moins bon état et un nid de poule nous a mis totalement à plat ! En plus, c’est la contagion et Vincent a lui aussi un pneu déchiré. Heureusement il transporte un pneu de rechange, et nous récupérons son pneu au cas où… D’ailleurs il semblerait que nous ne soyons pas les seuls à faire les frais du mauvais état des routes ; pour nous une voiture géorgienne se reconnaît à l’absence de pare-choc avant !

La route est très agréable, nous arrivons à Kvaréli le soir et trouvons un petit hôtel, pas cher et super chic ! Côtelette s’installe de nouveau dans un petit fauteuil extérieur, ça lui va très bien ! Nous venons d’arriver en Géorgie, et même si nous avions repéré cette route des vins, on ne s’attendait pas à ce que nous réservent les prochains jours ! Nous sommes en bonne compagnie, la gastronomie géorgienne est fantastique, les vins sont excellents et l’hospitalité des locaux exceptionnelle… Nous découvrons les traditions géorgiennes avec plaisir, en particulier leur façon de tenir des banquets. Ceux-ci sont appelés supra et peuvent durer de longues heures. L’un des convives est nommé tamada, son rôle est de s’assurer que tout le monde est content, et surtout de porter des toasts, qui se doivent d’être “hautement philosophiques”. On s’improvise tamadas à tour de rôle, mais on sent bien qu’on est pas vraiment à la hauteur de la solennité régnant chez nos tablées voisines…

Les prochains jours nous réservent beaucoup de pluie, on reste donc une journée sur place afin de visiter l’église, le centre ville ainsi qu’une exploitation. Au déjeuner nous découvrons une autre spécialité géorgienne, le kachapuri, une sorte de pizza au fromage. Leur taille nous surprend un peu, et nous avons beaucoup à manger, ça tombe bien car nous avons aussi beaucoup à boire avec nos voisins qui nous offrent des tournées de cognac maison ! En fait, la bouteille est pour nous, impossible de repartir sans ! Après ce déjeuner copieux et arrosé, nous sommes prêts pour la visite de l’usine vinicole située en centre ville. Il paraît que les Géorgiens auraient inventé le vin, je ne sais pas si c’est vrai mais nous découvrons leur méthode de fabrication ancestrale. Ils utilisent d’immenses amphores en terre cuite appelés qvevri. Le raisin est écrasé et placé dans ces immenses récipients enterrés pour quelques mois ou quelques années. Ils fabriquent des vins plus ou moins sucrés : les vins secs fermentent la totalité de leur sucre, tandis que les vins sucrés sont fabriqués en stockant le liquide à basse température pour stopper la fermentation.

Le lendemain, petite journée où nous traversons simplement la vallée. En chemin nous croisons une exploitation de taille beaucoup plus raisonnable (35000 bouteilles, l’usine de Kvaréli en produit 2 millions !) où nous nous arrêtons pour déjeuner. Troisième spécialité géorgienne, les khinkali, ce sont les raviolis du coin. Ils sont traditionnellement fourrés avec de la viande, mais en trouve facilement des versions végétariennes. Cette exploitation a une histoire assez intéressante, en effet le propriétaire avait tout d’abord racheté le terrain avec pour idée d’y construire un hôtel. En commençant les travaux ils ont trouvés des qvevris enterrés là depuis 500 ans ! En redécouvrant l’histoire de ce lieu le propriétaire a décidé de prolonger cette pratique et a donc changé de projet ! Aujourd’hui cela a l’air de marcher du tonnerre, et cela fait plaisir de voir une exploitation de petite taille comme celle-ci, qui travaille en méthode 100% traditionnelle. Pas de réfrigération en place ici pour faire les vins sucrés, ils disposent d’une cave qui reste naturellement à basse température tout au long de l’année.

Le soir nous arrivons à Gurjaani où nous ne parvenons pas à trouver le petit hôtel sympa que nous avions repéré… Les hôtels ici sont un peu chers car c’est une ville très touristique, mais une gérante qui parle français nous aide à trouver une chambre d’hôte dans notre budget. Nos problèmes de pneus n’en finissent pas, notre pneu arrière a éclaté à quelques kilomètres (seulement, heureusement !) de la ville. Stéphanie doit encore coudre, mais nous utilisons cette fois l’ancien pneu de Vincent. Elle arrive bientôt au bout du fil de pêche !! Je parviens à trouver un pneu de VTT énorme dans un magasin du centre ville, en espérant qu’on ne devra pas s’en servir… L’optimisme ne paye pas toujours, et évidemment on devra changer pour ce monstre dès le lendemain 🙂 Signalons aussi que pour éviter d’emprunter la grande route qui va vers Tbilisi, nous choisissons de grimper un petit col par les petites routes. C’est superbe et on ne regrette pas, mais c’est très raide ! On force tellement que notre maillon rapide de chaîne (qui nous suit depuis la France malgré 3 changements de chaîne) rend l’âme en pleine montée.

Le soir nous trouvons un bon spot de camping avec une vue sur la vallée. Nous transportons des œufs et pour la première fois nous réussissons à n’en casser aucun ! Le lendemain matin on fait découvrir aux copains la super recette iranienne de l’omelette au dattes, un régal plein d’énergie idéal pour une journée de vélo !

Il ne pleut pas, mais les routes secondaires sont impraticables à cause des intempéries de ces derniers jours. Les pistes sont trop boueuses… Cela veut dire que pour nous rendre à Tbilisi nous n’aurons d’autre choix que de suivre la route principale, assez fréquentée. Ce n’est pas hyper sympa :/ L’après midi nous assisterons à une collision entre un fourgon et un chien de rue qui nous suivait joyeusement… On est sous le choc, Marlène et Vincent essayent de s’occuper un peu du pauvre chien en le transportant sur le bas côté avec l’aide de deux géorgiens qui se sont arrêtés. On finira par le laisser dans un endroit calme avec de la nourriture et de l’eau, on pense qu’il survivra mais ne pourra plus se servir de ses pattes arrières. Ce dur rappel à la réalité de cette route chargée nous a tous un peu refroidis, et nous aimerions bien trouver un endroit où dormir au chaud un peu plus loin. Nous sommes dans une station essence, et tel un signe du destin c’est l’instant que choisit le pneu avant de Vincent pour éclater dans un immense bruit de canon, qui résonne entre les pompes. Y’a des jours sans…

A seulement 50km de Tbilisi et 4km du prochain hôtel, nous décidons de demander l’aide des employés de la station service pour commander un fourgon et aller dormir à Tbilisi. Drôle de dernière journée à vélo après 21 mois sur la route pour Marlène et Vincent… Tout se finit bien car nous retrouvons Johanna dans notre guest house, elle nous a de nouveau rapporté du fromage de France, et la famille qui gère l’hôtel Valdi est adorable ! Côtelette prend ses quartiers à l’intérieur et s’habitue rapidement au confort !

Trucs et astuces

Héberger son serveur VPN furtif

Ce post trucs et astuces devient extrêmement technique mais la première partie est générale, vous pouvez vous rendre à la partie tutoriel directement et sauter l’introduction en cliquant ici.

 

Comme pour beaucoup de droits qui nous sont acquis, l’habitude fait qu’on ne réalise notre chance de les avoir. Pour peu qu’on soit nés avec, on ne s’imagine peut être même pas qu’on puisse s’en passer. Dans ce post il s’agit de l’internet libre.

De nombreux pays ne voient pas d’un bon oeil le simple fait de pouvoir communiquer librement sur internet. La censure et la propagande peuvent être une raison, la peur des mouvements sociaux une autre. Il est donc courant en tant que voyageur de se retrouver gêné dans son utilisation habituelle de l’internet. Certains pays comme la Chine bloquent tous les services de google, ce qui signifie plus d’accès à ses email pour beaucoup. Certains pays comme la Turquie bloquent l’accès à wikipédia, ressource fréquemment consultée. Et de nombreux pays bloquent certains ou tous les réseaux sociaux : en Iran pas de facebook et impossible d’utiliser whatsapp, canaux souvent utiles pour donner des nouvelles. D’autres pays disposent de ces systèmes de censure mais ne l’activent qu’à certaines occasions, donc ce n’est pas parce que whatsapp marche en arrivant que vous n’avez pas besoin de VPN, il peut très bien être bloqué plus tard (cela nous est arrivés au Tadjikistan, lors de la libération d’un journaliste connu Facebook a été bloqué quelques jours pour éviter qu’une manifestation ne s’organise).

La solution à ce problème consiste à faire passer son trafic internet par un serveur localisé dans un autre pays. Le principe est simple, toutes les requêtes que vous envoyez sont en réalité envoyées vers un serveur qui a accès à un internet libre, et qui vous sert de relai. Ce système s’appelle un VPN, ou réseau privé virtuel. Vous avez peut être aussi entendu parler de proxy, c’est similaire mais un VPN établit une connexion sécurisée et c’est ce qui va nous intéresser ici.

 

En fonction du niveau de paranoïa, de richesse, et d’avancées technologiques du pays, les systèmes sont plus ou moins avancés technologiquement. On pourrait classifier les systèmes de censure en plusieurs “niveaux”:

  1. Simple censure (Turquie, Azerbaïjan)
  2. Censure, port VPN bloqué (par exemple dans le bateau Athènes-Chios, ou certains WiFi)
  3. Censure, port et trafic VPN bloqué (Chine, Iran)
  4. Répression policière absolue avec fouille des téléphones régulière

(Notez qu’en plus de ces niveaux techniques l’utilisation d’un VPN peut être ou non légale, avec des conséquences plus ou moins lourdes.)

Pour éviter le niveau 1, en tant que touriste vous pouvez prendre le “risque” d’utiliser un VPN pour accéder normalement à internet. Vous vous en doutez, les personnes qui prennent vraiment un risque sont plutôt les activistes et journalistes du pays en question qui ont besoin de ces outils pour faire leur travail librement…

Pour éviter le niveau 2, il faut que votre VPN utilise un port non standard.

Pour éviter le niveau 3, il faut un système de VPN un peu plus complexe, qui va dissimuler l’apparence de son trafic afin de ne pas être détecté en tant que connexion de type VPN.

Pour atteindre le niveau 4 il vous faudra voyager au Xinjiang, ce n’est pas une expérience que l’on vous recommande. Pour éviter le niveau 4, si vous lisez ces lignes il vous suffit de ne jamais retourner en Chine si vous êtes du Xinjiang, si non, normalement, on en viendra pas à ça, hein ?

 

Si vous n’avez que faire des données liées à votre historique de navigation vous pouvez utiliser un VPN gratuit sur votre téléphone tel que TurboVPN, qui fonctionne même en Chine (enfin, sauf si vous n’avez pas de chance, mais la plupart des cyclos s’en servent). Vous pouvez aussi payer pour un service qui fait ça bien, comme tunnelbear.

Dans cet article j’explique pas à pas comment mettre en place un VPN sur son serveur personnel, ainsi que la manière de s’en servir sur un appareil windows, linux ou android. Si vous suivez ce tutoriel jusqu’au bout vous pourrez éviter les systèmes de censure de niveau 3 dans la liste ci dessus, c’est à dire que le VPN fonctionnera même en Chine et en Iran par exemple. Vous pouvez aussi zapper les dernières étapes si vous n’avez affaire qu’au niveau 1 ou 2 de censure.

C’est ici que cet article devient technique. Voila. Si vous ne cherchez pas à installer votre propre serveur VPN, vous pouvez vous arrêter de lire 🙂

Tutoriel : héberger son serveur VPN furtif

Prérequis

Pour pallier au niveau 2 de censure

  • Un serveur privé (ubuntu/debian) sur lequel vous avez les droits administrateur
  • Un minimum de connaissance en administration système
  • De la patience

Pour pallier au niveau 3 de censure

  • Un petit fétiche pour les fichiers de configuration apache

Pour pallier au niveau 4 de censure

  • 7 euros si vous voulez naviguer avec votre téléphone android
  • Les imprévus sont plus probables ici, il faudra vous dépatouiller

 

Mise en place du serveur OpenVPN (niveau 1)

Dans cette première partie, vous trouverez des instructions très similaires à ce qu’on peut trouver sur d’autres sites web, d’ailleurs je n’ai rien inventé et je ne fait que réunir des infos de nombreuses autres ressources en un seul et même endroit.

# Mise à jour du système, la suite dépend en particulier du packet openSSL qui est souvent mis à jour
sudo apt-get update
sudo apt-get upgrade
sudo apt-get dist-upgrade 

# Installez openVPN et des utilitaires réseau
sudo apt-get install openvpn bridge-utils

# easy-rsa va vous permettre de manager les clés, cette opération copie ses outils dans le dossier de openvpn
sudo cp -r /usr/share/easy-rsa/ /etc/openvpn/
# Cette opération copie une config par défaut
sudo cp /usr/share/doc/openvpn/examples/sample-config-files/server.conf.gz /etc/openvpn/ && sudo gzip -d /etc/openvpn/server.conf.gz

# Vous pouvez voir le résultat de tout ça
cd /etc/openvpn/easy-rsa/
ls


# Pour la suite, ça se passe dans ce même dossier mais il faut être root
su root
# Charger toutes les variables (attention à l'espace entre . et vars)
. vars
# Retire tous les certificats précédents (normalement il n'y en a pas ?)
./clean-all
# Construit l'autorité de certificats (CA) et sa clé
# Il faut choisir un nom unique pour "Common Name". Le reste peut être laissé vide en entrant "."
./build-ca
# Générer un certificat et une clé privée pour le serveur
# Pour "Common Name" il faut un autre nom unique comme "server".
# Vous pouvez choisir "." quand on vous demande un "challenge password".
./build-key-server server
# Construire les paramètres pour les échanges cryptographiques "Diffie-Hellman" avec le serveur
./build-dh
# Création du pare-feu HMAC
openvpn --genkey --secret /etc/openvpn/easy-rsa/keys/ta.key

# A présent on peut ajouter son premier client, ils doivent tous avoir des noms uniques !
# De même vous pouvez laisser le challenge password vierge en tapant "."
./build-key Utilisateur1
# Pour terminer l'ajout d'un utilisateur on doit lui créer un compte unix sur le serveur
# Ce compte est créé sans home et sans accès shell.
sudo useradd Utilisateur1 -M -s /bin/false
sudo passwd Utilisateur1

Vous devrez répéter ces trois dernières opérations pour ajouter d’autres utilisateurs.

Pour que ceux-ci puissent se connecter il doivent récupérer les certificats et leur clé privée, ca.crt, ta.key, utilisateur1.crt, et utilisateur1.key. Le plus simple est de créer ces fichiers vides et d’utiliser cat sur le serveur pour copier leur contenu vers le client.

# Dernière étape côté serveur, il faut activer le forwarding d'IP
# On ouvre le fichier de conf
sudo vim /etc/sysctl.conf
# Décommentez cette ligne :
net.ipv4.ip_forward=1
# Sauvegardez, on applique les changements :
sudo sysctl -p /etc/sysctl.conf
# Configuration du forwarding entre le réseau VPN et le net
sudo iptables -t nat -A POSTROUTING -s 10.8.0.0/24 -o eth0 -j MASQUERADE
# Cette règle sera effacée à chaque redémarrage, on peut la rendre persistante grâce au paquet suivant :
sudo apt-get install iptables-persistent
# On peut enfin démarrer le service openvpn :
sudo service openvpn start

Bravo ! Le serveur est configuré avec le fichier de configuration par défaut !

Cela signifie que vous avez un serveur VPN fonctionnel qui écoute sur le port 1194.

Si votre utilisateur 1 a récupéré ses clés, il n’a plus qu’à installer OpenVPN sur son appareil, changer la configuration pour indiquer l’IP de votre serveur et ça roule.

Mais tout n’est pas si simple, et les difficultés commencent ici. En voici une petite liste :

  • En l’état, votre pare-feu HMAC ne sert à rien car il n’est pas pris en compte dans la config par défaut
  • Votre serveur écoute en UDP
  • Votre serveur écoute sur le port 1194

En gros, sur un WiFi inconnu vous pouvez vous attendre à ce que les seuls ports ouverts soit les port TCP 80 et 443, qui correspondent au trafic internet HTTP et HTTPS. Le reste sera fermé dans la très grande majorité des cas (sauf par exemple le port 8080 qui nous sera utile plus loin) !

 

Utiliser le port 443 pour son trafic VPN (niveau 2)

La meilleure solution pour éviter que votre connexion à votre VPN n’échoue est de faire en sorte que celui ci fonctionne en TCP sur le port 443. En effet, les fournisseurs de votre WiFi ne peuvent pas bloquer ce port, sinon ils bloqueraient à peu près tous les sites internet…

Si vous possédez un serveur privé, c’est peut-être parce que vous y hébergez un site web, et si vous y hébergez un site web, j’espère bien qu’il est en HTTPS ! Dans ce cas, votre port 443 est déjà bien occupé par le trafic généré par votre site web.

Heureusement, OpenVPN est bien fait et il est capable de partager le port sur lequel il écoute. Cela signifie que c’est OpenVPN qui écoute sur le port 443 et s’il identifie du trafic web, alors il redirige les paquets vers un autre port sur lequel votre serveur apache écoute désormais. Voici un schéma qui explique l’avant et l’après port sharing :

Pour mettre ça en place, il vous faut les bons fichiers de conf pour OpenVPN côté serveur et côté client (cliquez pour télécharger mes fichiers de conf exemples).

Si vous avez ouvert le fichier de conf server vous avez dû voir la ligne “port-share localhost 10443”, cela veut dire que le trafic web intercepté par OpenVPN sera renvoyé sur le port 10443. Il faut donc que votre serveur apache écoute le trafic HTTPS sur ce port !

Il faut donc modifier vos fichiers de confs apache dans le dossier /etc/apache2/ :

  • dans le fichier ports.conf, remplacez 443 par 10443
  • dans /sites-available/, pour le fichier default-ssl.conf et les .conf de chacun de vos sites web HTTPS, changez la ligne <VirtualHost *:443> par <VirtualHost *:10443>.

Et voilà ! Vous pouvez redémarrer les service apache2 et openVPN à présent :

sudo service openvpn restart
sudo service apache2 restart

Vous disposez à présent d’un VPN qui fonctionne en TCP sur le port 443 ! Super boulot !

Le VPN furtif (niveau 3)

Les problèmes ne s’arrêtent pas là malheureusement, en effet une technologie appelée Deep Packet Inspection (DPI) permet de connaître le type de paquet qui circule, et si celui-ci reconnaît des paquets VPN, ils seront bloqués. Seuls quelques pays utilisent cette technologie, d’ailleurs seuls quelques pays sont capables de la mettre en place (comme euh… la Chine ! Ca vous surprend non ?).

Pour éviter ça, il existe plusieurs méthodes. On peut rajouter par dessus tout ça un tunnel crypté, mais cela fait baisser le débit, la solution alternative consiste à obfusquer les paquets. C’est à dire les modifier pour qu’ils ne soient plus suspects. Ce sont nos amis du Tor project qui ont développé cet outil, obfsproxy, car le trafic de type TOR est aussi détectable et bloqué par certains pays. Le résultat ne ralentit que peu le trafic.

La nouvelle situation est un peu plus compliquée, nous allons distinguer ce qu’il se passe côté serveur et côté client.

Côté serveur, vos données sont désormais transmises à un serveur obfsproxy. Celui-ci décrypte à l’aide d’une clé convenue à l’avance vos paquets, il transmet ensuite le paquet à openVPN sur le port de votre choix. Le serveur obfsproxy ne peut pas partager son port, vous devrez donc en trouver un de disponible pour lui tout seul, et qui ne soit pas bloqué. Dans ce tutoriel j’utilise le port 8080.

Côté client, les paquets VPN sont envoyés à un proxy (d’où le nom obfsproxy) qui encrypte à l’aide de la même clé convenue à l’avance, puis, si j’ai bien compris, le paquet revient à openVPN qui l’envoie à votre serveur pour qu’il soit réceptionné par le (obfs)proxy qui tourne sur ce dernier.

Voici un schéma complet de ma compréhension de ce qu’il se passe :

Pour mettre ça en place, il vous faut les bons fichiers de conf pour OpenVPN côté serveur et côté client (cliquez pour télécharger mes fichiers de conf exemples), puis redémarrer le service openvpn.

Si vous aviez modifié vos fichiers de confs apache, ce n’est plus nécessaire et vous pouvez revenir en arrière sur vos modifs (et redémarrer le serveur apache !).

Pour installer obfsproxy vous pouvez simplement faire :

sudo apt-get install obfsproxy

Personnellement j’ai eu quelques difficultés avec openSSL et httplib2 fournis par mon système, qui faisaient échouer l’installation. Voici ce que j’ai fait pour régler ce problème :

# Installer le openSSL de python
sudo python -m easy_install --upgrade pyOpenSSL
# On se débarasse du httplib2 du système
sudo apt-get remove python-httplib2 
#On installe le httplib2 de pip
sudo pip install --upgrade httplib2
# Normalement ce coup ci ça passe
sudo apt-get install obfsproxy

Il ne vous reste plus qu’à lancer une instance de obfsproxy. Le processus ne doit pas s’arrêter (et il faut le relancer si le serveur redémarre !), je vous conseille donc de le lancer dans un screen :

# Créer une instance nommée de screen
screen -S obfsproxy
# Création du proxy d'obfuscation qui écoute sur 8080 et qui envoie sur 1194
sudo obfsproxy --log-file=obfsproxy.log --log-min-severity=info obfs2 --dest=127.0.0.1:1194 --shared-secret=CLE_SECRETE server 0.0.0.0:8080

Pour quitter screen, utilisez la combinaison de touches ctrl+a, puis appuyez sur d.

Côté serveur, on est bons !

 

Pour le côté client cela diffère grandement en fonction de votre OS.

Pour mac et linux, il faut installer puis démarrer une instance de obfsproxy dans un terminal, quelque chose de ce genre là (pas essayé moi même mais ça devrait être correct) :

obfsproxy --log-min-severity=info --log-file=obfsproxy.log obfs2 --shared-secret=CLE_SECRETE socks 127.0.0.1:1080

 

Pour windows, il faut installer anaconda 2, puis créer un fichier .ps1 donc le contenu est :

C:\Users\Surface\Anaconda2\Scripts\obfsproxy.exe --log-min-severity=info --log-file=obfsproxy.log obfs2 --shared-secret=CLE_SECRETE socks 127.0.0.1:1080

Ensuite, cliquez droit sur le fichier ps1 et sélectionnez “Exécuter avec Powershell”. Une fois que c’est démarré, vous pouvez connecter OpenVPN.

 

Pour android, il vous faudra utiliser la version payante de “OpenVPN client”. Je n’ai trouvé aucune alternative gratuite malheureusement ! Si vous connaissez une app open source qui prend en charge obfsproxy, laissez moi un commentaire !

 

Conclusion

Si vous avez suivi ce guide jusqu’au bout, bravo ! A ma connaissance il n’en existe aucun d’équivalent, même en anglais. Le seul que j’ai trouvé est discuté dans ce thread sur Reddit, mais il n’est pas disponible… Je suis très intéressé par les retours de toute personne qui aura réussi à suivre ce tuto jusqu’au bout, afin de l’améliorer et de le clarifier au maximum.

 

Mes sources principales sont :

https://vpntips.com/how-to-setup-a-vpn-server/

https://community.openvpn.net/openvpn/wiki/TrafficObfuscation

 

Remarques sur le choix des ports :

Le port 8080 étant souvent ouvert, vous pouvez l’utiliser pour votre trafic VPN au lieu de vous embêter avec le port-sharing etc. Cela reste utile de savoir comment marche le partage de port avec openVPN, donc j’ai préféré bien décrire cette situation.

Cela peut offrir un autre avantage, avec une seule configuration serveur openVPN sur port 443, vous pouvez vous connecter soit en mode furtif (via obfsproxy sur le port 8080), soit en mode normal (sur le port 443 directement), au cas où le port 8080 soit bloqué ! Le port 443 n’est jamais bloqué, donc pas de risque !

Le schéma complet ressemble alors à ça selon ce que j’ai compris :

Enfin, le port 80 n’est jamais bloqué non plus, si apache n’utilise que le port 443, vous pourriez aussi consacrer ce port au trafic VPN !

Remarque sur l’emplacement de votre serveur :

Au Turkménistan, l’IP de mon serveur français était carrément bloquée, dans ce cas, aucune chance de faire fonctionner votre VPN… Nous avons utilisé tunnelbear pendant notre séjour dans ce pays.

Au jour le jour

Résidence Kirghize

Nous passons quelques jours à Osh avec l’espoir de trouver une remorque pour Côtelette et l’objectif de la faire pucer. Avant d’arriver à Osh, nous avions échangé avec le propriétaire de l’hostel (nous campons dans le jardin), pour nous assurer qu’il acceptait les animaux et pour lui parler de notre recherche de remorque vélo.

Il nous dit avec assurance qu’il connaît au moins deux magasins qui en vendent. Si vous n’avez pas assez voyagé dans la région, vous avez de fortes chances de vous réjouir, mais nous restons circonspects face à cette nouvelle. Nous nous rendons à l’adresse indiquée, et bien évidemment, il n’y a pas de remorque pour enfant… De retour à l’hostel on demande au propriétaire d’appeler ses autres adresses, on ne veut pas faire face à une nouvelle déception. Il nous envoie un message… bredouille !

Nous nous rendons à l’évidence, pour trouver une remorque, il va nous falloir nous rendre à la capitale !

Sur le front vétérinaire, notre avancée n’est pas plus fière. Stéphanie et Johanna se rendent chez un vétérinaire qui parle anglais et qui leur explique qu’ils ne font plus de puçage (sauf si on se procure la puce ?). Nous allons donc consulter nous oracles “agrovet” du bazar, et après une visite au temple “Agrovet Asia” Stéphanie ressort dépitée. Ils ont épluché tout le catalogue médical dédié au chiens, mais dans la région on s’y connaît plutôt en veaux, vaches et chevaux…

Même conclusion, pour acheter une puce, il faudra faire un saut de puce de 11h de taxi direction Bishkek.

 

Nous réservons donc un trajet pour le lendemain, départ 8h (la route est belle il vaut mieux la faire de jour !). On vous passe l’émoi du chauffeur face à la présence de Côtelette, on lui assure que “elle est entraînée cela ne posera aucun problème” et pas “c’est une chienne de rue qui déteste la voiture on ne sait pas si elle va supporter 12h de transport”. En réalité il espérait avoir un siège libre pour engranger plus d’argent, mais comme nous avions dit très clairement à l’hostel que nous voulions une voiture complète (pour pouvoir faire des pauses chien en cas de souci), ils finissent par trouver un arrangement. Tout ça se passe avant le départ, mais aussi sur la première heure et demie du trajet par téléphone… Heureusement on est habitués à ce que le prix change en route à présent, on sait se défendre :p

Nous arrivons à Bishkek vers 20h, et nous sommes accueillis superbement par les cyclos présents à la Friend’s guesthouse, le repaire local pour les vélos. Le lendemain (vendredi, seuls les séjours en ville sont capables de nous redonner un sens des jours de la semaine !) nous nous rendons dans une clinique vétérinaire où nous avons rendez-vous avec Jamila. Jamila est une jeune fille Kirghize qui vient de finir ses études en Angleterre. Elle parle donc un anglais parfait, et nous avons la chance d’avoir pu la rencontrer via sa cousine, elle-même amie du copain de Johanna. D’ailleurs, ses capacités anglophones associées à sa connaissance du russe seront sollicitées par d’autres personnes de la clinique vétérinaire, c’est un talent recherché !

Jamila nous aide à traduire tout ce que nous dit le personnel (adorable !) de la clinique, et à poser nos questions. Il faut dire que la situation en terme d’obligation vétérinaire pour franchir les frontières de chaque pays est plutôt complexe… Heureusement la complexité culmine pour l’entrée en Europe, ce qui nous laisse le temps de franchir les obstacles successivement 🙂 Notre objectif pour cette visite est de faire pucer Côtelette et d’obtenir un passeport international où figure les vaccinations. Aucun problème, notre chienne se transforme en cyborg sans difficulté, mais il est impossible de reporter les traitements qu’elle a reçus à Sary-Mogol sur son nouveau passeport. Ainsi, nous devons refaire un traitement anti-vers et les vaccins !

Nous apprenons au passage qu’il est dangereux de faire le traitement pour les vers en même temps que les vaccins car cela peut épuiser l’animal et le rendre très malade. Visiblement le véto de Sary-Mogol n’a pas pris la peine de nous prévenir et n’a pas l’habitude de prendre des précautions… Quand je pense qu’on s’étonnait qu’elle soit fatiguée les jours qui ont suivis… Elle aurait dû être léthargique mais marchait encore 20km sans difficulté ! Cela explique aussi que son premier jour en cage se soit bien passé en Chine, elle était encore sous le coup des traitements.

Ainsi, nous devrons revenir une semaine plus tard pour les vaccinations. Le problème, c’est que si nous devons attendre un délai de 30 jours après la vaccination, nous allons rester coincés en Kirghizie sacrément longtemps…

Pour remercier Jamila de son aide, nous allons tous déjeuner dans la meilleure pizzeria de Bishkek : Dolce Vita. Si on y réfléchit bien c’est certainement aussi la meilleure pizzeria du Kirghizistan, et probablement d’Asie Centrale… Nous profitons donc d’un déjeuner excellent, Jamila nous raconte des choses sur son pays et nous donne des bonnes adresses pour notre séjour à Bishkek qui vient de se rallonger d’au moins une semaine 🙂

Le lendemain, Johanna et moi nous rendons à Dordoy, c’est le plus grand marché d’import d’Asie Centrale et c’est… carrément impressionnant. Pour vous faire une idée, les allées du bazar sont formées par des containers côte à côte, empilés deux par deux. J’ai une photo d’une allée dont toutes les échoppes étaient fermées :

Maintenant que vous avez une bonne idée de ce à quoi ressemble une allée, il vous suffit d’imaginer la même chose sur une surface qui correspond en gros à une petite ville française, soit six ou sept mille containers… D’après la page wikipédia c’est comparable au grand bazar de Téhéran et au marché Chatuchak de Bangkok, pour ceux qui connaissent 😉 (Ce qui veut aussi dire que je peux désormais me vanter d’avoir visité le top 3 des marchés gargantuesques…).

Après une grande balade dans ce dédale et demandé plusieurs fois notre chemin, nous arrivons chez les marchands de vélos et accessoires. Nous trouvons même une boutique dédiée entièrement aux poussettes, dont le propriétaire connaît bien son métier et achève d’enterrer nos espoirs lorsque je lui montre ce que l’on cherche en photo “Nyet, only internet”. On avait bien sûr déjà pensé à cette option, mais la livraison au Kirghizistan n’est pas possible sur les sites qui offrent des remorques pour chien…

On enclenche alors le plan B, Stéphanie rédige un mail émouvant racontant l’histoire de Côtelette et l’envoie à tous les fabricants de remorque pour chien, en plus d’un appel à l’aide sur facebook. La force de l’internet est exceptionnelle et nous obtenons de nombreuses réponses, mais la plus exceptionnelle nous vient de Burley, qui souhaite nous soutenir en nous offrant une remorque ! Ils sont vraiment très attentionnés, vérifient la taille de la remorque par rapport à la taille de Côtelette, s’assurent que l’attache est compatible avec notre tandem, mais malheureusement ne peuvent pas livrer en Asie Centrale… Nous décidons d’accepter cette offre exceptionnelle (comment les remercier assez ??!) et de payer nous-même le transport jusqu’ici. Johanna se renseigne et DHL propose des prix intéressants depuis l’Allemagne (ils ont la chance de profiter du réseau DHL, notre colissimo est presque deux fois plus cher). La remorque arrive donc rapidement chez la mère de Johanna, qui s’occupe le jour même du renvoi vers Bishkek ! Merci encore ! Malheureusement, il y a une grande différence entre DHL Express et ce service, et le colis peut mettre plus de 15 jours à nous parvenir… Nous allons donc devoir rester encore quelques temps à Bishkek 🙂

Cela va malheureusement obliger Johanna à partir pus tôt que nous pour rejoindre Alex en Azerbaïdjan, et vu que nous restons seuls (et que ça fait déjà une semaine qu’on festoye tous les soirs avec les autres cyclos de notre hostel) nous décidons d’essayer de nous rendre utiles. A défaut de trouver un volontariat dans une ferme, grâce au groupe facebook “Expats in Bishkek” nous sommes invités par Stéphane dans sa guest house, en échange de quelques services, à définir.

Nous nous installons donc chez Ultimate Adventure, l’agence francophone implantée en Kirghizie depuis le plus longtemps ! Nous nous attaquons à un rafraîchissement général du site web en échange d’un hébergement exceptionnel ! La guest house est vide car la saison est terminée, mais nous restons avec le personnel sympathique que nous aidons par ci par là (finalement assez peu, le site web sera notre contribution principale). Le modèle de l’agence est assez intéressant car ils ont leur propre école de guide où ils forment les futurs guides… en français !

Au Kirghizistan, il y a deux langues officielles, le Kirghize et le Russe. Tout le monde dans le pays parle russe, mais dans la capitale c’est cette langue qui est utilisée quasi exclusivement. Il y a d’ailleurs une forte présence d’expatriés russes, contrairement au reste du pays où on a pu en voir seulement quelques uns, par exemple à Osh. De nombreux jeunes issus de parents kirghizes ne maitrisent pas la langue car ils ont été élevés en russe exclusivement, même si leurs parents parlent kirghize entre eux. Lors de leurs études, une grande proportion des étudiants choisi d’apprendre l’anglais, mais certains choisissent le français comme première langue étrangère. Nous avons eu la chance d’en rencontrer plusieurs, d’une part au sein de la faculté de français de l’université nationale, et une seconde fois lorsque nous sommes intervenus à l’Alliance Française (merci Morgane !). Nous avons présenté le voyage à vélo et discuté en français avec les personnes présentes, accompagnés par nos amis cyclos La Paire Peinard (un autre pino !) et Des Rustines et des Ailes.

L’école de guide d’Ultimate Adventure va donc chercher ses recrues parmi ces étudiants. La majorité d’entre eux sont d’ailleurs des étudiantes, et même si certaines sont motivées par le métier de guide et le deviennent, les traditions encore fortement présentes au Kirghizistan ne leur permettent pas de l’exercer longuement. En effet, dès qu’elles seront mariées, il est très probable (pour ne pas dire certain) que leur mari leur impose de se consacrer à leur foyer… Ainsi les rares femmes qui restent guides sont mariées à des étrangers ou célibataires… Ajoutez à cela qu’ici, si vous n’êtes pas mariée à 21 ans c’est qu'”il y a un problème”, et vous comprendrez que la durée d’activité des guide féminines de l’agence soit courte…

L’avantage d’être arrêtés dans une grande ville c’est qu’on ne manque pas d’activités !

Déjà, pendant la première semaine, nous avons profité de l’abondance des marchés et bazar de la ville en produits que nous n’avions pas vu depuis longtemps ! Des framboises à 1€20 le kilo, de la crème fraîche et du fromage, des légumes variés… et nous cuisinons tous ensemble à a guest house. Pour vous donner un exemple, nous avons fait une soirée crêpes 😀

Stéphanie est allée prendre quelques photos de Osh Bazaar, juste à côté de notre première guesthouse :

Nous participons aussi à un cours de cuisine où nous apprenons à faire les lagman véritables ! On a donc appris en particulier à étirer les pâtes à la main 😀 Je ne peux pas me retenir de glisser ici un aparté sur la Chine, en effet les lagman ont une origine disputée entre Ouïgours et Dungan, deux minorités musulmanes chinoises. Si vous avez lu nos articles précédents ou bien les journaux vous savez certainement déjà des choses sur les Ouïgours, mais qui sont les Dungan ? Ils sont aussi désignés comme Hui, et sont totalement indiscernables d’un point de vue racial des Han. Il suffit de deux clics depuis l’article wikipédia sur les lagman pour le trouver, mais je vous en recommande très vivement la lecture de cet article : Ethnic minorities in China, je l’ai trouvé absolument passionnant !

Pour terminer sur le plan culinaire, la ville regorge de restaurants internationaux, mention spéciale à notre Thaï préféré : Baan Baan.

J’aurais préféré ne pas évoquer ce plan #galère dans lequel nous sommes tombés, mais nous avons fait une sortie au parc Ala Archa dans les montagnes à proximité. C’est une vallée magnifique qui vaut vraiment le coup d’oeil, je vous laisse voir les photos… Il faisait extrêmement froid et nous avons dû écourter notre excursion…

Nous profitons avec Côtelette du grand parc de la ville, un endroit assez particulier… Les lacs qui servent de spot de plage l’été sont vides à cette période, les grandes allées sont presque vides (même un dimanche de grand beau temps on ne croise que quelques poussettes), une musique variée mais invariablement d’un goût douteux est diffusée dans la zone principale du parc. Heureusement le parc est assez grand pour trouver des coins de nature libres de toute construction, avec l’automne la forêt est magnifique et nous profitons du redoux venu en cette fin octobre.

La première fois que nous pique-niquons dans le parc, alors que nous n’avons croisé qu’une vingtaine de personnes en tout, un couple récemment installé à Bishkek et qui parle français nous aborde, ainsi qu’une dame Kirghize qui a vécu en France plusieurs années ! La francophonie a décidément un rayonnement exceptionnel 🙂

Shai et son fils Bekjantai nous invitent à dîner dès le lendemain, c’est pour eux l’occasion de pratiquer le français et pour nous la chance de passer du temps avec une famille Kirghize ! Nous passons une soirée superbe (il faut dire que nous sommes très bien reçus !) en leur compagnie, nous apprécions beaucoup le temps passé avec eux !

Nous avons aussi quelques projets d’excursion aux alentours (retourner à Ala Archa ??), mais les dénivelés sont un peu trop importants pour sortir à la journée à vélo malheureusement… Le transport en voiture est possible mais revient assez cher. Ces plans ne seront pas réalisés car Stéphanie vient de candidater à un poste et… a été sélectionnée pour l’entretien ! Elle a donc pas mal de travail de préparation, le poste lui plairait vraiment et elle bûche donc avec passion et rigueur… On croise les doigts !

Je vous laisse avec quelques photos de la ville et surtout… de Côtelette dont tout le monde veut des nouvelles ! Nous reprenons la route mardi, on attend encore la remorque mais on pourra passer la chercher en bus au pire en fin de semaine !