Author: <span>Stéphanie Couvreur</span>

Au jour le jour

La caravane passe

La nouvelle tant attendue arrive : le colis avec la remorque est arrivé au Kirghizistan ! Ni une ni deux, nous allons à la poste chercher plus d’informations et… tadam !! Le colis est là !
On débale avec grand bonheur la magnifique remorque envoyée par Burley (que l’on remercie encore ultra chaleureusement !). On l’aménage le lendemain pour le plus grand confort de Côtelette (on enlève le siège enfant et on lui fait un sol/hamac pour que son poids ne repose pas seulement sur le fond de la remorque) et on fait nos adieux à l’équipe d’Ultimate Adventure.

Il est temps de refermer cette parenthèse “Bishkek” ! Nous y avons passé vraiment de très bons moments, et ce, notamment grâce à toutes les personnes que nous y avons rencontrées, que ce soit au sein des communautés de cyclos (Elliot et Stella, Marsha, Ben et Gui, Vlad et Sylvia, Tom, Tim et Ben), d’expats (Morgane, Fabien, le bar Somewhere), de touristes (Nicole) ou de locaux (Jamila et son amie, l’équipe d’Ultimate, Shai, tous les commerçants). Au sein des cyclos, une mention toute particulière à Elliot pour son humour typiquement british et sa gentillesse (l’Angleterre ce n’est pas loin, Côtelette attendra ta visite !) et à Marsha, incroyable jeune hongkongaise (21 ans !) pleine de vie qui a traversé le Pamir et le Zorkul seule sur un vélo acheté à Bishkek alors qu’elle n’avait jamais fait de voyage à vélo et a appris à pédaler il y a un an seulement ! Quelle elle leçon de vie, bravo Marsha !!

Autre belle leçon que l’on réapprend dans cette ville : les transports en commun. Il existe un système de mini bus collectifs (les “mashrutkas”) incroyablement efficace. Pour traverser la ville d’un point à un autre, il y a toujours plusieurs lignes directes de mashrutkas. Elles sont en plus très fréquentes et ne coutent que quelques soms… bravo !
Si vous voulez vous amuser à tester, voici un exemple où j’ai tracé un trajet de la friends guesthouse jusqu’à ultimate adventure. Vous pouvez changer les points et verrez qu’il y a toujours un trajet en mashrutka possible !

Nous sommes donc partis de Bishkek avec notre convoi qui s’agrandit de plus en plus : le tandem, la remorque… et Côtelette ! Oui, parce que même si elle a rapidement adopté sa carriole en y dormant dès la 1ère nuit (on lui avait mis toutes ses couvertures et le froid a aidé !), Côtelette n’est pas encore fan de l’idée de rester dedans alors que ça bouge… On passera pas mal de temps les premiers jours à l’habituer et les efforts paient puisqu’après 4 jours, elle est prête pour faire 10kms avec nous pendant qu’on pédale !
On sort de Bishkek en longeant un canal, ça a l’avantage d’être ultra tranquille niveau circulation mais a l’inconvénient d’être un peu gadouilleux, Côtelette se transforme en monstre bicolore (noire en bas). On aura notre premier réveil sous tente sous la neige !

On se réconforte en voyant le bonheur de Côt-côt (son nouveau petit nom) qui se roule dedans…

Sur la route, on a la désagréable surprise d’être bloqués par un canal. Les habitants super sympas nous actionnent les vannes pour éteindre le gros du débit et qu’on puisse traverser au gué un peu plus bas. Ca n’aura malheureusement pas suffi à nous épargner les pieds…

On ressort trempés ! Le soir, on a la chance d’être accueillis dans l’appartement d’une mosquée, on peut être au sec le temps de la nuit (nos chaussures elles, mettront plusieurs jours à s’en remettre !).

Le passage de la frontière se passe sans encombre. On n’a même pas besoin de montrer le magnifique certificat que nous ont fait les vétérinaires officiels du Kirghizistan. A ce propos, une fois de plus, ces vétos du ministère nous ont épatés. On était initialement allés les voir parce qu’on savait qu’on avait besoin de ce certificat pour sortir du pays, les vétos privés nous avaient parlé d’un “poop test” dont ne nous ont jamais reparlés les vétos officiels. Ils nous ont juste dit de venir 3 jours max avant le passage de la frontière. Je retourne donc dans le cabinet des horreurs avec Côtelette (il y a toujours du sang partout…), ils me demandent un truc “laboratory”, je crois qu’ils me parlent de la prise de sang, je leur dit qu’on a tout envoyé à Moscou… Ils me font le certificat et me demandent de payer 700. Habituée à négocier, je fais l’étonnée qui pensait que le prix n’était que de 500. Et là, il m’explique que c’est bien 500 le prix sauf qu’il faut rajouter 200 parce qu’on n’a pas fait le fameux poop test (200 pour qu’il fasse un faux certificat en fait !) !! Au passage, on aura quand même économisé les 500 pour les fausses dates du passeport, on ne les avait pas en liquide sur le coup, on leur a dit qu’on leur paierait au moment du certificat et ils ont oublié de me les demander…
On reste quand même abasourdis de la corruption de ces vétos officiels, on avait tout fait pour être dans les règles et on se retrouve avec des documents falsifiés à 2 reprises…

La première grande ville après la frontière est Merke. On demande à deux jeunes dans la rue s’ils connaissent un endroit où l’on pourrait mettre la tente. Ils nous font patienter, l’un d’entre eux est bijoutier et nous montre ses créations sur instagram (vous pourrez même nous retrouver dans un spot publicitaire 😉 ), on sera finalement invités chez Sveta, une amie à eux. On passe une formidable soirée avec eux trois et certains de leurs amis.
Une fois de plus, on remercie google traduction qui nous permet d’échanger au delà de la barrière de la langue !

Ils sont tous de nationalités différents : kurde, tchétchène, karachai et ukrainienne, et aussi tous de citoyenneté kazakhe. L’un d’entre eux me montre son passeport (kazakh), dans la partie “commentaires” est ajouté : “nationality: kurd”. On l’a déjà mentionné, la nationalité et la citoyenneté sont des concepts disctincts en Asie Centrale. C’est évidemment très perturbant pour nous, français, qui sommes très attachés au fait que “cette personne est française, et ce, peu importe d’où elle vient”. Pour eux, cela permet de valoriser leur culture d’origine, tout en se sentant appartenir au même pays qu’est le Kazakhstan. Ils nous expliquent que cela ne génère pas de communautarisme particulier, la preuve en est de ce groupe d’amis multinationalités. On se questionne tout de même sur la pertinence d’une telle nationalité après plusieurs générations…
Une fois de plus, on observe qu l’Asie Centrale est un sacré méli-mélo (pour reprendre l’expression des pignons voyageurs) ethnique et culturel. Autre exemple : la ville de Turkestan sera peuplée de 45% d’Ouzbèques (et 52% de kazakhes).

A Turkestan, nous attend un train qui nous emmènera jusqu’au Aktau, port de la mer Caspienne, nous économisant quelques milliers de kilomètres à travers les steppes vides. Le planning était serré, on a pris du retard en attendant la remorque, on a fait des mini-journées en terme de distance pour apprendre à Côtelette à rester dans sa carriole… si on veut arriver à tant et ne pas décaler notre planning d’une semaine, il va falloir accélérer. On prend donc un taxi qui nous emmène à Shymkent, la 3ème ville du pays. On réussit l’exploit à faire rentrer le tandem, la carriole, nos bagages, Côtelette et nous dans une 4 portes avec coffre (en plus du couple qui nous emmène à l’avant !).

Sur la route, on s’arrête dans une auberge pour déjeuner. On demande un plat végétarien et la serveuse nous apporte fièrement le-dit plat en nous précisant “sans viande”. On ne doit pas avoir la même définition de “viande”…

On repart les jours suivants à travers les steppes. On y voit des troupeaux de dromadaires et chameaux qui nous rappellent le temps des caravanes…

On s’installe un soir pour un bivouac, on arrive à trouver un petit relief qui nous protège un peu de la route. Une voiture nous voit quand même. On s’endort rapidement après que la nuit tombe. Malgré nos duvets ultra chaud, je suis contente d’avoir investi dans une bouillotte d’occase à 50 centimes !!

Au milieu de la nuit (bon, ok, on réalisera après qu’il était 22h), on est réveillés par des lumières, des bruits de klaxons et… Côtelette qui aboie ! On ouvre la tente, on est éclairés par un projo sur un 4×4 et des militaires cagoulés nous appellent. Côtelette quant à elle est prête à nous protéger mais… en restant au chaud ! Elle aboie depuis sa carriole !

Claude sort, explique qu’on est des touristes, qu’on fait du vélo… Les militaires ont l’air plus curieux qu’embêtants. Ils commencent à vouloir discuter mais les tremblements de Claude frigorifié abrègent les échanges. Avant de repartir, ils veulent une photo avec lui mais avant… ils lui passent fusil et ceintures de cartouches autour du torse ! Malheureusement, nous n’avons pas la photo mais cette scène restera clairement gravée dans nos mémoires !!

Le lendemain, on dort quelques kilomètres après le mausolée d’Arystan Bab.

On entend des hurlements qui ne ressemblent pas vraiment à ceux de chiens… On s’endort en essayant de ne pas trop y penser. Pendant la nuit, à deux reprises, on est réveillés par Côtelette qui chasse un animal qui se serait trop approchés de nous (pour rappel, elle chasse indistinctement vache comme chien errant…).
Une fois arrivés en ville, je me renseigne un peu plus sur la faune des steppes et apprend que le Kazakhstan est le pays où il y a le plus de loups au monde !! (plus qu’en Russie et au Canada donc !) Depuis quelques années, les antilopes disparaissent et les loups en arrivent à s’approcher de plus en plus des villages… Brrr, ça fait froid dans le dos !!
Au passage, ça a donné lieu à toute une série d’histoires incroyables autour de cet animal : des habitants qui ont des loups comme chiens de garde ou encore un héros local qui en a étranglé un à mains nue. J’apprends aussi qu’en Asie Centrale, les loups sont chassés avec… des aigles ! J’avoue ne pas trop y croire jusqu’au moment où je vois cette vidéo hallucinante :

(petite mention à ma famille : j’espère que vous ne vous moquerez plus de Romain, il avait raison !!)

On passe une journée sous la pluie battante, on est bien contents d’arriver à Turkestan ! Pour ma part, je mets un peu de temps à me réchauffer sous les couvertures et mon duvet. 😉

La ville est connue pour son célèbre mausolée dont la construction a été initiée par le fameux Timour/Tamerlan dont on entend parler depuis un petit moment maintenant, les travaux ont été stoppés à la mort de ce dernier et le mausolée est resté inachevé.
C’est un peu particulier pour nous puisque ce sont nos derniers jours en Asie Centrale et surtout c’est une dernière ville avec des vestiges aussi importants sur la route de la soie !

Pour la visite de la ville, Côtelette sera votre guide :

On passe 3 jours très agréables. J’ajoute quelques photos.

Notre hôtel ne dispose pas de jardin, Côtelette reste avec le vélo dans le petit resto d’en face. La propriétaire et la cuisinière sont adorables, on y dîne avec plaisir tous les soirs.

Côt-côt quant à elle se régale de tous les restes des repas ! En plus, elle trouve un tas de feuilles et de branches dans lequel elle se fait son petit nid, ça a l’air plutôt confortable (pour la séquence mignonnitude, j’ajoute une photo d’elle “en boule”).

Je vais retirer de l’argent avant de prendre le train. L’expérience est quelque peu perturbante : il y a beaucoup de monde qui attend aux distributeurs. Certaines personnes sont très lentes, ne semblent pas vraiment savoir se servir de l’automate. En général, une personne de la queue les aide, quitte à recommencer complètement l’opération et à ne pas vraiment gagner de temps… Le principe de code secret semble inconnu, il est normal de regarder par dessus l’épaule de celui qui est devant. Et pour finir, il faut être très attentif et coller la personne devant soi pour ne pas se faire doubler ! J’ai dû faire plusieurs remarques à un mec qui essayait de me passer devant, il n’a pas l’air d’avoir apprécié et a fini par changer de file. Bon débarras !

Avant de quitter la ville, on tombe sur un concert traditionnel avec des champs à la gloire de Turkestan, c’est assez rigolo…

Depuis Turkestan, nous avons pris le train direction Aktau sur la mer Caspienne. Au programme, 37h de train et quelques milliers de kilomètres de steppes gelées.
Au départ, le quai fourmille. Les trains s’y arrêtent entre 15 et 20mn, c’est donc la parfaite occasion de se ravitailler : magasins, barbecs, femmes qui déambulent avec leur casseroles pleines de mante… il n’y a que l’embarras du choix !

En voyant les wagons couchettes passer, on aperçoit des bribes de moments de vie, c’est rigolo.

Le long des rails, on réalise qu’il n’y a pas les habituels caténers qui longent les voies. Les trains ici ne roulent pas à l’électricité mais au diesel ! Le chauffage est quant à lui au charbon, il y a dans chaque wagon une réserve de charbon avec un foyer qui chauffe de l’eau. La nuit, on voyait des cendres passer devant nos fenêtres.

Nous avons réservé une cabine entière (4 personnes) ce qui était la condition pour pouvoir transporter la chienne. Finalement, ça nous arrange bien puisque cela nous permet de garder le vélo (on aurait probablement du le mettre dans un autre train… plus lent sinon !).

On surveille les longs arrêts pour aller promener Côtelette. On ne regrette pas d’être dans le train : il fait un froid glacial (-6°C en maximale dans une des villes traversées) avec un vent ultra fort et c’est complètement vide… On passe par la ville d’Aral qui fût une ville portuaire. La mer s’est depuis retirée, cela fait écho à l’agriculture intensive de coton que nous avons pu voir en Ouzbékistan. Une fois de plus, notre voyage nous rappelle les désastres écologiques causés par nos sociétés…

Voyager avec un chien nous réserve des surprises : des pas très bonnes (Côtelette reçoit un coup de pied par un gars “gratuitement” alors qu’elle remontait dans le train…) mais aussi des magnifiques ! 🙂 Sur le quai à Turkestan, une jeune femme et une petite fille étaient venus nous voir et avaient carressé Côtelette. Elles nous retrouvent dans le train, on discute un peu et un peu plus tard, Lana donne une lettre super émouvante à Claude lors d’une pause… (elle a été touchée de nous voir voyager avec Côtelette et de prendre soin d’elle, elle nous remercie pour cela)

On est tellement touchés, un énorme merci pour ce cadeau que tu nous as fait Lana !! On n’a pas réussi à te revoir mais sache qu’on se rapellera de toi longtemps et que tu es la bienvenue si tu viens en France ! 🙂

On finit par arriver à Aktau, fatigués mais contents. On se met en route pour Kuryk, le port qui est à 90km au sud de la ville. Le vent nous fait face, on n’avance pas très vite…

Le lendemain, on est désespérés quant on voit qu’en forçant de toutes nos forces, nos pointes peinent à dépasser les 10km/h… On a envie d’arriver au port, on fait donc du stop.
Un chauffeur adorable de camion réfrigéré nous prend et nous avance de 30km.

Les 15kms restants sont vent dans le dos. Sans un coup de pédale, on atteint les 18km/h !!
Pendant plusieurs centaines de mètres, on va à la même vitesse qu’un buisson en forme de crêpe qui avance emporté par le vent ! On se dit que c’est peut être en observant ce genre de phénomène que la roue a été inventée ! 😉
Sur la route du port, on se fait arrêter par des “durug” (amis en russe) qui insistent pour nous prendre en photos. Clairement, ils n’ont pas l’haleine dépourvue de vapeurs alcoolisées… C’est d’ailleurs un phénomène courrament rencontré depuis le Khirghizstan, les locaux ne semblent pas attendre l’heure de l’apéro pour attaquer la vodka…

On arrive finalement au terminal. Il y a une magnifique pelouse synthétique, Côtelette se roule dedans mais voit bien qu’il y a quelque chose qui cloche. Le bateau n’est pas parti de Baku à cause de la tempête. On s’apprête donc à attendre plusieurs jours que le vent se calme. Advienne que pourra !

Au jour le jour

Changement de programme

Quand on a préparé ce voyage, notre idée initiale était d’aller jusqu’à Singapour. Les premiers jours, on s’était amusés à estimer la probabilité d’y arriver réellement, on l’avait établi à 3%. Autrement dit, on n’était déjà pas très sûrs de nous ! 😉 On espérait pouvoir faire le retour en bateau (cargo), on a depuis abandonné l’idée en route : soit le voyage est très cher (il faut compter 2000€ pour 3 semaines), soit… il n’y a pas d’alternative en fait, on a abandonné tout espoir de pouvoir se faire enrôler pour frotter la rouille ou nettoyer le pont.

Depuis quelques mois, on avait donc renoncé au fait d’aller rendre visite à nos copains émigrés à Singapour (un petit coucou au passage !) et on pensait faire un petit tour en Asie du Sud-Est puis revenir en Chine et prendre le transsibérien jusqu’en Europe.

Comme nous n’avons pas vraiment apprécié notre (court) séjour chinois, nous voici de retour au Kirghizstan. Après pas mal de remue-méninges, on s’est dit qu’on allait tout simplement… rentrer à vélo ! On était assez frustrés de ne pas avoir passé plus de temps au Kirghizstan, de ne pas être allés dans le Caucase, région tant vantée des touristes, on a adoré la Turquie et Claude n’est toujours pas allé à Istanbul… Bref, que de bonnes raisons pour faire demi-tour lentement !

Nous avons donc prévu après le Kirghizstan, d’aller au Kazakhstan (en trichant avec un train), traverser la mer Caspienne, arriver en Azerbaïdjan, passer du temps en Géorgie et Arménie, longer la mer noire en Turquie et revenir par l’Europe de l’Est (Eurovélo 6). Cet itinéraire a l’agréable particularité d’être très facile en terme de visa.

Mais comme on est un peu fous (en tout cas, c’est ce que vous avez l’air de penser ! 😉 ), on se rajoute un défi de taille : ramener Côtelette ! (en tout cas, on va tout faire pour) On est maintenant dans les casse-têtes de vaccinations, passeports pour chiens (pour l’instant le nôtre est en cyrillique… :/ ), micropuce, test d’anticorps anti-rabiques… Si d’ailleurs vous avez un plan pour avoir des papiers qui ont l’air un peu plus officiels/européens, on est preneurs !

Elle est vraiment adorable, elle est super contente à chaque fois qu’elle nous voit. Elle adore toujours autant le vélo et sait déjà marcher en laisse !

 

Après la frontière chinoise, nous avons donc fait demi-tour jusqu’à Sary-Tash. Nous testons la carriole avec le vélo de Johanna mais elle bouge dans tous les sens (pour les physiciens, on est devenus des pros de l’instabilité de la valise !), l’attache se casse… On essaie d’y mettre Côtelette mais elle s’enfuit dès qu’on la lâche. Finalement, on abandonnera la carriole à Sary-Tash : elle nous empêche d’aller vite et en l’état, il semble impossible que la chienne s’y habitue… On est ultra déçus, Claude avait fait un super boulot !!

Sur ce chemin, on passera aussi notre nuit la plus froide à 3500m, l’humidité doit jouer aussi dans ce ressenti. Le matin, tout est couvert de givre, la chienne a dormi sous l’auvent de la tente pour rester au chaud près de nous. 🙂 On part dans le brouillard, on ne pourra pas admirer les montagne cette fois !

On arrive à Sary-Tash après une petite journée où l’on retrouve Roberto. On essaie d’organiser la suite de notre voyage en trouvant une remorque à acheter à Osh ou à commander sur internet. Nos recherches ne sont pas très fructueuses, le manager de la guesthouse à Osh nous assure qu’il est possible d’en trouver sur place. Claude est sceptique mais on décide de lui faire confiance, faute de mieux.

La nuit, la neige tombe. On part le matin sous un paysage tout blanc. On monte un col via une route à… 8% ! Il faut dire que depuis qu’on est au Kirghizstan, on ne voit que des routes à 8%, peu importe qu’elles un peu ou très raides, cela devait être plus simple de ne produire qu’un panneau…

La descente est vertigineuse, on est contents d’être dans ce sens ! La pauvre Côtelette a un peu le mal des transports avec tous ces virages à l’avant du tandem, on y va doucement…

Ensuite, 70km de douce descente nous attendent, c’est royal ! La vallée est magnifique, les montagnes sont rouges, oranges, jaunes… on se régale !! A force de descendre, on retrouve même des arbres, ça faisait longtemps !

Un dernier col est prévu avant Osh. En regardant de plus près la carte, on réalise qu’il y a un chemin qui continue de longer la rivière. A la sortie du village où l’on déjeune, on a bien cru que Côtelette allait nous abandonner pour rester auprès d’une poubelle qui avait l’air fantastique pour ses yeux de chien errant. Elle finit par nous rattraper, ouf !

On quitte la route asphaltée et les camions de charbons pour retrouver une piste (le Pamir n’a pas réussi à nous en dégouter 😉 ). C’est très agréable, on ne regrette pas notre choix !

Les derniers kilomètre sont un peu moins plaisants : on est toujours sur de la piste mais des camions nous dépassent à toute blinde… On traverse d’épais nuages de poussière…

On bivouaque dans le jardin d’un monsieur adorable qui nous offre une de ses courges (il faut dire qu’il en a beaucoup !) et une pastèque, on se régale ! C’est par contre la première nuit avec Côtelette dans un village. Et qui dit village, dit chiens qui aboient… elle se joint malheureusement au cœur, on a encore un peu de travail d’éducation … :/

On arrive à Osh, on s’installe dans un petit restau au milieu d’un parc avec des manèges au look désuet, on redécouvre le plaisir d’un déjeuner au milieu accompagné d’une bière. Nos voisins ont d’ailleurs dû en abuser : ils sont complètement saouls en plein après-midi… On plante les tentes dans une charmante guesthouse, au programme de ces prochains jours : missions carrioles et véto pour la chienne !

A bientôt !

Au jour le jour

Cauchemar chinois

Une fois n’est pas coutume, les derniers jours n’ont pas été très agréables (et c’est peu dire), on est maintenant de retour au Kirghizstan donc pour ce.lles.eux qui s’inquiètent : tout va bien maintenant !

Mercredi dernier, nous avons fait nos adieux à Baptiste et Marion et nous sommes partis de Sary-Mogol avec Gabriel, Johanna et… la fameuse Côtelette qui avait son beau passeport tout neuf, précieux sésame qui devrait lui permettre de nous suivre. Pour être en règle, on avait demandé au véto d’antidater le vaccin contre la rage, on pensait qu’au pire elle ferait une semaine de quarantaine mais on avait même espoir qu’elle y échappe en passant par cette frontière terrestre (naïfs que nous étions !). Dans le pire des cas, on avait un plan B : si elle ne passe pas, on la met dans une voiture qui va dans l’autre sens pour la redéposer à Sary Tash là où l’on a trouvée. Ça nous fendait le cœur mais on se disait qu’on lui aurait au moins offert 10 beaux jours avec nous…

Tout ça, c’était le plan initial… mais les choses ne se sont pas passées comme prévu…

Depuis Sary-Mogol, nous avons pris direction plein est. Nous avons longé la chaîne de montagnes qui marque la frontière tadjique, c’était superbe ! Comme la chienne peine à nous suivre sur du plat sans vent, nous l’avons un peu “aidée” en la prenant à l’avant du tandem dans les descentes. Il n’empêche qu’elle nous impressionne par sa résistance, elle nous suit quoi qu’il arrive !

Le 2ème soir, nous avons dormi à quelques kilomètres de la frontière chinoise avec René et Thorven, 2 cyclistes allemands croisés sur la route. On a retrouvé la pluie qu’on n’avait pas vue depuis quasi 4 mois (à notre arrivée en Cappadoce en Turquie) ! Côtelette a bien compris qu’elle était avec nous, elle s’est mise à aboyer quand un berger s’est approché de notre campement ! Johanna lui a cousu un collier, on lui a fait une laisse avec une longe trouvée par terre, elle est prête ! Le matin, on prépare la traversée de la frontière, en pratique : on vide et cache nos bouteilles d’essence (à notre plus grande frustration d’écolos…), on démonte le vélo pour cacher les couteaux dedans, on se débrouille pour que nos téléphones ne soient pas opérationnels (Johanna démonte le sien et déconnecte la batterie, je fais planter le mien et Claude vide sa batterie)…

Pourquoi tout ça ? Il faut préciser qu’on ne traverse pas n’importe quelle frontière chinoise, on entre dans la province du Xinjiang, région la plus surveillée au monde… Le Xinjiang est historiquement habité par les Ouïghours, ethnie musulmane proche des ouzbèkes (et turcophone). La région est stratégique pour la Chine qui souhaite développer une “nouvelle route de la soie” (mille milliards de dollars d’investissements) qui a pour but de relier la Chine à l’Europe par la voie terrestre (on avait apprécié ce documentaire d’Arte sur le sujet).

La situation de la région est assez tendue : elle s’est faite envahir démographiquement avec l’arrivée de millions de Hans (ethnie majoritaire en Chine), un mouvement de résistance ouïghour s’est développé. Les années 2008-09 ont été marquées par plusieurs attentats meurtriers, la radicalisation islamiste progresse.

Depuis ces attentats, la Chine mène une politique ultra sécuritaire dans la région (la Chine dépense plus pour la sécurité dans cette région que les États-Unis pour l’ensemble du pays !). Des milliards sont notamment investis dans le numérique pour renforcer cette politique : caméras omniprésentes, reconnaissance faciale, utilisation du big data pour détecter les personnes “suspectes d’être dangereuses”, surveillance des téléphones… On était au courant de tout ça, on avait vu cette vidéo qui faisait déjà froid dans le dos. Cependant, le vivre fût encore une expérience différente…

On arrive donc le matin à la frontière tous les 5 (Johanna, Gabriel, nous 2 et Côtelette), on comprend rapidement que ça ne va pas être évident avec la chienne. Après une longue discussion (chacun doit appeler son responsable, qui lui même doit appeler un autre responsable…), on comprend qu’il est probable que la chienne doive rester non pas 7 jours mais… 30 jours en quarantaine. On refuse de lui infliger cela, 1 mois enfermée pour une chienne de rue, elle deviendrait folle… Évidemment, aucune info n’est sûre puisque la personne qui prend la décision est à 150km d’ici, dans le second poste frontière que l’on devra traverser.

A ce moment, nos interlocuteurs vont “téléphoner” et nous disent qu’on peut se reposer un peu. On comprend qu’est venu le temps de la fameuse pause du midi : 3h pendant lesquelles la frontière ferme ! On attend donc dehors et on mange les trois carottes qui nous restaient dans nos sacoches (il n’est pas autorisé de rentrer en Chine avec des produits frais et on pensait naïvement qu’on serait passés avant la pause midi…).

On commence à se dire qu’on va devoir se séparer de la chienne, les larmes commencent à couler… Après 3h d’attente, la frontière réouvre. Un peu plus tard, l’officier des douanes nous confirme qu’il ne peut rien nous confirmer (^^), son responsable est à Ulugqat, il pense que soit la chienne devra rester 30 jours en quarantaine, soit elle ne pourra pas rentrer en Chine, il ne pense pas que les 7 jours seulement de quarantaine seront possibles malgré ses papiers… mais il ne sait pas !

Cela nous semble trop risqué, on décide de la réenvoyer au Kirghizstan. Le sort joue contre nous, aucune voiture ne passe la frontière, seuls des camions passent et ils refusent catégoriquement de prendre la chienne. Nous sommes dans un couloir de grillages et barbelés. On voit une porte, si on la pousse bien, on peut y faire passer la chienne. Elle ne pourra pas revenir dans l’autre sens. De l’autre côté, se trouve la vallée et à 2 kilomètres, la ville de Nura. On fait confiance à Côtelette pour être assez intelligente pour retrouver son chemin. Clairement, depuis ce main, elle voit bien qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, elle est elle aussi toute triste et n’a plus aucune énergie. On la porte jusqu’au grillage et on la pousse de l’autre côté, en pleurs. On se dit qu’elle poursuivra sa vie de chienne errante qui suit des vélos…

On retrouve nos vélos et on commence à scanner nos bagages. A ce moment, on entend Gabriel : “la perra esta aqui”. Et en effet, on voit Côtelette à l’entrée du bâtiment qui, on ne sait comment, à réussir à tromper la vigilance chinoise pour nous retrouver ! Les autorités ne nous laissent pas le choix, la chienne ne peut rester là, on doit l’emmener jusqu’à Ulugqat. Raconté comme ça, cela paraît simple mais il faut imaginer qu’en pratique, pour chaque action, ça ne l’est pas du tout : un premier gars commence à nous dire qu’elle peut rester là, qu’il lui donnera à manger, puis un autre dit quelque chose d’autre, puis un autre dit qu’ils la piqueront, puis encore un autre qu’on n’a pas le choix, elle part avec nous… le tout dans un anglais catastrophique évidemment…

Suite au scan de nos affaires, se déroule une scène ubuesque “do you have cellphones ? computers ?” euh… vous ne les avez pas vus aux rayons x ?! On ne montre que notre appareil photo (chaque photo est regardée) et nos téléphones cassés. Gabriel se fait par contre installer le logiciel espion sur son téléphone. On nous demande d’ouvrir des sacoches prises au hasard, Gabriel montre deux fois la même sacoche sans que personne ne s’en rende compte pour éviter d’ouvrir la sacoche où se trouve son couteau (trop gros pour qu’il puisse le cacher dans le cadre du vélo).

Il faut maintenant rejoindre le second poste frontière, à 150km de là (on n’a toujours pas de tampon d’entrée dans notre passeport). Il est interdit de faire du vélo, un officiel nous amène à un camion (vide) qu’il réquisitionne dans lequel on charge nos vélos et où l’on s’apprête à embarquer. On lui demande où sont nos passeports qu’on n’a pas récupérés… il semble perdu. Je retourne avec lui au bâtiment, j’avais vu nos passeports dans les mains d’un gars, il est en fait chauffeur de taxi et a gardé nos passeports. Il refuse de nous les rendre (évidemment il veut qu’on monte dans son taxi pour qu’on le paie), ce qui est évidemment interdit, personne d’autre que nous ou quelqu’un du gouvernement n’a le droit de garder nos passeports. Le gars sympa (de la police quand même !) qui est avec moi insiste, le taxi refuse. On va finalement voir d’autres personnes (évidemment, je n’ai aucune idée de qui est qui) et conclusion : on doit finalement monter dans le taxi, le camion est devenu trop dangereux depuis que le taxi a nos passeports en main… On abandonne donc nos vélos et affaires pour aller dans le taxi. On négocie le prix alors qu’on se fait chasser par les autorités chinoises “everybody waits for you”, ça nous agace légèrement vu qu’on est arrivés ce matin et qu’il est déjà 19h (heure de Pékin)…

Nous voilà donc partis pour 2h de taxi avec une Côtelette terrorisée entre les jambes. On passe deux checkpoints et on arrive enfin au second poste frontière. Il est plus de 21h, c’est tout vide, ils rallument quelques postes pour nous, nos passeports sont (enfin) tamponnés. On a l’espoir que la chienne ne soit pas embêtée mais on est finalement convoqués dans un bureau. On montre le passeport de la chienne, ils sont incapables de le lire, ils me demandent même si c’est un passeport français alors que c’est écrit en cyrillique (cela laisse rêveur sur la connaissance du pays de l’autre côté de la frontière qu’ils surveillent…). Pour faire court, ils ne reconnaissent pas les papiers kirghizes du coup, la quarantaine n’est plus à l’ordre du jour, cette fois ils veulent piquer la chienne… (et comme d’hab, tout ça dure des heures et des heures)

Pour couronner le tout, à 1h du mat, on n’a toujours aucune nouvelles de nos vélos. Heureusement, Claude avait noté la plaque d’immatriculation du camion. On n’en peut plus… on demande un téléphone pour appeler nos ambassades ce qui nous est refusé, on est vraiment sous le choc de voir nos droits bafoués de la sorte…

Ils finissent par accepter de nous aider pour nos bagages en insistant qu’ils le font parce qu’ils sont “sympas”… (alors qu’on n’a eu aucun choix sur où mettre nos bagages et que nous avions de notre côté insisté pour rester avec les vélos !). Gabriel et Claude partent à la recherche du camion perdu, il était en fait bloqué aux douanes des camions qui étaient fermées pour la nuit ! Ils font sauter les scellés et récupèrent nos affaires, ouf ! Tout est re-passé au scanner, cette fois ils sont un peu meilleurs et repèrent le couteau de Gabriel qui doit s’en séparer… Ils nous demandent cette fois si on a de la nourriture ou des cartes. Des cartes ?! On a lu un blog où un cyclo passait la frontière avec une carte où Taïwan était d’une couleur différente de la Chine, sa carte a été… découpée !! Ça date un peu mais on se dit que c’est peut être toujours la même chose s’ils demandent à voir nos cartes ?

La frontière est fermée les 3 jours qui suivent (week-end puis fête nationale le lundi), on négocie donc pour que la chienne soit gardée pendant ces 3 jours, on la ramènera au Kirghizstan dès que la frontière réouvrira. On l’amène donc dans un grand bâtiment, une grande cage est assemblée et mise dehors. On est rassurés, on craignait pire…

On est escortés par la police jusqu’à un des rares hôtels qui acceptent les étrangers (évidemment, hors de question de faire du camping). On rentre dans une cour fermée par barbelés et barrière anti-émeute, on est accueillis par une femme et un homme tous deux munis de casques et gilets pare-balles. Ils veulent re-re-passer toutes nos affaires aux rayons x, il est 3h du mat, on est épuisés, on proteste. Les policiers qui nous accompagnent leur expliquent la situation (nos affaires viennent d’être vérifiées plusieurs fois) et on échappe cette fois au rayons X. Après cette journée éprouvante, on s’affale dans nos lits et on s’endort vite.

De manière générale, on a pris peu de photos, et seulement avec nos téléphones. Elles sont biaisées, vous n’y verrez quasi aucun policier ni voiture de police puisqu’on ne voulait pas qu’ils nous voient en train de prendre des photos, la réalité est donc pire que les images !

Pour rester positifs, on vous propose un petit jeu : repérer sur chaque photo au moins un dispositif relié à la sécurité ! La réponse est sur la photo suivante !

Pour commencer, une photo facile : l’entrée de la cour de notre hôtel :

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Voici une photo avec le personnel de l’hôtel, exceptionnellement le gars à droite n’avait pas son casque. La nuit, la gérante à gauche ne quitte jamais non plus casque et gilet pare-balles…

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Le lendemain, commence le casse-tête de “que fait-on ?”. Dans tous les cas, on ne veut pas laisser la chienne se faire piquer, il faut donc qu’au moins une personne la ramène au Kirghizstan, quitte à l’y abandonner. On élabore mille scénarios, c’est dur pour les nerfs… Pour ma part, j’ai été tellement choquée par notre traitement par les autorités chinoises que je n’ai aucune envie de rester dans le pays. D’un autre côté, on a imaginé ce voyage pour aller jusqu’en Asie du Sud Est. Comme on n’a plus envie de prendre l’avion, on sait qu’on n’aura plus beaucoup d’occasions d’y aller dans nos vies. Y renoncer est difficile…

On va au centre ville pour déjeuner et faire quelques courses. Sur le chemin, on commence à réaliser ce qu’est cette surveillance policière : on compte 100 caméras en 4km (dont 2km de vide) !! Une fois dans le centre ville, on n’arrive plus à les compter tellement il y en a partout.

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Dans le petit resto où l’on s’arrête (et où l’on redécouvre de la bonne nourriture !), des policiers entrent, viennent jusqu’au fond du resto (on se demande s’ils n’ont pas bipé un dispositif à l’intérieur), collent une affiche avec un qr code sur la vitrine.

Des voitures blindées sont dans la ville, il y a des postes de police à chaque coin de rue (littéralement), casques et gilets pare balles sont de rigueur à l’entrée des magasins… On rentre dans un supermarché, on doit scanner notre passeport, une caméra avec reconnaissance faciale nous filme. Deux jours plus tard, on voudra retourner dans ce magasin, on nous demandera de laisser nos passeports à l’entrée, ce qu’on refuse, tant pis pour les courses…

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Une voiture de police nous suit “discrètement”, on s’amuse à faire des virages et entrer sur un parking. Claude leur fait coucou et je me décide finalement à leur demander de l’aide, ils semblent affolés, leur filature a été repérée ! Ils acceptent finalement de nous amener au magasin de vélo que nous cherchions, cette fois, c’est nous qui les suivons !

Tout ce déballage de sécurité est la preuve qu’il y a bien un problème dans cette région : si c’était justifié, jamais les touristes ne seraient autorisés. Il serait dangereux de mettre un pied dehors… ce qui n’est clairement pas le cas ici…

On passe voir (et nourrir la chienne) puis on rentre à l’hôtel (après un passage de nos bagages aux rayons X et nous aux détecteurs de métaux évidemment). Le moral est (très) bas : on ne sait toujours pas quoi faire, la situation de la ville est terrifiante en terme de droits humains…

On pense aussi à tous les témoignages de cyclistes : escorte policière pendant 40km collés au vélo, impossible d’acheter de l’essence, réchaud pris dans le train, interrogatoires, routes fermées au bout de 200km (obligé de faire 1/2 tour)… Clairement, on n’a pas très envie de rester…

A ce moment, je lis cet article que je partage à Claude (de manière générale, il y a plein de liens dans ce post, n’hésitez pas à les ouvrir si ça vous intéresse !). Il détaille tout le programme de destruction de la culture ouïghoure entrepris par la Chine. Un million de personnes sont actuellement en camps de “rééducation”, autrement dit des camps de concentration. La publication d’une annonce de recrutement pour 50 gardes “endurcis” pour travailler dans un crématorium laisse imaginer le pire… On réalise qu’on est dans un état qui mélange la surveillance de l’Allemagne de l’Est (avec les meilleurs outils numériques du 21ème siècle) et la volonté d’extermination d’une culture de l’Allemagne nazie (et peut-être même des gens ?). Si des camps d’extermination voient le jour, on ne pourra pas dire “on ne savait pas”. Aujourd’hui, pense-t-on qu’il était éthique de faire du tourisme en Pologne alors qu’il n’y avait “que” des camps de concentration et pas encore d’extermination ? Non, et clairement, nous ne voulons pas cautionner ce système en donnant notre passeport à chaque contrôle, dépensant de l’argent dans la région…

De manière générale, nous nous posons beaucoup de questions sur le rôle du voyageur, surtout quand dans des pays totalitaires. En Iran, nous nous étions par exemple renseignés pour rencontrer des militantes féministes mais on nous l’avait déconseillé, principalement pour leur sécurité. Pour reprendre l’exemple de l’Iran (qui nous a beaucoup révolté), le pays viole les droits humaines, des femmes vont en prison si elles refusent de porter le voile. Cependant, il y a une “justice” et il existe des lois contre lesquelles il est possible de combattre. Par ailleurs, la parole est libre et nous avons abordé le sujet à de maintes reprises avec des iranien.ne.s. Dans le cas de la Chine, la situation est toute autre : il n’y a pas de lois. On est face à du pur arbitraire avec un objectif de destruction d’une minorité. Par ailleurs, on sait qu’il est quasi impossible d’aborder le sujet avec les habitants : barrière de la langue, mise en danger des personnes, méconnaissance pour les autres… les journalistes ont d’ailleurs beaucoup de mal à traiter le sujet.

Et pour alimenter vos cauchemars sur ce que fait la Chine avec le numérique, voici un article (en anglais) sur le programme en cours d’implémentation dans l’ensemble du pays.

 

C’est donc décidé, on quitte la Chine ! On finit même par imaginer un nouvel itinéraire qui nous enthousiasme. Le moral est reparti, ça fait du bien ! On passe une dernière soirée avec Gabriel à qui l’on souhaite une excellente route pour la suite !

Quitte à retourner au Kirghizstan, on décide aussi de tout faire pour garder notre adorable petite Côtelette. Il nous faut donc lui trouver une remorque pour qu’elle puisse nous suivre! Claude ne recule devant aucun défi et se lance dans la construction d’une ! (on n’a pas assez de temps pour s’en faire livrer)

Avec Johanna, on rend visite la chienne. On l’emmène dans l’herbe au soleil… jusqu’au moment où un gars nous demande de la remettre dans la cage : il y a des caméras partout et si quelqu’un réalise qu’il nous a laissées sortir, il risquerait d’avoir des problèmes… Cette situation nous est arrivée à plusieurs reprises : tout le monde est flippé de ces caméras qui sont omniprésentes et empêche toute prise d’initiative. Pendant un moment, on est dans la cage avec la chienne, on arrive finalement par s’asseoir dans l’herbe avec elle juste à côté de la cage, c’est déjà ça… En fin d’aprem, on voit Claude qui arrive tout sourire : il a passé sa journée à bricoler et à sillonner la ville à la recherche des bons matériaux et… il a quasi fini une remorque ! On est bluffées !!

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Le lendemain, c’est jour de fête pour les chinois. Le ferrailleur/bricoleur de Claude nous offre des gâteaux de la Lune. Il va déjeuner chez sa famille, on se rend en ville avec l’espoir de manger un canard laqué (le repas traditionnel de Claude pour son anniversaire, on espérait le déguster a posteriori !) mais finalement, on n’aura que du poulet rôti… On retourne voir la chienne qui commence à s’impatienter : elle a réussi à s’enfuir de sa cage pendant la nuit (elle fait quand même 2m de haut !) et sa gamelle en alu est complétement défoncée et percée de marques de crocs… Ça nous fait vraiment de la peine, et ce, d’autant plus qu’elle est totalement adorable avec nous… Elle ne grognera même pas quand on la remettra dans sa cage…

Lors de cette visite, on a l’occasion de discuter avec le jeune douanier qui parlait anglais (rare qualité) lors de notre arrivée en Chine. Il est ouïghour, il nous explique qu’il a eu de la chance d’avoir fait des études, contrairement à nombre d’ouïghours. On apprend que dans la région unique, la règle de l’enfant unique avait une dérogation, les familles ont toujours eu le droit d’avoir 2 enfants. Cependant, de nombreuses familles ont illégalement eu plus d’enfants pour avoir au moins un garçon (je vous passe d’autres phrases magiques de sexisme…), on en déduit que les enfants supplémentaires n’ont pas été déclarés et ne sont pas allés à l’école… (si quelqu’un a plus d’infos, on est preneurs).

De manière générale, on essaie de lui expliquer que l’éducation est une meilleure solution que la répression mais il n’est pas convaincu, il nous explique que la Chine est obligée de surveiller de la sorte les citoyens, sinon ils font n’importe quoi (!). Pour lui, la situation n’est que temporaire et le gouvernement va rendre les libertés aux citoyens d’ici quelques années. Il est ainsi d’accord pour ne plus avoir de passeport au nom de la sécurité du pays (les ouïghours n’ont plus de passeports). Il finit quand même par nous avouer que si la situation ne s’arrange pas d’ici 5 ans, il déménagera à l’est de la Chine où il sera (un peu) plus libre… A propos de notre soirée à la frontière pour entrer dans le pays, il nous avoue qu’il n’avait pas pu nous laisser son téléphone pour appeler nos ambassades car il aurait lui même eu des problèmes !! Appeler l’étranger (et a fortiori une ambassade étrangère) est répréhensible, personne ne pouvait donc nous passer un téléphone sans s’exposer personnellement à des problèmes…

On est contents d’avoir eu cette discussion, on aura compris quelques éléments en plus et surtout, on aura constaté à quel point le lavage de cerveau est efficace…

Le soir à l’hôtel, on est rejoints par Roberto, un cycliste espagnol qui va passer avec nous la frontière pour retourner au Kirghizstan (lui vient de l’est de l Chine, son facebook : tras mis pasos). On a hâte de quitter le pays et on imagine qu’il sera plus facile d’en sortir que d’y entrer. Encore une fois, on est bien naïfs ! Voici le déroulé de notre journée :

  • 7h30 : lever et préparation des affaires
  • 9h15 : départ pour récupérer la chienne
  • 9h45 : Côtelette est avec nous, on va au 1er contrôle de police qui ouvre officiellement à 10h
  • 10h30 : ouverture réelle du contrôle de police
  • 11h : arrivée au 1er poste frontière
  • 11h15 : ils réalisent qu’on a un chien, on montre le papier qu’on avait eu 3 jours plus tôt qui nous autorise à sortie avec la chienne, coups de fils
  • 11h45 : la chienne ne semble plus être un problème, ils réalisent maintenant qu’on est à vélo et qu’on ne peut pas pédaler les 150 km jusqu’au 2nd poste frontière, on explique qu’à l’aller, on avait mis nos vélos dans un camion vide à la demande des autorités, ça semble compliqué, les camions dans ce sens seraient plein
  • 12h : espoir de monter dans un car de touristes allemands avec nos affaires. Impossible finalement, les chinois refusent (ne demandez pas pourquoi)
  • 12h30 : des taxis nous demandent une somme déraisonnable pour nous emmener avec nos vélos à la frontière
  • 12h45 : on se met d’accord sur un prix (la même chose qu’on avait payé à l’aller)
  • 13h : nos affaires sont scannées et nos passeports tamponnés, on charge nos vélos dans le taxi, on demande à récupérer nos passeports (suite à la mauvaise expérience de l’aller et… c’est tout de même notre droit !)
  • 13h20 : les chinois ne veulent pas nous rendre nos passeports et insistent pour les donner à ces conducteurs de taxi antipathiques au possible, on cède et on accepte
  • 13h30 : nos passeports nous sont rendus avec un tampon “canceled” sur notre tampon de sortie, ils n’ont pas apprécié qu’on insiste pour garder nos passeports, un officiel nous explique qu’on ne passera pas la frontière avant le lendemain en nous criant dessus “this is China !”, on ne peut pas aller au poste frontière suivant sans ce tampon, on est bloqués là pour au moins les 3h de pause midi…
  • 14h : on appelle nos ambassades respectives, je vous laisse deviner quel pays répond quoi (France, Espagne, Allemagne) :
    • pays 1 : “ce n’est pas le bon numéro, rappelez le consulat au numéro qui finit par 482, au revoir” (puis consulat injoignable)
    • pays 2 : “vous êtes dans une province très reculée, nous ne pouvons rien faire pour vous, voyez avec les autorités locales chinoises et surtout privilégiez la con-ci-lia-tion ! Et n’oubliez pas de leur dire que la Chine est un pays fantastique et que vous avez a-do-ré la culture”
    • pays 3 : appelle la frontière et obtient qu’on puisse quitter l’après-midi avec le prix normal pour le taxi, nous aide tout au long de l’aprem
  • 16h30 : heure théorique de réouverture de la frontière
  • 17h15 : on arrive à comprendre que tant qu’on n’a pas de taxi, on n’aura pas de tampon de sortie
  • 17h30 : le taxi du matin nous revient, il a multiplié son prix par trois
  • 17h45 : on finit par se mettre d’accord sur un prix raisonnable (plus cher que le matin mais on veut absolument quitter le pays)
  • 18h : nos passeports sont tamponnés et… le taxi part avec d’autres clients (preuve qu’ils ne sont pas dignes de confiance…), les chinois sont affolés de ce départ inattendu. C’est positif, ils veulent enfin se débarrasser de nous !
  • 18h30 : on trouve un autre taxi, on charge tout, monte dedans et enfin on part !!
  • 20h30 : arrivée 2nd poste frontière qui a l’air plus ou moins fermé, on passe et on arrive devant les dernières grilles… fermées ! On attend…
  • 20h55 : un militaire vient nous ouvrir les grilles, on passe, ça y est, on a quitté la Chine !!!
  • 21h : passage de la frontière kirghize
  • 21h30 : bivouac à quelques centaines de mètres de la frontière où l’on retrouve d’autres cyclistes qui souhaitent aller en Chine le lendemain matin

Le soulagement est intense, on se sent enfin libres ! On se couche épuisés mais contents : le cauchemar chinois est terminé !!

Ce court séjour en Chine fût de loin l’expérience la plus désagréable, si ce n’est traumatisante, depuis le début de notre voyage. On est conscient que ce n’est qu’un aperçu très réducteur du pays, les cyclos nous ont dit extrêmement de bien d’autres régions, on avait notamment très envie d’aller dans les contreforts du Tibet mais tant pis, on découvrira plein d’autres choses et surtout, on refuse de cautionner un gouvernement qui ne respecte aucune loi, tant internationale avec les touristes, que locale avec ses propres citoyens.

A défaut de mieux, je vous invite à signer cette pétition d’Amnesty contre les camps de rééducation : http://info.amnesty.be/chine-camps-de-reeducation.html

L’aventure continue !

 

PS : si vous avez eu des doutes, pays 1: Espagne, pays 2 : France, pays 3 : Allemagne

Au jour le jour

Marion et Baptiste à la recherche des copains à…

On a eu le bonheur de retrouver Baptiste, Marion et Johanna au Kirghizstan. On leur a proposé d’écrire un mot sur le blog et Marion a accepté de relever le défi. 🙂 Voici son récit, on a juste ajouté des photos, merci à elle !

Nous y voilà ! Il y a près d’un an, quand Claude et Steph nous ont dit qu’ils partaient en vélo sur la route de la soie, on leur a dit qu’on passerait deux semaines en Asie centrale pour les retrouver et faire du vrai cheval avec eux. Évidemment, entre temps les plans ont changé, et les deux semaines sont devenues deux mois !

Baptiste et moi réservons donc des vols Paris-Bishkek et Samarcande-Paris, en nous disant qu’en suivant le chemin inverse de nos cyclistes préférés on finirait bien par les croiser !
Le rendez-vous étant fixé dans le sud du Kirghizistan trois semaines après notre arrivée, on en profite pour parcourir le pays. On commence par une traversée à pied éprouvante mais splendide du Kirghize Range, au sud de Bishkek, pour se rapprocher du lac Song-Köl. C’est un lac à 3000m d’altitude, entouré de steppes et de montagnes. Il y fait très froid quand on y arrive, d’ailleurs les bergers qui passent l’été au bord du lac avec leurs troupeaux sont en train de redescendre. On va voir un autre petit lac dans le coin, le lac de Köl Ukok, beaucoup moins touristique et très joli aussi.

Après ces randos, on est un peu crevés et on profite des World Nomad Games pour se reposer ! Ce sont des sortes de jeux olympiques nomades qui ont lieu tous les deux ans au moins de septembre. C’est l’occasion pour nous de voir jouer au kok boru, sorte de bouzakhi local. Il y a même une équipe française ! Après renseignements, on découvre que l’équipe française est à la base une équipe de horse-ball, mais que comme ils ont importé le horse-ball au Kirghizistan ils ont trouvé que c’était honnête de montrer qu’ils s’intéressaient aussi au kok boru, le sport traditionnel… Et de fait ils s’en sortent pas mal ! La principale difficulté semble être de soulever la carcasse de chèvre du sol (35 kg quand même). À la fin, ils semblent avoir trouvé l’astuce : laisser l’adversaire la ramasser… puis lui piquer quand elle est à hauteur de cheval ! Bref, ils se défendent bien et finissent par perdre avec honneur.

Après cet intermède, on décide de se rapprocher de Sary Mogol, le lieu de rendez-vous. On se dirige vers Osh, la 2eme plus grosse ville du Kirghizistan (2 jours de voiture !), d’où on prévoit de partir pour traverser les montagnes et arriver à Sary Mogol. Le trajet Osh-Sary Mogol est trop long, il faut qu’on arrive à se faire rapprocher en voiture. On comprend que la ville de Papan, sur le chemin, semble être accessible en bus… Après plusieurs allers-retours entre les deux gares routières où tout le monde est formel : les transports pour Papan partent de l’autre gare routière (hum !), on finit par découvrir le stand des taxis partagés, avec, miracle, le taxi pour Papan dans lequel il reste justement la place pour 2 personnes et 20 pastèques !

Nous voilà donc bien partis pour la randonnée ! On va traverser les montagnes et espérer retrouver les copains de l’autre côté !

Depuis Papan, il reste 5 jours de marche. La première journée commence par 20 km de plat et est déjà bien avancée (après des allers-retours entre les gares routières…)… On se fait prendre en stop par la première voiture qui passe, nous voici à l’arrière d’un pick-up rempli de foin avec pour mission de surveiller qu’un bidon d’essence ne se renverse pas dans les virages ! Le pick-up nous dépose exactement à l’endroit d’où on avait envie de partir, et nous voilà enfin en marche pour 4 jours de rando avec le col de Jiptik (ou Jeep-tiques pour les intimes à 4185 m !).
Sur la route du col on croise des militaires fusil en bandoulière par groupes de deux : le premier groupe nous ignore, le 2ème veut faire des selfies avec nous, le 3ème demande nos papiers (on s’en sort en sortant des photocopies de passeport)… Et en haut on tombe sur le chef, sympathique mais toujours fusil en bandoulière, qui nous propose à manger et fait un rapport ! On prend quand même quelques photos du Jiptik pass avant de redescendre pour s’éloigner de tous ces fusils !

On arrive à Sary Mogol le 12 septembre, avec un peu d’avance…mais exactement en même temps que Claude et Steph ! Sans s’être concertés, on atterrit dans deux guesthouses différentes, mais comme on se fait prendre à partie dans la nôtre par un hongrois raciste on est contents d’en changer !

Et … Tadaa ! Nos copains sont bien là, après 6 mois de vélo, entiers et bronzés ! Ils ont l’air un peu fatigués après cette traversée du Pamir, mais on est contents de les voir !
Le lendemain, on emprunte leur tandem pour se rapprocher du pic Lénine… Et on doit faire un pitoyable 5 km/h ! Sur un faux-plat caillouteux et un sacré vent, certes, mais il faut avouer que c’est physique le vélo ! Au retour on est un peu rassurés, en descente on avance bien ! On rentre juste avant la neige !

Il neige toute la nuit et le lendemain on reste bien au chaud dans la guesthouse en attendant Johanna… qui arrive comme prévu le soir même, avec ses sacoches remplies de cadeaux ! En particulier du saucisson et du fromage… C’est bombance !

Le jour suivant, on tente une grosse journée de rando avec Baptiste, mais il s’avère que je suis plus malade que ce que j’avais estimé le matin et que poursuivre ne serait pas raisonnable… On fait donc demi-tour et on passe la journée à faire des petites réparations sur notre matériel.

Le lendemain, on finit par partir pour la randonnée à cheval tant attendue !

Finalement, ça sera trois jours au pied du camp de base du pic Lénine ! La première journée est consacrée au trajet Sary Mogol – Tulpar lake, avec une traversée de la steppe ! L’occasion de retrouver d’anciennes sensations d’équitation pour Steph, Gabriel et moi, et de s’y mettre doucement pour Baptiste, Claude et Johanna ! Bientôt tout le monde trotte gentiment.

L’arrivée au Tulpar lake est magique, il y a de très nombreux lacs, plus ou moins gelés ou transparents ! On dort dans un camp de yourtes au niveau du plus grand des lacs.

Le lendemain, on s’apprête à se mettre en route pour se rapprocher du Traveller’s pass, quand Stéphanie se bloque le dos… On doit donc faire cette journée sans elle, en espérant qu’elle arrivera à récupérer pour profiter de la dernière journée… La montée vers le traveller’s pass est intégralement dans la neige, on est contents d’être à cheval et pas à pied ! On passe à côté du camp de base déserté pour la saison et on est dans une grande vallée toute blanche majestueusement dominée par le pic Lénine ! C’est magnifique. On avance bien, jusqu’à un moment où la pente se raidit et les guides décrètent qu’on n’ira pas plus loin avec les chevaux qui risqueraient de tomber. Ce n’est pas grave, on en a déjà eu plein les yeux !

Au retour vers le camp de base, Johanna réussit à convaincre nos guides de nous emmener voir un troupeau de yacks en train de brouter. Puis c’est le retour au camp, on est bien fatigués ! Baptiste se débrouille comme un chef avec son cheval, on dirait qu’il y prend goût !

Le troisième jour, l’état de Steph ne s’étant pas vraiment amélioré, on rentre par le chemin le plus court, qui met quand même 5h ! On est à nouveau dans des petites collines et dans les steppes, on en profite bien !

On re-dort dans notre guesthouse favorite, et le lendemain, c’est déjà le départ de cyclistes, accompagnés de la chienne Côtelettes qui ne les quitte plus ! Cette chienne suit des cyclistes depuis le pamir sur des centaines de km, et les copains ont fini par s’y attacher et la faire vacciner pour qu’elle puisse passer la frontière chinoise avec eux !

De notre côté, pour ne pas rester sur place, on se met en route vers le Sary Mogol pass (4303 m). On monte en longeant un canyon spectaculaire et on passe la nuit à 3700m, et le lendemain on se réveille sous la neige de la nuit ! Elle fond très rapidement au soleil, on poursuit notre chemin vers le col d’où on aperçoit d’adorables lacs ! C’est aussi le point culminant de notre voyage jusqu’à présent, on est fiers d’y être arrivés à pied ! On redescend vite pour être rentrés pour le dîner. Ça fait bizarre d’être à la guesthouse sans les copains ! On espère que vous faites bonne route !

Au jour le jour

Une journée à vélo dans le Pamir

On nous demande régulièrement à quoi ressemble nos journées à vélo, on vous y a répondu avec une petite vidéo ! Voici donc un résumé de la journée du 8 septembre. Ce jour-là, on a notamment passé le col Ak Baital, le plus haut (4655m) de la Pamir Highway, et on est arrivés au lac Karakul, le plus haut lac navigable au monde (du moins, si les tadjiques ont fini par réussir à voler la médaille au lac Titicaca) ! 😀

Bon visionnage, on espère que ça vous plaira !