Author: <span>Stéphanie Couvreur</span>

Au jour le jour

Foot, voile et dromadaires

Bonjour !

Je vous écris ces lignes depuis un endroit fantastique. Nous sommes au milieu du désert entre Ispahan et Yazd dans un grand caravansérail abandonné. Nous allons y passer la nuit, l’endroit est magique… On ne peut s’arrêter d’imaginer les lieux tels qu’ils étaient il y a quelques centaines d’années, alors qu’ils fourmillaient d’activité et étaient remplis de caravanes… Clairement, la route de la soie, on y est !

Je laisse Claude vous faire visiter les lieux :

Comment en est-on arrivés là ? Retour sur ces 10 derniers jours.

Nous avons quitté Tabriz qui m’avait rappelé les écrits de Nicolas Bouvier (L’Usage du Monde pour ce.lles.eux qui ne l’ont pas lu). Pour rejoindre la capitale et commencer les démarches de visas rapidement, nous avons pris le bus.

Nous avons donc rejoint la gare de bus en vélo (toujours un petit défi de conduire un vélo dans une ville iranienne !). Un gars nous montre un bus qui va à Téhéran, on démonte le vélo sous le regard d’un groupe d’hommes qui commente chaque action que l’on fait. A ce propos, quand on est arrêtés en ville, on a maintenant l’habitude d’avoir des gens autour de nous qui observent le vélo. En général, il y en a un (pas la peine de préciser que ce ne sont que des hommes, non ?) un peu plus malin que les autres qui se met à commenter chaque partie/accessoire du vélo au reste du groupe. Mention spéciale au compteur et à la boussole qui sont toujours très admirés.

Une fois le vélo dans la soute, il nous reste 40mn avant que le bus parte, c’est parfait, cela nous laisse le temps d’aller acheter un dîner. On revient rapidement pour ne pas rater le départ (ce serait dommage que le vélo parte sans nous…). On monte dans le bus qui n’est pas très plein. On apprendra à nos dépends qu’en Iran, la plupart des bus ne partent qu’une fois qu’ils sont pleins, en pratique, on aura attendu plus d’1h30… Le chauffeur a essayé de nous faire des distractions en allumant le moteur après 30mn, se garant un peu plus loin après 45mn, se dirigeant vers la sortie du terminal de bus au bout d’1h… et pendant ce temps, des rabatteurs ramenaient au compte goutte quelques personnes, tandis que les passagers (dont nous) commençaient à s’agacer…

Depuis, on est devenus des pros des bus et on ne monte que dans des bus quasi pleins ! De manière générale, les bus sont assez spacieux, ce qui est agréable au vu des grandes distances à parcourir en Iran. Il est même courant qu’on nous distribue nourriture et boisson. Tout est suremballé par contre, ça fait mal au cœur… (on est très loin du zéro déchet ici :/ )

 

Une fois arrivés à Téhéran, ce.lles.ux qui nous suivent savent déjà qu’on a passé un certain temps à courir entre les ambassades. Je ne reviendrai pas dessus et me contenterai de vous raconter nos visites et surtout quelques impressions générales.

 

A Téhéran, nous avons eu la chance d’être accueillis par Hamid et Faeze, couple de warmshowers. Grâce à eux, nous sommes allés aux endroits populaires fréquentés par les iraniens, quelle belle expérience !

Nous avons ainsi passé une après-midi à Darband, au nord de Téhéran. La ville est collée à la montagne et des restaus se sont installés le long d’une rivière. C’est aussi le départ de chemins de randos (avec des pics à plus de 5000m), on a croisé de nombreux randonneurs locaux (et de ce fait, il est normal de croiser un randonneur dans le métro). Je crois d’ailleurs que Téhéran est la seule capitale où il est possible de rejoindre une station de ski depuis la ville (évidemment pas en cette saison !). L’ambiance était très sympa, c’est un lieu de promenade pour les citadins.

Comme vous pouvez le voir sur les photos, il n’y a pas de table à proprement parler. Nous nous installons sur un tapis et mangeons par terre. C’est la façon traditionnelle de manger et est toujours très pratiqué, encore dans les familles. De grands tapis sont toujours présents dans les maisons, on sort une nappe, la met par terre et on s’installe autour. On s’y fait bien et c’est plutôt pratique si on n’a pas de table assez grande par exemple. Si au retour, on vous invite à la maison et que vous mangez par terre, vous ne serez pas vexés ! 😉

Un homme qui nous avait aidé à traduire le menu m’a indiqué que je pouvais enlever mon voile si je le souhaitais. En effet, en regardant attentivement autour de moi, j’ai vu (avec un plaisir non dissimulé) que plusieurs femmes avaient fait tomber le voile, oubliant les obligations islamiques le temps d’une après-midi.

A ce propos, comme vous pouvez l’imaginer, je n’ai pas beaucoup de plaisir à me plier au dress code islamique imposé.

Mon port du voile est assez laxiste, je laisse souvent les 2 pans pendre de chaque côté de ma tête sans bien cacher mon cou… Je vois bien que cela ne plaît pas toujours et le remet quand je dois parler à des hommes. Quand il faut faire des choses qui impliquent du mouvement (ranger les affaires, monter la tente…), je me cache souvent les cheveux avec un buff (tube de tissu en coton), c’est bien plus pratique que le voile qui, quoi que je fasse, se retrouve au milieu de mon visage (comment ça, le voile gênerait-il les femmes dans certaines activités?!).

Côté habits, j’avais cru trouver le bon plan en trouvant une chemise XXL en Turquie que je ne portais qu’avec ma brassière. Cependant, on m’a fait remarquer que ça n’allait pas, elle est trop transparente et il est possible qu’on voit un bout de ma peau entre les boutons… du coup, je dois porter un t-shirt par dessous. Autant vous dire que je meurs de chaud ! Je la porte maintenant (plus ou moins) ouverte sauf quand je dois aller au bureau de l’immigration iranien où le garde à l’entrée me demande de boutonner tous mes boutons, ce, en s’excusant et en précisant que ce sont « leurs » règles.

Avec toutes ces couches, j’ai l’impression d’avoir chaud mais j’ai bien conscience que ce n’est rien à côté des femmes traditionnelles iraniennes qui accumulent les couches amples jusqu’à porter un chador noir… je ne sais pas comment elles font…

Depuis qu’on a repris le vélo, j’ai adopté une nouvelle technique, je me suis transformée en… garçon !! Des iraniens m’ont conseillé de faire ça, il n’est pas usuel pour une femme d’avoir les cheveux courts et le vélo est surtout réservé aux hommes. Il ne fallait pas me le dire 2 fois, j’ai enlevé mes boucles d’oreilles et ose maintenant être en t-shirt sans voile. Quand on entre dans une ville, je remets ma chemise, mes cheveux restent cachés sous mon casque donc ça passe encore… (et je remets le voile au besoin)

Le gros inconvénient est qu’on a la chanson de Mylène Farmer en tête depuis 3 jours ! 😉

Du côté des iraniennes, le port du voile se décline de toutes les façons : du voile le plus serré sur lequel est ajouté un grand chador noir, jusqu’au voile porté très à l’arrière de la tête sur le chignon. Comme vous pouvez vous en douter, cela varie énormément selon où on est… En ville, il est courant de voir des femmes très apprêtées/maquillées avec un voile qui ne cache pas beaucoup de cheveux alors qu’en campagne, le chador est de rigueur. Ce dernier est un grand voile noir qui se porte par dessus le voile habituel et les habits. Il n’est pas fixé et les femmes sont obligés de le tenir à la main. Ce n’est guère pratique… Quand, au bazar par exemple, elles ont besoin de leurs 2 mains, il est courant de les voir tenir leur chador avec… les dents ! Parler ou utiliser ses mains, il faut choisir…

Dans certains quartiers riches et parcs de Téhéran (dans des lieux publics donc), on a vu des femmes sans voile ! J’en étais ravie !! Bravo à toutes ces femmes qui ont le courage de sortir sans voile ! C’est un acte politique en Iran, certaines sont en prison pour cela. Le mouvement s’amplifie notamment et est relayé sur les réseaux sociaux, j’espère de tout cœur qu’il aboutira à la fin de cette interdiction ! (et évidemment de manière plus générale à plus d’égalité entre les femmes et les hommes…) Petite précision : je ne me positionne pas contre le voile mais bien contre l’obligation de porter le voile. On a bien vu que certaines femmes ne souhaitent pas le porter, elles devraient être libres de leurs choix, de le porter ou non. Je ne suis pas non plus partisane de l’interdiction du voile, comme on a pu en débattre en France. J’estime par exemple qu’il vaut mieux que l’Université soit ouverte aux femmes voilées plutôt que de les exclure.

Je dois reconnaître que je suis par contre intimement convaincue que dans une société réellement égalitaire et où le patriarcat n’existerait pas (ce qui impliquerait aux religions de pas mal évoluer sur leurs interprétations des textes…), je ne crois pas au fait que de nombreuses femmes feraient le choix de porter le voile.

Une autre remarque sur l’apparence des iranien.ne.s, on est impressionnés du succès de la chirurgie esthétique ici ! On ne cesse de croiser des jeunes femmes et jeunes hommes avec le nez couvert d’un pansement ! (et encore, on n’est pas encore assez aguerris pour reconnaître un nez refait) Apparemment, il existe même un tourisme médical dédié !

 

Un soir, nous sommes sortis avec Faeze et Hamid près du « Nature bridge », lieu de sortie nocturne de la capitale. Avant de vous en dire plus, je dois préciser que les iraniens vivent la nuit (quand le thermomètre commence à descendre). Il est tout à fait normal pour une famille avec enfants de dîner vers 23h, avec nos habitudes françaises, ça nous a surpris !

Nous avons donc rejoint un parc rempli de familles en train de pique niquer, fumer la chicha, jouer au badminton… il y avait des enfants partout, ils s’éclataient à jouer dans les fontaines. Il y avait même une scène avec un one man show et des jeunes (hommes) qui dansaient dans les gradins. L’ambiance était très conviviale ! Nous avons été marqués par un grand brassage : toutes les générations étaient présentes (ce n’est pas en France qu’on verrait une mamie manger une pizza à minuit avec sa petite fille dans un parc!) et aussi tous les styles : on a vu une femme en chador jouer au badminton avec son fils, des jeunes femmes en jean, haut près du corps et voile très bas… Ce mélange faisait plaisir à voir !

Nous avons vraiment passé de très bons moments avec Faeze et Hamid. Pour vous dire un peu plus sur eux, Hamid est ingénieur en bâtiment et Faeze étudiante en architecture. Ils se sont rencontrés de manière « traditionnelle », c’est-à-dire par l’intermédiaire de leur famille. Cela semble encore très courant en Iran, tous les Iraniens à qui nous en avons parlé se sont rencontrés de la sorte, il est même courant que les cousin.e.s se marient entre eux ! Tous les deux pratiquants, ils forment un couple moderne et étonnant : Faeze est ceinture noire de karaté et pratique le volley ball à haut niveau ! Pourtant, son mari ne l’a jamais vue jouer puisque les hommes sont interdits de stade quand les femmes jouent (sans voile).

Pour passer du bon temps ensemble, rien ne vaut de partager des repas. On s’est régalés de la cuisine de Faeze, en retour nous avons fait des crêpes et le plat préféré des français… un couscous ! Nous avons appris à jouer (et à perdre) au backgammon, nous avons soutenu l’équipe française pour les 1/4 et 1/2 finales et avons beaucoup ri en voyant la censure iranienne contre les décolletés dans les films étrangers (un haut noir rajouté au crayon, des gros plans étonnants, une plante qui apparaît comme par magie au milieu d’une porte…). Nous avons aussi beaucoup discuté de sujets sociétaux, de politique, d’écologie… Nos avis divergeaient parfois mais c’était toujours très riche !

A propos des sorties, l’alcool étant interdit ici, nous buvons de la « bière islamique » ou encore des « mojitos islamiques » (islamique = sans alcool). De ce fait, il est tout à fait normal de voir un enfant avec un verre de « bière » à la main ! En pratique, nombreux iraniens contournent l’interdiction en faisant leur propre alcool. Nous avons ainsi goûté une « vodka » maison, sauf qu’en discutant avec le gars qui l’avait faite, on a réalisé qu’il avait réinventé la recette du calva ! Un autre iranien nous a expliqué qu’il était plus facile de trouver en Iran une marque spécifique de bière plutôt que d’eau minérale : il suffit de demander à son dealer qui trouve toutes les bières possibles et imaginables !

 

Pour vous partager notre expérience de Téhéran, je suis obligée de vous parler des transports. La ville est gigantesque donc se déplacer à pied est vite limité. Quant à notre vélo, nous ne voulions pas le prendre et devoir le laisser dans la rue.

Pour nous balader, nous prenions le métro. La première fois que je l’ai pris, j’ai eu un petit choc en m’apercevant que j’étais la seule femme de la rame… Les femmes ont en fait des wagons réservés et le reste du métro est « mixte ». En pratique, seules les femmes en couple y vont. Cette pratique m’interroge. Je sais que dans certains pays, des féministes se sont battues pour avoir ce type de wagons pour éviter les agressions sexuelles (petit rappel, en île de France, 100 % des femmes se sont déjà faites agressées dans les transports). Je reste cependant gênée par une telle pratique, je ne suis pas sûre qu’à long terme, cela fasse évoluer les choses dans le bons sens… Ce n’est pas aux femmes de se protéger en s’isolant mais aux hommes de changer leurs comportements ! Et pour un peu de débat, un article sur le sujet.

Ca me rappelle d’ailleurs quand un iranien a commencé à m’expliquer que le voile était fait pour « protéger » les femmes. Les protéger de quoi ? Des pulsions des hommes qui ne savent pas se contrôler ? A quand une action sur eux et non sur les femmes ?! Rahlala, vraiment, ça m’agace ce genre de discours… (comme vous pouvez le voir, les occasions d’agacements ces dernières semaines ne manquent pas 😉 ).

A part le métro, pour traverser la ville rapidement entre les ambassades, nous avons pas mal utilisé Snapp, l’uber local qui nous évitait des altercations avec les taxis. Nous avons en effet eu du mal avec ces derniers : ils ne parlent pas anglais, ne savent pas lire une carte (déjà ça commence mal pour nous qui ne savons ni écrire ni parler le farsi…) et surtout… ils ont la mauvaise tendance de changer leur prix en cours de route. Du coup, on est descendus plusieurs fois de taxis !

En tant que piétons, on a appris à traverser les routes à l’iranienne. Imaginez une 3*2 voie bondée et… lancez-vous avec un petit signe de main à la rigueur ! Oui, oui, c’est comme ça que ça fonctionne et on est restés entier !

Quand nous avons dû traverser la ville à vélo, ce n’était guère mieux… On a par contre bien rigolé avec les comptes à rebours des feux qui restaient parfois bloqués sur un numéro (10, 9, 8, 8, 8, 8, 8, 8, 8, 8, 7, 6…)

 

Côté visites, nous sommes au palais Golestan qui nous a déroutés par son kitch absolu. Les photos parlent d’elles-mêmes.

Nous sommes allés au bazar un vendredi, tout était fermé ! Nous y sommes retournés quelques jours plus tard, il grouillait d’activité, le contraste était saisissant !

Comme nous devions attendre que la Chine s’occupe de nos visas. Nous avons fait un petit séjour à Ispahan où nous avons rencontré Alireza, Fati et Messoume via warmshowers. On a passé d’excellents moments avec eux !

La ville d’Ispahan est juste sublime. Nous avons découvert la place principale en arrivant la nuit. Là encore, elle était remplie d’iraniens qui y pique niquaient et passaient la soirée. C’était ma-gique !

Le lendemain, nous nous sommes baladés et avons visité plusieurs des mosquées, c’était sublime !! (prenez le temps de regarder les photos, ça vaut le coup, on vous le garantit ! 🙂 )

Une fois revenus à Téhéran et les visas finis, nous avons récupéré notre vélo flambant neuf après une révision et nous sommes retournés… à Ispahan ! (les photos ci-dessous avec le vélo sont de ce 2nd passage)

En cherchant un hôtel après être arrivés tard le soir, nous avons été hébergés par Reza et sa famille qui nous voyaient perdus dans les petits rues d’Ispahan. Ils étaient eux aussi adorables !! J’ai joué aux petits chevaux avec leur fille et nous avons appris que la plupart des familles ont aujourd’hui un enfant ou 2 max, alors qu’il y a quelques années, les familles nombreuses étaient de rigueur pour soutenir l’effort de guerre… Reza avait 7 frères et sœurs !

Le lendemain, nous avons acheté quelques souvenirs pour notre famille pour faire un colis en France. L’idée est simple, les drones sont interdits en Ouzbékistan, il faut le renvoyer en France. Quitte à payer un colis, autant y ajouter de l’artisanat iranien (et c’est comme ça qu’on se retrouve à craquer pour un magnifique tapis!). Sauf que finalement, on vient d’apprendre que la poste refuse d’envoyer les drones (serions-nous des espions?!), on a donc payé un colis sans drone et des touristes français rencontrés à Varzaneh (Vincent, Diane, si vous nous lisez, merci encore!!) devrait essayer de nous le ramener en avion. Affaire à suivre donc…

Nous avons quitté Ispahan en fin d’après-midi, nous avons longé le fleuve (à sec) ce qui nous a permis d’admirer les nombreux ponts de la ville et traverser les parcs.

Le soir, nous avons eu la chance d’être accueillis dans une mosquée. On a réussi à éviter de se faire inviter à manger (on ne veut pas trop abuser non plus…) en commençant à cuisiner tôt !

On reprend le rythme de vélo, lever aux aurores pour un départ vers 7h. Nous avons ainsi rejoint la ville de Varzaneh où nous avons dormi dans une guesthouse (nous dormions sur le toit gratuitement, merci warmshowers!). La plupart des touristes étaient français et mine de rien, nous qui ne voyons habituellement aucun touriste, on était contents de pouvoir partager nos expériences de voyages. J’ai eu une bonne migraine le soir (petite insolation probablement) et nous avons repoussé notre départ au surlendemain. On a profité de cette journée de repos pour mettre à jour le blog et se promener dans la ville. Une particularité de Varzaneh est que les femmes portent un chador blanc, et non noir.

Dimanche matin, lever 5h pour affronter 65km de désert sans village jusqu’au fameux caravansérail de Khargusi. On était bien lourds avec toute l’eau qu’on avait prise, on n’était pas sûrs de trouver de la bonne eau sur place. On savait qu’il y avait des sources que l’on pouvait filtrer mais l’eau était très salée donc finalement, on ne s’en est servi que pour cuisiner et ce n’était pas plus mal. On aura quand même bu 16l d’eau à 2 dans la journée !

Cette nuit restera probablement dans le top de nos souvenirs. C’était incroyable de dormir dans cet endroit si chargé en histoire et au milieu d’un paysage désertique comme ça. Sans aucune pollution lumineuse, le ciel étoilé était magnifique.

On apprendra les résultats du match au petit matin, quand a la bonne surprise de retrouver Vincent, Diane et d’autres personnes de la guest house qui sont venus admirés le lever du soleil !

A bientôt !

Stéphanie

Trucs et astuces

C’est quoi ce barda ? L’électronique

Cette sacoche contient ce qu’on a de plus précieux : nos passeports ! On y a aussi mis tout l’électronique, ce qui est le plus attractif en terme de vols (le sac rouge est aussi précieux en terme monétaire mais une tablette est probablement plus enviable à voler qu’un duvet sale ! 😉 ). C’est la sacoche que l’on décroche et que l’on garde avec nous quand on va par exemple manger dans un resto et qu’on laisse le vélo dehors. (les cyclistes traditionnels ont des sacoches de guidons qui jouent ce rôle)

Quand on part un peu plus longtemps, on utilise l’accessoire d’Ortlieb pour transformer la sacoche en sac à dos. C’est hyper pratique. C’est ce sac qu’on utilise aussi quand on part se balader à la journée et que l’on laisse nos affaires à l’hôtel/chez nos hôtes. Cela nous évite d’avoir un petit sac à dos pliable en plus et de transférer les affaires, c’est bien pratique !
Pour alimenter ce blog, on a une tablette/ordi (surface 3 trouvée d’occasion, elle se charge en micro usb aussi ce qui évite de prendre un adaptateur supplémentaire) et un appareil photo. On a aussi on a une liseuse (génial !!) et un téléphone chacun (on s’en sert de gps notamment) qui ne sont pas dans cette sacoche. Pour charger tout ça, on a un chargeur rapide, quelques câbles usb, une batterie externe et un panneau solaire. La plupart du temps, la batterie externe nous suffit, on la recharge quand on dort en hôtel ou chez des hôtes. Le panneau solaire nous a été bien utile quand on est passés dans des coins un peu plus paumés où on faisait exclusivement du bivouac (sans accès à l’électricité donc). Il est hyper efficace et charge quasi aussi rapidement qu’une prise électrique en plein soleil.
En plus, on a aussi un drône (dji mavic air) qui nous permet de faire les vidéos. Pour lui, on a par contre été obligés de prendre un chargeur supplémentaire. On vient de s’en séparer, nos amis douaniers ouzbeks risqueraient de le détruire s’ils le voyaient. Vu qu’il y a des détecteurs au rayons x aux frontières, on ne préfère pas prendre le risque… Si tout se passe bien (on croise les doigts pour que la poste iranienne soit coopérative), on devrait le récupérer en Asie Centrale quand Baptiste et Marion nous rejoindront.

Trucs et astuces

Casse-têtes consulaires

Pour tous les voyageurs à vélo qui vont de l’ouest vers l’est, Téhéran est une pause obligatoire : il faut y préparer tous les visas pour la suite du voyage !

Notre séjour dans la capitale à iranienne a donc ressemblé à ça :

On  passé quelques heures sur la fabuleuse ressource que sont le forum et le site caravanistan pour tout préparer : imprimer les bons documents, faire les demandes dans le bon ordre pour ne pas rester bloqués 3 semaines à Téhéran ou pire, se faire chasser du pays avant que notre visa soit fini.

En pratique, voici un résumé de ce que l’on a fait :

Visa iranien

On vous en avait parlé, on l’avait obtenu à Athènes en Grèce.

Lettre de non objection pour le visa chinois

La Chine demande une lettre de notre ambassade pour pouvoir faire le visa. C’est la 1ère chose qu’on a faite, on est allés à l’ambassade française pour faire la demande (pas possible de faire la demande par mail). Attention, tout objet électronique est interdit dans l’ambassade et il n’y a aucun endroit pour laisser nos affaires. Heureusement, j’ai pu faire la demande pour nous deux et Claude est resté dehors avec nos affaires.

J’ai fait semblant d’avoir un programme très précis pour notre voyage en Chine (on faisait comme si on allait en Chine depuis Téhéran en avion) et n’ai pas pu donner une adresse en Iran. J’ai expliqué qu’on était hébergé par un ami, la fille de l’ambassade m’a demandé “j’espère que ce n’est pas couchsurfing ?!”, j’ai répondu “évidemment” que non, c’est un ami de longue date de Paris (hum hum…). Autre fun fact, elle s’étonnait de voir que nous étions nombreux à vouloir prolonger notre voyage de l’Iran à la Chine. Apparemment, elle n’a pas du tout conscience qu’on fait tous cette demande à Téhéran car c’est le seul moyen d’avoir un visa chinois sur la route… (et que l’on ne fera jamais ce que l’on leur a dit une fois le visa obtenu)

Le lendemain matin, la lettre est prête !

 

Photocopies et passeport

Après la lettre de non objection, nous avons passé un certain temps à trouver un photographe (hop le lien si vous avez besoin) pour faire des photos d’identité (avec et sans voile pour moi) puis faire une centaine d’impressions/photocopies…

 

Visa ouzbek

Arrivés à l’ambassade, il n’y avait pas grand monde, nous avons déposé notre dossier jeudi (photocopies passeport, visa iranien, photos et formulaire). On est revenus mardi, nos visas étaient prêts, ils les ont ajouté dans nos passeports sur place en échange de 110$ pour les 2. Un homme de l’ambassade nous a dit qu’à partir du 15 juillet, il serait possible de faire toutes les démarches en ligne.

 

Visa chinois

Avant de partir, Claude vous avait expliqué qu’on allait galérer à obtenir ce visa. Entre temps, les règles ont changé et l’ambassade chinoise s’est remise à délivrer des passeports avec 3 mois de validité (avant c’était 1 mois de délai pour rentrer sur le territoire chinois, ce qui est trop court pour notre mode de voyage escargot). Bonne nouvelle pour nous, nous avons donc pu faire la demande ! 🙂

Les choses se compliquent quand on voit la liste des justificatifs à apporter : billets d’avion, réservations d’hôtels pour chaque nuit (!!), relevés de comptes bancaires, justificatif d’assurance, itinéraire précis, lettre de l’ambassade… On a donc passé une après-midi à “réserver” billets d’avion et nuits d’hôtels pour un voyage de quasi 3 mois en Chine avec une excursion en Thaïlande entre les 2 (pour avoir un visa plus long avec double entrée). Si certains ont besoin de faire la même chose, voici l’itinéraire que l’on avait concocté (on s’est renseignés pour donner un itinéraire touristique crédible…). Pour les réservations, on a utilisé le site yatra.com qui permet de prendre un billet d’avion sans la payer de suite. S’ils ne reçoivent pas l’argent sous 3 jours, le billet est annulé. Pour les hôtels, on a utilisé booking et on n’a pris que des hôtels où il n’y avait pas besoin de payer de suite et où l’annulation était gratuite (sauf un où je me suis plantée… oups !).

Avec tout ça, on a déposé notre dossier jeudi, ils ont gardé nos passeports, on est allés payer 120$ à la banque en face et le mardi on a récupéré nos passeports avec les précieux sésames dedans ! Résultat : on a 3 mois pour entrer dans le pays et on a un visa de 50 jours avec double entrée (sachant que sur place, il devrait être possible de l’étendre si besoin). Note : on aurait du prévoir un itinéraire un tout petit plus long pour avoir un visa de 60 jours et non 50 (on pensait que c’était 30 ou 60).

 

Extension de visa iranien

Notre visa iranien est de 30 jours, nous aimerions rester quelques jours de plus dans l’idéal. Nous avons donc demandé une extension de visa. En théorie, elle est facile à obtenir quelques jours avant la fin du 1er visa. En pratique, un français avec qui on est en contact sur facebook s’est vu refusé son visa et nous voulions demander cette extension de visa 2 semaines en avance (on en avait besoin pour le visa turkmène…). Du coup, on n’était pas très confiants…

On est donc allés au bureau de l’immigration à Téhéran. Comme on a un visa demandé à l’ambassade et non obtenu à l’aéroport à notre arrivée en Iran, on doit aller non pas dans l’endroit où les touristes font leur extension mais là où les iraniens font leurs demandes.

C’était ubuesque, on a dû faire la queue pour récupérer un formulaire (là on a eu du bol et un mec nous en a apporté un), refaire la queue au même endroit avec les formulaires signés pour avoir le tampon du “big boss”. On est allés payer ce qui nous a permis de récupérer un dossier rose. Puis on est allés au bureau 5, la fille a rangé nos papiers dans le dossier rose et a collé un autocollant sur nos passeports. Elle nous a envoyé à la file 6 (à côté, et évidemment à chaque fois il faut faire la queue en essayant d’éviter que tout le monde nous passe devant), une autre fille nous a collé un autre autocollant sur nos dossiers puis … nous a renvoyé à la file 5 !! Autant vous dire qu’il y aurait quelques améliorations de process à faire ! 😉

Le lendemain matin, on a récupéré nos passeports avec 20 jours d’extension, parfait, ça nous suffisait ! 🙂

 

Visa turkmène

On arrive à la fin de notre périple administratif. Pour l’instant, tout s’est bien passé, on s’apprête à affronter le pire cauchemar de tous les voyageurs le long de la route de la soie : les turkmènes !!

Il est impossible d’obtenir un visa touristique sans prendre un tour et dormir dans des hôtels 4*, nous demandons un visa de transit de 5 jours. Pour l’avoir, il faut donc montrer le visa du pays suivant (Ouzbékistan dans notre cas) et donner les dates de précises de passage à la frontière (avec aucune possibilité de négocier, d’où l’importance d’avoir notre extension de visa avant).

Les taux d’acceptation des dossiers sont très variables et a priori, il n’y a pas de bonne raison d’être accepté/rejeté. Par exemple, des groupes d’amis ont 3 demandes acceptées et 1 refusée… Les voyageurs se refilent les “plans” : il semblerait qu’il soit mieux vu que les hommes soit rasés sur les photos, la lettre de demande devrait être manuscrite (je n’ai tellement plus l’habitude d’écrire à la main que j’en ai eu mal au poignet !  Et finalement… ils ont pris la lettre imprimée ^^)… On a fait les bons élèves et on verra bien ce que ça donne !

On attend maintenant la réponse. Si tout va bien, on récupérera notre visa à Mashad (à l’est du pays). Et si ça ne marche pas, on activera le plan B : aller à Baku, traverser la mer caspienne en Ferry jusqu’au Kazakhstan, ce qui impliquera évidemment d’autres démarches consulaires… chouette ! 😉

On croise donc fort les doigts !!

Mise à jour du 06/08/18 : finalement, on a appelé l’ambassade turkmène 10 jours après avoir déposé notre dossier et on a eu la confirmation que notre visa de transit était accepté ! On l’a récupéré à Masshad en quelques heures (il a tout de même fallu re-remplir le même formulaire qu’au dépôt de la demande). Tout s’est bien passé aux frontières. 🙂

Trucs et astuces

C’est quoi ce barda ? Manger

Pour la suite de cette série “c’est quoi ce barda” (si vous avez raté le 1er épisode, c’est par là), parlons peu, parlons bien, parlons… nourriture !

On a tout regroupé dans 2 sacoches (à l’exception près du réchaud qui se trouve dans la sacoche de bricolage).

Dans la première, on retrouve nos affaires de cuisine : popote et poêle (en inox pour éviter l’alu pas très bon sur la santé), couverts, tasses, évier, poche à eau, éponge et liquide vaisselle, huile d’olive, thé… Quand elle est vide, on utilise la popote comme stockage de féculent.
A ce propos, il nous arrive régulièrement de faire cuire trop de féculents le soir pour se faire une salade le midi suivant. Cette casserole est super pratique, elle se ferme (quasi) hermétiquement, pas besoin de tupperware en plus.

Dans la seconde sacoche, on y met toute la nourriture que l’on consomme. En général, on fait les courses tous les jours pour ne pas trop transporter. On achète beaucoup de frais (la photo n’est pas très parlante, c’était pendant un repos à l’hôtel) donc ça prend de la place ! On a quand même toujours une portion de rab de féculents, ce qui nous permet de quand même manger si on n’a pas trouvé sur la route (et c’est ainsi qu’on se retrouve à dîner un délicieux riz-bouillon cube-oignon). Avant de partir, j’ai préparé plein de petits sachets d’épices qui nous permettent d’agrandir notre palette culinaire.
Claude est devenu un maître du réchaud, on est très contents de ce que l’on mange, c’est bon ! Par contre, la présentation n’est pas toujours au top, ça ressemble souvent à un mélange féculents/légumes grillés quand même. 😉
Une autre particularité de nos repas est que nos portions sont assez grosses… ce qui semble être la règle pour tous les cyclistes. Sonia et Pirmin nous ont raconté qu’une fois, en camping avec des motards, alors qu’ils cuisinaient pour le soir, les motards leur ont demandé s’ils cuisinaient pour 2 jours… Ils n’en sont pas revenus quand ils les ont vus tout engloutir ! 😉
Cette sacoche est la plus vulnérable aux insectes qui ont tendance à vouloir venir dedans… Pour cette raison, on a choisi une sacoche qui se ferme par enroulement. Quand on voit qu’on est en terrain hostile, on fait attention à bien la fermer pour la garder étanche. Cela ne nous a pas empêché à plusieurs reprises de devoir la vider/nettoyer intégralement suite à des attaques de petites fourmis !

 

A très vite pour la suite ! (un post sur nos 1ères semaines en Iran en écriture !)

Au jour le jour

Güle güle Türkiye !

Après un mois et demi à traverser la Turquie d’ouest en est, nous voilà à quelques kilomètres de la frontière iranienne, prêts à quitter le pays. On s’apprête à ne plus rien comprendre à la langue (ni orale et ni même écrite d’ailleurs), réapprendre de nouveaux repères, découvrir une nouvelle culture… que de beaux moments en perspective ! 🙂

Avant ça, je vais vous raconter nos derniers jours en Turquie ainsi que partager avec vous quelques impressions.

A Van, nous passons au pied de l’imposante forteresse qui surplombe le lac.

Quelques kilomètres plus loin, nous retrouvons Ayhan et Gizem, couple de warmshowers fraîchement mariés chez qui on a passé 2 jours. On passe un super moment ! Malgré la barrière de la langue (ils parlent peu anglais, merci google traduction 😉 ), on se sent très vite hyper à l’aise avec eux et leurs amis. C’est chouette de passer de bons moments avec des personnes dont on se sent proches ! 🙂 (message aux amis et à la famille : vous nous manquez !)

 

Le dimanche, on part à vélo avec Ayhan et un de ses amis direction l’île d’Akdamar. On part léger, sans les sacoches. Waouh, le vélo avance tout seul ! A la fin de la journée, on aura réussi à fatiguer Ayhan sur son vélo de course (bon, ok il aura fait 100km et nous 70km), on est fiers de nous ! 😉

Sur le chemin, on s’arrête à un magnifique cimetière seljoukide.

Pendant qu’Ayhan retrouve ses amis, on visite la magnifique église arménienne sur l’île d’Akdamar.

On rejoint ensuite le groupe pour un barbecue suivi d’une séance baignade. Évidemment, je fais partie des motivés pour aller piquer une tête dans le lac. Il est bon de préciser à ce moment du récit que je suis la seule femme du groupe. Ayhan me montre un message via google translate, ça parle de short de bain, pas de soucis lui dis-je en lui montrant mon maillot de bain, “j’ai bien prévu !”. Il insiste, a l’air gêné, je finis par comprendre : je ne peux pas me mettre en maillot de bain, il faut que je porte un short… Il est vraiment désolé, il me prête un de ses shorts de bain (il en a amené plein !).

Là où on est, l’eau n’est pas propre, on prend donc la voiture pour aller quelques centaines de mètres plus loin. La situation se corse, il faut trouver un endroit accessible ET où il n’y a pas trop de monde. Ils ne nous le disent pas mais on comprend clairement que c’est à cause de ma présence : même avec un short, une femme qui se baigne ne va pas de soi (on n’en verra aucune autre). Je propose d’abandonner le bain pour moi mais ils insistent, on finit par trouver une petite crique où je me baigne avec short et t-shirt à l’abri des regards.

Gizem et son amie nous avaient dit qu’elles ne se baignaient pas, on avait compris qu’elles ne savaient probablement pas nager. Je réalise en fait que nager pour une femme ne va clairement pas de soi s’il est si difficile de se baigner… Je suis en colère.

Sur le chemin du retour, on voit un groupe de jeunes (hommes évidemment) en train de se rhabiller en revenant de la plage. L’un d’entre eux ne prend même pas la peine de bien se cacher derrière sa serviette et on le voit cul nu sur le bord de la route. Évidemment, ça ne choque pas, alors qu’une femme en short et t-shirt, c’était déjà trop…

En France, le sexisme m’exaspère chaque jour mais il est souvent plus pernicieux, plus caché… Alors que là, il n’y a aucun complexe : tu es une femme ? évidemment il y a plein de choses que tu ne peux pas faire ! Je hais vraiment ces hommes qui se permettent de priver la moitié de l’humanité de liberté…

Je sais que je ne suis pas au bout de mes peines, demain, j’enfile le voile et une chemise XXL achetée pour l’occasion (mes t-shirts manches longues ne me couvrent pas les fesses) et vais dans un pays où les femmes n’ont pas le droit de faire du vélo (pas d’inquiétude pour moi, en tant que touriste, ça passe) et la liste des interdits est longue…

Sur le sujet des femmes, la Turquie est un pays très contrasté, à un point qui en est très surprenant… Sur la côte, il était normal de croiser des femmes au look totalement occidental. A Diyarbakir, on a vu des femmes aux cheveux courts, une jeune femme assise seule sur un banc dans un parc le soir, deux femmes à la terrasse d’un café où il n’y a habituellement que des hommes… On aura aussi vu des femmes voilées jusqu’au raz des yeux, des jeunes filles déjà voilées…

Sur un sujet proche, on nous demande souvent avec Claude si on est mariés. On répond qu’on l’est sans se lancer dans de longues explications sur ce qu’est un PACS en France. 😉 La question qui suit est “mais il est (ils sont) où le(s) bébé(s) ?” On répond qu’il y en n’a pas. Notre interlocuteur est désolé, triste voire même gêné pour nous. Il nous demande alors “c’était quand le mariage ? – oh, il y a un an – aaah, yeni, yeni” c’est-à-dire, c’est nouveau, l’espoir est sauf, ça devrait bientôt arriver ! Parfois, Claude reçoit un petit signe qui veut dire “allez, au boulot”, charmant… Évidemment, on ne mentionne pas le fait qu’on est et vit ensemble depuis bien plus longtemps !

 

Ces dernières semaines, nous avons donc traversé le Kurdistan, ou, selon le langage officiel, le “Sud-Est de la Turquie”. Reconnaitre le nom Kurdistan reviendrait à reconnaître qu’il existe des kurdes, ce qui est évidemment impensable. Si vous voulez en savoir plus sur la situation, je vous recommande (encore) l’excellente série du magazine les jours. Je vais vous livrer ici quelques observations que nous avons faites en tant que voyageurs à vélo.

Plusieurs fois, des personnes nous ont fait part de l’oppression que fait l’objet des kurdes par le pouvoir actuel : absence de démocratie, présence policière importante à certains endroits, langue kurde interdite à l’école et culture qui se perd… Par exemple, la ville de Diyarbakir a été mise sous tutelle par Ankara alors qu’elle était dirigée par deux maires HDP. Le HDP est le parti de gauche pro-kurde (dont les élus fonctionnent toujours en binômes h/f), aujourd’hui accusé d’être complice du PKK, il est souvent traité de terroriste et la plupart de ses cadres sont en prison. C’est ainsi que le candidat à la présidentielle du HDP a fait campagne… depuis la prison ! Ce genre d’oppression ne se limite pas à la communauté kurde. Nous avons par exemple rencontré des alevis, minorité qui pratique un islam très libéral (femme égale de l’homme, ne prient pas à la mosquée, ne font pas le ramadan…). Ils sont accusés de ne pas pratiquer un islam “pur” et sont eux aussi opprimés. Certains d’entre eux font par exemple semblant de faire le ramadan en public et ne parlent jamais du fait qu’ils sont alevis…

Pendant notre traversée du Kurdistan, nous avons rencontré des personnes clairement politisées à gauche (Che Gevara tagué sur les murs en signe de révolution, concert de klaxons à Diyarbakir quand le camion du HDP passe, signe de paix/révolution fait par les jeunes…) comme des kurdes beaucoup plus conservateurs qui nous disaient fièrement soutenir leur cher président. Une fois de plus, la situation est très contrastée.

 

Dimanche dernier, se déroulaient les élections législatives et présidentielles. Je ne sais pas si c’est à l’approche des élections où parce que l’on était au “sud-est” de la Turquie mais  les partis politiques étaient beaucoup plus présents : banderoles dans les villes, camions des partis qui passent  avec sonos à fond… Clairement, pour imaginer, il faut oublier toutes les règles d’équité entre les candidats qui existent en France. Et ce, à tel point qu’à J-9 des élections, les temps de parole sur les télés d’état se répartissaient de la sorte : #Erdogan et alliance peuple : 67h58′ #Ince et CHP: 6h43′ #Aksener et IYI: 0’12’ #Demirtas et HDP: 0 #nocomment

Avec notre carte sim turque, on a même reçu des textos qui nous encourageaient à voter Erdogan !

Pour faire court, on a été ultra déçus des résultats puisqu’Erdogan a été élu dès le 1er tour (il y a encore pour cette élection des soupçons de fraude). Les points positifs sont que la victoire a été courte malgré une presse complètement acquise au pouvoir actuel, et que le HDP a réussi à franchir la barre des 10% pour les législatives au national (s’ils ne l’avaient pas, ils ne pouvaient pas siéger à l’assemblée, les régions qui avaient voté HDP auraient alors “élu” comme députés le 2nd candidat, c’est-à-dire souvent le candidat AKP).

Ci-dessous, la carte des résultats des élections présidentielles. En orange, les provinces où Erdogan est arrivé en tête, en rouge Ince (CHP, parti de centre gauche) et en violet Demirtas (HDP, parti de gauche pro-kurde). Il est facile de voir les différentes Turquie. Une telle polarité questionne sur la stabilité d’une telle société…

La très mauvaise nouvelle de ces élections est que le régime devrait continuer à se durcir et ce, d’autant plus avec la mise en application du dernier référendum. On finit donc notre séjour turc tristes et solidaires de tou.te.s les ami.e.s turc.que.s rencontré.e.s ces dernières semaines…

 

On reprend la route de Van vers la frontière iranienne. On passe par la route la plus directe, le poste frontière est plus petit mais Ayhan nous assure qu’il n’y a pas de problème. Au contraire, il nous déconseille la route qui passe par le nord en raison des montagnes qui sont dangereuses. Une recherche sur google nous le confirme, il y a eu récemment des affrontements entre le PKK et l’armée. On évitera donc la zone.

On longe un lac, les paysages sont encore grandioses. Il fait chaud malgré l’altitude, ça monte et on a le vent en face. On n’avance pas très vite, on préférait sans les sacoches ! 😉

On s’étonne de ne pas voir tant de militaires que ça à l’approche de la frontière. On en a quand même vus un certain nombre sur les derniers kilomètres (on est à 25km environ de la frontière). On s’arrête à la dernière ville avant la frontière. On préfère éviter le bivouac dans ces zones, on demande s’il y a un endroit où dormir. On nous indique la maison des profs qui doit héberger profs et instits pendant l’année scolaire. C’est parfait, on a une chambre avec dortoirs pour la nuit. En dinant, on réalise que nos voisins ont un pistolet à la ceinture… ce n’est pas la première fois qu’on en voit mais ça fait toujours bizarre et n’est guère rassurant. On va se coucher, une bonne journée nous attend demain !

Trucs et astuces

C’est quoi ce barda ? Le sac rouge

En apparence, on se ressemble : 2 roues, un cadre, un guidon, des pédales… en pratique, le voyageur à vélo est très différent de l’amateur de vélo de route ! Les vélos des voyageurs sont lourds, ultra chargés, avec des roues larges qui permettent de passer dans des chemins… alors qu’un vélo de route est très peu équipé, ultra léger, avec des roues fines et lisses. Les uns pédalent pour se promener/se déplacer, les autres pour le sport. Autant vous dire qu’on ne va pas à la même vitesse ! Du coup, quand un groupe de cyclistes français nous dépasse en montée (ie quand on est quasi à l’arrêt 😉 ), on peut entendre “mais il en a un de ces bardas lui !” puis m’apercevant à l’avant “ah mais ils sont deux !”.

Comme l’article nos objets préférés a eu pas mal de succès, on se lance dans une petite série “c’est quoi ce barda ?” où l’on vous dévoile ce qui se cache à l’intérieur de nos sacoches. Les plus attentifs d’entre vous seront déjà tombés sur la liste que l’on a utilisée pour préparer le voyage mais on s’est dit qu’en images, ce serait plus sympa.

Premier épisode de cette série : le (gros) sac rouge qui se trouve en travers de notre porte bagage.

Pour commencer, il faut déjà vous dire que trouver ce sac s’est révélé proche d’une mission impossible. Nos critères étaient : grand (sur un tandem, on a moins de place que 2 vélos avec sacoches), imperméable et surtout… avec des bretelles ! On envisage de faire des randos à un moment de notre voyage et on voulait un sac que l’on puisse facilement utiliser en rando. Clairement, ce n’est pas LE sac de rando idéal mais il fera l’affaire quand on en aura besoin ! Sur les conseils des tandemistes du forum pinohase.fr, on a repéré ce sac (Trek Hiko 60L) trouvé au rayon kayak du vieux campeur (il était même en promo !).

On en est très contents pour l’instant, il est hyper pratique avec son filet ! Le tissu nous semblait un peu fin mais pour l’instant, il tient très bien. Il y a juste un accroc que l’on a réparé. L’avantage supplémentaire des bretelles est que nous arrivons à le fixer directement sur nos sacoches avec les sangles, même pas besoin de tendeur ! A la dernière pluie, on s’est demandé s’il ne commençait pas par contre à perdre un peu son étanchéité… affaire à suivre !

A l’intérieur de ce gros boudin rouge, se trouve notre chambre (rien que ça !).

En pratique, il y :

  • la tente : on a pris une 3 places et on en est très contents ! Ça permet d’avoir un peu plus de place au quotidien et d’accueillir les amis quand ils viennent nous voir
  • nos duvets : de la marque française triple zéro. Le mien est plus chaud que celui de Claude (800g de duvet versus 600g). Ils représentent un gros investissement mais on ne regrette pas ! Ils nous ont tenu au chaud lors des nuits hivernales en France et ils seront indispensables dans quelques mois ! On craignait mourir de chaud avec quand les températures seraient plus clémentes mais finalement, on les met en couverture et c’est très bien.
  • un drap de soie double : on utilise un drap de soie tous les jours pour éviter de salir nos duvets (bien plus galères à laver !). Comme on peut jumeler nos duvets, on est contents d’avoir un drap de soie double, on peut dormir ensemble et avoir (presque) l’impression d’être dans un vrai lit ! La version initiale était un peu courte, on l’a fait rallonger en ajoutant un drap de soie simple au bout. À défaut d’avoir une machine à coudre sous la main, on a confié les travaux aux mains expertes de la voisine de Myranta à Athènes, merci encore !
  • un drap de soie simple (quand on doit dormir séparément)
  • 2 matelas (thermarest prolite), ultra confortables, il m’arrive régulièrement de dormir avec pour éviter de me casser le dos sur un matelas pourri 😉
  • l’oreiller, la chaise et la bâche que j’ai déjà décrits ici

On attache aussi au sac rouge un petit antivol et les pneus de rechange.

Voilà pour ce 1er post ! Évidemment, si vous avez la moindre question, on sera ravis d’y répondre ! 🙂

A bientôt pour plus de nouvelles ! (on est en Iran et tout se passe super bien !!!)