Sur la Pamir Highway (M41)

Au jour le jour

Sur la Pamir Highway (M41)

A Murgab nous dormons à l’hôtel Pamir. Murgab n’est pas encore raccordée au réseau électrique, donc ils disposent d’un générateur qui fonctionne de 18h30 à 22h. Inutile de préciser qu’il n’y a donc pas de wifi, et que nous devons nous contenter de nos connexions mobiles très lentes, mais suffisantes pour échanger sur Whatsapp !

Il se trouve qu’une nouvelle installation génératrice d’électricité vient d’être achevée (un barrage je crois), cependant elle n’est pas encore en fonction… Il faut d’abord attendre une visite prochaine du président pour procéder à l’inauguration ! Pendant ce temps, les habitants restent dans le noir…

 

Heureusement, les exploitants ont dû se dire que c’était un peu dommage, et le soir même au moment du dîner le propriétaire arrive triomphant dans la salle et nous annonce un moment historique : il vont couper le générateur et se raccorder au réseau !! Cela fonctionne (jusqu’au lendemain midi…), mais contrairement à nos espoirs cela n’élargit pas la plage durant laquelle il est possible de prendre une douche chaude…

Le lendemain nous passons tous une journée de “repos” où chacun est bien occupé… Les vélos ont traversé les pires routes et ont tous besoin d’un profond décrassage !

Au moment de payer pour l’hôtel je vois arriver deux policiers qui viennent discuter avec le propriétaire. Il m’expliquera ensuite qu’ils sont venu pour lui indiquer que toute vente d’alcool est prohibée pour 6 jours. En effet la visite du président aura lieu après cette durée, et il ne faudrait pas que des foules excitées ou imbibées viennent gâcher le moment…

Nous repartons le lendemain, un peu au compte goutte (nous restons avec Gabriel), mais tout le groupe se retrouve facilement le soir, de toute façon il n’y a qu’une route et les lieux de camping ne sont pas très nombreux 🙂

La route en question est excellente, c’est une montée très douce et totalement asphaltée. Elle mène au col le plus haut de notre voyage (?), l’Ak Baïtal qui se faufile à 4655m (et comme souvent, on jurerait que juste là, de l’autre côté, le col il serait pas un peu plus bas ??).

Depuis ce point de vue superbe on peut apercevoir un pic chinois à 7100m, le Muztag Ata. Il est sensé être sur certaines photos puisque je peux vous jurer l’avoir vu de mes yeux (j’ai même dû crapahuter un peu plus haut pour ça), mais ça ne rend rien 🙁

Nous entamons une très jolie descente, mais Vlad et Silvia ne semblent pas nous rattraper :/ On s’arrête pour déjeuner et… toujours rien ??! On finira par repartir sans eux, et on apprendra plus tard qu’ils n’ont pas eu de problème particulier, seulement ils ont pris énormément de photos ^^

L’asphalte ne se prolonge pas jusqu’en haut des cols, on ne sait pas exactement pourquoi, on imagine que la neige est plus agressive pour celui-ci quand les pentes sont plus fortes ? Le fait est qu’on a quand même pas mal de kilomètres de pistes, et même un peu de tôle ondulée 😉

On aimerait bien faire un petit détour pour profiter plus du lac Karakul, donc même lorsque l’asphalte revient, on décide de s’engager sur une piste de nouveau, on aime ça on dirait !!

Cette journée se trouve être celle que nous avons choisit pour vous raconter une journée de vélo avec nous en vidéo, si vous ne l’avez pas déjà vue je la remets ici :

Voici une galerie de photos de la journée :

Après notre nuit en vue du lac, nous repartons sur de la piste pour notre dernière journée avant longtemps de mauvaise route mais belles vues, un classique de la région 😀

Nous rejoignons l’asphalte en début d’après midi, nous rêvons tous d’un bon repas et fantasmons des miracles qui nous attendent dans la ville de Karakol. Nous prenons donc la décision de pousser jusqu’à la ville avant de déjeuner. En particulier, Stéphanie et moi imaginons qu’il sera possible de trouver un restaurant de poisson, avec ce grand lac juste à côté !! La déception est totale. Nous arrivons vers 16h pour découvrir un village presque mort et peu avenant… Nos rêvent de pain chaud s’évaporent et nous nous cuisinons des pâtes bof, l’autre classique de la région, dans un coin à l’abri du vent et… des enfants.

On vous a déjà parlé de nos interactions avec les enfants au Tadjikistan dans les articles précédents, mais nous avons oublié de mentionner ceux qui viennent nous voir pour nous demander soit de l’argent, soit des sucreries. Par principe, nous refusons de donner à des enfants qui mendient, mais cela nous a fait réfléchir à notre position de touristes. En effet on aime bien se croire atypiques et loin des circuits du tourisme de masse, mais puisque seuls les cyclistes traversent ces villages, la masse c’est nous… Cela veut dire que nous sommes les seuls responsables des impacts positifs et négatifs du tourisme, et les enfants qui mendient en font partie…

Nous repartons sur la route pour rencontrer le vent, nous roulons jusqu’à trouver de l’eau et il nous arrive une drôle d’expérience. Nous sommes à la recherche d’eau claire (en gros une rivière sur deux est boueuse, ça dépend de ce qui se trouve sur le chemin en aval du glacier), et nous rencontrons un lit asséché, mais avec le reflet de l’eau bien visible un peu plus haut. Je descends pour aller voir de plus près si l’eau est claire, et il s’avère que la rivière est en train de se remplir ! Ce n’est pas dû à un barrage, mais simplement le soleil fait fondre le glacier en journée, et nous nous trouvons exactement au bon moment au bon endroit en aval ! Notre source d’eau fraiche et claire est donc trouvée pour la nuit et nous plantons la tente.

Le vent est extrêmement fort et cette opération n’est pas des plus simples, surtout dans le sable… On se fait même un petit mur avec des pierres empilées pour se protéger 🙂 La tente bouge dans tous les sens mais elle tient le coup !

Sur l’une des photos ci-dessus vous pouvez voir des femmes en train de laver des tapis dans la rivière. Dans le Pamir c’est une activité relativement courante, en ville c’est plutôt au karcher, mais dans les campagnes il arrive souvent de voir des femmes les laver à la main, ils sèchent ensuite au soleil.

Le lendemain nous reprenons la route pour notre dernier col Tadjik, Kyzyl-Art, qui est aussi la frontière avec le Kyrgyzstan. Cette frontière est un peu étrange, côté Tadjik elle est vraiment très isolée et ne dispose pas, par exemple, d’électricité à part quelques panneaux solaires. Le poste de contrôle de la première barrière tombe en ruine, on relève manuellement toujours les mêmes informations de notre passeport et permis GBAO, toujours lentement. Nous roulons un peu plus pour atteindre le checkpoint militaire cette fois, et rebelote avec le relevé dans un cahier des mêmes informations exactement…

Nous atteignons enfin le col, et même si l’on était prévenus, le passage au Kirghizstan fait un véritable choc ! Côté Tadjik, tout est sec, ici les pentes sont vertes et on descend dans un nuage, quelques flocons sont mêmes visibles… A ce moment là, nous n’avons pas vu de précipitations depuis la Cappadoce, soit depuis plus de 3 mois ! Après quelques lacets, notre route longe une rivière, mais nous n’avons pas encore croisé le poste Kirghize. La rivière continue sa descente, et est rejointe par une autre, mais nous ne sommes toujours pas admis dans le pays. La vallée s’élargit un peu, puis beaucoup, et toujours pas de poste frontière ! En fait on parcourra près de 20km avant de l’atteindre ! Normalement aux frontières on est vite fixé, ici en cas de rejet le retour est un peu dur ! Mais le Kirghizstan est plutôt accueillant (pas besoin de visa pour les européens) et beaucoup plus touristique.

Pour arriver à Sary Tash nous devons traverser une plaine gigantesque encaissée entre deux immenses chaînes de montagnes, celle d’où nous venons et celle au pied de laquelle se trouve la ville. Notre jolie plaine est balayée par un vent d’est assez puissant. Il nous vient de côté au départ, mais petite à petit nous l’aurons de plus en plus en face, et les derniers kilomètres pour arriver à Sary Tash sont difficiles. Nous arrivons à la tombée de la nuit dans une guest house moyenne qu’on nous avait conseillée.

On retrouve le plaisir de disposer d’un wifi de bonne qualité (ce qui permet de repérer quels autres hébergements pourraient nous convenir mieux pour les prochaines jours !). Nous devons en effet attendre quelques jours dans la région pour retrouver Baptiste, Marion et Johanna à Sary Mogol le 14.

Nous changeons donc de guest house, mais cela se révèle bien plus long que ce que nous pensions… Propriétaires en vadrouille, portes fermées, prix qui changent, après plusieurs allers retours nous réussissons à nous installer dans un lieu sympa en début d’après midi (!).

Un des voyageurs présents nous recommande une guest house vraiment sympa à Sary Mogol, et puisque nous devons encore passer quelques nuits, nous décidons de nous y rendre le lendemain car on y sera plus confortables !

Nous prenons donc la route pour une toute petite étape : 35km de descente douce. Mais, ahah !, c’était oublier notre ami le vent ! Et oui, cette fois le vent vient de l’ouest, histoire qu’on l’ait encore dans le visage !! Et il ne rigole pas ce vent, on est réduit à du 6km/h par moment… (on mettra finalement 4h au total)

Au début de notre itinéraire nous croisons un checkpoint militaire où un chien errant sympa nous accompagne. Il est tellement content de voir des vélos que le militaire me demande même “Is it your dog?”. Je lui explique que non, j’ai juste un vélo. Je peux vous dire qu’à ce moment là je n’aurais pas pensé que la réponse serait oui quelques jours plus tard ! Je vous présente Côtelette, et elle a une drôle d’histoire, vous allez voir…

Durant tout notre trajet, cette chienne vélociphile nous suit avec enthousiasme ! Elle est super intelligente, se met toujours du bon côté de la route lorsqu’une voiture arrive de face ou de derrière, et vu notre vitesse elle nous suit sans difficulté… Après quelques kilomètres on essaye de la décourager de nous suivre, car on va loin et que la route ça reste un peu dangereux… Mais il est impossible de s’en débarrasser ! Petit à petit on s’habitue à la voir dans notre rétroviseur, quand elle s’éloigne un peu trop une côte ou une bourrasque lui permet de nous rattraper sans problème. Les kilomètres défilent et on se dit que vraiment, elle marche bien cette chienne. Elle arrive à Sary Mogol en même temps que nous et on commence à se dire que la route des deux Sary est peut être une habitude pour elle.

Mais elle nous suit quand même jusqu’à la guest house. Et quand nos vélos disparaissent dans le garage il s’avère qu’elle a bien compris qui se trouvait dessus et elle s’installe devant notre porte ! Elle n’en bougera plus… Cette chienne est absolument adorable, on finit par lui donner de la nourriture, les autres hôtes pensent que c’est notre chienne, on explique que non…

On retrouve Baptiste et Marion le jour même, il ont un peu d’avance sur le programme eux aussi et c’est un vrai plaisir de passer la soirée avec eux ! Il viendront s’installer dans notre guest house dès le lendemain 🙂

Le temps passe, la neige tombe, la chienne ne bouge pas, elle nous a définitivement adoptés… On décide de réfléchir à la garder (il faut dire qu’elle a complètement fait fondre le cœur de Stéphanie), et on demande à nos amis cyclistes du groupe Whatsapp si certains voyagent avec un chien et s’ils ont des conseils. Il s’en suit une série de messages totalement hallucinants, cette chienne est connue de plein de gens du groupe ! Il s’avère qu’elle suit des cyclistes depuis plusieurs mois, mais attention, pas seulement entre Sary Tash et Sary Mogol, pour elle le Pamir n’a aucun secret ! Certains sont venus de Langar jusqu’au Kirghizstan avec elle ! Elle a suivi un autre groupe sur 400km, et un groupe de trois françaises l’ont gardée un moment, c’est elle qui l’ont appelée Côtelette. Toutes les personnes qui la connaissent nous supplient de bien nous occuper d’elle 🙂 Au poste frontière du col elle est connue, les douaniers la laissent passer et repasser régulièrement !

Son endurance qui nous avait surpris est maintenant plus qu’expliquée, cette chienne est une marathonienne ! On décide de la garder, mais pour les quelques jours à venir, l’arrivée de Johanna et notre balade en cheval je laisse la plume à Marion pour le prochain article !

PS : nous avons passé du temps avec Gabriel sur ce tronçon, voici le chapitre vidéo (en espagnol) correspondant !

7 COMMENTS
  • Sandrine lf
    Reply

    Incroyable l histoire de cette chienne Cotelette. Comment connaissez vous son nom et à quoi ressemble t elle ?

  • Christine
    Reply

    Bon, Côtelette est adoptée par la famille ! 😉 mais pensez aux promenades à faire en vélo … Si vous la ramenez en France

  • Jean
    Reply

    Vous voilà quasi obligés de revenir à vélo !

  • atossadehgan@gmail.com
    Reply

    Grand merci pour ces articles et ces photos magnifiques.
    J’admire votre courage
    Atossa

  • Ruven
    Reply

    Elle est où la photo de Cotelette ?
    Vos rencontres nous intéressent autant que les paysages
    Ouah ouah

  • Brigitte
    Reply

    Merci pour le partage de votre fabuleux voyage , les photos sont toujours magnifiques !
    Et la vidéo d’une journée à vélo est top itou !
    Une p’tite photo de Côtelette , c’est possible ?
    Bonne route et bon vent (???)
    Bisous

  • Brigitte Couvreur
    Reply

    Merci de partager votre voyage avec ces magnifiques photos !
    J’ai beaucoup apprécié la vidéo d’une journée à vélo (ça a l’air sympa la tôle ondulée hi hi !)
    Bonne route et bon vent (???)
    Bisous

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