Category: <span>Au jour le jour</span>

Au jour le jour

Cauchemar chinois

Une fois n’est pas coutume, les derniers jours n’ont pas été très agréables (et c’est peu dire), on est maintenant de retour au Kirghizstan donc pour ce.lles.eux qui s’inquiètent : tout va bien maintenant !

Mercredi dernier, nous avons fait nos adieux à Baptiste et Marion et nous sommes partis de Sary-Mogol avec Gabriel, Johanna et… la fameuse Côtelette qui avait son beau passeport tout neuf, précieux sésame qui devrait lui permettre de nous suivre. Pour être en règle, on avait demandé au véto d’antidater le vaccin contre la rage, on pensait qu’au pire elle ferait une semaine de quarantaine mais on avait même espoir qu’elle y échappe en passant par cette frontière terrestre (naïfs que nous étions !). Dans le pire des cas, on avait un plan B : si elle ne passe pas, on la met dans une voiture qui va dans l’autre sens pour la redéposer à Sary Tash là où l’on a trouvée. Ça nous fendait le cœur mais on se disait qu’on lui aurait au moins offert 10 beaux jours avec nous…

Tout ça, c’était le plan initial… mais les choses ne se sont pas passées comme prévu…

Depuis Sary-Mogol, nous avons pris direction plein est. Nous avons longé la chaîne de montagnes qui marque la frontière tadjique, c’était superbe ! Comme la chienne peine à nous suivre sur du plat sans vent, nous l’avons un peu “aidée” en la prenant à l’avant du tandem dans les descentes. Il n’empêche qu’elle nous impressionne par sa résistance, elle nous suit quoi qu’il arrive !

Le 2ème soir, nous avons dormi à quelques kilomètres de la frontière chinoise avec René et Thorven, 2 cyclistes allemands croisés sur la route. On a retrouvé la pluie qu’on n’avait pas vue depuis quasi 4 mois (à notre arrivée en Cappadoce en Turquie) ! Côtelette a bien compris qu’elle était avec nous, elle s’est mise à aboyer quand un berger s’est approché de notre campement ! Johanna lui a cousu un collier, on lui a fait une laisse avec une longe trouvée par terre, elle est prête ! Le matin, on prépare la traversée de la frontière, en pratique : on vide et cache nos bouteilles d’essence (à notre plus grande frustration d’écolos…), on démonte le vélo pour cacher les couteaux dedans, on se débrouille pour que nos téléphones ne soient pas opérationnels (Johanna démonte le sien et déconnecte la batterie, je fais planter le mien et Claude vide sa batterie)…

Pourquoi tout ça ? Il faut préciser qu’on ne traverse pas n’importe quelle frontière chinoise, on entre dans la province du Xinjiang, région la plus surveillée au monde… Le Xinjiang est historiquement habité par les Ouïghours, ethnie musulmane proche des ouzbèkes (et turcophone). La région est stratégique pour la Chine qui souhaite développer une “nouvelle route de la soie” (mille milliards de dollars d’investissements) qui a pour but de relier la Chine à l’Europe par la voie terrestre (on avait apprécié ce documentaire d’Arte sur le sujet).

La situation de la région est assez tendue : elle s’est faite envahir démographiquement avec l’arrivée de millions de Hans (ethnie majoritaire en Chine), un mouvement de résistance ouïghour s’est développé. Les années 2008-09 ont été marquées par plusieurs attentats meurtriers, la radicalisation islamiste progresse.

Depuis ces attentats, la Chine mène une politique ultra sécuritaire dans la région (la Chine dépense plus pour la sécurité dans cette région que les États-Unis pour l’ensemble du pays !). Des milliards sont notamment investis dans le numérique pour renforcer cette politique : caméras omniprésentes, reconnaissance faciale, utilisation du big data pour détecter les personnes “suspectes d’être dangereuses”, surveillance des téléphones… On était au courant de tout ça, on avait vu cette vidéo qui faisait déjà froid dans le dos. Cependant, le vivre fût encore une expérience différente…

On arrive donc le matin à la frontière tous les 5 (Johanna, Gabriel, nous 2 et Côtelette), on comprend rapidement que ça ne va pas être évident avec la chienne. Après une longue discussion (chacun doit appeler son responsable, qui lui même doit appeler un autre responsable…), on comprend qu’il est probable que la chienne doive rester non pas 7 jours mais… 30 jours en quarantaine. On refuse de lui infliger cela, 1 mois enfermée pour une chienne de rue, elle deviendrait folle… Évidemment, aucune info n’est sûre puisque la personne qui prend la décision est à 150km d’ici, dans le second poste frontière que l’on devra traverser.

A ce moment, nos interlocuteurs vont “téléphoner” et nous disent qu’on peut se reposer un peu. On comprend qu’est venu le temps de la fameuse pause du midi : 3h pendant lesquelles la frontière ferme ! On attend donc dehors et on mange les trois carottes qui nous restaient dans nos sacoches (il n’est pas autorisé de rentrer en Chine avec des produits frais et on pensait naïvement qu’on serait passés avant la pause midi…).

On commence à se dire qu’on va devoir se séparer de la chienne, les larmes commencent à couler… Après 3h d’attente, la frontière réouvre. Un peu plus tard, l’officier des douanes nous confirme qu’il ne peut rien nous confirmer (^^), son responsable est à Ulugqat, il pense que soit la chienne devra rester 30 jours en quarantaine, soit elle ne pourra pas rentrer en Chine, il ne pense pas que les 7 jours seulement de quarantaine seront possibles malgré ses papiers… mais il ne sait pas !

Cela nous semble trop risqué, on décide de la réenvoyer au Kirghizstan. Le sort joue contre nous, aucune voiture ne passe la frontière, seuls des camions passent et ils refusent catégoriquement de prendre la chienne. Nous sommes dans un couloir de grillages et barbelés. On voit une porte, si on la pousse bien, on peut y faire passer la chienne. Elle ne pourra pas revenir dans l’autre sens. De l’autre côté, se trouve la vallée et à 2 kilomètres, la ville de Nura. On fait confiance à Côtelette pour être assez intelligente pour retrouver son chemin. Clairement, depuis ce main, elle voit bien qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, elle est elle aussi toute triste et n’a plus aucune énergie. On la porte jusqu’au grillage et on la pousse de l’autre côté, en pleurs. On se dit qu’elle poursuivra sa vie de chienne errante qui suit des vélos…

On retrouve nos vélos et on commence à scanner nos bagages. A ce moment, on entend Gabriel : “la perra esta aqui”. Et en effet, on voit Côtelette à l’entrée du bâtiment qui, on ne sait comment, à réussir à tromper la vigilance chinoise pour nous retrouver ! Les autorités ne nous laissent pas le choix, la chienne ne peut rester là, on doit l’emmener jusqu’à Ulugqat. Raconté comme ça, cela paraît simple mais il faut imaginer qu’en pratique, pour chaque action, ça ne l’est pas du tout : un premier gars commence à nous dire qu’elle peut rester là, qu’il lui donnera à manger, puis un autre dit quelque chose d’autre, puis un autre dit qu’ils la piqueront, puis encore un autre qu’on n’a pas le choix, elle part avec nous… le tout dans un anglais catastrophique évidemment…

Suite au scan de nos affaires, se déroule une scène ubuesque “do you have cellphones ? computers ?” euh… vous ne les avez pas vus aux rayons x ?! On ne montre que notre appareil photo (chaque photo est regardée) et nos téléphones cassés. Gabriel se fait par contre installer le logiciel espion sur son téléphone. On nous demande d’ouvrir des sacoches prises au hasard, Gabriel montre deux fois la même sacoche sans que personne ne s’en rende compte pour éviter d’ouvrir la sacoche où se trouve son couteau (trop gros pour qu’il puisse le cacher dans le cadre du vélo).

Il faut maintenant rejoindre le second poste frontière, à 150km de là (on n’a toujours pas de tampon d’entrée dans notre passeport). Il est interdit de faire du vélo, un officiel nous amène à un camion (vide) qu’il réquisitionne dans lequel on charge nos vélos et où l’on s’apprête à embarquer. On lui demande où sont nos passeports qu’on n’a pas récupérés… il semble perdu. Je retourne avec lui au bâtiment, j’avais vu nos passeports dans les mains d’un gars, il est en fait chauffeur de taxi et a gardé nos passeports. Il refuse de nous les rendre (évidemment il veut qu’on monte dans son taxi pour qu’on le paie), ce qui est évidemment interdit, personne d’autre que nous ou quelqu’un du gouvernement n’a le droit de garder nos passeports. Le gars sympa (de la police quand même !) qui est avec moi insiste, le taxi refuse. On va finalement voir d’autres personnes (évidemment, je n’ai aucune idée de qui est qui) et conclusion : on doit finalement monter dans le taxi, le camion est devenu trop dangereux depuis que le taxi a nos passeports en main… On abandonne donc nos vélos et affaires pour aller dans le taxi. On négocie le prix alors qu’on se fait chasser par les autorités chinoises “everybody waits for you”, ça nous agace légèrement vu qu’on est arrivés ce matin et qu’il est déjà 19h (heure de Pékin)…

Nous voilà donc partis pour 2h de taxi avec une Côtelette terrorisée entre les jambes. On passe deux checkpoints et on arrive enfin au second poste frontière. Il est plus de 21h, c’est tout vide, ils rallument quelques postes pour nous, nos passeports sont (enfin) tamponnés. On a l’espoir que la chienne ne soit pas embêtée mais on est finalement convoqués dans un bureau. On montre le passeport de la chienne, ils sont incapables de le lire, ils me demandent même si c’est un passeport français alors que c’est écrit en cyrillique (cela laisse rêveur sur la connaissance du pays de l’autre côté de la frontière qu’ils surveillent…). Pour faire court, ils ne reconnaissent pas les papiers kirghizes du coup, la quarantaine n’est plus à l’ordre du jour, cette fois ils veulent piquer la chienne… (et comme d’hab, tout ça dure des heures et des heures)

Pour couronner le tout, à 1h du mat, on n’a toujours aucune nouvelles de nos vélos. Heureusement, Claude avait noté la plaque d’immatriculation du camion. On n’en peut plus… on demande un téléphone pour appeler nos ambassades ce qui nous est refusé, on est vraiment sous le choc de voir nos droits bafoués de la sorte…

Ils finissent par accepter de nous aider pour nos bagages en insistant qu’ils le font parce qu’ils sont “sympas”… (alors qu’on n’a eu aucun choix sur où mettre nos bagages et que nous avions de notre côté insisté pour rester avec les vélos !). Gabriel et Claude partent à la recherche du camion perdu, il était en fait bloqué aux douanes des camions qui étaient fermées pour la nuit ! Ils font sauter les scellés et récupèrent nos affaires, ouf ! Tout est re-passé au scanner, cette fois ils sont un peu meilleurs et repèrent le couteau de Gabriel qui doit s’en séparer… Ils nous demandent cette fois si on a de la nourriture ou des cartes. Des cartes ?! On a lu un blog où un cyclo passait la frontière avec une carte où Taïwan était d’une couleur différente de la Chine, sa carte a été… découpée !! Ça date un peu mais on se dit que c’est peut être toujours la même chose s’ils demandent à voir nos cartes ?

La frontière est fermée les 3 jours qui suivent (week-end puis fête nationale le lundi), on négocie donc pour que la chienne soit gardée pendant ces 3 jours, on la ramènera au Kirghizstan dès que la frontière réouvrira. On l’amène donc dans un grand bâtiment, une grande cage est assemblée et mise dehors. On est rassurés, on craignait pire…

On est escortés par la police jusqu’à un des rares hôtels qui acceptent les étrangers (évidemment, hors de question de faire du camping). On rentre dans une cour fermée par barbelés et barrière anti-émeute, on est accueillis par une femme et un homme tous deux munis de casques et gilets pare-balles. Ils veulent re-re-passer toutes nos affaires aux rayons x, il est 3h du mat, on est épuisés, on proteste. Les policiers qui nous accompagnent leur expliquent la situation (nos affaires viennent d’être vérifiées plusieurs fois) et on échappe cette fois au rayons X. Après cette journée éprouvante, on s’affale dans nos lits et on s’endort vite.

De manière générale, on a pris peu de photos, et seulement avec nos téléphones. Elles sont biaisées, vous n’y verrez quasi aucun policier ni voiture de police puisqu’on ne voulait pas qu’ils nous voient en train de prendre des photos, la réalité est donc pire que les images !

Pour rester positifs, on vous propose un petit jeu : repérer sur chaque photo au moins un dispositif relié à la sécurité ! La réponse est sur la photo suivante !

Pour commencer, une photo facile : l’entrée de la cour de notre hôtel :

Voici une photo avec le personnel de l’hôtel, exceptionnellement le gars à droite n’avait pas son casque. La nuit, la gérante à gauche ne quitte jamais non plus casque et gilet pare-balles…

Le lendemain, commence le casse-tête de “que fait-on ?”. Dans tous les cas, on ne veut pas laisser la chienne se faire piquer, il faut donc qu’au moins une personne la ramène au Kirghizstan, quitte à l’y abandonner. On élabore mille scénarios, c’est dur pour les nerfs… Pour ma part, j’ai été tellement choquée par notre traitement par les autorités chinoises que je n’ai aucune envie de rester dans le pays. D’un autre côté, on a imaginé ce voyage pour aller jusqu’en Asie du Sud Est. Comme on n’a plus envie de prendre l’avion, on sait qu’on n’aura plus beaucoup d’occasions d’y aller dans nos vies. Y renoncer est difficile…

On va au centre ville pour déjeuner et faire quelques courses. Sur le chemin, on commence à réaliser ce qu’est cette surveillance policière : on compte 100 caméras en 4km (dont 2km de vide) !! Une fois dans le centre ville, on n’arrive plus à les compter tellement il y en a partout.

Dans le petit resto où l’on s’arrête (et où l’on redécouvre de la bonne nourriture !), des policiers entrent, viennent jusqu’au fond du resto (on se demande s’ils n’ont pas bipé un dispositif à l’intérieur), collent une affiche avec un qr code sur la vitrine.

Des voitures blindées sont dans la ville, il y a des postes de police à chaque coin de rue (littéralement), casques et gilets pare balles sont de rigueur à l’entrée des magasins… On rentre dans un supermarché, on doit scanner notre passeport, une caméra avec reconnaissance faciale nous filme. Deux jours plus tard, on voudra retourner dans ce magasin, on nous demandera de laisser nos passeports à l’entrée, ce qu’on refuse, tant pis pour les courses…

Une voiture de police nous suit “discrètement”, on s’amuse à faire des virages et entrer sur un parking. Claude leur fait coucou et je me décide finalement à leur demander de l’aide, ils semblent affolés, leur filature a été repérée ! Ils acceptent finalement de nous amener au magasin de vélo que nous cherchions, cette fois, c’est nous qui les suivons !

Tout ce déballage de sécurité est la preuve qu’il y a bien un problème dans cette région : si c’était justifié, jamais les touristes ne seraient autorisés. Il serait dangereux de mettre un pied dehors… ce qui n’est clairement pas le cas ici…

On passe voir (et nourrir la chienne) puis on rentre à l’hôtel (après un passage de nos bagages aux rayons X et nous aux détecteurs de métaux évidemment). Le moral est (très) bas : on ne sait toujours pas quoi faire, la situation de la ville est terrifiante en terme de droits humains…

On pense aussi à tous les témoignages de cyclistes : escorte policière pendant 40km collés au vélo, impossible d’acheter de l’essence, réchaud pris dans le train, interrogatoires, routes fermées au bout de 200km (obligé de faire 1/2 tour)… Clairement, on n’a pas très envie de rester…

A ce moment, je lis cet article que je partage à Claude (de manière générale, il y a plein de liens dans ce post, n’hésitez pas à les ouvrir si ça vous intéresse !). Il détaille tout le programme de destruction de la culture ouïghoure entrepris par la Chine. Un million de personnes sont actuellement en camps de “rééducation”, autrement dit des camps de concentration. La publication d’une annonce de recrutement pour 50 gardes “endurcis” pour travailler dans un crématorium laisse imaginer le pire… On réalise qu’on est dans un état qui mélange la surveillance de l’Allemagne de l’Est (avec les meilleurs outils numériques du 21ème siècle) et la volonté d’extermination d’une culture de l’Allemagne nazie (et peut-être même des gens ?). Si des camps d’extermination voient le jour, on ne pourra pas dire “on ne savait pas”. Aujourd’hui, pense-t-on qu’il était éthique de faire du tourisme en Pologne alors qu’il n’y avait “que” des camps de concentration et pas encore d’extermination ? Non, et clairement, nous ne voulons pas cautionner ce système en donnant notre passeport à chaque contrôle, dépensant de l’argent dans la région…

De manière générale, nous nous posons beaucoup de questions sur le rôle du voyageur, surtout quand dans des pays totalitaires. En Iran, nous nous étions par exemple renseignés pour rencontrer des militantes féministes mais on nous l’avait déconseillé, principalement pour leur sécurité. Pour reprendre l’exemple de l’Iran (qui nous a beaucoup révolté), le pays viole les droits humaines, des femmes vont en prison si elles refusent de porter le voile. Cependant, il y a une “justice” et il existe des lois contre lesquelles il est possible de combattre. Par ailleurs, la parole est libre et nous avons abordé le sujet à de maintes reprises avec des iranien.ne.s. Dans le cas de la Chine, la situation est toute autre : il n’y a pas de lois. On est face à du pur arbitraire avec un objectif de destruction d’une minorité. Par ailleurs, on sait qu’il est quasi impossible d’aborder le sujet avec les habitants : barrière de la langue, mise en danger des personnes, méconnaissance pour les autres… les journalistes ont d’ailleurs beaucoup de mal à traiter le sujet.

Et pour alimenter vos cauchemars sur ce que fait la Chine avec le numérique, voici un article (en anglais) sur le programme en cours d’implémentation dans l’ensemble du pays.

 

C’est donc décidé, on quitte la Chine ! On finit même par imaginer un nouvel itinéraire qui nous enthousiasme. Le moral est reparti, ça fait du bien ! On passe une dernière soirée avec Gabriel à qui l’on souhaite une excellente route pour la suite !

Quitte à retourner au Kirghizstan, on décide aussi de tout faire pour garder notre adorable petite Côtelette. Il nous faut donc lui trouver une remorque pour qu’elle puisse nous suivre! Claude ne recule devant aucun défi et se lance dans la construction d’une ! (on n’a pas assez de temps pour s’en faire livrer)

Avec Johanna, on rend visite la chienne. On l’emmène dans l’herbe au soleil… jusqu’au moment où un gars nous demande de la remettre dans la cage : il y a des caméras partout et si quelqu’un réalise qu’il nous a laissées sortir, il risquerait d’avoir des problèmes… Cette situation nous est arrivée à plusieurs reprises : tout le monde est flippé de ces caméras qui sont omniprésentes et empêche toute prise d’initiative. Pendant un moment, on est dans la cage avec la chienne, on arrive finalement par s’asseoir dans l’herbe avec elle juste à côté de la cage, c’est déjà ça… En fin d’aprem, on voit Claude qui arrive tout sourire : il a passé sa journée à bricoler et à sillonner la ville à la recherche des bons matériaux et… il a quasi fini une remorque ! On est bluffées !!

Le lendemain, c’est jour de fête pour les chinois. Le ferrailleur/bricoleur de Claude nous offre des gâteaux de la Lune. Il va déjeuner chez sa famille, on se rend en ville avec l’espoir de manger un canard laqué (le repas traditionnel de Claude pour son anniversaire, on espérait le déguster a posteriori !) mais finalement, on n’aura que du poulet rôti… On retourne voir la chienne qui commence à s’impatienter : elle a réussi à s’enfuir de sa cage pendant la nuit (elle fait quand même 2m de haut !) et sa gamelle en alu est complétement défoncée et percée de marques de crocs… Ça nous fait vraiment de la peine, et ce, d’autant plus qu’elle est totalement adorable avec nous… Elle ne grognera même pas quand on la remettra dans sa cage…

Lors de cette visite, on a l’occasion de discuter avec le jeune douanier qui parlait anglais (rare qualité) lors de notre arrivée en Chine. Il est ouïghour, il nous explique qu’il a eu de la chance d’avoir fait des études, contrairement à nombre d’ouïghours. On apprend que dans la région unique, la règle de l’enfant unique avait une dérogation, les familles ont toujours eu le droit d’avoir 2 enfants. Cependant, de nombreuses familles ont illégalement eu plus d’enfants pour avoir au moins un garçon (je vous passe d’autres phrases magiques de sexisme…), on en déduit que les enfants supplémentaires n’ont pas été déclarés et ne sont pas allés à l’école… (si quelqu’un a plus d’infos, on est preneurs).

De manière générale, on essaie de lui expliquer que l’éducation est une meilleure solution que la répression mais il n’est pas convaincu, il nous explique que la Chine est obligée de surveiller de la sorte les citoyens, sinon ils font n’importe quoi (!). Pour lui, la situation n’est que temporaire et le gouvernement va rendre les libertés aux citoyens d’ici quelques années. Il est ainsi d’accord pour ne plus avoir de passeport au nom de la sécurité du pays (les ouïghours n’ont plus de passeports). Il finit quand même par nous avouer que si la situation ne s’arrange pas d’ici 5 ans, il déménagera à l’est de la Chine où il sera (un peu) plus libre… A propos de notre soirée à la frontière pour entrer dans le pays, il nous avoue qu’il n’avait pas pu nous laisser son téléphone pour appeler nos ambassades car il aurait lui même eu des problèmes !! Appeler l’étranger (et a fortiori une ambassade étrangère) est répréhensible, personne ne pouvait donc nous passer un téléphone sans s’exposer personnellement à des problèmes…

On est contents d’avoir eu cette discussion, on aura compris quelques éléments en plus et surtout, on aura constaté à quel point le lavage de cerveau est efficace…

Le soir à l’hôtel, on est rejoints par Roberto, un cycliste espagnol qui va passer avec nous la frontière pour retourner au Kirghizstan (lui vient de l’est de l Chine, son facebook : tras mis pasos). On a hâte de quitter le pays et on imagine qu’il sera plus facile d’en sortir que d’y entrer. Encore une fois, on est bien naïfs ! Voici le déroulé de notre journée :

  • 7h30 : lever et préparation des affaires
  • 9h15 : départ pour récupérer la chienne
  • 9h45 : Côtelette est avec nous, on va au 1er contrôle de police qui ouvre officiellement à 10h
  • 10h30 : ouverture réelle du contrôle de police
  • 11h : arrivée au 1er poste frontière
  • 11h15 : ils réalisent qu’on a un chien, on montre le papier qu’on avait eu 3 jours plus tôt qui nous autorise à sortie avec la chienne, coups de fils
  • 11h45 : la chienne ne semble plus être un problème, ils réalisent maintenant qu’on est à vélo et qu’on ne peut pas pédaler les 150 km jusqu’au 2nd poste frontière, on explique qu’à l’aller, on avait mis nos vélos dans un camion vide à la demande des autorités, ça semble compliqué, les camions dans ce sens seraient plein
  • 12h : espoir de monter dans un car de touristes allemands avec nos affaires. Impossible finalement, les chinois refusent (ne demandez pas pourquoi)
  • 12h30 : des taxis nous demandent une somme déraisonnable pour nous emmener avec nos vélos à la frontière
  • 12h45 : on se met d’accord sur un prix (la même chose qu’on avait payé à l’aller)
  • 13h : nos affaires sont scannées et nos passeports tamponnés, on charge nos vélos dans le taxi, on demande à récupérer nos passeports (suite à la mauvaise expérience de l’aller et… c’est tout de même notre droit !)
  • 13h20 : les chinois ne veulent pas nous rendre nos passeports et insistent pour les donner à ces conducteurs de taxi antipathiques au possible, on cède et on accepte
  • 13h30 : nos passeports nous sont rendus avec un tampon “canceled” sur notre tampon de sortie, ils n’ont pas apprécié qu’on insiste pour garder nos passeports, un officiel nous explique qu’on ne passera pas la frontière avant le lendemain en nous criant dessus “this is China !”, on ne peut pas aller au poste frontière suivant sans ce tampon, on est bloqués là pour au moins les 3h de pause midi…
  • 14h : on appelle nos ambassades respectives, je vous laisse deviner quel pays répond quoi (France, Espagne, Allemagne) :
    • pays 1 : “ce n’est pas le bon numéro, rappelez le consulat au numéro qui finit par 482, au revoir” (puis consulat injoignable)
    • pays 2 : “vous êtes dans une province très reculée, nous ne pouvons rien faire pour vous, voyez avec les autorités locales chinoises et surtout privilégiez la con-ci-lia-tion ! Et n’oubliez pas de leur dire que la Chine est un pays fantastique et que vous avez a-do-ré la culture”
    • pays 3 : appelle la frontière et obtient qu’on puisse quitter l’après-midi avec le prix normal pour le taxi, nous aide tout au long de l’aprem
  • 16h30 : heure théorique de réouverture de la frontière
  • 17h15 : on arrive à comprendre que tant qu’on n’a pas de taxi, on n’aura pas de tampon de sortie
  • 17h30 : le taxi du matin nous revient, il a multiplié son prix par trois
  • 17h45 : on finit par se mettre d’accord sur un prix raisonnable (plus cher que le matin mais on veut absolument quitter le pays)
  • 18h : nos passeports sont tamponnés et… le taxi part avec d’autres clients (preuve qu’ils ne sont pas dignes de confiance…), les chinois sont affolés de ce départ inattendu. C’est positif, ils veulent enfin se débarrasser de nous !
  • 18h30 : on trouve un autre taxi, on charge tout, monte dedans et enfin on part !!
  • 20h30 : arrivée 2nd poste frontière qui a l’air plus ou moins fermé, on passe et on arrive devant les dernières grilles… fermées ! On attend…
  • 20h55 : un militaire vient nous ouvrir les grilles, on passe, ça y est, on a quitté la Chine !!!
  • 21h : passage de la frontière kirghize
  • 21h30 : bivouac à quelques centaines de mètres de la frontière où l’on retrouve d’autres cyclistes qui souhaitent aller en Chine le lendemain matin

Le soulagement est intense, on se sent enfin libres ! On se couche épuisés mais contents : le cauchemar chinois est terminé !!

Ce court séjour en Chine fût de loin l’expérience la plus désagréable, si ce n’est traumatisante, depuis le début de notre voyage. On est conscient que ce n’est qu’un aperçu très réducteur du pays, les cyclos nous ont dit extrêmement de bien d’autres régions, on avait notamment très envie d’aller dans les contreforts du Tibet mais tant pis, on découvrira plein d’autres choses et surtout, on refuse de cautionner un gouvernement qui ne respecte aucune loi, tant internationale avec les touristes, que locale avec ses propres citoyens.

A défaut de mieux, je vous invite à signer cette pétition d’Amnesty contre les camps de rééducation : http://info.amnesty.be/chine-camps-de-reeducation.html

L’aventure continue !

 

PS : si vous avez eu des doutes, pays 1: Espagne, pays 2 : France, pays 3 : Allemagne

Au jour le jour

Marion et Baptiste à la recherche des copains à…

On a eu le bonheur de retrouver Baptiste, Marion et Johanna au Kirghizstan. On leur a proposé d’écrire un mot sur le blog et Marion a accepté de relever le défi. 🙂 Voici son récit, on a juste ajouté des photos, merci à elle !

Nous y voilà ! Il y a près d’un an, quand Claude et Steph nous ont dit qu’ils partaient en vélo sur la route de la soie, on leur a dit qu’on passerait deux semaines en Asie centrale pour les retrouver et faire du vrai cheval avec eux. Évidemment, entre temps les plans ont changé, et les deux semaines sont devenues deux mois !

Baptiste et moi réservons donc des vols Paris-Bishkek et Samarcande-Paris, en nous disant qu’en suivant le chemin inverse de nos cyclistes préférés on finirait bien par les croiser !
Le rendez-vous étant fixé dans le sud du Kirghizistan trois semaines après notre arrivée, on en profite pour parcourir le pays. On commence par une traversée à pied éprouvante mais splendide du Kirghize Range, au sud de Bishkek, pour se rapprocher du lac Song-Köl. C’est un lac à 3000m d’altitude, entouré de steppes et de montagnes. Il y fait très froid quand on y arrive, d’ailleurs les bergers qui passent l’été au bord du lac avec leurs troupeaux sont en train de redescendre. On va voir un autre petit lac dans le coin, le lac de Köl Ukok, beaucoup moins touristique et très joli aussi.

Après ces randos, on est un peu crevés et on profite des World Nomad Games pour se reposer ! Ce sont des sortes de jeux olympiques nomades qui ont lieu tous les deux ans au moins de septembre. C’est l’occasion pour nous de voir jouer au kok boru, sorte de bouzakhi local. Il y a même une équipe française ! Après renseignements, on découvre que l’équipe française est à la base une équipe de horse-ball, mais que comme ils ont importé le horse-ball au Kirghizistan ils ont trouvé que c’était honnête de montrer qu’ils s’intéressaient aussi au kok boru, le sport traditionnel… Et de fait ils s’en sortent pas mal ! La principale difficulté semble être de soulever la carcasse de chèvre du sol (35 kg quand même). À la fin, ils semblent avoir trouvé l’astuce : laisser l’adversaire la ramasser… puis lui piquer quand elle est à hauteur de cheval ! Bref, ils se défendent bien et finissent par perdre avec honneur.

Après cet intermède, on décide de se rapprocher de Sary Mogol, le lieu de rendez-vous. On se dirige vers Osh, la 2eme plus grosse ville du Kirghizistan (2 jours de voiture !), d’où on prévoit de partir pour traverser les montagnes et arriver à Sary Mogol. Le trajet Osh-Sary Mogol est trop long, il faut qu’on arrive à se faire rapprocher en voiture. On comprend que la ville de Papan, sur le chemin, semble être accessible en bus… Après plusieurs allers-retours entre les deux gares routières où tout le monde est formel : les transports pour Papan partent de l’autre gare routière (hum !), on finit par découvrir le stand des taxis partagés, avec, miracle, le taxi pour Papan dans lequel il reste justement la place pour 2 personnes et 20 pastèques !

Nous voilà donc bien partis pour la randonnée ! On va traverser les montagnes et espérer retrouver les copains de l’autre côté !

Depuis Papan, il reste 5 jours de marche. La première journée commence par 20 km de plat et est déjà bien avancée (après des allers-retours entre les gares routières…)… On se fait prendre en stop par la première voiture qui passe, nous voici à l’arrière d’un pick-up rempli de foin avec pour mission de surveiller qu’un bidon d’essence ne se renverse pas dans les virages ! Le pick-up nous dépose exactement à l’endroit d’où on avait envie de partir, et nous voilà enfin en marche pour 4 jours de rando avec le col de Jiptik (ou Jeep-tiques pour les intimes à 4185 m !).
Sur la route du col on croise des militaires fusil en bandoulière par groupes de deux : le premier groupe nous ignore, le 2ème veut faire des selfies avec nous, le 3ème demande nos papiers (on s’en sort en sortant des photocopies de passeport)… Et en haut on tombe sur le chef, sympathique mais toujours fusil en bandoulière, qui nous propose à manger et fait un rapport ! On prend quand même quelques photos du Jiptik pass avant de redescendre pour s’éloigner de tous ces fusils !

On arrive à Sary Mogol le 12 septembre, avec un peu d’avance…mais exactement en même temps que Claude et Steph ! Sans s’être concertés, on atterrit dans deux guesthouses différentes, mais comme on se fait prendre à partie dans la nôtre par un hongrois raciste on est contents d’en changer !

Et … Tadaa ! Nos copains sont bien là, après 6 mois de vélo, entiers et bronzés ! Ils ont l’air un peu fatigués après cette traversée du Pamir, mais on est contents de les voir !
Le lendemain, on emprunte leur tandem pour se rapprocher du pic Lénine… Et on doit faire un pitoyable 5 km/h ! Sur un faux-plat caillouteux et un sacré vent, certes, mais il faut avouer que c’est physique le vélo ! Au retour on est un peu rassurés, en descente on avance bien ! On rentre juste avant la neige !

Il neige toute la nuit et le lendemain on reste bien au chaud dans la guesthouse en attendant Johanna… qui arrive comme prévu le soir même, avec ses sacoches remplies de cadeaux ! En particulier du saucisson et du fromage… C’est bombance !

Le jour suivant, on tente une grosse journée de rando avec Baptiste, mais il s’avère que je suis plus malade que ce que j’avais estimé le matin et que poursuivre ne serait pas raisonnable… On fait donc demi-tour et on passe la journée à faire des petites réparations sur notre matériel.

Le lendemain, on finit par partir pour la randonnée à cheval tant attendue !

Finalement, ça sera trois jours au pied du camp de base du pic Lénine ! La première journée est consacrée au trajet Sary Mogol – Tulpar lake, avec une traversée de la steppe ! L’occasion de retrouver d’anciennes sensations d’équitation pour Steph, Gabriel et moi, et de s’y mettre doucement pour Baptiste, Claude et Johanna ! Bientôt tout le monde trotte gentiment.

L’arrivée au Tulpar lake est magique, il y a de très nombreux lacs, plus ou moins gelés ou transparents ! On dort dans un camp de yourtes au niveau du plus grand des lacs.

Le lendemain, on s’apprête à se mettre en route pour se rapprocher du Traveller’s pass, quand Stéphanie se bloque le dos… On doit donc faire cette journée sans elle, en espérant qu’elle arrivera à récupérer pour profiter de la dernière journée… La montée vers le traveller’s pass est intégralement dans la neige, on est contents d’être à cheval et pas à pied ! On passe à côté du camp de base déserté pour la saison et on est dans une grande vallée toute blanche majestueusement dominée par le pic Lénine ! C’est magnifique. On avance bien, jusqu’à un moment où la pente se raidit et les guides décrètent qu’on n’ira pas plus loin avec les chevaux qui risqueraient de tomber. Ce n’est pas grave, on en a déjà eu plein les yeux !

Au retour vers le camp de base, Johanna réussit à convaincre nos guides de nous emmener voir un troupeau de yacks en train de brouter. Puis c’est le retour au camp, on est bien fatigués ! Baptiste se débrouille comme un chef avec son cheval, on dirait qu’il y prend goût !

Le troisième jour, l’état de Steph ne s’étant pas vraiment amélioré, on rentre par le chemin le plus court, qui met quand même 5h ! On est à nouveau dans des petites collines et dans les steppes, on en profite bien !

On re-dort dans notre guesthouse favorite, et le lendemain, c’est déjà le départ de cyclistes, accompagnés de la chienne Côtelettes qui ne les quitte plus ! Cette chienne suit des cyclistes depuis le pamir sur des centaines de km, et les copains ont fini par s’y attacher et la faire vacciner pour qu’elle puisse passer la frontière chinoise avec eux !

De notre côté, pour ne pas rester sur place, on se met en route vers le Sary Mogol pass (4303 m). On monte en longeant un canyon spectaculaire et on passe la nuit à 3700m, et le lendemain on se réveille sous la neige de la nuit ! Elle fond très rapidement au soleil, on poursuit notre chemin vers le col d’où on aperçoit d’adorables lacs ! C’est aussi le point culminant de notre voyage jusqu’à présent, on est fiers d’y être arrivés à pied ! On redescend vite pour être rentrés pour le dîner. Ça fait bizarre d’être à la guesthouse sans les copains ! On espère que vous faites bonne route !

Au jour le jour

Sur la Pamir Highway (M41)

A Murgab nous dormons à l’hôtel Pamir. Murgab n’est pas encore raccordée au réseau électrique, donc ils disposent d’un générateur qui fonctionne de 18h30 à 22h. Inutile de préciser qu’il n’y a donc pas de wifi, et que nous devons nous contenter de nos connexions mobiles très lentes, mais suffisantes pour échanger sur Whatsapp !

Il se trouve qu’une nouvelle installation génératrice d’électricité vient d’être achevée (un barrage je crois), cependant elle n’est pas encore en fonction… Il faut d’abord attendre une visite prochaine du président pour procéder à l’inauguration ! Pendant ce temps, les habitants restent dans le noir…

 

Heureusement, les exploitants ont dû se dire que c’était un peu dommage, et le soir même au moment du dîner le propriétaire arrive triomphant dans la salle et nous annonce un moment historique : il vont couper le générateur et se raccorder au réseau !! Cela fonctionne (jusqu’au lendemain midi…), mais contrairement à nos espoirs cela n’élargit pas la plage durant laquelle il est possible de prendre une douche chaude…

Le lendemain nous passons tous une journée de “repos” où chacun est bien occupé… Les vélos ont traversé les pires routes et ont tous besoin d’un profond décrassage !

Au moment de payer pour l’hôtel je vois arriver deux policiers qui viennent discuter avec le propriétaire. Il m’expliquera ensuite qu’ils sont venu pour lui indiquer que toute vente d’alcool est prohibée pour 6 jours. En effet la visite du président aura lieu après cette durée, et il ne faudrait pas que des foules excitées ou imbibées viennent gâcher le moment…

Nous repartons le lendemain, un peu au compte goutte (nous restons avec Gabriel), mais tout le groupe se retrouve facilement le soir, de toute façon il n’y a qu’une route et les lieux de camping ne sont pas très nombreux 🙂

La route en question est excellente, c’est une montée très douce et totalement asphaltée. Elle mène au col le plus haut de notre voyage (?), l’Ak Baïtal qui se faufile à 4655m (et comme souvent, on jurerait que juste là, de l’autre côté, le col il serait pas un peu plus bas ??).

Depuis ce point de vue superbe on peut apercevoir un pic chinois à 7100m, le Muztag Ata. Il est sensé être sur certaines photos puisque je peux vous jurer l’avoir vu de mes yeux (j’ai même dû crapahuter un peu plus haut pour ça), mais ça ne rend rien 🙁

Nous entamons une très jolie descente, mais Vlad et Silvia ne semblent pas nous rattraper :/ On s’arrête pour déjeuner et… toujours rien ??! On finira par repartir sans eux, et on apprendra plus tard qu’ils n’ont pas eu de problème particulier, seulement ils ont pris énormément de photos ^^

L’asphalte ne se prolonge pas jusqu’en haut des cols, on ne sait pas exactement pourquoi, on imagine que la neige est plus agressive pour celui-ci quand les pentes sont plus fortes ? Le fait est qu’on a quand même pas mal de kilomètres de pistes, et même un peu de tôle ondulée 😉

On aimerait bien faire un petit détour pour profiter plus du lac Karakul, donc même lorsque l’asphalte revient, on décide de s’engager sur une piste de nouveau, on aime ça on dirait !!

Cette journée se trouve être celle que nous avons choisit pour vous raconter une journée de vélo avec nous en vidéo, si vous ne l’avez pas déjà vue je la remets ici :

Voici une galerie de photos de la journée :

Après notre nuit en vue du lac, nous repartons sur de la piste pour notre dernière journée avant longtemps de mauvaise route mais belles vues, un classique de la région 😀

Nous rejoignons l’asphalte en début d’après midi, nous rêvons tous d’un bon repas et fantasmons des miracles qui nous attendent dans la ville de Karakol. Nous prenons donc la décision de pousser jusqu’à la ville avant de déjeuner. En particulier, Stéphanie et moi imaginons qu’il sera possible de trouver un restaurant de poisson, avec ce grand lac juste à côté !! La déception est totale. Nous arrivons vers 16h pour découvrir un village presque mort et peu avenant… Nos rêvent de pain chaud s’évaporent et nous nous cuisinons des pâtes bof, l’autre classique de la région, dans un coin à l’abri du vent et… des enfants.

On vous a déjà parlé de nos interactions avec les enfants au Tadjikistan dans les articles précédents, mais nous avons oublié de mentionner ceux qui viennent nous voir pour nous demander soit de l’argent, soit des sucreries. Par principe, nous refusons de donner à des enfants qui mendient, mais cela nous a fait réfléchir à notre position de touristes. En effet on aime bien se croire atypiques et loin des circuits du tourisme de masse, mais puisque seuls les cyclistes traversent ces villages, la masse c’est nous… Cela veut dire que nous sommes les seuls responsables des impacts positifs et négatifs du tourisme, et les enfants qui mendient en font partie…

Nous repartons sur la route pour rencontrer le vent, nous roulons jusqu’à trouver de l’eau et il nous arrive une drôle d’expérience. Nous sommes à la recherche d’eau claire (en gros une rivière sur deux est boueuse, ça dépend de ce qui se trouve sur le chemin en aval du glacier), et nous rencontrons un lit asséché, mais avec le reflet de l’eau bien visible un peu plus haut. Je descends pour aller voir de plus près si l’eau est claire, et il s’avère que la rivière est en train de se remplir ! Ce n’est pas dû à un barrage, mais simplement le soleil fait fondre le glacier en journée, et nous nous trouvons exactement au bon moment au bon endroit en aval ! Notre source d’eau fraiche et claire est donc trouvée pour la nuit et nous plantons la tente.

Le vent est extrêmement fort et cette opération n’est pas des plus simples, surtout dans le sable… On se fait même un petit mur avec des pierres empilées pour se protéger 🙂 La tente bouge dans tous les sens mais elle tient le coup !

Sur l’une des photos ci-dessus vous pouvez voir des femmes en train de laver des tapis dans la rivière. Dans le Pamir c’est une activité relativement courante, en ville c’est plutôt au karcher, mais dans les campagnes il arrive souvent de voir des femmes les laver à la main, ils sèchent ensuite au soleil.

Le lendemain nous reprenons la route pour notre dernier col Tadjik, Kyzyl-Art, qui est aussi la frontière avec le Kyrgyzstan. Cette frontière est un peu étrange, côté Tadjik elle est vraiment très isolée et ne dispose pas, par exemple, d’électricité à part quelques panneaux solaires. Le poste de contrôle de la première barrière tombe en ruine, on relève manuellement toujours les mêmes informations de notre passeport et permis GBAO, toujours lentement. Nous roulons un peu plus pour atteindre le checkpoint militaire cette fois, et rebelote avec le relevé dans un cahier des mêmes informations exactement…

Nous atteignons enfin le col, et même si l’on était prévenus, le passage au Kirghizstan fait un véritable choc ! Côté Tadjik, tout est sec, ici les pentes sont vertes et on descend dans un nuage, quelques flocons sont mêmes visibles… A ce moment là, nous n’avons pas vu de précipitations depuis la Cappadoce, soit depuis plus de 3 mois ! Après quelques lacets, notre route longe une rivière, mais nous n’avons pas encore croisé le poste Kirghize. La rivière continue sa descente, et est rejointe par une autre, mais nous ne sommes toujours pas admis dans le pays. La vallée s’élargit un peu, puis beaucoup, et toujours pas de poste frontière ! En fait on parcourra près de 20km avant de l’atteindre ! Normalement aux frontières on est vite fixé, ici en cas de rejet le retour est un peu dur ! Mais le Kirghizstan est plutôt accueillant (pas besoin de visa pour les européens) et beaucoup plus touristique.

Pour arriver à Sary Tash nous devons traverser une plaine gigantesque encaissée entre deux immenses chaînes de montagnes, celle d’où nous venons et celle au pied de laquelle se trouve la ville. Notre jolie plaine est balayée par un vent d’est assez puissant. Il nous vient de côté au départ, mais petite à petit nous l’aurons de plus en plus en face, et les derniers kilomètres pour arriver à Sary Tash sont difficiles. Nous arrivons à la tombée de la nuit dans une guest house moyenne qu’on nous avait conseillée.

On retrouve le plaisir de disposer d’un wifi de bonne qualité (ce qui permet de repérer quels autres hébergements pourraient nous convenir mieux pour les prochaines jours !). Nous devons en effet attendre quelques jours dans la région pour retrouver Baptiste, Marion et Johanna à Sary Mogol le 14.

Nous changeons donc de guest house, mais cela se révèle bien plus long que ce que nous pensions… Propriétaires en vadrouille, portes fermées, prix qui changent, après plusieurs allers retours nous réussissons à nous installer dans un lieu sympa en début d’après midi (!).

Un des voyageurs présents nous recommande une guest house vraiment sympa à Sary Mogol, et puisque nous devons encore passer quelques nuits, nous décidons de nous y rendre le lendemain car on y sera plus confortables !

Nous prenons donc la route pour une toute petite étape : 35km de descente douce. Mais, ahah !, c’était oublier notre ami le vent ! Et oui, cette fois le vent vient de l’ouest, histoire qu’on l’ait encore dans le visage !! Et il ne rigole pas ce vent, on est réduit à du 6km/h par moment… (on mettra finalement 4h au total)

Au début de notre itinéraire nous croisons un checkpoint militaire où un chien errant sympa nous accompagne. Il est tellement content de voir des vélos que le militaire me demande même “Is it your dog?”. Je lui explique que non, j’ai juste un vélo. Je peux vous dire qu’à ce moment là je n’aurais pas pensé que la réponse serait oui quelques jours plus tard ! Je vous présente Côtelette, et elle a une drôle d’histoire, vous allez voir…

Durant tout notre trajet, cette chienne vélociphile nous suit avec enthousiasme ! Elle est super intelligente, se met toujours du bon côté de la route lorsqu’une voiture arrive de face ou de derrière, et vu notre vitesse elle nous suit sans difficulté… Après quelques kilomètres on essaye de la décourager de nous suivre, car on va loin et que la route ça reste un peu dangereux… Mais il est impossible de s’en débarrasser ! Petit à petit on s’habitue à la voir dans notre rétroviseur, quand elle s’éloigne un peu trop une côte ou une bourrasque lui permet de nous rattraper sans problème. Les kilomètres défilent et on se dit que vraiment, elle marche bien cette chienne. Elle arrive à Sary Mogol en même temps que nous et on commence à se dire que la route des deux Sary est peut être une habitude pour elle.

Mais elle nous suit quand même jusqu’à la guest house. Et quand nos vélos disparaissent dans le garage il s’avère qu’elle a bien compris qui se trouvait dessus et elle s’installe devant notre porte ! Elle n’en bougera plus… Cette chienne est absolument adorable, on finit par lui donner de la nourriture, les autres hôtes pensent que c’est notre chienne, on explique que non…

On retrouve Baptiste et Marion le jour même, il ont un peu d’avance sur le programme eux aussi et c’est un vrai plaisir de passer la soirée avec eux ! Il viendront s’installer dans notre guest house dès le lendemain 🙂

Le temps passe, la neige tombe, la chienne ne bouge pas, elle nous a définitivement adoptés… On décide de réfléchir à la garder (il faut dire qu’elle a complètement fait fondre le cœur de Stéphanie), et on demande à nos amis cyclistes du groupe Whatsapp si certains voyagent avec un chien et s’ils ont des conseils. Il s’en suit une série de messages totalement hallucinants, cette chienne est connue de plein de gens du groupe ! Il s’avère qu’elle suit des cyclistes depuis plusieurs mois, mais attention, pas seulement entre Sary Tash et Sary Mogol, pour elle le Pamir n’a aucun secret ! Certains sont venus de Langar jusqu’au Kirghizstan avec elle ! Elle a suivi un autre groupe sur 400km, et un groupe de trois françaises l’ont gardée un moment, c’est elle qui l’ont appelée Côtelette. Toutes les personnes qui la connaissent nous supplient de bien nous occuper d’elle 🙂 Au poste frontière du col elle est connue, les douaniers la laissent passer et repasser régulièrement !

Son endurance qui nous avait surpris est maintenant plus qu’expliquée, cette chienne est une marathonienne ! On décide de la garder, mais pour les quelques jours à venir, l’arrivée de Johanna et notre balade en cheval je laisse la plume à Marion pour le prochain article !

PS : nous avons passé du temps avec Gabriel sur ce tronçon, voici le chapitre vidéo (en espagnol) correspondant !

Au jour le jour

Une journée à vélo dans le Pamir

On nous demande régulièrement à quoi ressemble nos journées à vélo, on vous y a répondu avec une petite vidéo ! Voici donc un résumé de la journée du 8 septembre. Ce jour-là, on a notamment passé le col Ak Baital, le plus haut (4655m) de la Pamir Highway, et on est arrivés au lac Karakul, le plus haut lac navigable au monde (du moins, si les tadjiques ont fini par réussir à voler la médaille au lac Titicaca) ! 😀

Bon visionnage, on espère que ça vous plaira !

Au jour le jour

Semaine hors du temps le long du lac Zorkul

Après Langar la route la plus courte rejoint la M41 en environ deux jours. Mais il est aussi possible de passer au travers d’une réserve naturelle le long du lac Zorkul. En fonction de la route et du vent cela prend 5 à 7 jours, on se prépare donc pour 8 jours d’autonomie pour avoir un peu de marge !
Cela veut dire que nous ne pourrons plus nous faire des salades pour le déjeuner puisque les produits frais pèseraient trop lourd pour cette durée (et de toutes façons on ne trouve presque rien ici !). Il faudra donc cuisiner aussi le midi ! Et il commence à faire assez froid, donc pour le matin on aimerait bien du thé et on va tester le porridge.
Premier besoin, il nous faut donc de l’essence en quantité. La réserve d’essence la plus proche se trouve dans le village d’avant. Langar c’est assez particulier, il y assez beaucoup de logements touristiques mais c’est le seul village où il n’y a pas d’eau potable ! L’eau courante est boueuse, donc pour boire et cuisiner il faut aussi s’approvisionner au village d’avant à 5 km !
Le propriétaire a donc une voiture qui fait l’aller retour tous les matins pour remplir ses bidons de réserve d’eau… On profite avec Vlad de ce transport pour remplir nos propres réserves, et j’achète 1 litre d’essence (dans une bouteille de Sprite).
A mon retour, je discute de nouveau avec le propriétaire de notre hostel afin de savoir s’il sait où trouver un pneu. Il n’en a pas la moindre idée, c’est une autre spécialité du coin, ils accueillent des tas de cyclistes tout le temps mais ils n’ont pas encore eu l’idée de se procurer des pièces détachées courantes pour leur vendre !
Cependant il est très gentil et il se renseigne pour nous, c’est un enfant qui lui dit que le magasin sur la route où je viens de passer vend des pneus.
Le sort s’acharne un peu sur nous et à peu près à cet instant notre roue arrière lâche un long soufflement. Je l’accompagne peu après, et c’est à pied que je repars nous trouver un pneu ! (Il s’avèrera que notre chambre est totalement usée, l’intérieur présente des tas de micro fissures de vieillesse, et c’est l’une d’elle qui est devenue trop grande.)
Miracle, la boutique en question est une espèce de caverne d’Ali Baba, et dans l’arrière boutique se trouvent bien des pneus ! J’achète le dernier du bon diamètre, seul défaut il est indiqué pour maximum 100kg, ce qui n’est pas idéal pour notre tandem…
Le lendemain nous sommes sensés commencer par des lacets dont une bonne partie est faite de sable. Effrayés par la perspective de pousser le tandem pendant des kilomètres, on engage un taxi afin de sauter cette portion ! Nos peurs étaient mal renseignées, la route est finalement de la piste normale, mais on est bien contents tout de même de s’être économisés un peu et nous retrouvons Vlad et Silvia en route. Certaines des photos de cet article sont d’eux, on les remercie beaucoup car ça nous fait des photos de nous en route !!
Que l’on se rassure, le sable sera bien de la partie, seulement un peu plus loin sur notre itinéraire 😉
Le soir au moment de planter la tente notre pneu recousu est déjà très abîmé (le fil est coupé par le passage sur les pierres), on en change donc par le pneu local en espérant qu’un pneu neuf, même sous dimensionné, nous tiendra pour quelques jours.

Nous poursuivons notre route (coucou le sable !) vers le camp militaire de Kargush, qui sert aussi de point d’entrée dans la réserve naturelle du Zorkul. Les cyclistes mal informés espèrent souvent y trouver un petit magasin, mais ce n’est réellement qu’un checkpoint, aucun ravitaillement possible !

La réserve nous réserve de très beaux paysages, pour notre première nuit nous campons le long de la rivière, sur l’autre rive on peut voir des chameaux afghans 🙂

Nous bivouaquons dans des conditions totalement hors de la réalité. Le silence est total et le ciel est parfaitement libre de toute pollution lumineuse. C’est indescriptible, la voie lactée est visible immédiatement après le coucher du soleil, et on voit plus d’étoiles que nous n’en avons jamais vue !

Après une seconde journée nous arrivons en vue du lac, il y a beaucoup de vent mais nous parvenons à nous abriter derrière une colline. Une bergerie se trouve proche, très rare présence humaine dans cet endroit isolé, probablement parce qu’une source émane ici. D’ailleurs on peut sentir la fumée de leur cheminée, ici on se chauffe avec les seul combustible disponible : la bouse séchée.

Notre route continue un peu en hauteur par rapport au lac, comme installation humaine nous ne croisons qu’une paire de maisons. En terme de trafic il nous arrive de croiser la route d’un 4×4, maximum une fois par jour ! La sensation d’être totalement isolés est quelques chose d’unique. Évidemment il n’y a absolument aucune couverture réseau, nous sommes donc déconnectés totalement. Cela n’est pas anodin, car depuis le début du voyage nous avons toujours très facilement obtenu des cartes SIM des pays que nous traversions, il nous arrive donc de ne pas avoir de connexion mais seulement sur quelques dizaines de kilomètres maximum, pas pendant plusieurs jours de suite !!

Au moment du déjeuner nous parvenons à l’extrémité du lac, où se trouve une base militaire. Celle ci est vide et abandonnée, j’y suis entré pour prendre quelques photos. A l’extérieur vous reconnaîtrez sûrement l’épave d’un char soviétique, avec son étoile rouge.

Après le déjeuner, en repartant, Vlad et Silvia sont un peu devant nous et là paf pchhhhhhh… On crève !! A force de rouler sur des cailloux ça devait arriver… Notre grosse crainte est que le pneu ait lâché mais non il est encore intègre, c’est bien la chambre qui a dû se pincer. Nos compagnons de route ne nous voient pas arrêtés et disparaissent derrière la colline suivante.

Nous réparons au plus vite pour ne pas les retarder trop, je gonfle la roue une fois de plus, mais à 4200m c’est un effort un peu trop intense alors on applique une promo sur le nombre de bars 😉
Lorsque nous repartons, après seulement quelques minutes nous voyons Vlad et Silvia pousser leurs vélos à travers la campagne, on est assez surpris mais il se trouve qu’on a emprunté sans faire attention une piste secondaire, tandis qu’ils ont scrupuleusement suivi la route principale qui partait dans la mauvaise direction ! Au moins leur erreur nous déculpabilise, ils n’auront pas perdu de temps à cause de nous 😉
Suite à cela, on décide qu’on ne passera pas le col ce jour là, mais de passer la nuit avant 🙂 Durant la fin de journée nous passons proche d’un camp de yourtes de nomades, ils ont un impressionnant troupeau de yaks qu’on a la chance de voir traverser devant nous !
Comme prévu nous dormons au pied du col, il n’y a pas d’eau courante ce soir car les rivières sont sèches, mais on avait prévu cette possibilité heureusement !
On reçoit quelques petits flocons et on aperçoit un gros nuage de neige à quelques kilomètres. La lumière du coucher du soleil fait briller l’herbe dorée et rend le tout irréel, c’est magnifique !

On a essayé de prendre des photos du ciel mais il ne nous semble pas possible de régler la distance focale manuellement sur notre appareil photo (!), donc ça ne rend pas très bien… On avait déjà eu ce souci lors de l’éclipse de lune en Iran.

Le matin nous commençons la journée par une côte, heureusement la pente n’est pas trop forte. Le col est à 4400m et nous fait passer dans une vallée somptueuse. Les montagnes noires brillent dans le soleil, les marmottes dodues s’enfuient sur notre passage et on passe des gués… un peu boueux !

Comme nous étions un peu en avance sur nos compagnons, nous nous installons auprès d’un groupe de terriers. Nous patientons tranquillement en espérant les voir ressortir de leur trou, et après quelques minutes nous commençons à voir leurs petites têtes apparaître ! C’est là une expérience assez incroyable, qui donnerait presque envie de devenir photographe animalier 😉

En sortant de cette vallée nous croisons une petite maison et une yourte totalement isolées, c’est la maison d’été d’un monsieur kirghize et de sa famille. Ils nous invitent pour le thé et nous offrent aussi pain, yaourt et crème ! Cette courte plongée dans la vie locale nous réjouit, c’est aussi la première fois qu’on rencontre une famille kirghize. Même si nous sommes officiellement au Tadjikistan, ici le président à la télé est bien celui du Kirghizstan 😉

De façon assez amusante, la maison est équipée d’un panneau solaire mais le seul appareil électrique de la maison est une télévision ! (il n’y a pas l’eau courante ce qui élimine les machines à laver et le frigo est simplement l’extérieur !).

En quittant sa maison nous voyons au loin la silhouette d’autres cyclistes ! Nous patientons quelques minutes et faisons la connaissance de Valérie et Pierre, un couple de français en vacances pour quelques semaines ici. Ils nous impressionnent beaucoup car pour un voyage court à vélo ce n’est vraiment pas la route la plus facile !
Nous faisons la route ensemble jusqu’au premier village depuis Langar, Jarty Gumbez. Il n’y a qu’une dizaine de maisons et pas de magasin mais le village est installé sur des sources chaudes…
Un bâtiment de bains très neuf destiné aux touristes se détache clairement, et c’est avec délectation que nous profitons de ses services 😀
Après tout ce temps sur la route, au froid, l’effet des bains chauds est radical sur nous tous ! On profite de cette pause à fond 🙂
Bien entendu il nous paraît absolument impossible de repartir, mais après quelques temps nous trouvons la force de nous remettre en selle !
Dans cette affaire, il apparaît que notre tandem est bien jaloux puisqu’après seulement un kilomètre Boum ! à plat de nouveau !!
Cette fois c’est le pneu, il est totalement déchiré après seulement 4 jours sur les pistes ! La meilleure solution nous semble être de faire demi-tour jusqu’au village, afin d’y chercher un transport. Si cela nous était arrivé dans un endroit plus isolé nous aurions certainement usé des talents de couturière de Stéphanie ou improvisé une solution…

Mais une fois de plus dans notre malheur nous avons plutôt de la chance, la solution est proche et facile à trouver ! Nous sommes très frustrés et tristes de ne pas pouvoir terminer cette boucle superbe et avec nos compagnons, mais c’est ainsi !

Le propriétaire des bains chauds est hyper gentil et nous propose de nous emmener le lendemain matin, nous pouvons passer la nuit dans la yourte et il ne nous fera payer que l’essence !

C’est donc en voiture que nous repartons vers Murgab, seulement notre chauffeur n’est pas un taxi officiel et doit donc éviter les checkpoints, ce qui nous impose de passer par les montagnes et pas par la route la plus directe. Notre trajet en 4×4 se transforme en véritable safari, nous passons par des pistes quasi inexistantes, et notre chauffeur qui est aussi guide s’arrête régulièrement afin d’épier aux jumelles la présence de moutons Marco Polo. Après de nombreuses tentatives infructueuses et après avoir traversé plusieurs vallées il finit par réussir à en dénicher et nous avons alors le rare privilège de pouvoir les voir dans les jumelles !!! Désolé, nous n’avons pas de photos… Ces moutons sont très sauvages et ne peuvent être vus que dans les jumelles. Par contre on a vu plusieurs crânes et cornes au bord de la route… Ils sont très lourds et cela laisse imagine la tailles des bestiaux, les photos de google vous prouveront que ce sont des monstres !
Nous arrivons à Murgab vers midi, en début d’après midi nous partons à la recherche d’un pneu au bazar mais nous n’en trouvons aucun de bonne qualité…
Heureusement un miracle va nous sauver, l’homme providentiel, Gabriel, arrive cette après midi même et il a… un pneu de rechange !!! Il l’avait emmené depuis Dushanbe en cas de problème, c’est un pneu de seconde main qui traînait dans la boîte des objets abandonnés de notre hostel !!
La surprise ne s’arrête pas là puisqu’il roule en compagnie de Daniel (rencontré en Ouzbékhistan) et qu’ils viennent de croiser un peu plus haut Vlad et Silvia !
C’est donc un joyeux groupe de sept cyclistes (avec Thomas, un autre allemand croisé à Langar) qui occupera la yourte du pamir hotel de Murgab ce soir là ! Nous profitons de ce retour à la civilisation pour fêter dignement mon anniversaire avec un peu de retard 🙂
En bonus, un petit aperçu de la musique locale, voici un clip qui passait à la télé dans le hall de notre hôtel à Murgab.