Category: <span>Au jour le jour</span>

Au jour le jour

Amitiés à Tbilisi

Notre séjour à Tbilisi devait durer une petite semaine, mais les rencontres et l’environnement si agréables nous ont facilement convaincus de rester plus longtemps. L’autre raison est que pour rejoindre Batumi il n’y a qu’une route dans la vallée, qui est très large et très fréquentée. Normalement les cyclos passent par le plateau arménien au sud, mais à cette période de l’année nous n’osons pas, il fait très froid et la neige est déjà présente à cette altitude de 2000m. Ainsi nous déciderons de prolonger notre séjour et de prendre un transport pour rejoindre Batumi.

L’arrivée à Tbilisi nous a causé notre premier choc d’un retour à la ville. Nous avions évité Baku, ainsi c’est la première ville “occidentale” depuis bien longtemps : lumières de partout, centres commerciaux immenses en périphérie, casinos pour les touristes… En plus il y a une vieille ville, donc ça ressemble vraiment à une capitale européenne !

Vincent a une connaissance du milieu de la musique qui vit désormais à Tbilisi, et nous le rencontrons accompagné de sa femme dès le lendemain de notre arrivée. Brice était ingénieur lumières lorsqu’il a rencontré Vincent ; à Tbilisi, il est cogérant de la salle de concert Backstage 76. Sa femme Tamouna est d’origine Géorgienne, elle enseigne notamment les arts plastiques à l’école française, mais c’est une artiste au multiples talents comme le théâtre, la musique et le chant.
Nous avons une chance immense d’avoir pu faire leur connaissance, ils ont été des hôtes exceptionnels, d’excellent conseil, des guides passionnés, et par dessus tout des amis d’une générosité sans borne ! Notre séjour à Tbilisi a été d’une richesse incroyable grâce à eux, merci à Marlène et Vincent de nous avoir tous regroupés !

Le groupe whatsapp des cyclos nous donne un excellent conseil de magasin de vélo, nous avons besoin de faire une révision complète du tandem. Il a été entièrement bichonné pour la dernière fois à Mashad, ça commence à faire longtemps, surtout qu’il a encaissé le Pamir entre temps… J’amène le tandem chez bike house, et le mécano que j’y rencontre est excellent ! Il découvre quelques soucis non prévus, en particulier l’axe du moyeu est KO. Il n’a pas ce modèle d’axe et nous devons donc changer de moyeu, il nous propose un modèle assez innovant qui fonctionne avec des roulements à billes au lieu des habituelles cages de billes. Il suffit de changer les roulements pour le remettre à neuf, c’est donc fiable et facile d’entretien, on verra dans la durée ! Il constate aussi que notre jante présente des amorces de fissures. Elles sont nombreuses et toutes (sauf une) au niveau des œillets des rayons côté frein… Au sujet des freins, la purge était plus que nécessaire à ce stade, notre liquide de frein était noir. J’ai aussi dû écumer les magasins de la ville pour trouver des pneus convenables, sans réussir vraiment : j’ai trouvé des pneus acceptables. Cette ronde des magasins est un classique, j’ai aperçu un autre cyclo en chemin que je retrouve chez bike house. Il a dû changer de jante et a des difficultés à trouver des rayons de la bonne taille. Je garde son contact et nous nous retrouverons régulièrement avec d’autres cyclotouristes présents à Tbilisi.

Entre les cyclos et les soirées en compagnie de Brice et Tamouna, nous sommes occupés tous les soirs ! Nous allons à Backstage pour la première fois le vendredi à l’occasion d’une soirée dansante, et nous rencontrons les associés de Brice. Ils sont aussi français et l’un d’eux a récemment ouvert un restaurant en centre ville. Nous y allons le lendemain et fréquentons ainsi les membres de la communauté française expatriée. Nous faisons de nombreuses rencontres très enrichissantes ! La vie d’expat est assez particulière, les conditions de vie sont souvent agréables, professionnellement les enseignants et détachés de la fonction publique ont des conditions de travail exceptionnelles comparé à la situation en métropole, les rencontres sont faciles et (un peu) variées, mais la communauté est par définition très mobile et la vie est faite de départs et d’arrivées, sauf pour ceux qui s’installent définitivement !

Le samedi 8 décembre, outre la manifestation des gilets jaunes, c’est aussi la marche internationale pour le climat. Nous avions espoir d’y participer, mais malheureusement aucun événement n’était programmé à Tbilisi… Stéphanie en parlait avec Marlène vendredi soir, et comme ni l’une ni l’autre ne sont du genre à se laisser abattre, elles ont décidé d’organiser une marche ! Nous sollicitons tous nos contacts cyclistes, je passe la matinée à produire des flyers que l’on imprime dans le petit magasin en bas de l’hôtel, un atelier gilet jaune et pancartes s’improvise dans la cour et tout est prêt pour aller marcher dans les rues de Tbilisi à 16h ! Voici quelques photos de cet événement :

Nous sommes plutôt contents des quelques discussions que nous avons pu avoir avec les gens de passage. Le niveau d’information était d’ailleurs plutôt bon ! Quelques personnes à la fin de mon speech étaient très perturbées et me demandait ce que je voulais (de l’argent peut être ?), ou bien ce qu’elles pouvaient faire ? Cette dernière question est très courante et je suis certain que parmi vous qui nous lisez certains d’entre vous s’interrogent identiquement. La réponse que je donnais était alors dans ces lignes : “Je vous encourage à vous renseigner sur l’étendue du problème, prendre le temps de comprendre les implications pour nos sociétés et pour vous même puis de faire ce qu’il vous semble être juste, ce qu’il vous semble être la bonne chose à faire.”

La Géorgie est extrêmement riche d’un point de vue culturel, et à Tbilisi les activités ne manquent pas ! Le dimanche soir Tamouna nous emmène au Théâtre du mouvement, à mi chemin entre le théâtre et le cirque c’est accessible aux étrangers car les interprètes sont aussi des acteurs. Seul le narrateur parle en géorgien, mais le spectacle est compréhensible même sans pouvoir saisir le sens de ses interventions occasionnelles.

J’en profite aussi pour placer ici les photos de la cathédrale, nous sommes allés écouter les chants polyphoniques le dimanche matin pour la messe :

Vincent, Marlène et Johanna décollent mardi en fin d’après midi, et pour leur dernière soirée à Tbilisi nous sommes de nouveau invités chez Brice et Tamouna. Ils nous réservent une très belle surprise puisque Tamouna a convié les musiciens de son groupe, et lorsque nous arrivons l’appartement est transformé en studio de répétition ! Sous couvert de répétition, nous avons en réalité droit à un véritable concert privé !! Tamouna interprète des chansons en français qu’elle écrit, ainsi que quelques reprises. Elle s’accompagne avec divers instruments tandis que ses musiciens jouent guitare, basse et percussions.
Pour nous, Tamouna incarne parfaitement la richesse et la générosité du peuple géorgien. En effet c’est une hôte excellente qui fait vivre avec talent la tradition du tamada, elle est attentionnée et maîtrise l’art de porter des toasts hautement philosophiques et touchants. Ce rôle de tamada incombe habituellement plutôt à des hommes, mais on espère que c’est en train de changer !

Le jour du départ j’aide tout le monde à amener les vélos et bagages jusqu’au bus qui va directement à l’aéroport et on se dit rapidement au revoir quand il arrive dans la foulée ! Ils sont tous bien rentrés, petite pensée pour Marlène qui après 21 mois sur la route sans aucun problème s’est fêlée trois côtes lorsque l’échelle qui monte à leur lit s’est dérobée sous ses pieds… Rester à la maison, c’est dangereux !

Lors de notre dernière soirée chez Brice et Tamouna nous avons fait la connaissance de Nicolas, un photographe et vidéaste qui vient de terminer son premier film qui porte sur la Géorgie. Il nous a invité à assister à la projection de son film qui aura lieu à Backstage le mercredi soir. Nous avons beaucoup apprécié son travail, il le présente habituellement à un public européen et c’était assez drôle de voir les réactions en live des géorgiens de souche !

Pour notre dernier soir à Tbilisi la pauvre Côt-côt est toute malade, elle a vomi plusieurs fois et on n’a pas le cœur de la laisser toute seule. On reste donc tranquillement à l’hôtel pour ranger toutes nos affaires. On aurait dû retourner à Backstage au moins pour prendre l’apéritif et dire au revoir à Brice et Tamouna. On est déçus et un peu tristes de ne pas avoir pu leur redire de vive voix à quel point nous avons appréciés les moments partagés avec eux, mais on espère bien les revoir, soit en France soit lors d’un prochain voyage ??

Nous avons beaucoup aimé notre séjour à Tbilisi, grâce aux rencontres que nous y avons faites mais aussi parce que la ville est très belle ! Le quartier ancien est superbe, même si on s’inquiète un peu pour les vieux bâtiments qui penchent dangereusement… Quand on sait que la zone est sismique, le prochain tremblement de terre pourrait avoir des conséquences catastrophiques ! La ville est très vallonnée ce qui offre de riches points de vue, en particulier depuis le télécabine et dans les jupes de la mère de la Géorgie.

Pour nous rendre à Batumi, nous devons commencer par rouler jusqu’à la station de bus, 10km au nord du centre ville. Une fois sur place nous trouvons facilement un fourgon, il nous propose de partir immédiatement sans attendre que les autres sièges ne soient remplis en payant plus cher. (Info cyclistes : la station s’appelle Didube, on s’en sort pour un peu moins de 60€ pour un fourgon entier, sachant que le trajet représente environ 20€ d’essence. Il est préférable de prendre le train, mais ce n’est pas possible avec Côtelette.)

L’arrivée de nuit à Batumi fait honneur à la ville, pleine de grande tours et de néons. Ce n’est pas vraiment le genre de ville que l’on adore, c’est une grande station balnéaire bourrée de casinos pour les touriste russes… Cependant, la période hivernale ayant vidé la ville de ses touristes, on y passe une journée de visite très agréable et ensoleillée. Comme depuis le début de notre séjour en Géorgie, on y mange très bien ! Le lendemain, nous devons nous rendre dans la matinée au bureau du ferry, mais un échange avec leur agent nous apprend qu’il n’est pas nécessaire de venir avant 12h. Finalement le ferry arrive à 12h, donc on a rendez-vous au bureau en début d’après midi. Évidemment, le ferry doit d’abord être vidé avant que nous ne puissions embarquer, il va donc falloir attendre ! Nous nous installons dans un restaurant 24/7 à proximité et prenons notre mal en patience. La bonne nouvelle c’est que notre contact nous assure que nous embarquerons dans la soirée, pas de nuit d’hôtel additionnelle ! On finit par recevoir le top départ à 23h, le temps d’embarquer et de décharger nos affaires et nous pouvons nous coucher vers 1h. Nous serons réveillés un peu plus tard par les douanes puis pouvons enfin attaquer une vraie nuit. Sur le bateau tout opère en heure bulgare (2h de moins), cela tombe bien car cela nous permettra de dormir suffisamment avant d’aller petit déjeuner !

Au jour le jour

Grand Caucase

Comme prévu lors de notre arrivée au port de Kuryk, la météo venteuse nous immobilise au terminal. Les prédictions météo de mon appli indiquent que le vent ne se calmera pas avant le week-end. Malin comme un singe, je demande à notre contact de la compagnie de bateau s’il est raisonnable de penser que le bateau partira donc au plus tôt le dimanche suivant. Le concept de prédiction météorologique lui semble totalement inconnu et il continue de prétendre que le bateau arrivera le lendemain. Cette situation cocasse peut vous sembler surprenante, mais c’est ainsi, il n’y a aucun planning de traversée, qui se font au gré de la météo. C’est assez drôle au fond, ça évoque les temps anciens où les offrandes aux dieux des vents étaient de rigueur pour espérer survivre à un séjour en mer. C’est même tristement proche, puisque la raison pour laquelle ces bateaux ne manœuvrent pas par grand vent est bien parce qu’il y a eu des accidents. Il sont trop haut par rapport à leur largeur, et peuvent donc se renverser facilement…

Ainsi, de lendemain en lendemain, nous patientons au total 4 nuits au terminal. Le plus drôle, c’est que le bateau est stationné en mer, immobilisé devant la rade, à attendre que le vent des steppes veuille bien se calmer. Heureusement, nous attendons en excellente compagnie ! Après deux nuits seuls dans le terminal, d’autres cyclistes nous rejoignent, attirés eux aussi par l’optimisme météorologiquement infondé de notre contact maritime. Nous faisons ainsi la rencontre de quatre cyclistes : Bang (Corée du sud) et Chang (Australie) plus Marlène et Vincent, un couple français parti depuis 20 mois déjà, avec qui nous sommes devenus très amis. Au moment où j’écris ces lignes ils embarquent dans un avion pour la France, et depuis notre rencontre nous ne sommes pas quittés !

Avant d’embarquer, nous transitons via un autre terminal bien mieux équipé, un lieu très agréable dont on regrette d’avoir été exclu durant nos 5 jours d’attente ! Il se trouve dans la zone sécurisée du port à laquelle nous n’avons pas le droit d’accéder sans être accompagnés… Il faut dire que le complexe entier a ouvert il y a 3 mois environ et tout n’est pas encore bien rodé. Par exemple la cantine est parfois accessible, parfois interdite, cela dépend du garde présent à l’entrée de la zone sécurisée… Voici une photo de l’endroit où nous dormions :

L’embarquement se passe sans problème, c’est aussi un train-ferry, donc des wagons viendront remplir tout l’espace disponible derrière les quelques camions. On a presque eu peur que Côtelette soit enfermée dans le parking, mais heureusement un jeune de l’équipage (seule personne qui parle anglais, pour les plus de 30 ans la lingua franca est le russe) en charge des passagers nous dit qu’il n’y a aucun problème, elle pourra même rester avec nous dans la cabine !! Il est content de discuter avec nous, car cela lui permet d’exercer son anglais. Il a un berger allemand chez lui, c’est une excellente nouvelle pour nous car cela veut dire qu’on revient dans des pays où les gens sont habitués aux chiens de compagnie, et donc beaucoup plus gentils avec les animaux !

A bord, nous sommes au total huit touristes, en incluant deux backpackeuses. Nous sommes accompagnés de huit chauffeurs de camion, tous turcs il me semble. Le bateau possède en sus un équipage de 23 personnes. J’arrive à discuter un tout petit peu avec les chauffeurs, de manière générale ils sont assez embêtés d’avoir été bloqués aussi longtemps… Ils font l’aller retour entre Aktau et Mersin (côte sud de la Turquie), normalement cela leur prend 5 ou 7 jours. Mais à cette période où la météo est capricieuse, ils étaient déjà partis depuis 10 jours en embarquant ! Nous avons profité de la traversée pour faire quelques jolies photos :

On nous avait prévenus et… la nourriture à bord se révèle à la hauteur de sa réputation. Le midi, pâtes au poulet, et le soir, poulet aux pâtes ! Pas un fruit ou légume frais à l’horizon malheureusement… Heureusement nous ne restons pas bloqués en mer trop longtemps, donc ce régime ne durera pas trop, et dès le dimanche soir nous entrons au port d’Alat, côté Azerbaïdjanais. C’est plutôt chanceux, car on connaît des cyclistes qui sont restés bloqués 5 jours à bord et là le menu fixe devient pesant !

La frontière se passe sans problème pour Côtelette, mais j’ai oublié de mettre mon deuxième prénom sur le visa ! Je fais toujours très attention et voilà, j’ai oublié. En plus ils ont un petit pdf des erreurs usuelles à ne pas commettre… Bref, petite frayeur en repensant aux histoires lues sur internet de personnes devant repayer (cher !) pour faire éditer un visa en express sur place, mais heureusement un coup de bigot à un supérieur compréhensif me sauve ! Les agents aux rayons X demandent à Bang s’il transporte un drone, mais, deuxième coup de chance, ils ne nous posent pas la question ! On apprendra plus tard que ce n’est pas vraiment interdit, il faut juste le mettre dans un sac scellé, on n’a pas le droit de voler en Azerbaïdjan. Comme le nôtre est définitivement cassé et ne vole plus de toutes façons, ce n’est pas très grave… (Il est sous garanti, mais seulement en France.) Au port nous voyons un panneau qui prévient de la présence de serpents d’eau 😮

Nous arrivons de nuit et mettons tous nos espoirs dans un hôtel un peu légendaire qui se trouverait à la sortie du port. Nous parvenons à le trouver, et le manager nous offre une bière à tous ! Notre séjour dans le Caucase commence bien ! Nous attendons une pièce pour le tandem envoyée de France par notre revendeur, malheureusement il n’a pas fait de Chronopost mais un simple Colissimo, donc contrairement à nos prévisions la pièce n’est pas encore arrivée. Stéphanie a rendez-vous pour un second entretien quelques jours plus tard, nous décidons donc de rester quelques jours, en espérant que cela laissera le temps à notre pièce d’arriver.

Nos compagnons de voyage prennent la direction de Baku le lendemain, mais nous restons avec Marlène et Vincent et décidons de faire une excursion à la journée pour aller voir les volcans de boue, ils sont à quelques kilomètres seulement de l’hôtel ! Sur la route nous rencontrons une flaque de pétrole brut (il y a des raffineries et des puits de partout dans cette région), si on fait abstraction de la pollution c’est un liquide drôlement amusant.

Les volcans de boue sont aussi sacrément rigolos, il est difficile de les décrire alors voici une vidéo et des photos !

Côtelette a l’air plutôt inquiète de ces formations étranges, ça nous arrange bien car on la voyait déjà se rouler dans la boue, on connaît d’autres voyageurs dont le chien aurait été ravi !!

Le lendemain, Marlène et Vincent prennent un peu d’avance car nous attendons toujours le colis ainsi que l’entretien de Stéphanie. Nous avons rendez-vous plus loin sur la route du nord, dans la ville de Samaxi que nous rejoindrons en taxi pour les rattraper !

Durant cette période, malheureusement, nos problèmes de pneu continuent et la sortie au volcans (non chargés !) suffit à user nos pneus, pour une durée de vie de deux jours, record battu ! Pas de chance, l’atelier vélo de Alat est fermé, donc Stéphanie doit de nouveau ressortir son kit de couture !

(Petite parenthèse : L’entretien se déroule bien, et contrairement à nous vous ne resterez pas dans l’inconnu plus longtemps car on a appris il y a quelques jours qu’elle est prise ! Cette nouvelle toute récente nous rend très très heureux, son poste à proximité de Libourne nous permettra d’habiter en campagne mais pas loin d’une grande ville, et sera en lien avec l’écologie et les problématiques de transition, c’est absolument parfait !!)

Le lendemain, notre taxi arrive et semble découvrir l’ampleur de la tâche qui lui incombe, pourtant la veille il avait bien vu le vélo ainsi que la chienne. Il est assez marrant en fait, il semble s’imaginer que la chienne pourrait voyager sans monter dans la voiture ? On accroche la carriole derrière ?? Bref, on s’en sort, mais Côtelette devra rester bien calme dans les bras de Stéphanie car à chaque mouvement il se retourne paniqué et regarde plus en arrière que la route !!

Nous arrivons à Samaxi sans problème, mais sous la pluie ! Le temps de remonter le vélo et de déjeuner, on apprend que la route choisie par Marlène et Vincent s’est transformée dans la nuit en champ de boue ! Ils ont dû faire demi-tour et on va se retrouver plus loin.

L’Azerbaïdjan est un pays très riche grâce aux énergies fossiles, par exemple les routes sont en parfait état ! C’est le premier pays musulman que nous traversons où la bière est omniprésente et servie dans tous les restaurants, qui proposent parfois aussi du porc. Le long de la route vers la Géorgie nous croisons des domaines vinicoles gigantesques, la région semble touristique et doit voir passer des cars de touristes durant l’été. Nous avons malheureusement expérimenté quelques défauts de cette présence, durant certains de nos échanges nous avons eu l’impression qu’on s’intéressait un peu trop à notre porte-feuille… Ils n’ont pas l’habitude des cyclistes visiblement ! Le meilleur est probablement lorsque nous avons pique-niqué sur le parvis d’un restaurant fermé et qu’un homme s’est approché de nous pour nous facturer notre simple présence. Nous avons fait semblant de ne pas comprendre, mais je le suspecte même d’être simplement passé par et de ne pas être le propriétaire. C’est un peu embêtant, mais pour la suite à chaque fois que nous demandions un service nous devions immédiatement préciser “bes plata” (gratuit en russe). Pigeon ou pingre, il faut choisir 🙁

La route redevient plus rurale et ces problèmes disparaissent rapidement ! Nous retrouvons Marlène et Vincent dans un petit restau où ils nous attendent, l’ambiance est super sympa et les gens adorables avec nous ! Nous venons de passer pas mal de temps sous l’eau, Côtelette est totalement trempée et pleine de boue, mais à l’intérieur le poêle va nous permettre de bien faire sécher toutes nos affaires.

Pour camper nous continuons de demander à des restaurants d’emprunter leurs belvédères inutiles en hiver. Cela permet de protéger la tente de la pluie, même si l’humidité suffit souvent à tremper la toile extérieure ! Un portrait de l’un de ces propriétaires adorables :

La météo s’améliore un peu, et notre plafond nuageux se dissipe petit à petit. Cela nous permet de découvrir les sommets enneigés alentour, la région est très belle ! Cela fait longtemps que nous n’avons pas roulé dans des environnements tempérés où il y a beaucoup d’arbres feuillus. Avec l’automne, les couleurs sont superbes ! Sur les routes nous croisons de nombreuses vaches, dont quelques unes noires et blanches. Cela nous rappelle un excellent documentaire tourné dans la campagne d’Azerbaïdjan que nous avions vu avant de partir, “Madonna, la vache qui a conquis le Caucase”. Je ne le trouve pas en replay mais dans les grandes lignes ça parle d’un paysan qui souhaite faire venir une vache normande dans sa campagne, mais les vieux du village sont contre ! Ce n’est pas parce qu’elle donnera plus de lait que les vaches d’ici qu’il faut ramener des vaches étrangères !! Bref, le documentaire est plutôt amusant et fait que nous appelons toutes ces vaches Madonna 🙂

Avant d’arriver à Sheki nous décidons d’emprunter un raccourci, qui va se révéler un peu sportif… La route se dégrade petit à petit jusqu’au moment où nous faisons face à ce qu’on ne peut qu’appeler un canyon ! Après ce trou gigantesque, il faudra encore traverser une rivière, puis plusieurs lits asséchés mais pierreux et enfin des flaques de boue. Les raccourcis, c’est joli et ça va toujours plus vite !

Nous arrivons dans la petite ville de Sheki, ville historique où nous décidons de nous arrêter pour deux nuits. C’est une petite halte très sympathique dont voici quelques photos. Côtelette découvre le luxe et s’installe sur un canapé extérieur !

Nous y rencontrons Quentin, un autre cycliste qui a eu des soucis articulaires et est resté 15 jours à Sheki. Sauf qu’en Azerbaïdjan, même si l’on dispose d’un visa de 30 jours, tout séjour plus long que 15 jours requiert de s’enregistrer officiellement auprès des autorités. Cette information n’est pas très connue, et normalement on reçoit un petit papier en entrant dans le pays. Mais cela n’a pas été le cas pour nous, ni pour Quentin, qui s’est fait refouler à la frontière. Il a donc dû revenir une fois de plus à Sheki pour trouver un bureau capable de traiter le problème. Le choix auquel on est confronté est alors le suivant : payer une amende ou bien se faire expulser du pays (cela signifie qu’on ne peut pas y revenir pendant 3 ans). Tous les cyclos ayant le problème choisissent évidemment l’expulsion, dont la forme est d’ailleurs bien laxe… il suffit de sortir du pays avant la fin de son visa. Pas d’escorte musclée jusqu’à la frontière donc.

Nos nuits s’enrichissent d’un nouveau bruit à partir de ce moment, ce sont les chacals. Leurs cris terrifiants viennent bercer nos nuits, et Côtelette panique totalement. Stéphanie réussit à la faire dormir en la prenant à moitié dans ses bras pour la rassurer, mais à partir des nuits suivantes elle aura sa place dans la tente, sinon elle aboie et ne ferme pas l’œil de la nuit!

Le passage de frontière se fait sans encombre et sans contrôle de nos affaires. On quitte officiellement la zone où tout le monde parle russe et c’est avec un peu de tristesse qu’on réalise qu’on a entendu nos derniers “ab kudaaaaa” criés le long de la route par les gens qui nous demandent d’où l’on vient.

Côté Géorgien on trouve de nombreux magasins et bureaux de change, c’est pratique et cela nous permet de nous acheter le snickers local, une churchkhela. C’est comme la saucisse à la noix que j’avais achetée en Turquie, mais en meilleur car fait maison 🙂

Le midi c’est une nouvelle séance de couture qui attend Stéphanie, les routes en Géorgie sont en un peu moins bon état et un nid de poule nous a mis totalement à plat ! En plus, c’est la contagion et Vincent a lui aussi un pneu déchiré. Heureusement il transporte un pneu de rechange, et nous récupérons son pneu au cas où… D’ailleurs il semblerait que nous ne soyons pas les seuls à faire les frais du mauvais état des routes ; pour nous une voiture géorgienne se reconnaît à l’absence de pare-choc avant !

La route est très agréable, nous arrivons à Kvaréli le soir et trouvons un petit hôtel, pas cher et super chic ! Côtelette s’installe de nouveau dans un petit fauteuil extérieur, ça lui va très bien ! Nous venons d’arriver en Géorgie, et même si nous avions repéré cette route des vins, on ne s’attendait pas à ce que nous réservent les prochains jours ! Nous sommes en bonne compagnie, la gastronomie géorgienne est fantastique, les vins sont excellents et l’hospitalité des locaux exceptionnelle… Nous découvrons les traditions géorgiennes avec plaisir, en particulier leur façon de tenir des banquets. Ceux-ci sont appelés supra et peuvent durer de longues heures. L’un des convives est nommé tamada, son rôle est de s’assurer que tout le monde est content, et surtout de porter des toasts, qui se doivent d’être “hautement philosophiques”. On s’improvise tamadas à tour de rôle, mais on sent bien qu’on est pas vraiment à la hauteur de la solennité régnant chez nos tablées voisines…

Les prochains jours nous réservent beaucoup de pluie, on reste donc une journée sur place afin de visiter l’église, le centre ville ainsi qu’une exploitation. Au déjeuner nous découvrons une autre spécialité géorgienne, le kachapuri, une sorte de pizza au fromage. Leur taille nous surprend un peu, et nous avons beaucoup à manger, ça tombe bien car nous avons aussi beaucoup à boire avec nos voisins qui nous offrent des tournées de cognac maison ! En fait, la bouteille est pour nous, impossible de repartir sans ! Après ce déjeuner copieux et arrosé, nous sommes prêts pour la visite de l’usine vinicole située en centre ville. Il paraît que les Géorgiens auraient inventé le vin, je ne sais pas si c’est vrai mais nous découvrons leur méthode de fabrication ancestrale. Ils utilisent d’immenses amphores en terre cuite appelés qvevri. Le raisin est écrasé et placé dans ces immenses récipients enterrés pour quelques mois ou quelques années. Ils fabriquent des vins plus ou moins sucrés : les vins secs fermentent la totalité de leur sucre, tandis que les vins sucrés sont fabriqués en stockant le liquide à basse température pour stopper la fermentation.

Le lendemain, petite journée où nous traversons simplement la vallée. En chemin nous croisons une exploitation de taille beaucoup plus raisonnable (35000 bouteilles, l’usine de Kvaréli en produit 2 millions !) où nous nous arrêtons pour déjeuner. Troisième spécialité géorgienne, les khinkali, ce sont les raviolis du coin. Ils sont traditionnellement fourrés avec de la viande, mais en trouve facilement des versions végétariennes. Cette exploitation a une histoire assez intéressante, en effet le propriétaire avait tout d’abord racheté le terrain avec pour idée d’y construire un hôtel. En commençant les travaux ils ont trouvés des qvevris enterrés là depuis 500 ans ! En redécouvrant l’histoire de ce lieu le propriétaire a décidé de prolonger cette pratique et a donc changé de projet ! Aujourd’hui cela a l’air de marcher du tonnerre, et cela fait plaisir de voir une exploitation de petite taille comme celle-ci, qui travaille en méthode 100% traditionnelle. Pas de réfrigération en place ici pour faire les vins sucrés, ils disposent d’une cave qui reste naturellement à basse température tout au long de l’année.

Le soir nous arrivons à Gurjaani où nous ne parvenons pas à trouver le petit hôtel sympa que nous avions repéré… Les hôtels ici sont un peu chers car c’est une ville très touristique, mais une gérante qui parle français nous aide à trouver une chambre d’hôte dans notre budget. Nos problèmes de pneus n’en finissent pas, notre pneu arrière a éclaté à quelques kilomètres (seulement, heureusement !) de la ville. Stéphanie doit encore coudre, mais nous utilisons cette fois l’ancien pneu de Vincent. Elle arrive bientôt au bout du fil de pêche !! Je parviens à trouver un pneu de VTT énorme dans un magasin du centre ville, en espérant qu’on ne devra pas s’en servir… L’optimisme ne paye pas toujours, et évidemment on devra changer pour ce monstre dès le lendemain 🙂 Signalons aussi que pour éviter d’emprunter la grande route qui va vers Tbilisi, nous choisissons de grimper un petit col par les petites routes. C’est superbe et on ne regrette pas, mais c’est très raide ! On force tellement que notre maillon rapide de chaîne (qui nous suit depuis la France malgré 3 changements de chaîne) rend l’âme en pleine montée.

Le soir nous trouvons un bon spot de camping avec une vue sur la vallée. Nous transportons des œufs et pour la première fois nous réussissons à n’en casser aucun ! Le lendemain matin on fait découvrir aux copains la super recette iranienne de l’omelette au dattes, un régal plein d’énergie idéal pour une journée de vélo !

Il ne pleut pas, mais les routes secondaires sont impraticables à cause des intempéries de ces derniers jours. Les pistes sont trop boueuses… Cela veut dire que pour nous rendre à Tbilisi nous n’aurons d’autre choix que de suivre la route principale, assez fréquentée. Ce n’est pas hyper sympa :/ L’après midi nous assisterons à une collision entre un fourgon et un chien de rue qui nous suivait joyeusement… On est sous le choc, Marlène et Vincent essayent de s’occuper un peu du pauvre chien en le transportant sur le bas côté avec l’aide de deux géorgiens qui se sont arrêtés. On finira par le laisser dans un endroit calme avec de la nourriture et de l’eau, on pense qu’il survivra mais ne pourra plus se servir de ses pattes arrières. Ce dur rappel à la réalité de cette route chargée nous a tous un peu refroidis, et nous aimerions bien trouver un endroit où dormir au chaud un peu plus loin. Nous sommes dans une station essence, et tel un signe du destin c’est l’instant que choisit le pneu avant de Vincent pour éclater dans un immense bruit de canon, qui résonne entre les pompes. Y’a des jours sans…

A seulement 50km de Tbilisi et 4km du prochain hôtel, nous décidons de demander l’aide des employés de la station service pour commander un fourgon et aller dormir à Tbilisi. Drôle de dernière journée à vélo après 21 mois sur la route pour Marlène et Vincent… Tout se finit bien car nous retrouvons Johanna dans notre guest house, elle nous a de nouveau rapporté du fromage de France, et la famille qui gère l’hôtel Valdi est adorable ! Côtelette prend ses quartiers à l’intérieur et s’habitue rapidement au confort !

Au jour le jour

La caravane passe

La nouvelle tant attendue arrive : le colis avec la remorque est arrivé au Kirghizistan ! Ni une ni deux, nous allons à la poste chercher plus d’informations et… tadam !! Le colis est là !
On débale avec grand bonheur la magnifique remorque envoyée par Burley (que l’on remercie encore ultra chaleureusement !). On l’aménage le lendemain pour le plus grand confort de Côtelette (on enlève le siège enfant et on lui fait un sol/hamac pour que son poids ne repose pas seulement sur le fond de la remorque) et on fait nos adieux à l’équipe d’Ultimate Adventure.

Il est temps de refermer cette parenthèse “Bishkek” ! Nous y avons passé vraiment de très bons moments, et ce, notamment grâce à toutes les personnes que nous y avons rencontrées, que ce soit au sein des communautés de cyclos (Elliot et Stella, Marsha, Ben et Gui, Vlad et Sylvia, Tom, Tim et Ben), d’expats (Morgane, Fabien, le bar Somewhere), de touristes (Nicole) ou de locaux (Jamila et son amie, l’équipe d’Ultimate, Shai, tous les commerçants). Au sein des cyclos, une mention toute particulière à Elliot pour son humour typiquement british et sa gentillesse (l’Angleterre ce n’est pas loin, Côtelette attendra ta visite !) et à Marsha, incroyable jeune hongkongaise (21 ans !) pleine de vie qui a traversé le Pamir et le Zorkul seule sur un vélo acheté à Bishkek alors qu’elle n’avait jamais fait de voyage à vélo et a appris à pédaler il y a un an seulement ! Quelle elle leçon de vie, bravo Marsha !!

Autre belle leçon que l’on réapprend dans cette ville : les transports en commun. Il existe un système de mini bus collectifs (les “mashrutkas”) incroyablement efficace. Pour traverser la ville d’un point à un autre, il y a toujours plusieurs lignes directes de mashrutkas. Elles sont en plus très fréquentes et ne coutent que quelques soms… bravo !
Si vous voulez vous amuser à tester, voici un exemple où j’ai tracé un trajet de la friends guesthouse jusqu’à ultimate adventure. Vous pouvez changer les points et verrez qu’il y a toujours un trajet en mashrutka possible !

Nous sommes donc partis de Bishkek avec notre convoi qui s’agrandit de plus en plus : le tandem, la remorque… et Côtelette ! Oui, parce que même si elle a rapidement adopté sa carriole en y dormant dès la 1ère nuit (on lui avait mis toutes ses couvertures et le froid a aidé !), Côtelette n’est pas encore fan de l’idée de rester dedans alors que ça bouge… On passera pas mal de temps les premiers jours à l’habituer et les efforts paient puisqu’après 4 jours, elle est prête pour faire 10kms avec nous pendant qu’on pédale !
On sort de Bishkek en longeant un canal, ça a l’avantage d’être ultra tranquille niveau circulation mais a l’inconvénient d’être un peu gadouilleux, Côtelette se transforme en monstre bicolore (noire en bas). On aura notre premier réveil sous tente sous la neige !

On se réconforte en voyant le bonheur de Côt-côt (son nouveau petit nom) qui se roule dedans…

Sur la route, on a la désagréable surprise d’être bloqués par un canal. Les habitants super sympas nous actionnent les vannes pour éteindre le gros du débit et qu’on puisse traverser au gué un peu plus bas. Ca n’aura malheureusement pas suffi à nous épargner les pieds…

On ressort trempés ! Le soir, on a la chance d’être accueillis dans l’appartement d’une mosquée, on peut être au sec le temps de la nuit (nos chaussures elles, mettront plusieurs jours à s’en remettre !).

Le passage de la frontière se passe sans encombre. On n’a même pas besoin de montrer le magnifique certificat que nous ont fait les vétérinaires officiels du Kirghizistan. A ce propos, une fois de plus, ces vétos du ministère nous ont épatés. On était initialement allés les voir parce qu’on savait qu’on avait besoin de ce certificat pour sortir du pays, les vétos privés nous avaient parlé d’un “poop test” dont ne nous ont jamais reparlés les vétos officiels. Ils nous ont juste dit de venir 3 jours max avant le passage de la frontière. Je retourne donc dans le cabinet des horreurs avec Côtelette (il y a toujours du sang partout…), ils me demandent un truc “laboratory”, je crois qu’ils me parlent de la prise de sang, je leur dit qu’on a tout envoyé à Moscou… Ils me font le certificat et me demandent de payer 700. Habituée à négocier, je fais l’étonnée qui pensait que le prix n’était que de 500. Et là, il m’explique que c’est bien 500 le prix sauf qu’il faut rajouter 200 parce qu’on n’a pas fait le fameux poop test (200 pour qu’il fasse un faux certificat en fait !) !! Au passage, on aura quand même économisé les 500 pour les fausses dates du passeport, on ne les avait pas en liquide sur le coup, on leur a dit qu’on leur paierait au moment du certificat et ils ont oublié de me les demander…
On reste quand même abasourdis de la corruption de ces vétos officiels, on avait tout fait pour être dans les règles et on se retrouve avec des documents falsifiés à 2 reprises…

La première grande ville après la frontière est Merke. On demande à deux jeunes dans la rue s’ils connaissent un endroit où l’on pourrait mettre la tente. Ils nous font patienter, l’un d’entre eux est bijoutier et nous montre ses créations sur instagram (vous pourrez même nous retrouver dans un spot publicitaire 😉 ), on sera finalement invités chez Sveta, une amie à eux. On passe une formidable soirée avec eux trois et certains de leurs amis.
Une fois de plus, on remercie google traduction qui nous permet d’échanger au delà de la barrière de la langue !

Ils sont tous de nationalités différents : kurde, tchétchène, karachai et ukrainienne, et aussi tous de citoyenneté kazakhe. L’un d’entre eux me montre son passeport (kazakh), dans la partie “commentaires” est ajouté : “nationality: kurd”. On l’a déjà mentionné, la nationalité et la citoyenneté sont des concepts disctincts en Asie Centrale. C’est évidemment très perturbant pour nous, français, qui sommes très attachés au fait que “cette personne est française, et ce, peu importe d’où elle vient”. Pour eux, cela permet de valoriser leur culture d’origine, tout en se sentant appartenir au même pays qu’est le Kazakhstan. Ils nous expliquent que cela ne génère pas de communautarisme particulier, la preuve en est de ce groupe d’amis multinationalités. On se questionne tout de même sur la pertinence d’une telle nationalité après plusieurs générations…
Une fois de plus, on observe qu l’Asie Centrale est un sacré méli-mélo (pour reprendre l’expression des pignons voyageurs) ethnique et culturel. Autre exemple : la ville de Turkestan sera peuplée de 45% d’Ouzbèques (et 52% de kazakhes).

A Turkestan, nous attend un train qui nous emmènera jusqu’au Aktau, port de la mer Caspienne, nous économisant quelques milliers de kilomètres à travers les steppes vides. Le planning était serré, on a pris du retard en attendant la remorque, on a fait des mini-journées en terme de distance pour apprendre à Côtelette à rester dans sa carriole… si on veut arriver à tant et ne pas décaler notre planning d’une semaine, il va falloir accélérer. On prend donc un taxi qui nous emmène à Shymkent, la 3ème ville du pays. On réussit l’exploit à faire rentrer le tandem, la carriole, nos bagages, Côtelette et nous dans une 4 portes avec coffre (en plus du couple qui nous emmène à l’avant !).

Sur la route, on s’arrête dans une auberge pour déjeuner. On demande un plat végétarien et la serveuse nous apporte fièrement le-dit plat en nous précisant “sans viande”. On ne doit pas avoir la même définition de “viande”…

On repart les jours suivants à travers les steppes. On y voit des troupeaux de dromadaires et chameaux qui nous rappellent le temps des caravanes…

On s’installe un soir pour un bivouac, on arrive à trouver un petit relief qui nous protège un peu de la route. Une voiture nous voit quand même. On s’endort rapidement après que la nuit tombe. Malgré nos duvets ultra chaud, je suis contente d’avoir investi dans une bouillotte d’occase à 50 centimes !!

Au milieu de la nuit (bon, ok, on réalisera après qu’il était 22h), on est réveillés par des lumières, des bruits de klaxons et… Côtelette qui aboie ! On ouvre la tente, on est éclairés par un projo sur un 4×4 et des militaires cagoulés nous appellent. Côtelette quant à elle est prête à nous protéger mais… en restant au chaud ! Elle aboie depuis sa carriole !

Claude sort, explique qu’on est des touristes, qu’on fait du vélo… Les militaires ont l’air plus curieux qu’embêtants. Ils commencent à vouloir discuter mais les tremblements de Claude frigorifié abrègent les échanges. Avant de repartir, ils veulent une photo avec lui mais avant… ils lui passent fusil et ceintures de cartouches autour du torse ! Malheureusement, nous n’avons pas la photo mais cette scène restera clairement gravée dans nos mémoires !!

Le lendemain, on dort quelques kilomètres après le mausolée d’Arystan Bab.

On entend des hurlements qui ne ressemblent pas vraiment à ceux de chiens… On s’endort en essayant de ne pas trop y penser. Pendant la nuit, à deux reprises, on est réveillés par Côtelette qui chasse un animal qui se serait trop approchés de nous (pour rappel, elle chasse indistinctement vache comme chien errant…).
Une fois arrivés en ville, je me renseigne un peu plus sur la faune des steppes et apprend que le Kazakhstan est le pays où il y a le plus de loups au monde !! (plus qu’en Russie et au Canada donc !) Depuis quelques années, les antilopes disparaissent et les loups en arrivent à s’approcher de plus en plus des villages… Brrr, ça fait froid dans le dos !!
Au passage, ça a donné lieu à toute une série d’histoires incroyables autour de cet animal : des habitants qui ont des loups comme chiens de garde ou encore un héros local qui en a étranglé un à mains nue. J’apprends aussi qu’en Asie Centrale, les loups sont chassés avec… des aigles ! J’avoue ne pas trop y croire jusqu’au moment où je vois cette vidéo hallucinante :

(petite mention à ma famille : j’espère que vous ne vous moquerez plus de Romain, il avait raison !!)

On passe une journée sous la pluie battante, on est bien contents d’arriver à Turkestan ! Pour ma part, je mets un peu de temps à me réchauffer sous les couvertures et mon duvet. 😉

La ville est connue pour son célèbre mausolée dont la construction a été initiée par le fameux Timour/Tamerlan dont on entend parler depuis un petit moment maintenant, les travaux ont été stoppés à la mort de ce dernier et le mausolée est resté inachevé.
C’est un peu particulier pour nous puisque ce sont nos derniers jours en Asie Centrale et surtout c’est une dernière ville avec des vestiges aussi importants sur la route de la soie !

Pour la visite de la ville, Côtelette sera votre guide :

On passe 3 jours très agréables. J’ajoute quelques photos.

Notre hôtel ne dispose pas de jardin, Côtelette reste avec le vélo dans le petit resto d’en face. La propriétaire et la cuisinière sont adorables, on y dîne avec plaisir tous les soirs.

Côt-côt quant à elle se régale de tous les restes des repas ! En plus, elle trouve un tas de feuilles et de branches dans lequel elle se fait son petit nid, ça a l’air plutôt confortable (pour la séquence mignonnitude, j’ajoute une photo d’elle “en boule”).

Je vais retirer de l’argent avant de prendre le train. L’expérience est quelque peu perturbante : il y a beaucoup de monde qui attend aux distributeurs. Certaines personnes sont très lentes, ne semblent pas vraiment savoir se servir de l’automate. En général, une personne de la queue les aide, quitte à recommencer complètement l’opération et à ne pas vraiment gagner de temps… Le principe de code secret semble inconnu, il est normal de regarder par dessus l’épaule de celui qui est devant. Et pour finir, il faut être très attentif et coller la personne devant soi pour ne pas se faire doubler ! J’ai dû faire plusieurs remarques à un mec qui essayait de me passer devant, il n’a pas l’air d’avoir apprécié et a fini par changer de file. Bon débarras !

Avant de quitter la ville, on tombe sur un concert traditionnel avec des champs à la gloire de Turkestan, c’est assez rigolo…

Depuis Turkestan, nous avons pris le train direction Aktau sur la mer Caspienne. Au programme, 37h de train et quelques milliers de kilomètres de steppes gelées.
Au départ, le quai fourmille. Les trains s’y arrêtent entre 15 et 20mn, c’est donc la parfaite occasion de se ravitailler : magasins, barbecs, femmes qui déambulent avec leur casseroles pleines de mante… il n’y a que l’embarras du choix !

En voyant les wagons couchettes passer, on aperçoit des bribes de moments de vie, c’est rigolo.

Le long des rails, on réalise qu’il n’y a pas les habituels caténers qui longent les voies. Les trains ici ne roulent pas à l’électricité mais au diesel ! Le chauffage est quant à lui au charbon, il y a dans chaque wagon une réserve de charbon avec un foyer qui chauffe de l’eau. La nuit, on voyait des cendres passer devant nos fenêtres.

Nous avons réservé une cabine entière (4 personnes) ce qui était la condition pour pouvoir transporter la chienne. Finalement, ça nous arrange bien puisque cela nous permet de garder le vélo (on aurait probablement du le mettre dans un autre train… plus lent sinon !).

On surveille les longs arrêts pour aller promener Côtelette. On ne regrette pas d’être dans le train : il fait un froid glacial (-6°C en maximale dans une des villes traversées) avec un vent ultra fort et c’est complètement vide… On passe par la ville d’Aral qui fût une ville portuaire. La mer s’est depuis retirée, cela fait écho à l’agriculture intensive de coton que nous avons pu voir en Ouzbékistan. Une fois de plus, notre voyage nous rappelle les désastres écologiques causés par nos sociétés…

Voyager avec un chien nous réserve des surprises : des pas très bonnes (Côtelette reçoit un coup de pied par un gars “gratuitement” alors qu’elle remontait dans le train…) mais aussi des magnifiques ! 🙂 Sur le quai à Turkestan, une jeune femme et une petite fille étaient venus nous voir et avaient carressé Côtelette. Elles nous retrouvent dans le train, on discute un peu et un peu plus tard, Lana donne une lettre super émouvante à Claude lors d’une pause… (elle a été touchée de nous voir voyager avec Côtelette et de prendre soin d’elle, elle nous remercie pour cela)

On est tellement touchés, un énorme merci pour ce cadeau que tu nous as fait Lana !! On n’a pas réussi à te revoir mais sache qu’on se rapellera de toi longtemps et que tu es la bienvenue si tu viens en France ! 🙂

On finit par arriver à Aktau, fatigués mais contents. On se met en route pour Kuryk, le port qui est à 90km au sud de la ville. Le vent nous fait face, on n’avance pas très vite…

Le lendemain, on est désespérés quant on voit qu’en forçant de toutes nos forces, nos pointes peinent à dépasser les 10km/h… On a envie d’arriver au port, on fait donc du stop.
Un chauffeur adorable de camion réfrigéré nous prend et nous avance de 30km.

Les 15kms restants sont vent dans le dos. Sans un coup de pédale, on atteint les 18km/h !!
Pendant plusieurs centaines de mètres, on va à la même vitesse qu’un buisson en forme de crêpe qui avance emporté par le vent ! On se dit que c’est peut être en observant ce genre de phénomène que la roue a été inventée ! 😉
Sur la route du port, on se fait arrêter par des “durug” (amis en russe) qui insistent pour nous prendre en photos. Clairement, ils n’ont pas l’haleine dépourvue de vapeurs alcoolisées… C’est d’ailleurs un phénomène courrament rencontré depuis le Khirghizstan, les locaux ne semblent pas attendre l’heure de l’apéro pour attaquer la vodka…

On arrive finalement au terminal. Il y a une magnifique pelouse synthétique, Côtelette se roule dedans mais voit bien qu’il y a quelque chose qui cloche. Le bateau n’est pas parti de Baku à cause de la tempête. On s’apprête donc à attendre plusieurs jours que le vent se calme. Advienne que pourra !

Au jour le jour

Résidence Kirghize

Nous passons quelques jours à Osh avec l’espoir de trouver une remorque pour Côtelette et l’objectif de la faire pucer. Avant d’arriver à Osh, nous avions échangé avec le propriétaire de l’hostel (nous campons dans le jardin), pour nous assurer qu’il acceptait les animaux et pour lui parler de notre recherche de remorque vélo.

Il nous dit avec assurance qu’il connaît au moins deux magasins qui en vendent. Si vous n’avez pas assez voyagé dans la région, vous avez de fortes chances de vous réjouir, mais nous restons circonspects face à cette nouvelle. Nous nous rendons à l’adresse indiquée, et bien évidemment, il n’y a pas de remorque pour enfant… De retour à l’hostel on demande au propriétaire d’appeler ses autres adresses, on ne veut pas faire face à une nouvelle déception. Il nous envoie un message… bredouille !

Nous nous rendons à l’évidence, pour trouver une remorque, il va nous falloir nous rendre à la capitale !

Sur le front vétérinaire, notre avancée n’est pas plus fière. Stéphanie et Johanna se rendent chez un vétérinaire qui parle anglais et qui leur explique qu’ils ne font plus de puçage (sauf si on se procure la puce ?). Nous allons donc consulter nous oracles “agrovet” du bazar, et après une visite au temple “Agrovet Asia” Stéphanie ressort dépitée. Ils ont épluché tout le catalogue médical dédié au chiens, mais dans la région on s’y connaît plutôt en veaux, vaches et chevaux…

Même conclusion, pour acheter une puce, il faudra faire un saut de puce de 11h de taxi direction Bishkek.

 

Nous réservons donc un trajet pour le lendemain, départ 8h (la route est belle il vaut mieux la faire de jour !). On vous passe l’émoi du chauffeur face à la présence de Côtelette, on lui assure que “elle est entraînée cela ne posera aucun problème” et pas “c’est une chienne de rue qui déteste la voiture on ne sait pas si elle va supporter 12h de transport”. En réalité il espérait avoir un siège libre pour engranger plus d’argent, mais comme nous avions dit très clairement à l’hostel que nous voulions une voiture complète (pour pouvoir faire des pauses chien en cas de souci), ils finissent par trouver un arrangement. Tout ça se passe avant le départ, mais aussi sur la première heure et demie du trajet par téléphone… Heureusement on est habitués à ce que le prix change en route à présent, on sait se défendre :p

Nous arrivons à Bishkek vers 20h, et nous sommes accueillis superbement par les cyclos présents à la Friend’s guesthouse, le repaire local pour les vélos. Le lendemain (vendredi, seuls les séjours en ville sont capables de nous redonner un sens des jours de la semaine !) nous nous rendons dans une clinique vétérinaire où nous avons rendez-vous avec Jamila. Jamila est une jeune fille Kirghize qui vient de finir ses études en Angleterre. Elle parle donc un anglais parfait, et nous avons la chance d’avoir pu la rencontrer via sa cousine, elle-même amie du copain de Johanna. D’ailleurs, ses capacités anglophones associées à sa connaissance du russe seront sollicitées par d’autres personnes de la clinique vétérinaire, c’est un talent recherché !

Jamila nous aide à traduire tout ce que nous dit le personnel (adorable !) de la clinique, et à poser nos questions. Il faut dire que la situation en terme d’obligation vétérinaire pour franchir les frontières de chaque pays est plutôt complexe… Heureusement la complexité culmine pour l’entrée en Europe, ce qui nous laisse le temps de franchir les obstacles successivement 🙂 Notre objectif pour cette visite est de faire pucer Côtelette et d’obtenir un passeport international où figure les vaccinations. Aucun problème, notre chienne se transforme en cyborg sans difficulté, mais il est impossible de reporter les traitements qu’elle a reçus à Sary-Mogol sur son nouveau passeport. Ainsi, nous devons refaire un traitement anti-vers et les vaccins !

Nous apprenons au passage qu’il est dangereux de faire le traitement pour les vers en même temps que les vaccins car cela peut épuiser l’animal et le rendre très malade. Visiblement le véto de Sary-Mogol n’a pas pris la peine de nous prévenir et n’a pas l’habitude de prendre des précautions… Quand je pense qu’on s’étonnait qu’elle soit fatiguée les jours qui ont suivis… Elle aurait dû être léthargique mais marchait encore 20km sans difficulté ! Cela explique aussi que son premier jour en cage se soit bien passé en Chine, elle était encore sous le coup des traitements.

Ainsi, nous devrons revenir une semaine plus tard pour les vaccinations. Le problème, c’est que si nous devons attendre un délai de 30 jours après la vaccination, nous allons rester coincés en Kirghizie sacrément longtemps…

Pour remercier Jamila de son aide, nous allons tous déjeuner dans la meilleure pizzeria de Bishkek : Dolce Vita. Si on y réfléchit bien c’est certainement aussi la meilleure pizzeria du Kirghizistan, et probablement d’Asie Centrale… Nous profitons donc d’un déjeuner excellent, Jamila nous raconte des choses sur son pays et nous donne des bonnes adresses pour notre séjour à Bishkek qui vient de se rallonger d’au moins une semaine 🙂

Le lendemain, Johanna et moi nous rendons à Dordoy, c’est le plus grand marché d’import d’Asie Centrale et c’est… carrément impressionnant. Pour vous faire une idée, les allées du bazar sont formées par des containers côte à côte, empilés deux par deux. J’ai une photo d’une allée dont toutes les échoppes étaient fermées :

Maintenant que vous avez une bonne idée de ce à quoi ressemble une allée, il vous suffit d’imaginer la même chose sur une surface qui correspond en gros à une petite ville française, soit six ou sept mille containers… D’après la page wikipédia c’est comparable au grand bazar de Téhéran et au marché Chatuchak de Bangkok, pour ceux qui connaissent 😉 (Ce qui veut aussi dire que je peux désormais me vanter d’avoir visité le top 3 des marchés gargantuesques…).

Après une grande balade dans ce dédale et demandé plusieurs fois notre chemin, nous arrivons chez les marchands de vélos et accessoires. Nous trouvons même une boutique dédiée entièrement aux poussettes, dont le propriétaire connaît bien son métier et achève d’enterrer nos espoirs lorsque je lui montre ce que l’on cherche en photo “Nyet, only internet”. On avait bien sûr déjà pensé à cette option, mais la livraison au Kirghizistan n’est pas possible sur les sites qui offrent des remorques pour chien…

On enclenche alors le plan B, Stéphanie rédige un mail émouvant racontant l’histoire de Côtelette et l’envoie à tous les fabricants de remorque pour chien, en plus d’un appel à l’aide sur facebook. La force de l’internet est exceptionnelle et nous obtenons de nombreuses réponses, mais la plus exceptionnelle nous vient de Burley, qui souhaite nous soutenir en nous offrant une remorque ! Ils sont vraiment très attentionnés, vérifient la taille de la remorque par rapport à la taille de Côtelette, s’assurent que l’attache est compatible avec notre tandem, mais malheureusement ne peuvent pas livrer en Asie Centrale… Nous décidons d’accepter cette offre exceptionnelle (comment les remercier assez ??!) et de payer nous-même le transport jusqu’ici. Johanna se renseigne et DHL propose des prix intéressants depuis l’Allemagne (ils ont la chance de profiter du réseau DHL, notre colissimo est presque deux fois plus cher). La remorque arrive donc rapidement chez la mère de Johanna, qui s’occupe le jour même du renvoi vers Bishkek ! Merci encore ! Malheureusement, il y a une grande différence entre DHL Express et ce service, et le colis peut mettre plus de 15 jours à nous parvenir… Nous allons donc devoir rester encore quelques temps à Bishkek 🙂

Cela va malheureusement obliger Johanna à partir pus tôt que nous pour rejoindre Alex en Azerbaïdjan, et vu que nous restons seuls (et que ça fait déjà une semaine qu’on festoye tous les soirs avec les autres cyclos de notre hostel) nous décidons d’essayer de nous rendre utiles. A défaut de trouver un volontariat dans une ferme, grâce au groupe facebook “Expats in Bishkek” nous sommes invités par Stéphane dans sa guest house, en échange de quelques services, à définir.

Nous nous installons donc chez Ultimate Adventure, l’agence francophone implantée en Kirghizie depuis le plus longtemps ! Nous nous attaquons à un rafraîchissement général du site web en échange d’un hébergement exceptionnel ! La guest house est vide car la saison est terminée, mais nous restons avec le personnel sympathique que nous aidons par ci par là (finalement assez peu, le site web sera notre contribution principale). Le modèle de l’agence est assez intéressant car ils ont leur propre école de guide où ils forment les futurs guides… en français !

Au Kirghizistan, il y a deux langues officielles, le Kirghize et le Russe. Tout le monde dans le pays parle russe, mais dans la capitale c’est cette langue qui est utilisée quasi exclusivement. Il y a d’ailleurs une forte présence d’expatriés russes, contrairement au reste du pays où on a pu en voir seulement quelques uns, par exemple à Osh. De nombreux jeunes issus de parents kirghizes ne maitrisent pas la langue car ils ont été élevés en russe exclusivement, même si leurs parents parlent kirghize entre eux. Lors de leurs études, une grande proportion des étudiants choisi d’apprendre l’anglais, mais certains choisissent le français comme première langue étrangère. Nous avons eu la chance d’en rencontrer plusieurs, d’une part au sein de la faculté de français de l’université nationale, et une seconde fois lorsque nous sommes intervenus à l’Alliance Française (merci Morgane !). Nous avons présenté le voyage à vélo et discuté en français avec les personnes présentes, accompagnés par nos amis cyclos La Paire Peinard (un autre pino !) et Des Rustines et des Ailes.

L’école de guide d’Ultimate Adventure va donc chercher ses recrues parmi ces étudiants. La majorité d’entre eux sont d’ailleurs des étudiantes, et même si certaines sont motivées par le métier de guide et le deviennent, les traditions encore fortement présentes au Kirghizistan ne leur permettent pas de l’exercer longuement. En effet, dès qu’elles seront mariées, il est très probable (pour ne pas dire certain) que leur mari leur impose de se consacrer à leur foyer… Ainsi les rares femmes qui restent guides sont mariées à des étrangers ou célibataires… Ajoutez à cela qu’ici, si vous n’êtes pas mariée à 21 ans c’est qu'”il y a un problème”, et vous comprendrez que la durée d’activité des guide féminines de l’agence soit courte…

L’avantage d’être arrêtés dans une grande ville c’est qu’on ne manque pas d’activités !

Déjà, pendant la première semaine, nous avons profité de l’abondance des marchés et bazar de la ville en produits que nous n’avions pas vu depuis longtemps ! Des framboises à 1€20 le kilo, de la crème fraîche et du fromage, des légumes variés… et nous cuisinons tous ensemble à a guest house. Pour vous donner un exemple, nous avons fait une soirée crêpes 😀

Stéphanie est allée prendre quelques photos de Osh Bazaar, juste à côté de notre première guesthouse :

Nous participons aussi à un cours de cuisine où nous apprenons à faire les lagman véritables ! On a donc appris en particulier à étirer les pâtes à la main 😀 Je ne peux pas me retenir de glisser ici un aparté sur la Chine, en effet les lagman ont une origine disputée entre Ouïgours et Dungan, deux minorités musulmanes chinoises. Si vous avez lu nos articles précédents ou bien les journaux vous savez certainement déjà des choses sur les Ouïgours, mais qui sont les Dungan ? Ils sont aussi désignés comme Hui, et sont totalement indiscernables d’un point de vue racial des Han. Il suffit de deux clics depuis l’article wikipédia sur les lagman pour le trouver, mais je vous en recommande très vivement la lecture de cet article : Ethnic minorities in China, je l’ai trouvé absolument passionnant !

Pour terminer sur le plan culinaire, la ville regorge de restaurants internationaux, mention spéciale à notre Thaï préféré : Baan Baan.

J’aurais préféré ne pas évoquer ce plan #galère dans lequel nous sommes tombés, mais nous avons fait une sortie au parc Ala Archa dans les montagnes à proximité. C’est une vallée magnifique qui vaut vraiment le coup d’oeil, je vous laisse voir les photos… Il faisait extrêmement froid et nous avons dû écourter notre excursion…

Nous profitons avec Côtelette du grand parc de la ville, un endroit assez particulier… Les lacs qui servent de spot de plage l’été sont vides à cette période, les grandes allées sont presque vides (même un dimanche de grand beau temps on ne croise que quelques poussettes), une musique variée mais invariablement d’un goût douteux est diffusée dans la zone principale du parc. Heureusement le parc est assez grand pour trouver des coins de nature libres de toute construction, avec l’automne la forêt est magnifique et nous profitons du redoux venu en cette fin octobre.

La première fois que nous pique-niquons dans le parc, alors que nous n’avons croisé qu’une vingtaine de personnes en tout, un couple récemment installé à Bishkek et qui parle français nous aborde, ainsi qu’une dame Kirghize qui a vécu en France plusieurs années ! La francophonie a décidément un rayonnement exceptionnel 🙂

Shai et son fils Bekjantai nous invitent à dîner dès le lendemain, c’est pour eux l’occasion de pratiquer le français et pour nous la chance de passer du temps avec une famille Kirghize ! Nous passons une soirée superbe (il faut dire que nous sommes très bien reçus !) en leur compagnie, nous apprécions beaucoup le temps passé avec eux !

Nous avons aussi quelques projets d’excursion aux alentours (retourner à Ala Archa ??), mais les dénivelés sont un peu trop importants pour sortir à la journée à vélo malheureusement… Le transport en voiture est possible mais revient assez cher. Ces plans ne seront pas réalisés car Stéphanie vient de candidater à un poste et… a été sélectionnée pour l’entretien ! Elle a donc pas mal de travail de préparation, le poste lui plairait vraiment et elle bûche donc avec passion et rigueur… On croise les doigts !

Je vous laisse avec quelques photos de la ville et surtout… de Côtelette dont tout le monde veut des nouvelles ! Nous reprenons la route mardi, on attend encore la remorque mais on pourra passer la chercher en bus au pire en fin de semaine !

 

Au jour le jour

En trio au sud-est de la Turquie

Au fur et à mesure de notre progression vers l’Est nous approchions de plus en plus de ma cousine Julie. Julie travaille pour les Nations Unies et est basée à Erbil au Kurdistan Irakien depuis quelques années. Pour moi, Erbil et Mossoul étaient des villes très éloignées, mais à force de rouler, on arrivait bel et bien au Kurdistan 🙂 Retrouver Julie dans le sud-est de la Turquie était donc très facile ! Cependant les recommandations du ministère des affaires étrangères étaient d’éviter la zone, en particulier la frontière avec la Syrie. Après s’être renseignés auprès d’autres voyageurs récemment passés à vélo, nous décidons de donner rendez-vous à Julie à Gaziantep, et de suivre un itinéraire qui va plutôt vers le nord-est. Nous renonçons par exemple à visiter Mardin, que nous jugeons trop au sud. Julie va vous raconter cette semaine (elle prépare aussi un article en BD pour plus tard), mais elle a oublié de mentionner qu’avant de venir elle n’avait plus fait de vélo depuis… 15 ans ! Alors plus d’excuses pour venir partager la route avec nous 😉

Cet article est publié avec du retard et raconte la semaine du 9 au 16 juin.

 

« tandemonde » , on peut l’approcher de deux façons : ‘Tandem-monde’ synthétisant le projet de parcourir à vélo la route de la soie ou ‘tant-de-monde’, comme si les rencontres à venir promettent d’être si nombreuses, tant et tellement, presque trop.

C’est pleine d’élan que je suis partie retrouver Steph et Claude en Turquie. Les dates de séjour s’organisent avec flexibilité et je me prépare au départ en consultant le blog (je n’en aurai que rapidement parcouru quelques deux autres) (www.tandemonde.fr ne cesse d’évoluer, quel plaisir pour le visiteur du site). Seule question en tête : que dois-je mettre dans mon sac ? La consigne sera simple. Le moins sera le mieux. L’idée me réjouit.

C’est à Gaziantep que je retrouve Steph et Claude et me fonde ainsi à l’aventure tandemonde. Un vélo sera acheté auprès de vendeurs locaux, négocié en turc par Claude, et baptisé Pistache.

Durant les 10 jours partagés, nous avons relié Gaziantep à Diyarbakir (capitale du Kurdistan turc). Nous avons pédalé pendant plusieurs jours au travers de champs de pistachiers, partagé un petit bout de route avec un autre cycliste, puis été accueillis par une famille pour la nuit lorsque l’orage a éclaté. Nous avons découvert les mosaïques, visité les cités englouties par les eaux et les mausolées nichés sur les collines.

Je ne sais comment raconter le voyage à vélo. Les souvenirs sont nombreux certes ; les sensations souvent rappelées par certaines photo ou mots (Güle güle).

Quelle chance extraordinaire de pouvoir partager quelques jours de voyage avec mes cousins. Car il s’agit du voyage pur ; tel que le plus romantique d’entre nous le conçoit : la route, un moyen de locomotion fonctionnant par l’énergie que nous lui fournissons, le plaisir de l’effort et du repos, le bien-être qu’apporte la restauration après la journée d’effort ou l’eau fraiche du lac pour se laver. Je suis émerveillée par l’indépendance que Steph et Claude se sont créés via le matériel judicieux qu’ils transportent. Quel plaisir de comprendre l’utilité et le fonctionnement de chacun d’entre eux. Mes cousins auront été des plus généreux dans leur accueil. Partage de savoirs et connaissances, mais surtout d’une écoute attentionnée et bienveillante.

Aujourd’hui, le voyage se poursuit, par les lectures (saison brune de P. Squarzoni), les écoutes (podcast : série française « être féministe »), les photo, les dégustations (un énorme sachet de pistaches), et une sensibilité : aux autres et à l’environnement.

Je ne sais comment remercier Steph et Claude de m’avoir permise de me sentir part de l’aventure. Je souhaite que la route leur soit douce.

 

Voici une vidéo concoctée par Stéphanie de cette semaine ainsi que quelques galeries de photos :

Une galerie du musée de mosaïques de gaziantep :

This slideshow requires JavaScript.

Une galerie de Gaziantep :

This slideshow requires JavaScript.

Une grande galerie de photos sur la route :

This slideshow requires JavaScript.

Des photos de la famille de Mehmet qui nous a accueillis pour un soir !

This slideshow requires JavaScript.

Des images de notre excursion au Nemrut Dagi :

This slideshow requires JavaScript.

Au jour le jour

Changement de programme

Quand on a préparé ce voyage, notre idée initiale était d’aller jusqu’à Singapour. Les premiers jours, on s’était amusés à estimer la probabilité d’y arriver réellement, on l’avait établi à 3%. Autrement dit, on n’était déjà pas très sûrs de nous ! 😉 On espérait pouvoir faire le retour en bateau (cargo), on a depuis abandonné l’idée en route : soit le voyage est très cher (il faut compter 2000€ pour 3 semaines), soit… il n’y a pas d’alternative en fait, on a abandonné tout espoir de pouvoir se faire enrôler pour frotter la rouille ou nettoyer le pont.

Depuis quelques mois, on avait donc renoncé au fait d’aller rendre visite à nos copains émigrés à Singapour (un petit coucou au passage !) et on pensait faire un petit tour en Asie du Sud-Est puis revenir en Chine et prendre le transsibérien jusqu’en Europe.

Comme nous n’avons pas vraiment apprécié notre (court) séjour chinois, nous voici de retour au Kirghizstan. Après pas mal de remue-méninges, on s’est dit qu’on allait tout simplement… rentrer à vélo ! On était assez frustrés de ne pas avoir passé plus de temps au Kirghizstan, de ne pas être allés dans le Caucase, région tant vantée des touristes, on a adoré la Turquie et Claude n’est toujours pas allé à Istanbul… Bref, que de bonnes raisons pour faire demi-tour lentement !

Nous avons donc prévu après le Kirghizstan, d’aller au Kazakhstan (en trichant avec un train), traverser la mer Caspienne, arriver en Azerbaïdjan, passer du temps en Géorgie et Arménie, longer la mer noire en Turquie et revenir par l’Europe de l’Est (Eurovélo 6). Cet itinéraire a l’agréable particularité d’être très facile en terme de visa.

Mais comme on est un peu fous (en tout cas, c’est ce que vous avez l’air de penser ! 😉 ), on se rajoute un défi de taille : ramener Côtelette ! (en tout cas, on va tout faire pour) On est maintenant dans les casse-têtes de vaccinations, passeports pour chiens (pour l’instant le nôtre est en cyrillique… :/ ), micropuce, test d’anticorps anti-rabiques… Si d’ailleurs vous avez un plan pour avoir des papiers qui ont l’air un peu plus officiels/européens, on est preneurs !

Elle est vraiment adorable, elle est super contente à chaque fois qu’elle nous voit. Elle adore toujours autant le vélo et sait déjà marcher en laisse !

 

Après la frontière chinoise, nous avons donc fait demi-tour jusqu’à Sary-Tash. Nous testons la carriole avec le vélo de Johanna mais elle bouge dans tous les sens (pour les physiciens, on est devenus des pros de l’instabilité de la valise !), l’attache se casse… On essaie d’y mettre Côtelette mais elle s’enfuit dès qu’on la lâche. Finalement, on abandonnera la carriole à Sary-Tash : elle nous empêche d’aller vite et en l’état, il semble impossible que la chienne s’y habitue… On est ultra déçus, Claude avait fait un super boulot !!

Sur ce chemin, on passera aussi notre nuit la plus froide à 3500m, l’humidité doit jouer aussi dans ce ressenti. Le matin, tout est couvert de givre, la chienne a dormi sous l’auvent de la tente pour rester au chaud près de nous. 🙂 On part dans le brouillard, on ne pourra pas admirer les montagne cette fois !

On arrive à Sary-Tash après une petite journée où l’on retrouve Roberto. On essaie d’organiser la suite de notre voyage en trouvant une remorque à acheter à Osh ou à commander sur internet. Nos recherches ne sont pas très fructueuses, le manager de la guesthouse à Osh nous assure qu’il est possible d’en trouver sur place. Claude est sceptique mais on décide de lui faire confiance, faute de mieux.

La nuit, la neige tombe. On part le matin sous un paysage tout blanc. On monte un col via une route à… 8% ! Il faut dire que depuis qu’on est au Kirghizstan, on ne voit que des routes à 8%, peu importe qu’elles un peu ou très raides, cela devait être plus simple de ne produire qu’un panneau…

La descente est vertigineuse, on est contents d’être dans ce sens ! La pauvre Côtelette a un peu le mal des transports avec tous ces virages à l’avant du tandem, on y va doucement…

Ensuite, 70km de douce descente nous attendent, c’est royal ! La vallée est magnifique, les montagnes sont rouges, oranges, jaunes… on se régale !! A force de descendre, on retrouve même des arbres, ça faisait longtemps !

Un dernier col est prévu avant Osh. En regardant de plus près la carte, on réalise qu’il y a un chemin qui continue de longer la rivière. A la sortie du village où l’on déjeune, on a bien cru que Côtelette allait nous abandonner pour rester auprès d’une poubelle qui avait l’air fantastique pour ses yeux de chien errant. Elle finit par nous rattraper, ouf !

On quitte la route asphaltée et les camions de charbons pour retrouver une piste (le Pamir n’a pas réussi à nous en dégouter 😉 ). C’est très agréable, on ne regrette pas notre choix !

Les derniers kilomètre sont un peu moins plaisants : on est toujours sur de la piste mais des camions nous dépassent à toute blinde… On traverse d’épais nuages de poussière…

On bivouaque dans le jardin d’un monsieur adorable qui nous offre une de ses courges (il faut dire qu’il en a beaucoup !) et une pastèque, on se régale ! C’est par contre la première nuit avec Côtelette dans un village. Et qui dit village, dit chiens qui aboient… elle se joint malheureusement au cœur, on a encore un peu de travail d’éducation … :/

On arrive à Osh, on s’installe dans un petit restau au milieu d’un parc avec des manèges au look désuet, on redécouvre le plaisir d’un déjeuner au milieu accompagné d’une bière. Nos voisins ont d’ailleurs dû en abuser : ils sont complètement saouls en plein après-midi… On plante les tentes dans une charmante guesthouse, au programme de ces prochains jours : missions carrioles et véto pour la chienne !

A bientôt !