Cités mythiques de la route de la soie

Au jour le jour

Cités mythiques de la route de la soie

Pour ce premier jour en Ouzbékistan nous partons tôt, sur notre itinéraire c’est tout plat, ce qui veut dire que la chaleur reste un paramètre à prendre en compte. La circulation est beaucoup plus faible qu’en Iran, en particulier les motos ont totalement disparues ! Par contre on croise beaucoup de gens à vélo, et pour le transport c’est plutôt des charrettes tirées par des ânes 🙂 Les voitures sont quasiment toutes de marque chevrolet, et même les taxis et bus sont des mini vans très étroits, c’est bien, ça nous laisse beaucoup de place au bord de la route !!

En milieu de matinée nous découvrons notre premier bazar, c’est toujours un moment que j’apprécie particulièrement car ils sont très différents dans chaque pays. Ici, les stands sont très spécialisés, et on trouve de tout dans un petit rayon. Il n’y a pas de ségrégation en fonction du type de bien, à part pour la viande qui demande quelques installations de nettoyage fixes. D’ailleurs pour faire la pub, les bouchers exposent la tête de l’animal abattu, c’est assez impressionnant !

Une autre chose qui change beaucoup d’un pays à l’autre, c’est le pain. En Iran il y avait une variété importante. Ici, les pains se ressemblent plus, mais il y ont des textures et des goûts différents 🙂 Toujours pour la nourriture, le standard ici c’est l’eau gazeuse, il faut insister pour obtenir des bouteilles d’eau plate, et on n’en trouve pas dans tous les magasins !

Lors de notre longue pause déjeuner, on sort de notre demi-sommeil réveillés par un autre cycliste : Daniel qui vient d’Allemagne. Il finira la route vers Boukhara avec Gabriel et nous !

Nous n’avons absolument pas prévu notre arrivée à Boukhara, donc nous sommes bien contents de nous laisser guider par Gabriel et Daniel qui maîtrisent bien le sujet des hostels de la villes. Après une petite balade on se rend compte ensemble qu’en périphérie et dans le centre c’est le même prix. On les laisse s’installer dans les dortoirs chez “Rumi” tandis que nous allons tout à côté dans un hôtel ou il reste des chambres doubles (ça revient au même prix pour nous !).
Après un repos de fin d’après midi nous partons à la découverte de la ville tous les quatre, avant de dîner dans le centre.

Boukhara est une ville très touristique dont le charme est quelque peu atténué par les aménagements qui y ont été réalisés. Lorsque nous visitons la ville le lendemain nous sommes évidemment ravis par l’architecture, mais on trouve un magasin de souvenirs coincé dans chaque recoin utilisable… Bref, on ne peut pas dire qu’on soit déçus pour autant, mais en repartant ce n’est pas notre escale préférée !

Nous dînons de nouveau avec Gabriel, notre espagnol se dérouille petit à petit ! Heureusement, il fait l’effort de parler sans l’accent argentin, ce qui nous permet de comprendre plus facilement, et Stéphanie m’aide pour le vocabulaire 🙂

Pour la route vers Samarcande il y a deux possibilités, nous prenons la route nord tandis qu’il ira par le sud, nos chemins se séparent ici !

Afin de profiter du petit déjeuner et d’éviter la chaleur, nous partons en fin d’après midi. Après une trentaine de kilomètres nous nous arrêtons dans un village pour demander où nous pourrions planter la tente. Nous réalisons alors que la langue étrangère la plus utile ici est le russe… Mon turc ne sert plus à rien ! Le tadjik est aussi compris, c’est plus ou moins utile car cela ressemble au farsi, donc on connaît quelques mots de base.

Mais bien heureusement l’attroupement qui se forme toujours assez rapidement autour de nous finit par réunir un jeune du village qui parle un peu anglais. Il comprend notre requête et après une très courte réflexion nous invite chez lui !!
Il s’appelle Ahmed Ali, il étudie l’informatique à l’université de Boukhara et nous sommes dans la maison de ses parents. Il nous a expliqué que le village où nous nous sommes arrêtés est un village arabe. On a été assez surpris et en regardant à présent je ne trouve qu’assez peu d’informations sur cette communauté, qui semble très réduite !

Comme vous pouvez le voir, la générosité des locaux est toujours aussi exceptionnelle, d’ailleurs on ne tardera pas à renouveler l’expérience, puisque le lendemain il nous arrivera exactement la même aventure, cette fois en demandant à l’intérieur d’un magasin… Durant la journée pas grand chose à signaler, à part peut être le restaurateur qui a essayé de nous faire payer nos heures de siestes en plus de la nourriture (qui ne tente rien n’a rien !). Chez nos hôtes ce soir là on a pu assister à un chantier assez amusant, il semblerait qu’il vendaient leur argile et il y avait donc un groupe de quatre ouvriers en train de fabriquer des briques, remplaçant le fond du jardin par un immense trou 🙂

Nous repartons de nouveau dès potron-minet et lors de notre première pause du matin nous voyons arriver deux cyclistes ! Il s’avère que nous les connaissons puisque ce sont Christine (franco allemande) et Marta (lettonienne) que nous avions croisées devant l’ambassade du Turkménistan à Machad. Elles partent un peu en avant mais on les rattrapera un peu plus tard (!) et nous faisons la route ensemble jusqu’à la pause déjeuner.

Le soir nous nous arrêtons dans un petit village pour faire le plein d’eau, et pas très loin se trouve un très grand groupe de personnes qui semblent attendre, et plutôt bien habillées ! Vous l’avez deviné, c’est un mariage ! Une fois de plus il ne tarde pas à venir des personnes qui parlent le russe (et pas turc :D), et heureusement après quelques minutes un homme qui parle anglais les rejoint ! Il suffit de trois minutes d’échange pour que les doyens nous invitent à nous joindre à la fête !! Les femmes et les hommes ne rentrent pas dans la salle au même moment, et ne sont pas assis du même côté (enfin, si il n’y a plus de place, on peut avoir une table de femmes dans le côté des hommes). Notre traducteur nous explique qu’en Ouzbékistan les mariages réunissent au minimum 300 personnes, et pour les personnes aisées c’est plutôt 1000 ! La salle où nous nous trouvons est donc énorme, et les tables très bien garnies (sans compter les plats qui arrivent ensuite !). Ce qui est très étrange dans tout cela, c’est que le couple se trouve sur le podium et que personne ne semble leur prêter attention… Tout le monde mange tandis qu’ils doivent rester debout à attendre… Pour être très honnêtes, on n’est pas sûrs sûrs que ce soit les mariés, notre traducteur nous a dit “sister and brother in law”. Donc cela pourrait être le frère et la sœur d’un des côtés du couple. Car, détail très important, les mariages se font en deux fois ! Il y a deux soirées successives, chaque côté de la famille invitant l’une après l’autre… Nous en profitons jusqu’au coucher du soleil et comme je suis très fatigué on repart chercher un endroit où planter la tente (Stéphanie aurait bien aimé rester un peu plus longtemps…).

Nous arrivons le lendemain midi à Samarcande où nous nous installons dans un B&B en plein centre qui est très couru par les cyclistes et les participants au mongol rally. Une très bonne surprise nous attend, car un autre pino se trouve dans la cour ! C’est (encore !) un couple de français (on dirait que les pino appartiennent tous à des français), Corinne et Christophe. Ils sont super sympas et on passera quelque temps et repas en leur compagnie 🙂

Dans l’après midi, Gabriel notre ami argentin arrive aussi ! Il était parti un peu avant nous mais en empruntant la route du sud, qui est plus longue et avec plus de dénivelé.

Les deux jours suivants nous visitons Samarcande qui nous émerveille absolument ! C’est une ville exceptionnelle, les bâtiments sont somptueux et le tourisme moins visible qu’à Boukhara (et plus de touristes locaux).

Les sites les plus beaux sont le Registan ainsi que des mausolées.

Les bâtiments les plus anciens remontent à l’époque de Tamerlan, je vous rassure lui aussi c’est un grand, Timour le Grand (ou le boiteux mais je suis sûr qu’il aimait moins cette version). En gros il y a toujours eu des gens dans la région (cf infra le musée du site archéologique local), et puis au 12/13ème Genghis khan a débarqué et a tout rasé/massacré. Histoire de consolider un roman national, Tamerlan a eu droit à un regain de postérité en devenant une sorte de héros fondateur. C’est pas complètement faux puisque depuis cette époque seul le passage du temps a affecté les structures, et la reconstruction et les réparations ont pu être faites par les soviétiques.

Timour donc, fonde la dynastie des Timourides. Il ordonnera la construction de quelques uns des mausolées évoqués plus haut et visibles plus bas, destinés à ses frères et soeurs. Pour lui même il pensait être enterré à Sharisabz (sa ville de naissance, 60km au sud de Samarcande), mais sa mort lors d’une campagne le mènera à un enterrement dans la capitale.

L’un des trois bâtiments du Registan, le plus ancien, a été construit sous le règne de Ulug bek, petit fils de Timour. En 1507 les Shaybanides renversent les Timourides (sans destruction majeure), et le premier de leur dirigeant complète la place du Registan par les deux autres bâtiments qui y sont présents aujourd’hui. Les trois sont des madrasas (écoles religieuses), qui hébergent aussi en leur sein des mosquées, dont la plus grandiose est aussi la plus récente : la mosquée dorée (Tilya-Kori, 1650).

Voici une première galerie avec le Registan, vous devriez reconnaître facilement la mosquée dorée, Stéphanie en a fait des photos incroyables :

Une seconde galerie avec d’autres bâtiments et les mausolées :

Sur la recommandation de Camille et Gaëtan nous visitons aussi le musée de l’afrosyab (un site archéologique, occupé de l’an -500 à 1200). Pour comprendre de quoi il s’agit on vous recommande de visionner la vidéo suivante, qu’on glisse dans l’article plutôt qu’en lien tellement elle est bien faite et hypnotisante (trouvée sur kottke.org, un blog que je vous recommande) :

Nous n’avons pas de photos du musée, mais il présentait de belles céramiques du 10e siècle ainsi qu’une fresque très impressionnante du 7è siècle.

Nous repartons de Samarcande en compagnie de Gabriel, direction le Tadjikistan ! Voici à quoi ressemblent des cyclistes fiers d’être venus jusqu’à cette ville joyau à la force de leurs jambes !

 

En bonus pour les hispanophones (ou si vous aimez les vidéos), la vidéo de Gabriel sur l’Ouzbékistan où l’on nous voit à plusieurs reprises :

 

4 COMMENTS
  • Anita
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    Quel plaisir de vous voir si épanouis et heureux et on le comprend après avoir vu ces photos de monuments et de partages avec la population . Vous nous faites partager l’histoire si riche de ces contrées si lointaines.
    Continuez à nous faire voyager et merci pour la vidéo , c’est bluffant.

  • Christine
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    Or et indigo, c’est magnifique ! Autant que vos sourires! 😀

  • Marie noelle
    Reply

    Toujours un plaisir de vous lire. Ça requinque, pour nous qui sommes redevenus citadins et sédentaires. Profitez à fond de ce magnifique voyage ! Et merci pour le temps que vous passez pour nous faire plaisir par votre journal de voyage.

  • Camille
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    Un grand merci pour votre carte de Samarcande arrivée la semaine dernière.
    Bravo et bonne route

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