Author: <span>Claude</span>

Au jour le jour

Désert et demi

Suite à notre magnifique nuit dans le caravansérail, force est de constater qu’il faut reprendre la route et retourner à la civilisation moderne. Après un lever aux aurores, on a le plaisir de commencer la journée par quelques kilomètres de sable… Mais heureusement que ça ne dure pas 😉

La route s’améliore en partie car elle est empruntée par de gros camions qui ont bien tassé le substrat, on en croise quelques uns et c’est très perturbant : dans le désert, il n’y a aucun bruit, alors on les entend venir de très très loin, et comme ils ne roulent pas non plus très vite sur ce terrain accidenté, on se sent suivis mais il n’y a rien à voir dans les rétros pendant de longues minutes !

Petit à petit on croise de plus en plus d’activité humaine, des mines et des carrières, et l’asphalte réapparait quelques kilomètres avant le premier village. Nous trouvons sans difficulté de quoi nous ravitailler en eau, et un des habitants nous suggère un petit raccourci pour rejoindre notre prochaine étape. Dans cette zone la route principale, qui est assez empruntée, fait un long crochet, on juge donc qu’il vaut mieux rouler sur de la terre pour quelques kilomètres et éviter le trafic. C’est toujours un pari de choisir la route de terre, mais cette fois ça paye !

On rejoint donc la ville de Nadoushan sous un soleil de plomb. Le centre ville a la mauvaise idée d’être en hauteur et cette dernière côte est épuisante ! Deux iraniens sympathiques à moto nous emmène dans le seul (?) restaurant de la ville où nous nous régalons d’un kebab viandes mixtes (le classique.). Ils sont sympas mais un peu collants et veulent absolument nous emmener dans la seule guest house de la ville. On a très bien compris et on leur dit clairement qu’on va rester tranquillement au restaurant puis reprendre la route. Cela ne semble malheureusement pas vraiment les affecter, et ils patientent toute la durée de notre déjeuner avant de revenir à la charge ! Face à notre nouveau refus, ils cèdent.

Dans ce genre de moment on se sent un peu gênés, surtout qu’ils ont patiemment attendu qu’on finisse de déjeuner… Est-ce qu’on a pas été assez clairs la première fois ? En Iran, il y a une règle de politesse dont l’interprétation mène souvent à des situations cocasses, c’est le “Taarof“. Sa manifestation la plus courante est lorsqu’un commerçant refuse votre paiement. Il convient d’insister, et normalement la situation se débloque. Mais ça, c’est le cas le plus facile. Parce que comme on est des touristes, parfois on veut vraiment nous offrir les choses. Comme le dit notre hôte ici à Machad “There are nos that mean no and nos that mean yes.”. On trouve des témoignages amusants sur internet des premières expériences des touristes avec cette courtoisie persane, par exemple un taxi qui refuse le paiement, mais sort enragé du véhicule lorsque le touriste s’en va en effet sans payer 🙂

L’après midi s’écoule tranquillement et nous reprenons la route, la ville de Nadoushan se vante d’être le centre géographique de l’Iran, donc nous sommes officiellement dans l’est du pays ! Nous nous arrêtons dans le petit village suivant après avoir croisé une très belle mosquée isolée dans la montagne.

Pour camper, on nous propose un abri sympathique mais un peu trop en vue à notre goût, et nous sommes un peu l’attraction. Nous décidons donc de diner et d’aller voir plus loin où camper ensuite. L’endroit où nous dinons est tout à côté du lavoir, et de nombreuses femmes s’y rendent. Elles paraissent relativement timides, en tout cas elles ne viennent pas nous parler. Lorsque nous avons terminé, Stéphanie s’éloigne pour s’occuper de la vaisselle pendant que je prépare nos sacoches, et là, toutes les femmes se jettent sur elle ! Elles sont très curieuses et ont plein de questions, comme beaucoup de personnes que nous avons croisées dans notre voyage. Seulement, il y a une zone de sécurité de 2m autour de l’homme, et il leur était impossible de venir nous voir avant… C’est très triste :/ Je reste donc bien à l’écart pour leur permettre de discuter. Cela nous est arrivé de nouveau depuis, chaque fois que je m’éloigne une nuée de femmes curieuses viennent parler à Stéphanie, et si je m’approche tout le monde retourne poliment à ses activités, bien loin de nous, et du grand méchant loup (bibi). Steph : à chaque fois que ça nous arrive, ça me rend extrêmement triste. Ces femmes ont tellement envie de me (nous ?) parler mais ne conçoivent pas de le faire tant que Claude est proche malgré mes signes pour montrer qu’il n’y a pas de problème pour continuer de discuter entre nous même s’il est là.

Notre plan camping s’avère parfait car à la sortie du village nous trouvons un paisible parc public. Lever aux aurores pour la dernière étape vers Yazd. La journée commence par une longue descente où nous avançons à 30 km/h sans effort, on se dit que c’est gagné d’avance et qu’on va arriver tôt. Mais notre chance tourne avec le vent qui s’installe bien en face de nous, la pente s’inversant aussi on tombe à un triste 8 km/h 🙁 L’entrée dans la ville s’avère très difficile, notre petite route étant supprimée et remplacée par une bretelle menant à la voie expresse. On choisit de galérer un peu pour ne pas emprunter de route dangereuse, mais cela nous force à traverser des chantiers et des terrains très cabossés. La conduite dans les villes iraniennes étant un sport bien à part, on arrive un peu rincés dans un salutaire bar à jus, où l’on se requinque à coup de smoothie melon orange ou banane. On contacte plusieurs guest house et on retrouve le propriétaire de la backpack guesthouse qu’on avait croisé au caravanserail. Il nous offre un bon prix et on s’y installe !

La ville de Yazd est superbe, c’est un dédale de petites ruelles, couvertes car il y fait une chaleur insoutenable (même pour des iraniens !). “La ville du désert” est riche en tour de vent nommées bagdirs, cela donne de très belles perspectives. Le fonctionnement repose sur la capture de la moindre brise de vent pour faire circuler l’air dans les pièces de vie. La version avancée combine les bagdirs avec le second système de refroidissement de la ville : les qanats. Ce sont des tunnels sous terrains en pente douce et qui arrivent directement de la montagne. Ils permettent de capter les nappes phréatiques, car celles ci montent avec la montagne. Il y a donc un endroit où le haut de la nappe phréatique est plus haut que le sol de la ville à alimenter. C’est le point de départ du qanat ! Ce système d’irrigation permet de disposer d’eau fraiche et potable. Pour le système de climatisation, en faisant circuler les brises d’air chaud au dessus du qanat, on provoque l’évaporation d’une partie de l’eau, ce qui refroidit l’air (c’est le principe de la transpiration). Dernier bâtiment spécifique à la vie dans le désert, les Yakhchal. Ce sont des frigos qui servaient à stocker de la glace, même en plein été.

Pour les versions modernes de ces quelques systèmes, sans surprise on retrouve les ventilateurs, les frigos et les congélateurs. Plus surprenant, pour la climatisation ici il existe un système inconnu en Europe ! En effet l’air étant extrêmement sec, pas besoin de cycle thermodynamique complexe et de machine à fabriquer du froid pour faire de l’air frais : il suffit de faire passer de l’air au travers de l’eau, et toujours par évaporation, on obtient un courant d’air frais ! Cela s’appelle un climatiseur par évaporation en France.

La ville n’est évidemment pas dépourvue de bâtiments historiques, dont la mosquée “du vendredi” qui a les plus hauts minarets du pays. Nous avons aussi pu visiter le musée de l’eau, qui explique en détail le fonctionnement et la construction des qanats.

Au départ nous pensions aller de Yazd vers Shiraz à vélo, mais la première moitié de l’itinéraire est vraiment désertique, avec un vide d’un peu plus de 100km. Nous avons donc choisi de prendre un bus jusqu’à la ville de Pasargad. Sur cet itinéraire se trouvent deux sites antiques magnifiques, le premier donc est le site de l’une des capitales de l’empire de Cyrus le Grand, Pasargades. C’est le fondateur de l’empire perse, stratège de guerre de réputation inégalée (admiré par Alexandre lui même, entre “le Grand” on se serre les coudes), membre de la dynastie des Achéménides. On est au 5ème siècle av J.C. et après lui règneront plusieurs rois (dont Xerxès qui est plus connu j’ai l’impression) avant que les grecs ne viennent faire le ménage en 330 av J.C., menés par Alexandre.

Cyrus a la réputation d’être très ouvert, et de vouloir intégrer et assimiler toutes les cultures des pays conquis. Il a aussi la réputation d’avoir libéré les juifs de Babylone lors de sa conquête de la ville (c’est l’ancien testament qui le dit). Donc les sites archéologiques sont très intéressants, car on retrouve des éléments et des fusions des styles architecturaux de nombreuses civilisations antiques. Le vestige le plus notable est la tombe du monsieur, dont les proportions sont probablement à la hauteur du prestige de son patronyme.

Les successeurs de Cyrus de la dynastie des Achéménides, à commencer par Darius (son neveu), ont voulu eux aussi prouver leur grandeur en construisant une ville royale dans le coin. Ils ont donc déménagé 60km plus au sud, et fait construire des palais à Persepolis. Il nous a semblé comprendre qu’ils utilisaient en fait les deux sites, se déplaçant pour l’été et pour l’hiver. On a pas vraiment compris quelle différence météorologique il peut y avoir avec une telle proximité, mais il y a sûrement une très bonne raison. Pour nous rendre de Pasargades à Persepolis nous empruntons la route principal jusqu’à la ville la plus proche. Ce sera notre étape pour la nuit, nous ne parvenons pas à trouver de parc pour camper ni d’iranien qui parle suffisamment bien anglais. Les personnes qui nous aident nous emmènent dans une guest house très jolie mais hors de prix. Après négociation on s’installe pour la nuit.

 

Le lendemain nous arrivons à Persepolis aux alentours de midi, et nous nous attendons la fin d’après midi à l’ombre des pins. Pour ce genre de visites cela vaut vraiment le coût en général de prendre un guide, et ici, contrairement à l’acropole à Athènes, ce n’est pas totalement hors de prix.

Notre guide nous fournit des explications excellentes (il faut dire qu’elle est diplômée d’archéologie), ça nous change des volontaires dans les sanctuaires qui en général fournissent des commentaires du genre “This is very old. This is the door. This is gold. This is the oldest part. Please take picture.”. En ce qui me concerne la visite de Persépolis m’a marqué comme le plus beau site archéologique que je n’ai jamais vu (Je crois que Stéphanie a des souvenirs d’Abou Simbel en Egypte qui lui font concurrence). C’est véritablement exceptionnel. La partie la plus intéressante est justement un témoignage de l’ouverture et de la diversité de l’empire Perse : une fresque représentant 23 délégations des peuples constituant cet empire, chacun avec leurs caractéristiques physiques, leurs habits, et les présents qu’ils apportent au roi.

En ce qui concerne les fouilles, les plus belles pièces découvertes sont exposées au British Museum, le Louvre dispose de quelques éléments, le Pergammon à Berlin aussi, mais ce dernier dispose surtout des trésors d’une autre capitale de l’empire perse : Babylone. J’ai eu la chance de le visiter il y a quelques années lors d’un séjour estival chez Johanna, c’est un musée exceptionnel (avis à ceux qui voyagent, en train évidemment, dans les capitales européennes et qui ont réussi à éviter Berlin jusqu’ici… Et pourtant JC parle parfaitement allemand !).

Lorsque nous partons, des étoiles plein les yeux, nous croisons un hôtel de “touring” sur la route principale, dans cette fameuse forêt de pins plantée en 1978 à l’occasion d’une célébration des 2500 ans du royaume de perse, soit avant la révolution islamique. Nous négocions un prix très avantageux pour pouvoir planter notre tente, et on passe une soirée à se croire dans les landes 🙂

Pour éviter l’autoroute en direction de Shiraz, nous empruntons un itinéraire plus long mais plus calme. Aussi, ça monte, alors que l’autoroute ne fait que descendre. Et oui, c’est la dure loi du vélo ! Au moment de nous reposer après le déjeuner, nous constatons que 40km seulement nous séparent encore de Shiraz, et nous décidons d’essayer d’y arriver le jour même. Notre hôte warmshowers est adorable et très flexible, ça ne pose aucun problème que nous arrivions un jour plus tôt ! Nous prenons donc notre courage à quatre pieds pour 40km, 300m de montée, puis une longue descente vers la ville.
Notre hôte WS habite en plein centre de Shiraz, il travaille dans le tourisme et aimerait bien transformer la maison où il loge en guest house. Malheureusement pour racheter le bâtiment aux propriétaires il faut un peu d’argent, et ses potentiels associés sont devenus frileux lorsque les Etats Unis ont annoncé leurs sanctions. On n’en a pas énormément parlé mais ces sanctions ont un effet catastrophique sur l’économie du pays.

En Iran le gouvernement fait ce qu’il veut, et concernant la monnaie la mesure la plus problématique est que le taux de change officiel n’a rien à voir avec le taux de change réel. Le taux officiel est, en gros, de 50 000 rials pour un euro, il est accessible uniquement aux agences gouvernementales et aux entreprises du pétrole. Pour les autres, pour s’acheter un euro il faut utiliser le marché noir, dont le taux est évidemment bien supérieur. Suite aux sanctions américaines, les investisseurs et les capitaux fuient le pays, donc la monnaie se dévalue. Pendant un temps le gouvernement achetait chaque jour des dollars, afin de compenser la perte, mais comme ça ne peut pas durer éternellement, ça ne suffit pas à équilibrer ce genre de situation. Alors on vous rassure, c’est partout pareil, ceux qui paient l’addition c’est évidemment tout le monde sauf les plus aisés. En effet, tous les produits d’import coûtent aujourd’hui entre 2 et 3 fois plus cher qu’il y a quelques mois, donc beaucoup de choses deviennent inaccessibles au plus modestes (imaginez diviser votre pouvoir d’achat par 3 en 5 mois, sur tout ce qui ne vient pas de France, c’est effrayant). Mais pour une personne riche capable de corrompre les bonnes personnes, on peut par exemple importer des véhicules neufs en utilisant le taux officiel, et les revendre immédiatement… au taux normal, celui qui s’applique normalement aux véhicules, ce qui augmente la marge de près de 100%. Le gouvernement a essayé récemment de s’attaquer au marché noir en créant un nouveau Forex ouvert plus largement aux entreprises hors pétrole, avec un taux indexé sur l’offre et la demande. Cela a créé un petit chaos chez les bureau de change pendant quelques jours (impossible de changer même pour des touristes), le Forex a démarré et… rien n’a changé, car les causes sont inchangées.
Pour ceux d’entre vous qui n’y connaissent rien en économie mais que cela intéresse, je recommande la lecture du livre “The bankers who broke the world“. Merci Nicolas de me l’avoir conseillé, je l’ai enfin lu, et maintenant je n’y connais toujours presque rien en économie, mais j’ai eu au moins quelques clés pour essayer de comprendre ce qu’il se passait ici.

J’espère que cette parenthèse économie ne vous a pas trop ennuyés, je reviens à nos moutons Shirazi. Nous visitons à Shiraz notre premier sanctuaire, pour les musulmans chiites les 12 imams qui ont succédé à Mahomet sont aussi sacrés, le 12ème est d’ailleurs “toujours parmi nous” et reviendra à un moment pour la rédemption de l’humanité (en compagnie de Jésus d’ailleurs). Plusieurs de ces imams sont enterrés à Médine, mais comme ils sont en terre sunnite, ils reposent dans de simples cimetières. En Iran, à Machad, se trouve le corps du 8ème imam, qui est extrêmement vénéré et le sanctuaire qui y est associé est gigantesque (voir plus bas). De nombreux sanctuaires sont situés en Irak. A Shiraz, on trouve plusieurs sanctuaires mais le principal héberge les dépouilles de deux des frères du 7ème imam (les membres de leur famille sont aussi sacrés). Les sanctuaires sont des lieux très actifs et très fréquentés. Contrairement aux mosquées qui opèrent un peu comme des musées pour les plus connues, ici l’entrée est gratuite, et un guide du ministère des affaires étrangères accompagne obligatoirement tout groupe de touriste qui souhaite visiter. Une petite collation est incluse, et en général une vidéo ou un livre d’images permettent de voir l’intérieur des sanctuaires, qu’on ne peut pas visiter. Ici, les guides faisant partie du ministère les explications étaient de bonne qualité.

Steph : Petit détail pour la gente féminine, les visites de shrine se font forcément sous chador. Tout est prévu pour les touristes, me voilà en quelques minutes recouverte d’un grand tissu blanc à fleurs bleues. J’ai la chance d’éviter le noir… Dessous, l’air ne passe plus, bloquant les merveilleux effets de l’évaporation de la transpiration. La température monte, je dois tenir le tissu et ne peux pas vraiment prendre de photos (d’ailleurs les appareils photos sont interdits contrairement aux téléphones, allez comprendre la logique). La visite dans ces conditions ne m’est pas très agréable…

Nous visitons aussi le bazar, la mosquée dite “rose”, la mosquée “Vakil” ainsi qu’un jardin hébergeant la dépouille d’un poète fameux : Hafez. La culture iranienne est très portée sur la poésie, bien plus qu’en France. Par exemple, il n’est pas rare de trouver des vers de Roumi ou d’un autre poète connu dans les profils des réseaux sociaux des iraniens.

J’espère que vous excuserez la longueur de cet article (Anne Laure celui la il en vaut trois !) et je complète notre séjour à Shiraz par son volet social. Notre hôte s’appelle Peyman et c’est une personne vraiment passionnée par son pays. Il emmène de nombreux groupes et il connaît les endroits les plus beaux et les plus authentiques. Ce talent a été reconnu par un couple d’autrichiens dont nous faisons la rencontre et qu’il héberge aussi. Eux aussi sont amoureux de l’Iran, et y viennent toutes leurs vacances. Après avoir publié un livre de photos, ils se lancent dans l’écriture d’un guide de voyage. C’est pour cette raison que les contacts et les connaissances de Peyman leur sont précieuses ! La quantité de travail que représente l’écriture et la publication d’un ouvrage de ce genre est faramineuse. Et ça ne rapporte pas beaucoup, ils ont un métier à côté et font cela par passion.

Nous apprenons par téléphone que notre visa turkmène a été accepté (on a décidément beaucoup de chance !), ce qui veut dire que nous pouvons nous rendre vers notre dernière étape en Iran : Machad. C’est la deuxième ville du pays, et elle est diamétralement opposée à Shiraz. C’est une ville très importante car c’est un lieu de pèlerinage pour les musulmans chiites, en effet il s’y trouve le sanctuaire du 8ème imam. Le nombre de pèlerins est estimé entre 10 et 15M chaque année !!

Pour traverser cette diagonale du vide iranienne, deux choix s’offrent à nous : le train et le bus. Il existe un train de luxe nommé “fadak” qui relie les deux villes les plus saintes d’Iran, Qom et Machad. Il est très difficile de réserver en ligne et sur internet il est recommandé de s’adresser à une agence. C’est ce que nous faisons, et nous apprenons que les trains pour Machad sont totalement pleins, et ce, pour deux semaines ! Nous nous rabattons sur le bus. Le lendemain, départ à 15h après un nouvel accrochage concernant le prix à payer pour pouvoir embarquer le vélo… Stéphanie obtient de payer “seulement” le prix de deux vélos, et non la somme exorbitante que le chauffeur espérait nous extorquer. C’est parti pour près de 1400km et… 18h de voyage ! Derrière nous se trouvait un couple avec deux enfants, l’un de 10 mois et l’autre de 3 ans environ. Ça fait relativiser les trajets en TGV non ??

Pour une fois le réseau warmshowers ne nous a pas permis de trouver un hébergement avant d’être arrivés, nous prenons donc contact avec quelques personnes supplémentaires durant la fin de notre trajet. En particulier nous écrivons aux personnes qui ont un numéro et qui sont sur whatsapp.
Histoire de ne pas débarquer complètement et parce qu’on pense être très fatigués après une nuit dans le bus on pense d’abord aller à l’hôtel, puis nous espérons trouver via WS pour les jours suivants.
Finalement plusieurs personnes proposent de nous héberger (quelle réactivité pour un matin !), et nous gardons contact avec Vahid. Dans notre demande de contact nous avons évoqué notre envie de faire de la randonnée pour ces prochains jours, et le hasard fait que justement Vahid fait partie d’un club de rando et que leur sortie annuelle a lieu le lendemain !
Nous sommes assez en forme et la famille de Vahid accepte de nous héberger, nous traversons donc la ville puis nous patientons dans un parc public le temps que Vahid puisse quitter son bureau. Nous le retrouvons ensuite chez lui et l’accueil qui nous est réservé est absolument incroyable. Son père est pour le moment absent car il est volontaire au sanctuaire de la ville (on va en reparler). Sa mère est une personne adorable et surtout très drôle !

Nous partons faire quelques courses pour emmener pendant la randonnée. Les courses en Iran c’est assez amusant, il y a des petites épiceries avec un peu de tout, mais sinon les magasins sont plutôt spécialisés. Dans ce quartier au bout de la rue il y a des oiseaux et des poissons de compagnie, mais de ce côté se trouvent des presses qui fabriquent un jus de raisin acide. On n’en achète pas heureusement, mais on aura le plaisir (…) de goûter une autre des spécialités vendues par le magasin, un distillat de 40 fleurs. C’est très fort (“very healthy!”).

Le lendemain matin, rendez-vous 9h à la sortie de la ville pour grimper dans un bus loué pour l’occasion. C’est une superbe expérience qui nous attend, le groupe d’iraniens est extrêmement joyeux et le cadre permet de totalement se laisser aller. Vous allez pouvoir le voir sur la vidéo concoctée par Stéphanie et sur les photos, mais les hommes chantent et dansent bien plus que les femmes ici ! C’est très touchant et très triste de voir qu’il faut aller s’isoler aussi loin pour retrouver la liberté perdue… La fréquentation du lieu en témoigne aussi, le vendredi c’est un flot continu de personnes qui traversent la vallée !

 

 

Notre relation avec Vahid est extrêmement amicale, beaucoup de personnes sont très gentilles avec nous et il est souvent facile d’avoir quelques affinités avec les hôtes warmshowers, mais dans le cas de Vahid cela atteint un autre niveau. Nous nous sommes véritablement fait un ami durant ces quelques jours !

A notre retour du week end de randonnée, nous assistons à l’éclipse totale de lune ! Personnellement je n’en avais jamais vue une en entier avec des conditions climatiques aussi idéales (petite pensée aux parisiens qui n’ont rien pu voir :/).

Le lendemain nous visitons le sanctuaire, les appareils photos sont interdits, mais voici quelques photos prises avec mon téléphone.

Stéphanie : Mashhad est une ville sacrée en Iran, le shrine est le plus important du pays. La visite en tant que femme est elle aussi marquée par la religiosité et est une expérience à part… Cette fois, le chador que l’on m’offre (oui, oui, j’ai du le garder en partant) n’est pas un simple tissu mais une espèce de combi avec un trou pour la tête et deux pour les mains. Malgré l’élastique, il a tendance à glisser vers l’arrière ce qui peut révéler une mèche de cheveux. Je m’en rends vite compte : des femmes me fusillent du regard ou me font signe de remettre ce voile (la guide m’a aussi “recoiffée”). Comme l'”habit” est totalement fermé, il n’y a aucun courant d’air qui peut passer. J’ai chaud, je galère, des personnes marchent sur le tissu ce qui me tire violemment la tête, je me sens véritablement emprisonnée… Autant dire que je n’ai pas du tout réussi à profiter de la visite…

Voir autant de personnes se réunir pour la religion me questionne beaucoup… Pourquoi arrive-t-on à cela et n’arrive-t-on pas à déplacer une infime proportion de ces personnes pour des sujets comme les droits de l’homme ou l’écologie (alors qu’on court littéralement à notre perte…). Cela entre en écho avec le livre que je viens de lire (que je vous recommande !), le syndrome de l’autruche. Son auteur, Georges Marshall, essaie de comprendre les raisons qui mènent à ce que nos sociétés nient la réalité du réchauffement climatique, ses conséquences dramatiques, ainsi que ses causes et les moyens d’actions potentiels (changer drastiquement de modèles de sociétés notamment et sortir de la consommation et de la croissance). Il s’intéresse notamment aux forces des récits et note la force des religions, dont on devrait, en tant qu’écolos, s’inspirer pour “convertir” plus de personnes à la réalité des changements en cours.

Avec tout ça, je ressors de cette visite bien pensive et pas très joyeuse…

Pour nos derniers jours à Machad nous faisons la rencontre d’un autre couple de français à vélo, Mathieu et Sonia. Ils sont hébergés par un autre hôte warmshowers… qui n’est autre que le cousin de Vahid !! Et oui c’est une grande famille de sportifs !

Nous passons ainsi 3 soirées ensemble, ainsi qu’une journée dans le petit village de Khang, très particulier avec ses maisons empilées le long de la pente.

C’est très sympa parce que les deux cousins se connaissent bien (ils randonnent et ils ont voyagé à vélo ensemble), et ça fait une excuse aux deux famille pour se voir ! Nous profitons de notre habitude de cuisiner pour nos hôtes pour improviser une soirée française, pour laquelle nous cuisinons ratatouille et tarte au citron meringuée !

L’oncle de Vahid propose aussi à Sonia et Matthieu de participer à une soirée pour expliquer le voyage à vélo dans son club de spéléologie, nous nous joignons à eux pour montrer quelques vidéos. L’assistance n’est pas forcément très à l’aise en anglais… Le format vidéo sans parole se prête donc bien à l’exercice !

Notre séjour à Machad a vraiment été exceptionnel. C’est une expérience unique de pouvoir se plonger dans la vraie vie des gens ici, de découvrir les membres d’une famille adorable, de connaître les activités des jeunes et une ambiance de fête, de découvrir des endroits particuliers dans lesquels nous ne serions pas allés sinon, et enfin de rencontrer une personne que nous espérons revoir et qui restera un ami 🙂

Le lendemain, nous prenons le train pour nous approcher de la frontière Turkmène, direction la ville de Sarakhs !

 

Steph : et pour finir avec l’Iran, florilège en vrac de petites anecdotes que nous n’avons pas réussi à glisser dans nos articles (parce que ça ne se voit peut être pas, mais on y travaille à ces récits ! 😉 ) :

Les iraniens sont fans de… Lara Fabian ! On a eu le “bonheur” de l’entendre nous hurler “Je t’aiiiiiiiime” à plusieurs reprises.

Pour boire le thé, on ne met pas le sucre dans la tasse mais directement dans la bouche ! Il fond au fur et à mesure que l’on boit. Il existe aussi une version gourmande du thé sucré ou ce sont de gros cristaux de sucre qui sont eux mis dans la tasse (nabat).

A Mashhad, on a vu des vélos en libre service. A défaut de système électronique, il y a quelqu’un pour enregistrer la location de vélo. Ils sont par contre interdits aux femmes… 🙁

Les musulmans n’ont pas le droit de visiter les églises (ça nous a beaucoup choqués !). Modif du 12/08 : C’est ce que nous avaient dit nos hôtes à Téhéran mais Vahid nous a précisé que c’est en fait plus nuancé que ça, ça dépend des églises.

Les iranien.ne.s sont les pros des selfies et sont tous sur instagram (il faut dire que facebook et twitter sont bloqués).

Quasi toutes les voitures sont blanches et nombreuses d’entre elles sont Renault et Peugeot (ce qui a alimenté de nombreuses conversations).

Il est courant que les tables et les sièges (restaus, voitures…) soient couverts de plastiques. Au delà de la protection, on n’a pas trop compris l’intérêt…

Pour certains couples, une fois mariés, il devient difficile/bizarre de revoir ses anciens amis “célibataires” (!).

On a donné notre numéro iranien à de nombreuses personnes qui voulaient nous donner. Le téléphone de Claude s’est retrouvé inondé de messages d'”amis” à qui nous n’avions parlé que quelques secondes.

Chez les particuliers, il est courant d’avoir les 2 types de toilettes : “western” et traditionnelles (à la turque pour nous). A notre plus grande surprise, les toilettes traditionnelles semblent privilégiées par certains ! Dès qu’on est dans les villages, il n’y a plus que des toilettes “traditionnelles”, on s’est demandé comment faisaient les personnes âgées (bien que de manière générale, elles gardent une mobilité impressionnante, les marches sont partout et bien plus grandes qu’en France !), voici la réponse :

Ca y est, cette fois, ce dernier article sur l’Iran est vraiment fini. On repart vraiment avec un énorme coup de cœur pour ce pays (même si pour moi l’aspect non-égalité femme/homme m’a vraiment pesé… mais je ne doute pas que la situation va s’améliorer ! De nombreuses personnes que l’on a croisées le souhaitent en tout cas). Merci à tou.te.s les iranien.ne.s pour leur générosité et leur hospitalité !! C’était juste incroyable ! Nous n’oublierons jamais comment nous avons été accueillis, on espère avoir l’occasion de rendre la pareille à notre retour, et surtout, je pense (du moins je l’espère !) que nous sommes définitivement transformés. Mamnoun, tessekuler,sepas, merci !

Au jour le jour

De la Turquie à Tabriz

La dernière fois que nous vous avons écrit nous étions en Turquie, proches de la frontière Iranienne. Une chose très surprenante, la route autour de la frontière est complètement différente entre le côté turc et le côté iranien. Côté turc cela commençait par une montée afin de changer de vallée, ce qui nous permettait de rejoindre un cours d’eau et d’entamer une descente de plus de 1000m d’altitude ! Et vu qu’on descend doucement le long d’une rivière, ca nous prendra toute la journée 🙂

Côté turc on est sur une grosse route dans des vallées plutôt larges, pas d’arbres en vue mais il y a de la végétation et le paysage est plutôt vert. Côté iranien, la route est bien plus étroite, la vallée aussi, et les montagnes alentour sont raides et rocheuses.

Les quelques photos du côté turc:

Le passage de la frontière lui-même mérite d’être mentionné. Un immense bâtiment nous fait face, englobant la totalité de cette route immense mais, surprise ! Il n’est pas du tout terminé, et pour atteindre la frontière, il faut emprunter un minuscule chemin défoncé où tous les véhicules qui traversent se croisent. Il y a énormément de monde à la frontière, et l’organisation n’est pas très simple à comprendre. Comme toujours, des gens hyper gentils nous aident à passer par les bons guichets. Pour la sortie de Turquie, pas de chance, à cette petite frontière le garde ne connait pas le papier qui accompagne nos cartes d’identité. Après consultation de son supérieur, il nous tamponne joyeusement nos passeports… (on voulait éviter pour ne pas avoir de trace de notre passage en Turquie, cela simplifie les demandes de visa pour la Chine, théoriquement ils tamponnent le papier).
Ensuite, il s’agit de passer la frontière avant de rencontrer les gardes iraniens. Stéphanie est dirigée vers un petit couloir, pendant que je passe par une grille avec le vélo chargé.

Bonne nouvelle, tous les véhicules qui passent par là doivent vider leur coffre, et les passager passent par le couloir avec leurs bagages. Mais pour nous, pas besoin ! C’est toujours bien d’éviter les fouilles, surtout qu’on a un drone et qu’on a pas très envie d’expliquer que si, si, c’est légal.

Je me retrouve donc de l’autre côté, mais je ne sais pas où est Stéphanie, et il faut que j’aille donner mon passeport. Je dois alors laisser le vélo et entrer dans le bâtiment. Un homme d’âge moyen et qui a l’air important m’aide, principalement en dispersant les gamins qui s’intéressent d’un peu trop près au vélo pour que je sois à l’aise pour le quitter. Il me conduit au guichet, donne mon passeport au garde, et voilà comment on double toute la file de turcs qui attendent leur tampon. Je ne m’en réjouis pas, car je ne vois pas Stéphanie dans cette queue, et je ne compte pas repartir tout seul ! Heureusement, et tant qu’étranger j’ai droit à un contrôle médical au guichet d’à côté, avec un médecin (?) qui parle bien anglais. Avant de signer je lui explique que ma femme est quelque part, et hop, il fait signe à Stéphanie qui me rejoint et double aussi la queue ! Il nous pose quelques questions (du genre, êtes vous malades, êtes vous allés dans tels pays…), on signe, et il est temps de confier le passeport de Stéphanie au garde. Je récupère le mien, et je retourne auprès du vélo. Mais contrairement à ce que je pensais, Stéphanie ne semble pas me suivre !! En réalité, le garde fera passer le restant de la queue avant de s’occuper de son passeport, donc au final, on culpabilise moins, on aura attendu aussi 🙂

Nous voilà arrivés en Iran. Notre première expérience consiste à changer le restant de nos lires turques en rials iraniens. Alors là vous n’avez pas fini d’en entendre parler, on n’y comprend absolument rien ! (Après une semaine on a enfin saisi toutes les subtilités.) Malins que nous sommes, et munis d’internet, afin de ne pas se faire avoir nous regardons le taux officiel sur xe.com. On nous montre un certain nombre de billets, on explique qu’on en veut deux de plus, et hop on repart millionaires (1.2M). Contents de notre échange, on rouvre le porte monnaie plus tard dans la journée, et on se rend compte que le petit billet bleu qu’on pensait être de la menue monnaie est un billet de… 1M. Autrement dit, on a 2.2M de rials. Celui qui arnaquera un changeur de monnaie n’est pas né, il y a un truc louche.

Le truc louche, le voilà : il y a un taux officiel, fixé par le gouvernement. C’est celui qu’on trouve par exemple sur xe.com. Et puis ensuite, il y a le taux dans la rue, et là c’est la catastrophe. Actuellement le taux du marché noir est proche du double (!!) du taux officiel. Cela veut dire que la situation économique est tellement instable que les gens sont prêts à payer un premium de presque 100% afin de transformer leurs économies en billets $ ou €… Et comme le taux officiel n’est offert qu’aux entreprises gouvernementales, cela veut aussi dire que tous les produits d’import sont désormais deux fois plus chers pour les iraniens… Imaginez un changement comme celui ci en France, tout ça en 3 mois.

Bref, revenons à notre route de montagne iranienne. En Iran les voitures contentes ne se contentent pas de klaxonner, les gens s’arrêtent carrément sur le bas côté et nous stoppent pour nous prendre en photo et nous donner plein de choses ! On y gagne des fruits frais, des concombres, encore plus de fruits frais du jardin etc… Et impossible de refuser !!!

La grande ville la plus proche est un peu trop éloignée pour s’y rendre en une seule journée, on décide d’essayer de camper plutôt. Les bons emplacements ne sont pas nombreux, mais comme toujours quelqu’un va nous aider spontanément. On s’arrête dans un petit magasin afin d’avoir de quoi accompagner nos concombres et nos fruits (!), et le vendeur nous demande où on compte dormir. Il nous propose de rester sur le toit à côté de sa boutique. Parfait !

Il fait extrêmement chaud même tard dans la soirée, on inverse donc nos habitudes en dinant avant d’être douchés, afin d’éviter de transpirer dans nos pyjamas. Plusieurs personnes qui s’arrêtent à la boutique viendront nous parler, tous très gentils et qui insistent pour nous aider. L’un d’eux veut même absolument nous payer une nuit d’hôtel à Khoy, non seulement on ne peut pas accepter, mais en plus c’est la grande ville qui est trop loin pour nous.

Le lendemain, plus de soleil, plus de rencontres, plus de cadeaux ! C’est une journée de grosse route, avec pas grand chose le long de celle ci. Et en plus ça monte pendant un bon moment :/

Pour le déjeuner on s’abrite dans un village minuscule, pour le plus grand plaisir des enfants !

Dans l’après midi nous faisons une pause près d’une gare, et un policier un peu zélé viendra contrôler plusieurs fois nos passeports, nos visas, etc. On pense qu’il s’ennuie beaucoup… Mais en repartant, un autre policier, qui arrête des voitures et qui nous avait vu passer dans l’autre sens nous donne des abricots ! On peut donc dire qu’en moyenne nos interactions avec les forces de l’ordre sont neutres 🙂

Après cette pause on entame une longue descente bien méritée vers la ville de Salmas. C’est notre première ville Iranienne de taille moyenne, on est donc curieux de ce qui nous attend ! Le traffic en ville en Iran est assez particulier, le meilleur résumé est probablement de dire que “tout est permis”. Cela donne lieu à quelques scènes cocasses, comme de voir un véhicule faire demi tour autour d’un panneau demi tour interdit, se trouver nez à nez avec des voitures qui roulent à contre sens, la priorité à droite n’existe pas, 1 cm d’espace vide autour d’un véhicule non plus.

On fait quelques courses en ville et comme il est bien tard, on décide de chercher un hôtel. Nous n’avons pas encore d’internet à ce moment là, et il n’y a rien d’enregistré sur osmand, donc on demande de l’aide à l’un des commerçants. Un des clients insiste pour nous emmener, on essaye d’obtenir de lui qu’il nous montre l’adresse sur la carte, mais malheureusement, ce n’est pas la première fois que ca nous arrive, il ne savent pas trop lire une carte et où l’hôtel s’y situe… On se retrouve donc à suivre une voiture obligée de rouler au pas devant nous, ce qui n’est conforable pour personne. En plus le calvaire durera longuement car l’hotel est tout à l’entrée de la ville ! Nous qui voulions acheter une carte sim ce soir là, c’est tant pis ! La prochaine fois nous finirons nos emplettes avant de demander de l’aide 🙂

Le lendemain est un vendredi, les magasins sont donc tous fermés, décidément la carte sim ca attendra 🙂 L’Iran est décalé de 1h30 par rapport à la Turquie, nous avons donc du mal à nous lever très tôt, c’est dommage car il fait extrêmement chaud en journée et nous aimerions bien partir au petit matin. Ce jour là nous suivons une grosse route, pas si fréquentée que ça mais assez désertique. Le village dans lequel nous comptions nous arrêter s’avère dépourvu de tout commerce, on fera donc notre pause sous la route (!) dans le lit de l’un des nombreux cours d’eau asséchés qui passent dessous. On est à l’ombre, et cela nous laisse le loisir de faire une sieste sans être dérangés.

 

Le soir, nous approchons de Tasuj, qui est une vraie ville, on est donc confiants pour le couchage ! Sur la route, encore une rencontre ! Nous faisons la connaissance de Mohammad. Il travaille à Téhéran mais la maison de ses parents se trouve ici. Il a beaucoup voyagé pour le travail et a souvent été hébergé spontanément, en particulier en Chine. Il tient à conseiller les touristes qu’il croise et dans notre cas, il nous propose de nous attendre à Tasuj pour discuter un peu. En arrivant à la ville, il est bien là et il nous informe qu’il n’y a pas d’hôtel ici, mais qu’on peut venir chez lui ! La générosité incroyable des iraniens n’a pas fini de nous surprendre, ce n’est que le début !

Sa famille habite dans un petit village au pied des montagnes magnifiques que nous avons observées toute la journée. Nous sommes ravis d’avoir l’occasion de nous en approcher ! Surtout que nous pouvons laisser le vélo dans un commerce de Tasuj, et qu’il nous emmène en voiture 🙂

Sur la route nous faisons un arrêt à l’un des jardins familiaux, il y a des centaines d’arbres d’une bonne dizaine de variétés ! Cerises, cerises acides, abricots, figues… Mohammad nous emmène ensuite dans leur village de Tupchi, où nous faisons la rencontre de sa femme et de sa soeur. Nous rencontrerons aussi son cousin, ses parents et sa tante qui viendra pour diner. La maison est magnifique, avec des grands volumes et entièrement recouverte de tapis. Le jardin est lui aussi riche d’arbres fruitiers qu’ils consomment au quotidien. Pour le diner nous découvrons avec joie le Ghormeh sabzi: viande cuite avec des herbes (persil poireau coriandre) et des pois chiches. La cuisine iranienne est beaucoup plus variée que la cuisine turque ! Les herbes et les légumes sont de retour, enfin !! Et même les kebabs sont meilleurs, la viande est marinée et est de meilleure qualité 🙂

Le lendemain nous continuons la route vers Tabriz, durant une partie de la journée nous longeons le lac d’Urmia, qui est presque asséché. Au moment du déjeuner nous nous arrêtons dans une ville qui fût une grande station balnéaire. Aujourd’hui, les plages sont devenues des déserts de sel, les arbres fruitiers meurent à cause du vent salin. Vous devinez pourquoi ? Parce que l’agriculture y puise trop d’eau et que le climat se réchauffe ! Vous pouvez voir sur wikipédia le gif suivant montrant l’évolution en 30 ans.

 

Pour la nuit nous ne parvenons pas à obtenir de planter notre tente dans des vergers, mais heureusement une ferronnerie (gardée toute la nuit !) nous ouvre généreusement ses portes ! Le gardien est extrêmement gentil, ils nous offre plein de choses (encore !) et nous partageons un thé avant de se coucher. Le petit jardin de la ferronnerie est charmant, tout le mobilier a été soudé sur place, il y des bancs qui se balancent, une grande tonnelle, un lit avec un toit (sous lequel nous poserons notre tente) et des balançoires. De nouveau, il y a des arbres fruitiers et un potager, et même un dindon de l’autre côté de la cour 🙂

Dernier jour de route pour Tabriz, avec une bonne partie de la journée sur une bonne grosse route pleine de camions 🙁 Malheureusement il n’existe aucune alternative, alors on prend notre mal en patience 🙂 Nous avons prévu de rester plusieurs jours à Tabriz, et grâce à Warmshowers nous avons trouvé une hôte. Pour la première nuit nous devons prendre un hôtel, mais nous pourrons retrouver Messi dès le lendemain midi !

Notre séjour à Tabriz est totalement sublimé par le fait d’être hébergés par Messi et Ali (et Nazani, leur fille de 9 ans), nous nous joignons à leur quotidien avec grand plaisir. Pour le premier déjeuner, nous rencontrons tous les étudiants du master d’anglais de Messi dans un restaurant du parc El Goli. Le soir, nous faisons un picnic en haut de la montagne la plus proche, le mont Eynali et le lendemain nous avons la chance de visiter ensemble les plus beaux endroits de Tabriz.

Je vous laisse avec quelques galeries de photos de Tabriz. Pour commencer, le bazar:

Les photos avec nos hôtes, le déjeuner, le picnic, et la visite de la ville. Ne manquez pas la mosquée bleue, magnifique !

Quelques photos avec Messi, Ali et Nazani, et d’un déjeuner typique : le abgoosh !

 

 

 

 

 

A très bientôt pour un autre post sur l’Iran, avec des photos encore plus belles !

 

 

 

Au jour le jour

Voyages en bus

Après la semaine passée en compagnie de Julie, qu’elle va vous raconter dans son article prochainement, nous reprenons un peu le bus pour parcourir les grandes distances du Kurdistan turc.

Julie a pu prendre un bus pour Erbil depuis Diyarbakır, et nous décidons de nous y arrêter quelques jours afin de visiter la vieille ville. Cette ville a été le théâtre de nombreux affrontements ces dernières années et elle en reste balafrée. La moitié de la vieille ville est complètement bloquée. Les bâtiments ont été pour la plupart très endommagés et il n’a pas encore été question de rouvrir à la population cette large portion de la ville.

La présence policière et militaire est très visible, des tanks sont présents aux grandes intersections, et beaucoup de patrouilles ont lieu. Il est aussi notable que de nombreux blocs de la ville sont des terrains militaires cloisonnés par des murs et des barbelés.

Cependant la ville est extrêmement agréable ! C’est la première ville de Turquie où l’on se sent aussi bien, les mœurs sont plus libres, la joie ambiante est palpable, la population assez jeune et les rues hyper vivantes. Il y a même… un restaurant végétarien !!!

Notez que durant tout ce que je raconte dans cet article, je suis malheureusement affaibli par une turista dont j’aurai bien du mal à me débarrasser, c’est pour ça qu’il s’écoule beaucoup de jours mais que, somme toute, il y a peu de photos et de choses à raconter 😉

C’est aussi pour cette raison que nous décidons de rester à l’hôtel, mais nous n’avons pas manqué de contacter la communauté warmshowers locale ! Ferat et son association de vélo mettent à disposition une chambre pour les cyclistes de passage au sein de leur atelier ! C’est super pratique, même si on n’en a pas profité on a eu le plaisir de passer une soirée avec lui et l’un de ses amis.

Ils organisent des sorties à vélo et l’ambiance à l’air drôlement chouette ! Ils nous ont raconté une excursion au Kurdistan irakien ainsi qu’en Géorgie. Voici leur page Facebook, et quelques photos de Diyarbakır.

Après Diyarbakır nous prenons de nouveau un bus direction le lac de Van. Notre première escale sera à Tatvan, sur la rive ouest du lac. C’est un lac un peu bizarre, il est immense et a été formé par l’éruption d’un volcan qui a bloqué l’eau dans ce bassin gigantesque. Ce qui est inattendu c’est qu’il ne s’écoule nulle part ! Aussi, c’est un peu une mer, l’eau est salée et basique, pour votre culture cela s’appelle un lac endoréique 😀

Nous nous arrêtons à Tatvan justement car le volcan responsable de cette noyade de dimension quasi biblique se trouve juste à côté. Son cratère est gigantesque et abrite quelques lacs, l’un bleu et froid, l’autre vert et chaud ! Par contre pour y accéder c’est un peu coton… Le vélo étant clairement exclu (pas fous hein !), on décide de tenter de faire du stop. On se prend un petit dolmuş jusqu’à l’entrée de la route qui monte, on se fait prendre en stop assez rapidement mais… jusqu’au village 3km plus loin.

Il s’avère que la plupart des voitures s’arrêtent là, et peu de monde entame l’ascension du volcan lui même. On a beaucoup de chance car on aura finalement attendu que très peu (peut être 30min ?) et une voiture de 4 jeunes qui partent justement pic niquer dans le cratère s’arrête et nous embarque ! En plus du transport sympathique, ils nous proposent de partager leur picnic (pastèque et poulet grillé au barbecue mobile :p), nous initient à des danses folkloriques et nous font visiter les différents lieux géothermiques du coin ! Bref on passe une superbe journée dans un cadre magnifique et en très bonne compagnie 🙂

En quittant Tatvan pour aller vers Van, nous prenons le ferry qui traverse le lac. C’est depuis celui-ci que je vous écris. C’est un train-ferry, qui assure la liaison des voies de chemin de fer de chaque côté, car le projet du train Trans Asiatique passe justement par là. Ce train d’Istanbul à Singapour n’existe toujours pas, mais de nombreuses sections sont prêtes. Jusqu’en 2015 la ligne Ankara – Téhéran fonctionnait, et pour raccorder les morceaux les wagons prenaient le bateau !

Les ferry les plus anciens mettent 4.5h, deux nouveaux ferrys ont été construits qui traversent en 3.5h. Malheureusement, depuis que la ligne ne fonctionne plus seul le fret emprunte ces navires, et on vous laisse voir ce que ça donne avec cette très belle série de photos par Stéphanie !

On vous embrasse et à bientôt chez nos Warmshowers de Van !

Vélo

La roue libre

En Turquie notre roue arrière a commencé à faire quelques caprices. La roue libre est une DTSwiss 350, c’est donc plutôt de la bonne qualité. On l’avait démontée lors de la révision à Athènes, et le fonctionnement est vraiment très intéressant ! En plus elle se démonte sans outils, il suffit de tirer sur la cassette.

Les soucis ont commencé quand la roue libre a arrêté de l’être, libre, justement… Pire on s’est mis à pédaler dans le vide ! Comme il pleuvait, on s’est abrités chez un paysan (qui déplace son tracteur pour nous faire de la place dans son garage !). Comme souvent, on ne s’y attendait pas du tout mais lui aussi parle un peu français et il a vécu en France plusieurs années. On commence à démonter, on ne comprend pas grand chose, et on prend le thé pendant qu’on fait des recherches sur internet. Quand nous avions tout nettoyé à Athènes, nous avions déjà repéré que les roues étoilées étaient usées, avec plusieurs dents cassées, mais là toutes les dents semblent cassées d’un côté.

Très franchement, on ne comprend pas plus, mais bon on se décide à tout remonter en serrant un peu plus. On peut repartir… jusqu’au lendemain :/ Les bruits recommencent et on se retrouve rapidement avec un fixie. Autrement dit, tant qu’on pédale, tout va bien ! Cependant, dès qu’on s’arrête on a un peu peur que la chaîne se prenne dans les rayons et que ça ne s’abime encore plus. Après une pause en haut d’une côte, même en pédalant on commence à manquer d’accroche. On décide de démonter, on ne sait jamais on pourrait bien comprendre cette fois ! Nous sommes rapidement fixés, l’axe de la roue libre est carrément cassé ! On décide de s’arrêter là, dans le village, plutôt que de risquer d’être en panne en pleine nature…

Finalement on a beaucoup de chance dans notre malheur, car on est sur une route relativement fréquentée (une voiture toutes les 5min environ), dans un village, et à 25km d’une grande ville : Nevşehir. Autrement dit, un petit remorquage et on devrait trouver de quoi réparer !

Nous appelons un taxi du genre “büyük” (grand) afin de pouvoir rentrer le vélo, la compagnie force un peu le trait et c’est un fourgon qui arrive, avec son chauffeur et un assistant. Bonne nouvelle, ca rentre facile, mauvaises nouvelles, il n’y a qu’une place libre à l’avant donc je voyage à l’arrière en m’accrochant comme je peux car… le chauffeur est totalement malade et envoie des textos en roulant à toute vitesse. Stéphanie essaye de faire la conversation à l’avant pour attirer son attention, ca marche plutôt pas mal, et c’est mieux que quand il se retourne complètement pour me parler et ne regarde plus du tout la route !! Stéphanie devra négocier avec le chauffeur pour éviter la pause lavage auto et aussi pour qu’on nous dépose directement à l’hôtel, mais sa fermeté se montre efficace 🙂

Le lendemain nous faisons le tour des magasins de vélo de la ville. Dans le premier, on nous informe que c’est introuvable à Nevşehir. Dans le second, pas mieux, mais un iranien très sympa nous emmène dans un troisième magasin. Il ne peuvent rien faire, mais ils nous donnent la carte d’un magasin de Kayseri qui aura ce qu’il nous faut !

C’est un peu décevant, mais comme Kayseri c’est loin, on se rend à Göreme en taxi pour check in dans un hôtel magnifique. Grâce à facebook nous rencontrons Çetin à Uchisar, qui nous présente un ami mécano. Il nous propose de faire le tour des magasins de vélo de Cappadoce, mais on décide ensemble que ca n’est pas la peine et qu’il vaut mieux aller directement à Kayseri. Il y a quand même un magasin plus proche qui a l’air de bien s’y connaître, à Avanos. Yaşar, un commercant de la ville qui parle extrêmement bien français appelle, et il semble qu’ils peuvent nous aider si on leur amène la roue. On y va en un coup de voiture (merci encore !), et sur place l’expert vélo est catégorique : il faudra se rendre à Kayseri…

On se prépare donc pour une expédition en bus le lendemain. Finalement Stéphanie sera empêchée de voyager, et j’arrive donc au magasin à Kayseri vers 9h30. C’est hyper rigolo car tout le quartier est rempli de magasins de vélo ! Il y a des vendeurs, des réparateurs, absolument partout ! Toute la ville est un peu comme ça avec des quartiers thématiques, voiture, restaus, vêtements, bijoutiers…

Je passe un bon moment à attendre l’arrivée du commerçant, un jeune part récupérer le moyeu sram dans leur entrepôt et dès qu’il revient ma roue disparaît à l’angle de la rue dans l’un des dizaines d’ateliers !

Ils doivent tout démonter et remonter les rayons, donc il y en a pour 1 ou 2h… Je me promène donc dans la ville pour trouver de quoi déjeuner. Kayseri c’est quand même 1 million d’habitants, donc c’est assez intéressant à explorer et très dépaysant !

Je récupère ma roue et je rencontre au magasin un turc qui parle très bien anglais, qui n’était pas là le matin ! Il m’aide encore un peu et je prends la direction du retour. Pas facile d’attendre au bon endroit ou de savoir quel bus va où, mais je demande de l’aide au une dame qui se rend dans le même coin que moi !! 2h plus tard, j’arrive à notre hôtel, enfin victorieux 🙂

Le lendemain on étrenne la roue à coup de chemins et de cailloux, tout va bien !

 

Quelques autres nouvelles techniques. Notre pneu avant a lui aussi commencé à se déchirer le long de la jante, on doit donc le changer. De plus on a un rayon cassé à l’avant, que nous remplaçons !

 

Enfin, on vous avait dit que notre pneu avant avait subi une usure anormale à cause d’un sous gonflage, voilà à quoi cela ressemble avec en comparaison un pneu neuf !

Au jour le jour

Anatolie occidentale et eaux thermales

Je continue le récit de notre traversée de l’ouest de la Turquie. J’ai vu que mon histoire de surprise avait pas mal fait réagir, mais en vérité les plus curieux d’entre vous ont sûrement déjà deviné grâce à la carte de l’itinéraire !

En effet, peu après être repartis du restaurant ou nous prenions, je le rappelle, notre deuxième déjeuner, nous entendons un son familier et pourtant bien inhabituel : une sonnette de vélo !

C’est un couple de suisses qui nous a vu passer et qui ont accéléré afin de nous rattraper ! Nous nous arrêtons rapidement afin de pouvoir discuter plus aisément, le courant passe vite entre nous, et c’est ainsi que nous faisons la connaissance de Sonia et de Pirmin.

Nous roulons à peu près au même rythme et nous finissons donc la journée en leur compagnie, nous trouvons un lieu de bivouac adapté pour 4 personnes cette fois.

C’est un vrai plaisir d’avoir de la compagnie durant le voyage, de plus leur rythme quotidien, leur façon de voyager ainsi que leurs envies collent parfaitement avec les nôtres !

Ainsi, nous voyageons en compagnie durant les jours suivant. Il fait très chaud donc le réveil est à 5h, on part vers 7h et on a chaud dès… 9h ! Voici quelques photos des jours suivants, avec des cigognes, des déjeuners dans des parcs et de beaux paysages !

En approchant de Pamukkale, je crois que nous rêvons tous un peu des bains thermaux… Nous décidons de ne pas faire de longue pause déjeuner mais d’arriver au plus tôt dans un hôtel avec spa de Karahayıt. Dans la côte pour y arriver (avec l’apparition, oh miracle, d’une piste cyclable !), nos compteurs indiquent 45° :-O

Autant vous dire qu’on aura bien mérité ces bains et qu’on en profite à fond. En plus on pensait tomber sur un hôtel plein de touristes mais c’est encore tôt et cette ville est moins touristique que Pamukkale, donc nous sommes les seuls dans la piscine ! Ne loupez pas les photos, où vous pourrez admirer la classe absolue de ces deux paires de cyclistes ! Hé ouais, le bronzage cycliste, ça se travaille !

Les filles en ont même profité pour se faire masser (Stéphanie : merci Enercoop !! Ce n’est pas fini, on arrive bientôt en Cappadoce où je consommerai la suite de votre cadeau ! 😀 ), on repart donc frais et reposés pour aller voir Pamukkale, littéralement le “château de coton” en turc, une grande falaise blanche avec des piscines remplies d’eau thermale, voici notre arrivée :

Steph a déjà visité le site il y a 15 ans (Steph : dédicace à Anne-So, Romain et ma mère !), on a lu qu’il n’y avait plus beaucoup d’eau dans les bassins et pour finir, on se sent un peu oppressés par les flots de touristes asiatiques qui tiennent absolument à nous prendre en photo avec eux et le tandem. On passe notre tour pour la visite et on laisse ainsi Sonia et Pirmin qui vont voir de plus près ces falaises blanches.

Et pour vous donner une idée de ce à quoi ça ressemble de plus près, ils nous ont gentiment envoyés quelques unes de leurs photos qu’on vous partage ici, merci à eux ! 🙂

Au jour le jour

Arrivée en Turquie

Avant de vous raconter notre arrivée en Turquie, voici quelques photos de notre séjour à Chios. Cette île ne fait pas partie des Cyclades et nous a semblé relativement préservée du tourisme ! En effet, le bateau était plutôt plein d’habitants qui rentraient chez eux, nous n’avons croisé que quelques groupes en car, la plupart des touristes devant louer une voiture individuelle. Bref, une île avec des paysages somptueux, des maisons peintes en noir et blanc, des villages en pierre aux rues étroites et des plages… vides ! Le faible trafic et le fait de pouvoir camper sur la plage en font un petit paradis du vélo 🙂

Pour notre arrivée en Turquie par le bateau du soir, aucune inquiétude pour trouver un bivouac, ça ne sera pas nécessaire car le réseau warmshowers (le couchsurfing des cyclistes) est extrêmement actif ici !!! Nous faisons route vers Alaçatı, où Cüneyt et Gülay nous réservent un accueil chaleureux !

Ils nous convainquent de rester un peu plus en leur compagnie et nous restons donc une deuxième journée où nous profitons des environs et d’un peu de temps pour prendre soin du site Web (ça ne se voit pas, mais c’est mieux qu’avant ;)). Le réseau warmshowers marche si bien dans cette région que nous avons dû décaler notre rendez vous avec notre hôte du lendemain !

Cüneyt parle un français excellent car il a étudié puis vécu longuement à Strasbourg. Il est architecte et travaille sur des chantiers superbes de rénovation des vieilles maisons en pierre du village, celui qu’il nous a montré prépare l’ouverture prochaine d’un restaurant !

Gülay pour sa part est la directrice du meilleur café d’Alacatı ! (En toute objectivité). Köşe kahve, le “café du coin”, en plein centre.

Tous deux sont extrêmement accueillants, et nous nous sentons vraiment bien en leur compagnie ! On espère sincèrement les revoir ! (Il faudra venir nous voir en France !!)

Alaçatı est une petite ville qui nous aura beaucoup plu ! Le centre ville est superbe, la mer et les plages (du bon vent pour la planche à voile et… les éoliennes) sont toutes proches, et pour l’instant la Turquie ressemble fort à l’Europe. Ce n’est pas très surprenant car la côte méditerranéenne à cette réputation, bien méritée. Par ailleurs les touristes n’ont pas encore envahi le paysage, même si cela va arriver bientôt… Une destination à recommander pour les vacances de pâques !

Pour les prochains jours, nous prévoyons de nous rendre à Güzelbahçe chez notre hôte warmshowers suivant, puis chez Tulin, la maman d’Inci que Stéphanie à rencontrée aux États-Unis. Sur la route nous traversons un très joli village nommé Barbaros :

Les distances sont relativement courtes, on pense donc dédier une journée à la réparation de notre plateau avant, qui est franchement usé… Mais Devrim, notre WS, nous a parlé d’un petit café vélo près de chez lui, on y passe par curiosité et le mécano nous a fait des merveilles ! (Plus de détails ici)

Devrim travaille parfois de nuit dans son école qui fait aussi pension, et on tombe mal ce soir là. Malgré cela, il n’a pas manqué de préparer un superbe dîner pour nous que nous partageons avec sa famille et leur voisin, Nevzat qui nous héberge. Nous préparons une tarte au citron pour le dessert, que les enfants ont adorée et que les voisins ont pu goûter 🙂 On se dit que cuisiner est une bonne façon de partager et de remercier au moins un peu ces familles qui nous accueillent !

Comme nous sommes libérés de notre problème de plateaux, le lendemain nous rejoignons Devrim sur sa pause déjeuner. Nous passons un moment très agréable et il nous fait visiter quelques endroits intéressants de la ville où il travaille. En particulier un chantier de bateaux viking d’époque, fondé par un professeur passionné qui en a fait un vrai laboratoire d’archéologie expérimentale ! Il fait naviguer des bateaux sans clous, tout est lié par de la corde et des chevilles en bois !

Nous rejoignons Tulin chez elle, elle habite au dernier étage d’un immeuble avec une vue panoramique magnifique… autrement dit c’est super haut 😀 Nous sommes de nouveau merveilleusement reçus, en plus le ramadan commence ce jour là, on a donc le plaisir d’accompagner Tulin pour le dîner quand elle termine le jeûne, et on mange donc très copieusement d’excellentes spécialités Turques 🙂

Nous saisissons l’occasion de laisser le vélo pour une journée pour nous rendre à Ephese ! C’est un peu l’aventure, mais Tulin nous aide bien à préparer l’expédition, qui nous fera prendre un total de 6 bus tout de même 🙂

Ephese c’est très beau, Stéphanie aurait pu vous le dire puisqu’elle y est déjà allée il y a 8 ans. D’ailleurs elle ne s’en rappelait pas… (c’est complètement exagéré, je n’étais pas complètement sûre mais quand on est arrivés sur le site, je m’en suis souvenue immédiatement ! – Stéphanie) Pour voyager c’est pratique on peut refaire les même choses toutes les décennies 🙂 Bon, et si comme moi vous espériez voir le temps d’Artémis à Ephèse, et bien il n’existe plus

Nous retrouvons le vélo le lendemain pour une journée pas top top de sortie de ville. Izmir c’est très grand, on aura notre lot de côtes absurdes, rue qui débouchent en plein sur une autoroute, contresens de 4 voies sur le “trottoir”, détours pour éviter les sections dangereuses, passage à niveau sans le passage (ni veaux), chiens pas sages non plus…

Bref, à force on finit par retrouver la campagne et les bivouacs faciles. La température en journée est très élevée et nous décidons d’adopter la méthode du lever à 5h du mat, histoire de rouler un peu au frais. Ça marche pas si mal que ça et on trouve pour le déjeuner des restaurants ombragés où l’on peut faire de longues pauses (en gros de 12h à 16h).

Le ramadan à commencé le 15, donc la journée ça ne déborde pas d’activité, même si les cafés restent plein. En général les gens ne consomment pas et se retrouvent simplement là (probablement comme chaque jour de l’année, le thé ou le café en moins). Certains ont un thé ou un ayran quand l’heure s’approche du déjeuner. C’est un peu gênant de manger devant des personnes qui font le jeûne, alors on essaye de privilégier les restaurants, qui sont ouverts même s’ils sont très vides.

Ça reste très facile, pour rappel le pays est laïc et clairement tout le monde n’est pas pratiquant, on imagine qu’en Iran ça serait plus coton de déjeuner… (?)

Toutes les personnes que nous croisons sont très sympathiques, et j’ai donc de nombreuses occasions de pratiquer le turc ! C’est encore le début mais je commence à comprendre pas trop mal les choses basiques et à pouvoir échanger simplement… Stéphanie apprend quelques mots chaque jour aussi !

Dernière chose à mentionner, au moment où je vous écris nous mangeons notre… deuxième déjeuner ! On avait bien faim suite à un léger problème d’intendance hier soir, donc on en profite !!

Grosses bises à tous, et le prochain article il y aura une surprise !!