Amitiés à Tbilisi

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Amitiés à Tbilisi

Notre séjour à Tbilisi devait durer une petite semaine, mais les rencontres et l’environnement si agréables nous ont facilement convaincus de rester plus longtemps. L’autre raison est que pour rejoindre Batumi il n’y a qu’une route dans la vallée, qui est très large et très fréquentée. Normalement les cyclos passent par le plateau arménien au sud, mais à cette période de l’année nous n’osons pas, il fait très froid et la neige est déjà présente à cette altitude de 2000m. Ainsi nous déciderons de prolonger notre séjour et de prendre un transport pour rejoindre Batumi.

L’arrivée à Tbilisi nous a causé notre premier choc d’un retour à la ville. Nous avions évité Baku, ainsi c’est la première ville “occidentale” depuis bien longtemps : lumières de partout, centres commerciaux immenses en périphérie, casinos pour les touristes… En plus il y a une vieille ville, donc ça ressemble vraiment à une capitale européenne !

Vincent a une connaissance du milieu de la musique qui vit désormais à Tbilisi, et nous le rencontrons accompagné de sa femme dès le lendemain de notre arrivée. Brice était ingénieur lumières lorsqu’il a rencontré Vincent ; à Tbilisi, il est cogérant de la salle de concert Backstage 76. Sa femme Tamouna est d’origine Géorgienne, elle enseigne notamment les arts plastiques à l’école française, mais c’est une artiste au multiples talents comme le théâtre, la musique et le chant.
Nous avons une chance immense d’avoir pu faire leur connaissance, ils ont été des hôtes exceptionnels, d’excellent conseil, des guides passionnés, et par dessus tout des amis d’une générosité sans borne ! Notre séjour à Tbilisi a été d’une richesse incroyable grâce à eux, merci à Marlène et Vincent de nous avoir tous regroupés !

Le groupe whatsapp des cyclos nous donne un excellent conseil de magasin de vélo, nous avons besoin de faire une révision complète du tandem. Il a été entièrement bichonné pour la dernière fois à Mashad, ça commence à faire longtemps, surtout qu’il a encaissé le Pamir entre temps… J’amène le tandem chez bike house, et le mécano que j’y rencontre est excellent ! Il découvre quelques soucis non prévus, en particulier l’axe du moyeu est KO. Il n’a pas ce modèle d’axe et nous devons donc changer de moyeu, il nous propose un modèle assez innovant qui fonctionne avec des roulements à billes au lieu des habituelles cages de billes. Il suffit de changer les roulements pour le remettre à neuf, c’est donc fiable et facile d’entretien, on verra dans la durée ! Il constate aussi que notre jante présente des amorces de fissures. Elles sont nombreuses et toutes (sauf une) au niveau des œillets des rayons côté frein… Au sujet des freins, la purge était plus que nécessaire à ce stade, notre liquide de frein était noir. J’ai aussi dû écumer les magasins de la ville pour trouver des pneus convenables, sans réussir vraiment : j’ai trouvé des pneus acceptables. Cette ronde des magasins est un classique, j’ai aperçu un autre cyclo en chemin que je retrouve chez bike house. Il a dû changer de jante et a des difficultés à trouver des rayons de la bonne taille. Je garde son contact et nous nous retrouverons régulièrement avec d’autres cyclotouristes présents à Tbilisi.

Entre les cyclos et les soirées en compagnie de Brice et Tamouna, nous sommes occupés tous les soirs ! Nous allons à Backstage pour la première fois le vendredi à l’occasion d’une soirée dansante, et nous rencontrons les associés de Brice. Ils sont aussi français et l’un d’eux a récemment ouvert un restaurant en centre ville. Nous y allons le lendemain et fréquentons ainsi les membres de la communauté française expatriée. Nous faisons de nombreuses rencontres très enrichissantes ! La vie d’expat est assez particulière, les conditions de vie sont souvent agréables, professionnellement les enseignants et détachés de la fonction publique ont des conditions de travail exceptionnelles comparé à la situation en métropole, les rencontres sont faciles et (un peu) variées, mais la communauté est par définition très mobile et la vie est faite de départs et d’arrivées, sauf pour ceux qui s’installent définitivement !

Le samedi 8 décembre, outre la manifestation des gilets jaunes, c’est aussi la marche internationale pour le climat. Nous avions espoir d’y participer, mais malheureusement aucun événement n’était programmé à Tbilisi… Stéphanie en parlait avec Marlène vendredi soir, et comme ni l’une ni l’autre ne sont du genre à se laisser abattre, elles ont décidé d’organiser une marche ! Nous sollicitons tous nos contacts cyclistes, je passe la matinée à produire des flyers que l’on imprime dans le petit magasin en bas de l’hôtel, un atelier gilet jaune et pancartes s’improvise dans la cour et tout est prêt pour aller marcher dans les rues de Tbilisi à 16h ! Voici quelques photos de cet événement :

Nous sommes plutôt contents des quelques discussions que nous avons pu avoir avec les gens de passage. Le niveau d’information était d’ailleurs plutôt bon ! Quelques personnes à la fin de mon speech étaient très perturbées et me demandait ce que je voulais (de l’argent peut être ?), ou bien ce qu’elles pouvaient faire ? Cette dernière question est très courante et je suis certain que parmi vous qui nous lisez certains d’entre vous s’interrogent identiquement. La réponse que je donnais était alors dans ces lignes : “Je vous encourage à vous renseigner sur l’étendue du problème, prendre le temps de comprendre les implications pour nos sociétés et pour vous même puis de faire ce qu’il vous semble être juste, ce qu’il vous semble être la bonne chose à faire.”

La Géorgie est extrêmement riche d’un point de vue culturel, et à Tbilisi les activités ne manquent pas ! Le dimanche soir Tamouna nous emmène au Théâtre du mouvement, à mi chemin entre le théâtre et le cirque c’est accessible aux étrangers car les interprètes sont aussi des acteurs. Seul le narrateur parle en géorgien, mais le spectacle est compréhensible même sans pouvoir saisir le sens de ses interventions occasionnelles.

J’en profite aussi pour placer ici les photos de la cathédrale, nous sommes allés écouter les chants polyphoniques le dimanche matin pour la messe :

Vincent, Marlène et Johanna décollent mardi en fin d’après midi, et pour leur dernière soirée à Tbilisi nous sommes de nouveau invités chez Brice et Tamouna. Ils nous réservent une très belle surprise puisque Tamouna a convié les musiciens de son groupe, et lorsque nous arrivons l’appartement est transformé en studio de répétition ! Sous couvert de répétition, nous avons en réalité droit à un véritable concert privé !! Tamouna interprète des chansons en français qu’elle écrit, ainsi que quelques reprises. Elle s’accompagne avec divers instruments tandis que ses musiciens jouent guitare, basse et percussions.
Pour nous, Tamouna incarne parfaitement la richesse et la générosité du peuple géorgien. En effet c’est une hôte excellente qui fait vivre avec talent la tradition du tamada, elle est attentionnée et maîtrise l’art de porter des toasts hautement philosophiques et touchants. Ce rôle de tamada incombe habituellement plutôt à des hommes, mais on espère que c’est en train de changer !

Le jour du départ j’aide tout le monde à amener les vélos et bagages jusqu’au bus qui va directement à l’aéroport et on se dit rapidement au revoir quand il arrive dans la foulée ! Ils sont tous bien rentrés, petite pensée pour Marlène qui après 21 mois sur la route sans aucun problème s’est fêlée trois côtes lorsque l’échelle qui monte à leur lit s’est dérobée sous ses pieds… Rester à la maison, c’est dangereux !

Lors de notre dernière soirée chez Brice et Tamouna nous avons fait la connaissance de Nicolas, un photographe et vidéaste qui vient de terminer son premier film qui porte sur la Géorgie. Il nous a invité à assister à la projection de son film qui aura lieu à Backstage le mercredi soir. Nous avons beaucoup apprécié son travail, il le présente habituellement à un public européen et c’était assez drôle de voir les réactions en live des géorgiens de souche !

Pour notre dernier soir à Tbilisi la pauvre Côt-côt est toute malade, elle a vomi plusieurs fois et on n’a pas le cœur de la laisser toute seule. On reste donc tranquillement à l’hôtel pour ranger toutes nos affaires. On aurait dû retourner à Backstage au moins pour prendre l’apéritif et dire au revoir à Brice et Tamouna. On est déçus et un peu tristes de ne pas avoir pu leur redire de vive voix à quel point nous avons appréciés les moments partagés avec eux, mais on espère bien les revoir, soit en France soit lors d’un prochain voyage ??

Nous avons beaucoup aimé notre séjour à Tbilisi, grâce aux rencontres que nous y avons faites mais aussi parce que la ville est très belle ! Le quartier ancien est superbe, même si on s’inquiète un peu pour les vieux bâtiments qui penchent dangereusement… Quand on sait que la zone est sismique, le prochain tremblement de terre pourrait avoir des conséquences catastrophiques ! La ville est très vallonnée ce qui offre de riches points de vue, en particulier depuis le télécabine et dans les jupes de la mère de la Géorgie.

Pour nous rendre à Batumi, nous devons commencer par rouler jusqu’à la station de bus, 10km au nord du centre ville. Une fois sur place nous trouvons facilement un fourgon, il nous propose de partir immédiatement sans attendre que les autres sièges ne soient remplis en payant plus cher. (Info cyclistes : la station s’appelle Didube, on s’en sort pour un peu moins de 60€ pour un fourgon entier, sachant que le trajet représente environ 20€ d’essence. Il est préférable de prendre le train, mais ce n’est pas possible avec Côtelette.)

L’arrivée de nuit à Batumi fait honneur à la ville, pleine de grande tours et de néons. Ce n’est pas vraiment le genre de ville que l’on adore, c’est une grande station balnéaire bourrée de casinos pour les touriste russes… Cependant, la période hivernale ayant vidé la ville de ses touristes, on y passe une journée de visite très agréable et ensoleillée. Comme depuis le début de notre séjour en Géorgie, on y mange très bien ! Le lendemain, nous devons nous rendre dans la matinée au bureau du ferry, mais un échange avec leur agent nous apprend qu’il n’est pas nécessaire de venir avant 12h. Finalement le ferry arrive à 12h, donc on a rendez-vous au bureau en début d’après midi. Évidemment, le ferry doit d’abord être vidé avant que nous ne puissions embarquer, il va donc falloir attendre ! Nous nous installons dans un restaurant 24/7 à proximité et prenons notre mal en patience. La bonne nouvelle c’est que notre contact nous assure que nous embarquerons dans la soirée, pas de nuit d’hôtel additionnelle ! On finit par recevoir le top départ à 23h, le temps d’embarquer et de décharger nos affaires et nous pouvons nous coucher vers 1h. Nous serons réveillés un peu plus tard par les douanes puis pouvons enfin attaquer une vraie nuit. Sur le bateau tout opère en heure bulgare (2h de moins), cela tombe bien car cela nous permettra de dormir suffisamment avant d’aller petit déjeuner !

2 COMMENTS
  • Anita
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    Quelles belles rencontres, cela étoffe votre carnet d’adresses déjà très bien rempli.
    Bravo pour la manif improvisée,comme quoi avec peu de moyens, on peut quand même faire des choses !
    Vous nous manquerez à Noel mais notre plus grande joie est de vous savoir heureux.
    Je vous embrasse très fort

  • Claude lalique
    Reply

    Toujours aussi heureux de lire tous ces magnifiques commentaires sur votre voyage et toutes ces rencontres même si je préfère bien évidemment lorsque vous êtes dans le dur, c’est à dire sur la route avec votre tandem…merci encore

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