Voyager à vélo avec un chien

Trucs et astuces

Voyager à vélo avec un chien

“Mais à quel point ça va être galère de voyager avec un chien ?” Telle était la question qu’on se posait quand on réfléchissait à adopter Côtelette.  Après quelques mois de voyage à trois, on peut vous dire qu’à la fois, ça n’a pas changé grand chose, et en même temps, ça en a changées beaucoup. Qu’est-ce que je veux dire par là ? Je vous fais un petit retour d’expérience.

 

Courir à côté du vélo

Commençons par ce qui occupe une grande partie de nos journées : le vélo. De manière générale, Côtelette adore courir derrière nous (elle ne serait pas avec nous si ça n’avait pas été le cas !). Elle n’est pas très rapide, en gros, elle suit bien jusqu’à 15km/h. Elle a toujours tendance à rester une centaine de mètres à l’arrière et fait des sprints dès qu’elle ne nous voit plus. Si on va plus vite, elle nous rattrape dès qu’il y a une côte.

De manière générale, elle reste assez bien sur le bas côté. Elle a quand même tendance à divaguer quand il y a un attrait incroyable de l’autre côté de la route (genre une poubelle) ou que l’on va très lentement (en grosse côte), ça lui laisse du temps pour zoner comme elle aime le faire. On essaie de lui apprendre à rester “à droite”, ça marche plus ou moins bien pour être honnête… Elle reste très habituée aux voitures et se range dès qu’elle entend le bruit d’un moteur.  On se fait quand même des petites frayeurs parfois, dès que cela devient trop dangereux, on la prend dans la remorque.

En ville ou en montée, il nous est arrivé de la faire courir en laisse à côté de nous. Ça marche très bien sauf qu’elle est incapable de galoper en laisse, elle trottine seulement et ne dépasse pas les 10km/h, ce qui est assez limitant…

Avec nous, elle a couru jusqu’à 50km en une journée. Elle est capable de faire plus mais quand elle est fatiguée, elle se met à boiter (sa patte arrière droite est toujours raide) du coup, on l’économise. En général, elle court une trentaine de kilomètres par jour. On lui donne régulièrement à boire, dans sa gamelle ou dans notre gourde vélo qu’on lui a dédiée (le bouchon est cassé et elle n’est plus très pratique pour nous).

 

Dans la remorque Burley Bee

Quand la chienne est fatiguée, que la route est dangereuse ou encore que l’on veut aller vite (sur du plat goudronné par exemple), elle est dans la remorque.

Côté matériel, on a une remorque Burley Bee dont on est extrêmement contents.

C’est initialement une remorque pour deux enfants, on a enlevé le hamac qui sert normalement de siège et on a construit un plancher (le poids de l’enfant est censé reposer sur le hamac et non sur le tissu qui sert de fond, on n’a pas osé la mettre directement dessus).  A Bishkek, on avait cousu un “hamac” en tissu mais il avait tendance à se détendre (et nous n’avions pas trouvé des attaches pour pouvoir resserrer les sangles facilement) et il restait humide longtemps en cas de pluie. A Tbilissi, Claude a bricolé un plancher solide fait de lames en plastiques récupérées, c’est parfait ! On a aussi ajouté un mousqueton au bout d’une corde pour faire une “ceinture” et surtout éviter que Côtelette descende en marche (l’effet est plus dissuasif qu’autre chose mais ça marche).

Au dessus du plancher, on met en général la bâche qui reste ainsi facile d’accès et la couverture en polaire de Côtelette, elle est ainsi bien confortable. La remorque est très spacieuse, la chienne a plein de place et peut se coucher confortablement. Elle l’apprécie d’ailleurs puisque quand il pleut ou qu’il fait froid, elle s’y réfugie d’elle-même.

Sauf quand elle est vraiment très fatiguée, Côtelette ne déborde jamais d’enthousiasme à l’idée de monter dans sa carriole. On doit en général l’aider à monter, surtout si on ne sort pas l’argument magique : un peu de nourriture ! Avant de démarrer, on s’assure qu’elle est couchée (a minima assise). Si elle est debout, elle est moins stable et il lui est arrivé de tomber en avant dans des descentes suite à des freinages trop forts, on fait beaucoup plus attention depuis. Elle aime bien avoir la tête qui sort pour observer ce qui se passe, du coup on ne ferme jamais complètement la remorque. Selon le temps, on la laisse carrément ouverte ou on lui laisse un petit espace. Quand il pleut, malgré notre garde-boue, de l’eau remonte le long de la roue et on retrouve Côtelette tachetée de boue voire avec la tête bien mouillée !

Sous le plancher, il y a un peu de place, on s’en sert comme “coffre” pour stocker notamment les croquettes. Attention juste en cas de pluie, comme on laisse la remorque ouverte, de l’eau peut s’y accumuler.

Niveau conduite, la remorque est très légère (10kgs), on la sent à peine (jusqu’au moment où on enlève et tout d’un coup, on se sent plus légers ! 😉 ). La vitesse théorique maximale est de 24km/h mais en pratique elle est toujours restée stable, on essaie de ne pas dépasser les 40km/h avec la chienne à l’intérieur.

Enfin, elle est vraiment ultra pratique, les roues se déclipsent et le tout se plie en quelques secondes. Ça nous a permis de la transporter très facilement. Les roues sont du 20″, la même taille que notre roue avant ce qui facilite le changement de pneus. Il y avait un super drapeau orange à l’arrière qui permettait d’être bien visible mais malheureusement, on l’a perdu un jour de très (très) grand vent au Kazakhstan. Le drapeau semblait plutôt bien fixé mais les conditions étaient vraiment particulières : c’était ce fameux jour où, sur une route kazakhe parfaitement lisse et plate, l’on faisait des pointes à 10km/h en poussant comme des fous, jusqu’au moment où la route a tourné et où on a atteint les 18km/h sans toucher les pédales !!.

 

En journée

On pensait qu’il serait compliqué d’aller dans des cafés, faire les courses… En pratique, on n’a jamais eu de problème. Quand Côtelette ne peut pas rentrer avec nous à l’intérieur, elle reste dehors avec le vélo. Selon les lieux, on l’attache ou pas. En général, elle se couche dans un coin et nous attend.

Dans des endroits où il n’y a pas beaucoup de monde qui passe, elle peut avoir tendance à aboyer sur les gens qui s’approchent trop près d’elle ou de nous (ou même de la porte par laquelle on est rentrés si on est à l’intérieur). Dans ce cas, on va la voir pour la calmer (ça marche bien, elle sait qu’on n’aime pas qu’elle aboie) et si besoin, on l’attache. Elle a le mérite de dissuader les personnes qui s’approchent d’un peu de trop près du vélo. 😉

On a quand même remarqué qu’elle aboyait préférentiellement contre les personnes qui avaient un grand bâton (depuis l’Europe de l’Ouest : les personnes âgées avec une cane, ou les blessés avec des béquilles !), les personnes qui ont une casquette/capuche/béret (encore les vieux !) ainsi que les enfants qui courent et crient. Elle a clairement quelques traumatismes et a été battue avant qu’on ne la rencontre…

C’est d’ailleurs fou de voir à quel point son comportement a changé en quelques mois. Quand on l’a rencontrée, elle s’approchait tout doucement de nous la queue entre les jambes, était toujours sur ses gardes de peur qu’on lui fasse du mal… On a du mal à reconnaître la chienne qui maintenant est ultra pot de colle en réclamant toujours plus de câlins !

Quand on est en ville avec elle, on la prend en laisse quand il y a beaucoup de circulation ou du monde. On a quand même tendance à la laisser en liberté. Elle nous suit très bien même si elle a tendance à être lente à force de trop zoner. On doit lui reconnaître un talent certain pour dénicher des trésors de poubelles. Combien de fois, on a ri en la voyant arriver avec un os énorme, un pain plus gros qu’elle…

Depuis la Géorgie, elle adore comme nous les terrasses. Comme nous ne lui donnons jamais à manger à table, elle va s’asseoir à côté des tables voisines et prend son air adorable. 99% du temps, les personnes font “oh, mais qu’elle est mignonne” et lui donnent à manger !

 

Les interactions avec les autres chiens

Si vous demandez à un cyclotouriste quelle est sa plus grosse peur, il est probable qu’il vous réponde : les chiens agressifs ! A partir de la Grèce, nous avons développé des tactiques anti-chiens. Une fois que l’on a compris qu’accélérer ne faisait qu’attiser l’envie des chiens de nous courser et de nous mordiller les mollets, on a adopté la technique de loin la plus efficace : ralentissement en parlant gentiment au chien, arrêt et marche à côté du vélo au besoin et seulement s’il insiste, on lui crie dessus et fait semblant de lui envoyer des cailloux. Ca marche super bien !

On était un peu inquiet en emmenant Côtelette : comment allait-ce se passer avec elle et les chiens agressifs ? Une fois de plus, ce fût très facile. Dès qu’un chien aboie d’un peu trop près, elle galope pour nous rattraper et se colle au vélo. Elle ignore ses congénères et poursuit sa course avec nous. Les autres chiens ne s’intéressent plus du tout à nous mais à elle. En général, ils abandonnent très rapidement leur poursuite en la voyant et ne l’embêtent pas. Certains sont tout de même assez vocaux et ont tendance à nous aboyer dessus un peu trop longtemps pour nos oreilles sensibles, il est aussi arrivé (très rarement) que certains soient agressifs avec elle, dans les deux cas, celui qui est à l’avant descend du vélo et et leur crie dessus voire leur court après (Claude est carrément adepte de la technique du yéti qui consiste à leur courir dessus en hurlant et en secouant les bras en l’air). Tous les chiens deviennent alors des poules mouillées et s’enfuient en courant (chassés aussi par Côtelette qui reprend du poil de la bête quand elle nous voit vouloir les dégager).

En ville, c’est encore plus facile, Côtelette est vraiment super sympa avec les autres chiens et n’est jamais méchante avec eux. Au pire, l’autre chien n’est pas autant de bonne composition et elle l’ignore et au mieux, ils se paient une bonne partie de jeux.

 

Le soir

En camping, elle a dormi successivement dehors, sous le auvent de la tente, dans sa remorque puis… dans la tente avec nous ! Elle s’est faite au confort ! 😉 L’avantage principal de l’avoir dans la tente est qu’elle ne voit rien et donc elle n’aboie pas. La nuit, elle a tendance à être beaucoup plus stressée et à vouloir monter la garde. Elle se couche sur sa couverture qu’on lui installe à nos pieds et ne bouge pas.

Quand on dort en hôtel ou chez des gens, elle dort dehors dans la remorque ou à l’intérieur selon ce qui est possible (en pratique, principalement dehors en Asie Centrale et à l’intérieur depuis l’Europe). Elle est très sage et ne fait jamais de bêtise hormis regarder d’un peu trop près les poubelles ou trouver un endroit plus confortable que sa couverture comme… les canaps ! Elle a bien compris qu’on n’aimait pas trop qu’elle y monte du coup, quand elle s’y installe, elle en redescend quand elle nous entend nous lever. On la retrouve debout avec la queue qui bat à l’horizontale (signe qu’elle a fait une bêtise) et on peut voir des poils et une empreinte encore toute chaude sur le canapé ! Pour éviter tout problème quand on la laisse seule à côté d’un canapé, on le recouvre de la bâche ou on y met des chaises pour qu’elle ne puisse pas y monter.

 

La nourriture

En Asie Centrale, on n’a pas toujours trouvé des croquettes, on lui faisait alors à manger des féculents (riz, pâtes ou avoine) avec la viande que l’on trouvait : saucisses (type knackis) ou la viande de nos repas que l’on ne voulait pas (on a abandonné de demander végétarien, ils enlevaient juste la viande et le goût était présent de toute façon)… Depuis le Caucase, on trouve très facilement des croquettes.

 

Les transports

Au delà du vélo, on a fait pas mal de moyens de transports : voiture, train, bus, bateau, métro… et tout s’est toujours très bien passé. De par son passé de chienne des hauts plateaux pamiris, Côtelette ne raffole pas des transports à moteurs mais elle consent à nous suivre.

Pour le train, nous avons fait un trajet de 37h (!) au Kazakhstan. On avait réservé une cabine entière pour avoir le droit de la prendre avec nous. Cela nous a finalement bien arrangé, cela nous a permis de garder le vélo avec nous (on aurait du probablement le mettre dans un autre train sinon).

Pour le bateau, elle était en cabine avec nous pour les traversées des mers caspienne et noire. Depuis qu’on est en Europe de l’Ouest, il y a des règles plus strictes pour les animaux de compagnie. Pour faire court, soit elle reste avec nous dehors, soit on la met dans une cage glauquissime, soit on se paie la cabine spécifiquement réservée pour accepter les animaux de compagnie (et qui coûte une petite fortune évidemment). En pratique, on a toujours réussi à trouver un coin/couloir où l’équipage accepte qu’on reste avec elle. Comme tout bon voyageur au long cours, nous sortons matelas, duvets, masques et boules quies pour dormir paisiblement (on reste quand même des amateurs face aux camionneurs bulgares qui scotchent les portes…). Au lieu de se cacher entre des sièges comme on faisait avant, on s’est installés dans des endroits très calmes où l’on a très bien dormi ! Merci Côtelette !!

Dans les transports en commun, la muselière est parfois obligatoire. En pratique, on la lui met autour du cou sans lui mettre (elle déteste et l’enlève au bout de 3s d’inattention), ça suffit en général. Il y a juste une fois en Italie où on nous a demandé de lui mettre dans le métro.

De manière générale, depuis la Turquie, il existe des règlements pour les animaux, c’est donc moins facile de voyager avec un (gros) chien. En Turquie, il est par exemple interdit de transporter un chien dans le bus (à moins que le chien reste dans la soute ^^) ou le train. A Toulouse, ils ne sont pas autorisés dans les transports en commun… c’est donc un peu plus galère mais on a toujours réussi à trouver une solution !

 

Les démarches administratives

On l’a mentionné dans nos articles, on a passé pas mal de temps à préparer l’entrée de Côtelette en Europe. Vous pourrez tout retrouver sur les sites officiels mais voici les principales étapes si vous voulez ramener un chien adopté hors d’Europe en Europe (la procédure est la même pour les chats) :

  1. pucer le chien
  2. le faire vacciner contre la rage (+ les autres vaccins usuels)
  3. après au moins un mois, faire une prise de sang, extraire le sérum et l’envoyer dans un laboratoire agréé par l’Europe pour qu’il y a assez d’anticorps antirabiques
  4. au moins 3 mois après la date de la prise de sang, l’animal a le droit de rentrer en Europe après avoir rempli un formulaire officiel tamponné par les autorités vétérinaires dans le pays dans lequel vous vous trouvez

En pratique, il faut donc au minimum 4 mois entre le moment où vous faites pucer le chien et le moment où il peut rentrer en Europe.

Hormis l’entrée en Europe (où il a fallu montrer tous les papiers cités ci-dessus), on ne nous a toujours demandé que le passeport. En théorie, certains pays peuvent demander d’autres papiers, notamment un certificat vétérinaire.

Nos sites de références pour les passages de frontière étaient AniVetVoyage et PetTravel.

 

Matériel

En terme de matériel spécifique pour la chienne, nous avons ajouté à notre barda :

  • la remorque Burley Bee
  • une muselière
  • une couverture (donnée par des voyageurs, merci !)
  • une brosse (on retire des kilos de poils depuis qu’il fait plus chaud ! Et elle *adore* se faire masser ! 😉 )
  • une balle (on essaie de lui apprendre à jouer avec un objet mais ça n’est pas une grande réussite pour l’instant…)
  • en terme de gamelle, on avait une gamelle en inox que l’on a oubliée dans un resto, depuis elle boit dans notre poêle et mange dans une de nos assiettes, on lui a aussi dédié notre gourde de vélo dont le bouchon est cassé, on lui donne à boire dedans quand elle court avec nous
  • des croquettes (par sacs de 3 à 5kgs)

 

Voilà ! Finalement, c’est plutôt assez simple de voyager avec son chien ! On espère qu’on aura donné envie à certain.e.s de se lancer ! 🙂 N’hésitez pas à partager vos trucs et astuces si vous en avez ou encore à poser des questions !

7 COMMENTS
  • Sandrine lf
    Reply

    Chère voyageurs, on sent tellement d affection entre vous trois que ça donne envie de découvrir de 3e phénomène qu est Cotelette !

  • Béatrice
    Reply

    Merci pour toutes ces précisions et ces jolies photos. Côtelette vous a adoptés autant que vous l’avez adoptée … Quel attelage tous trois ! Il faudra que Côtelette continue à se dégourdir les papattes lorsque vous aurez tous deux repris le travail et la vie qui va avec … Bravo et encore merci pour tout.

  • Brigitte Couvreur
    Reply

    Côtelette est très très chanceuse d’être tombée sur vous!
    Elle en avait certainement rêvé!

  • Flo
    Reply

    À se demander si c’est vous qui ramenez Côtelette ou si c’est elle qui vous ramène! =-)
    Désolés d’avoir manqué votre arrivée, mais ce n’est que partie remise. Hâte de rencontrer le phénomène!

  • Claude Lalisue
    Reply

    Toujours en admiration devant votre facilité à avoir pu changer malgré tout votre façon de voyager. Un chien c’était tout de même des problèmes en perspective en tout cas administrativement parlant.
    Mais c’est vrai que là chienne vous a apporté tellement de joie !
    Bon retour,

  • Hugo
    Reply

    C’es stylé, faîtes de belles photos avec votre chien !! 😀 Le mieux est pas encore prêt pour ça ^^ Le temps de la dresser, le temps de faire le papier ..ectr.. Il aboie trop en même temps il n’a qu’un mois 🙂

  • Tips | Voyager à vélo avec son chien - Pieds & Pattes liés
    Reply

    […] nos chiens. D’ailleurs, si vous êtes intéressés pour transformer une remorque enfant : Tandemonde l’a fait à partir d’une carriole Burley pour leur chienne Côtelette et les copains […]

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