Category: <span>Au jour le jour</span>

Au jour le jour

Anatolie occidentale et eaux thermales

Je continue le récit de notre traversée de l’ouest de la Turquie. J’ai vu que mon histoire de surprise avait pas mal fait réagir, mais en vérité les plus curieux d’entre vous ont sûrement déjà deviné grâce à la carte de l’itinéraire !

En effet, peu après être repartis du restaurant ou nous prenions, je le rappelle, notre deuxième déjeuner, nous entendons un son familier et pourtant bien inhabituel : une sonnette de vélo !

C’est un couple de suisses qui nous a vu passer et qui ont accéléré afin de nous rattraper ! Nous nous arrêtons rapidement afin de pouvoir discuter plus aisément, le courant passe vite entre nous, et c’est ainsi que nous faisons la connaissance de Sonia et de Pirmin.

Nous roulons à peu près au même rythme et nous finissons donc la journée en leur compagnie, nous trouvons un lieu de bivouac adapté pour 4 personnes cette fois.

C’est un vrai plaisir d’avoir de la compagnie durant le voyage, de plus leur rythme quotidien, leur façon de voyager ainsi que leurs envies collent parfaitement avec les nôtres !

Ainsi, nous voyageons en compagnie durant les jours suivant. Il fait très chaud donc le réveil est à 5h, on part vers 7h et on a chaud dès… 9h ! Voici quelques photos des jours suivants, avec des cigognes, des déjeuners dans des parcs et de beaux paysages !

En approchant de Pamukkale, je crois que nous rêvons tous un peu des bains thermaux… Nous décidons de ne pas faire de longue pause déjeuner mais d’arriver au plus tôt dans un hôtel avec spa de Karahayıt. Dans la côte pour y arriver (avec l’apparition, oh miracle, d’une piste cyclable !), nos compteurs indiquent 45° :-O

Autant vous dire qu’on aura bien mérité ces bains et qu’on en profite à fond. En plus on pensait tomber sur un hôtel plein de touristes mais c’est encore tôt et cette ville est moins touristique que Pamukkale, donc nous sommes les seuls dans la piscine ! Ne loupez pas les photos, où vous pourrez admirer la classe absolue de ces deux paires de cyclistes ! Hé ouais, le bronzage cycliste, ça se travaille !

Les filles en ont même profité pour se faire masser (Stéphanie : merci Enercoop !! Ce n’est pas fini, on arrive bientôt en Cappadoce où je consommerai la suite de votre cadeau ! 😀 ), on repart donc frais et reposés pour aller voir Pamukkale, littéralement le “château de coton” en turc, une grande falaise blanche avec des piscines remplies d’eau thermale, voici notre arrivée :

Steph a déjà visité le site il y a 15 ans (Steph : dédicace à Anne-So, Romain et ma mère !), on a lu qu’il n’y avait plus beaucoup d’eau dans les bassins et pour finir, on se sent un peu oppressés par les flots de touristes asiatiques qui tiennent absolument à nous prendre en photo avec eux et le tandem. On passe notre tour pour la visite et on laisse ainsi Sonia et Pirmin qui vont voir de plus près ces falaises blanches.

Et pour vous donner une idée de ce à quoi ça ressemble de plus près, ils nous ont gentiment envoyés quelques unes de leurs photos qu’on vous partage ici, merci à eux ! 🙂

Au jour le jour

Arrivée en Turquie

Avant de vous raconter notre arrivée en Turquie, voici quelques photos de notre séjour à Chios. Cette île ne fait pas partie des Cyclades et nous a semblé relativement préservée du tourisme ! En effet, le bateau était plutôt plein d’habitants qui rentraient chez eux, nous n’avons croisé que quelques groupes en car, la plupart des touristes devant louer une voiture individuelle. Bref, une île avec des paysages somptueux, des maisons peintes en noir et blanc, des villages en pierre aux rues étroites et des plages… vides ! Le faible trafic et le fait de pouvoir camper sur la plage en font un petit paradis du vélo 🙂

Pour notre arrivée en Turquie par le bateau du soir, aucune inquiétude pour trouver un bivouac, ça ne sera pas nécessaire car le réseau warmshowers (le couchsurfing des cyclistes) est extrêmement actif ici !!! Nous faisons route vers Alaçatı, où Cüneyt et Gülay nous réservent un accueil chaleureux !

Ils nous convainquent de rester un peu plus en leur compagnie et nous restons donc une deuxième journée où nous profitons des environs et d’un peu de temps pour prendre soin du site Web (ça ne se voit pas, mais c’est mieux qu’avant ;)). Le réseau warmshowers marche si bien dans cette région que nous avons dû décaler notre rendez vous avec notre hôte du lendemain !

Cüneyt parle un français excellent car il a étudié puis vécu longuement à Strasbourg. Il est architecte et travaille sur des chantiers superbes de rénovation des vieilles maisons en pierre du village, celui qu’il nous a montré prépare l’ouverture prochaine d’un restaurant !

Gülay pour sa part est la directrice du meilleur café d’Alacatı ! (En toute objectivité). Köşe kahve, le “café du coin”, en plein centre.

Tous deux sont extrêmement accueillants, et nous nous sentons vraiment bien en leur compagnie ! On espère sincèrement les revoir ! (Il faudra venir nous voir en France !!)

Alaçatı est une petite ville qui nous aura beaucoup plu ! Le centre ville est superbe, la mer et les plages (du bon vent pour la planche à voile et… les éoliennes) sont toutes proches, et pour l’instant la Turquie ressemble fort à l’Europe. Ce n’est pas très surprenant car la côte méditerranéenne à cette réputation, bien méritée. Par ailleurs les touristes n’ont pas encore envahi le paysage, même si cela va arriver bientôt… Une destination à recommander pour les vacances de pâques !

Pour les prochains jours, nous prévoyons de nous rendre à Güzelbahçe chez notre hôte warmshowers suivant, puis chez Tulin, la maman d’Inci que Stéphanie à rencontrée aux États-Unis. Sur la route nous traversons un très joli village nommé Barbaros :

Les distances sont relativement courtes, on pense donc dédier une journée à la réparation de notre plateau avant, qui est franchement usé… Mais Devrim, notre WS, nous a parlé d’un petit café vélo près de chez lui, on y passe par curiosité et le mécano nous a fait des merveilles ! (Plus de détails ici)

Devrim travaille parfois de nuit dans son école qui fait aussi pension, et on tombe mal ce soir là. Malgré cela, il n’a pas manqué de préparer un superbe dîner pour nous que nous partageons avec sa famille et leur voisin, Nevzat qui nous héberge. Nous préparons une tarte au citron pour le dessert, que les enfants ont adorée et que les voisins ont pu goûter 🙂 On se dit que cuisiner est une bonne façon de partager et de remercier au moins un peu ces familles qui nous accueillent !

Comme nous sommes libérés de notre problème de plateaux, le lendemain nous rejoignons Devrim sur sa pause déjeuner. Nous passons un moment très agréable et il nous fait visiter quelques endroits intéressants de la ville où il travaille. En particulier un chantier de bateaux viking d’époque, fondé par un professeur passionné qui en a fait un vrai laboratoire d’archéologie expérimentale ! Il fait naviguer des bateaux sans clous, tout est lié par de la corde et des chevilles en bois !

Nous rejoignons Tulin chez elle, elle habite au dernier étage d’un immeuble avec une vue panoramique magnifique… autrement dit c’est super haut 😀 Nous sommes de nouveau merveilleusement reçus, en plus le ramadan commence ce jour là, on a donc le plaisir d’accompagner Tulin pour le dîner quand elle termine le jeûne, et on mange donc très copieusement d’excellentes spécialités Turques 🙂

Nous saisissons l’occasion de laisser le vélo pour une journée pour nous rendre à Ephese ! C’est un peu l’aventure, mais Tulin nous aide bien à préparer l’expédition, qui nous fera prendre un total de 6 bus tout de même 🙂

Ephese c’est très beau, Stéphanie aurait pu vous le dire puisqu’elle y est déjà allée il y a 8 ans. D’ailleurs elle ne s’en rappelait pas… (c’est complètement exagéré, je n’étais pas complètement sûre mais quand on est arrivés sur le site, je m’en suis souvenue immédiatement ! – Stéphanie) Pour voyager c’est pratique on peut refaire les même choses toutes les décennies 🙂 Bon, et si comme moi vous espériez voir le temps d’Artémis à Ephèse, et bien il n’existe plus

Nous retrouvons le vélo le lendemain pour une journée pas top top de sortie de ville. Izmir c’est très grand, on aura notre lot de côtes absurdes, rue qui débouchent en plein sur une autoroute, contresens de 4 voies sur le “trottoir”, détours pour éviter les sections dangereuses, passage à niveau sans le passage (ni veaux), chiens pas sages non plus…

Bref, à force on finit par retrouver la campagne et les bivouacs faciles. La température en journée est très élevée et nous décidons d’adopter la méthode du lever à 5h du mat, histoire de rouler un peu au frais. Ça marche pas si mal que ça et on trouve pour le déjeuner des restaurants ombragés où l’on peut faire de longues pauses (en gros de 12h à 16h).

Le ramadan à commencé le 15, donc la journée ça ne déborde pas d’activité, même si les cafés restent plein. En général les gens ne consomment pas et se retrouvent simplement là (probablement comme chaque jour de l’année, le thé ou le café en moins). Certains ont un thé ou un ayran quand l’heure s’approche du déjeuner. C’est un peu gênant de manger devant des personnes qui font le jeûne, alors on essaye de privilégier les restaurants, qui sont ouverts même s’ils sont très vides.

Ça reste très facile, pour rappel le pays est laïc et clairement tout le monde n’est pas pratiquant, on imagine qu’en Iran ça serait plus coton de déjeuner… (?)

Toutes les personnes que nous croisons sont très sympathiques, et j’ai donc de nombreuses occasions de pratiquer le turc ! C’est encore le début mais je commence à comprendre pas trop mal les choses basiques et à pouvoir échanger simplement… Stéphanie apprend quelques mots chaque jour aussi !

Dernière chose à mentionner, au moment où je vous écris nous mangeons notre… deuxième déjeuner ! On avait bien faim suite à un léger problème d’intendance hier soir, donc on en profite !!

Grosses bises à tous, et le prochain article il y aura une surprise !!

Au jour le jour

Hospitalité grecque

Hello !

Nous sommes à Athènes, sur le point de prendre le bateau direction l’île de Chios. Nous traversons ensuite à Cesme et serons en Turquie ! Ca nous paraît fou, après un peu plus de 2 mois de vélo, nous quittons déjà l’Europe !

Avant ça, quelques nouvelles de ces derniers jours.

Pour faire le lien avec l’article précédent, on a continué à faire des rencontres avec la faune plus ou moins agréables : encore beaucoup (beaucoup) de chiens, des cigognes qui ont dansé un ballet au dessus d’un clocher pendant qu’on mangeait, une énorme scolopendre (en piteux état, heureusement pour nous) que Claude a identifié venant du Texas (il va envoyer la photo à un entomologiste)…

Au cours de cette dernière semaine, nous avons surtout reçu une belle leçon de vie de la part des grecs qui ont fait part d’une générosité très touchante. En voici un extrait.

Un midi, assis sur un banc d’une place pour déjeuner, une grand-mère vient nous voir, évidemment elle ne parle pas un mot d’anglais, et nous, pas plus de 4 mots de grec. Elle finit par nous apporter des cerises et œuf dur pour agrémenter notre pique-nique, waouh ! On comprend que tout ça vient de son jardin (à ce moment, il faut nous imaginer tous les 3 en train d’imiter les poules !). Elle part et revient cette fois avec un tupperware rempli d’œufs. Elle veut nous dire quelque chose, on n’a un peu de mal à comprendre, ça l’énerve un peu. Elle casse alors un œuf au pied de l’arbre à côté de nous, on comprend qu’il est frais et on se demande un peu si elle a perdu la tête pour casser des œufs comme ça ! On finit par comprendre : elle veut nous faire une omelette !! Alors là, on est bluffés ! Gênés par tant d’attention, on refuse en la remerciant autant que l’on peut. Elle finira par revenir avec un papier où elle a traduit “bon voyage” en français et elle nous offre de la salade, des courgettes, des délicieuses amandes grillées et même une fleur !

Un peu plus tard dans l’après-midi, on fait une pause le long d’une grande route à l’entrée dans un chemin. On voit un 4×4 arriver assez vite, plus il s’approche de nous, plus il klaxonne. On venait juste de s’installer… :/ On se relève péniblement (on a de bonnes courbatures il faut dire ! 😉 ), on pousse toutes nos affaires en pestant “c’est fou, dès qu’on se pose, il y a quelqu’un qui passe exactement à cet endroit”. Le véhicule se rapproche, il ralentit finalement à notre niveau, s’arrête et un grand gaillard en sort avec un sac rempli de concombres qu’il nous tend. On a à peine le temps de le remercier qu’il est déjà reparti à sa ferme qui est quelques centaines de mètres plus loin ! Il roulait aussi vite pour… nous apporter ses concombres !!

Un soir, on installe notre tente sous le porche d’une église après avoir eu la confirmation que ça ne posait pas de problème (on devient des pros du repérage de préaux pour éviter que la tente ne soit mouillée au réveil !). Une voiture ralentit à notre niveau, fait marche arrière et s’arrête. J’y vais en commençant à nous justifier : on est à vélo, il n’y a pas d’hôtel dans le coin, on part dès demain matin… La femme dans la voiture m’arrête et me demande si on a besoin d’aide, si elle peut faire quelque chose pour nous, si on a bien à manger… Je la rassure, on a tout ! Une demi-heure plus tard, elle revient avec 2 gros sacs plastiques à la main : elle nous apporte dîner (chaud !), croque-monsieur, croissants, eau, jus de fruits… Incroyable !!!

Et pour finir, je suis obligée de mentionner le magnifique accueil de Myranta, notre hôte airbnb à Athènes (allez-y les yeux fermés si passez à Athènes !). Notre mode de voyage lui plaît (et résonne avec sa propre fille qui est triathlète), elle nous cuisine des délicieux légumes farcis à notre arrivée, se met en 4 pour nous aider dans la révision de notre vélo (on lui aura quand même recouvert de cambouis une bassine et des torchons… :/ ), nous offre des raisins secs incroyables ramenés du sud de la Grèce… Merci !!

Il est assez étrange de raconter ces histoires, j’ai l’impression que mon récit n’est pas du tout à la hauteur de ce qui s’est passé… Au delà de “ces gens sont super sympas”, ces moments ont été vraiment très émouvants pour nous (et eux !). Voir de parfaits inconnus nous offrir autant est une expérience marquante. Nous nous sentons extrêmement chanceux et en ressortons avec plein de questionnements… Pourquoi le font-ils ? Pourquoi nous ? Pourquoi nous on ne le fait pas en France ?

 

Au delà des rencontres, la Grèce nous a aussi comblés par ses merveilles culturelles. Après un petit dej gargantuesque à l’hôtel (le paradis du cyclo !) de Kalambaka, nous avons passé une belle journée à crapahuter entre les monastères des météores. C’était magnifique ! Je vous laisse en juger par les photos. Nous en avons visité qu’un seul, ce voyage a tendance à nous rendre un peu agoraphobe, on choisit précautionneusement les moments où on se replonge dans les foules de touristes ! 😉

Notre passage à Athènes a été aussi l’occasion de visiter l’Acropole. Pour ma part, c’était la 3ème fois que j’y allais et c’est toujours aussi impressionnant de voir ces vestiges vieux de plus de 2 millénaires…

Les 3 jours de stop à Athènes ont été aussi l’occasion de réussir notre 1ère formalité consulaire : le visa iranien ! Après une aventure en x étapes (remplir le formulaire e-visa quand le site ne plante pas, mettre les photos à la bonne résolution au pixel près, trouver un endroit où l’on peut tout imprimer, aller à l’ambassade pour connaître le prix, se dire qu’on est prêts à payer 25e (x2) plus cher pour ne pas attendre 4j, aller dans une banque pour verser en cash le prix du visa sur le compte de l’ambassade, retourner à l’ambassade, attendre 10mn que nos visas soient prêts sans penser aux 50e), nous sommes ressortis victorieux avec nos visas prêts pour l’Iran ! Je dois reconnaître que devoir donner une photo voilée pour ce 1er visa a un peu froissé mon féminisme. Je me demande comment je vais vivre le fait de rester voilée pendant un mois… On, apprend en sortant de l’ambassade que les USA se sont retirés de l’accord nucléaire, on va surveiller la situation ces prochaines semaines.

Dernière chose importante de ce séjour à Athènes : la révision complète de notre vélo ! On fait ça tous seuls comme des grands : on change la chaîne arrière, on nettoie/graisse tout le vélo (victoire, la roue libre se remet à faire un bruit “agréable”), Claude règle les vitesses… on a même un pneu avant tout neuf que l’on changera dès que notre pneu actuel finira sa vie (il en n’est pas loin…). Bon, à l’heure où j’écris ces lignes, notre nouvelle chaîne ne semble finalement pas si optimale, Claude est sur le coup !

Une dernière chose que j’ai envie de vous partager pour aujourd’hui : les tensions autour de la Macédoine. Petit retour en arrière il y a 10 ans déjà, quand, en Bulgarie, on avait rencontré des personnes qui nous avaient expliqué (très sérieusement) que la Macédoine appartenait en fait à la Bulgarie et que la Bulgarie devrait envahir le pays pour l’annexer. Au cours de nos écoutes de podcasts, on a réalisé que ce sentiment était toujours existant mais aussi que la Macédoine avait un autre “ennemi” à affronter pour entrer dans l’Europe : la Grèce qui refuse le nom même de “macédoine” (Macédoine = Alexandre le Grand = Grèce). Et en effet, on a vu des tags nationalistes qui semblent attester de ce sentiment… La femme qui nous a apporté à diner avait aussi réagi quand on lui avait montré la carte de notre parcours avec les pays traversés en insistant que la Macédoine, c’était bien en Grèce, la région de Thessalonique, et non le pays. Et clairement, elle l’a répété jusqu’à ce qu’elle soit sûre que j’ai bien compris…

J’ajoute quelques photos en vrac ci-dessous.

Sur ce, je vous laisse, on a du rangement à faire avant de quitter notre AirBnb ! A bientôt en Turquie !

Stéphanie

Au jour le jour

Nos amis les animaux

Hello !

Après notre merveilleuse soirée en Albanie, nous avons traversé la frontière grecque direction Athènes. L’étape est symbolique, c’est le dernier pays avant la Turquie où l’on sera en Asie ! On s’ébahit déjà de se dire qu’on est arrivés ici en vélo.

Au passage de la frontière, on se rappelle de la chance d’être nés là où on est nés en voyant des personnes devant montrer des papiers/formulaires. A l’entrée en Grèce, dans la voiture devant nous, une personne ne devait pas être en règle, le garde frontière lui hurle dessus comme un chien (phrase à mettre en lien avec la suite de cet article) alors que nous, on a le droit à un grand sourire et un “welcome to Greece”… Je reste toujours stupéfaite d’à quel point une personne peut changer d’attitude selon la personne qu’elle a en face d’elle. Cela me rappelle quand j’étais prof, la cantinière était devenue toute mielleuse quand elle avait su que j’étais prof et non élève alors qu’elle venait de m’aboyer dessus (imaginez, j’avais honteusement demandé si je pouvais avoir un peu de riz et un peu d’haricots !). La nature humaine n’est pas toujours reluisante…

La frontière passée, on prend un petit chemin caillouteux (ce n’est pas qu’on aime tant que ça mais ça nous fait éviter l’autoroute 😉 ) qui monte dans les montagnes. On dépasse notre altitude max (1200m) au passage et on entame la descente tranquillement. Au détour d’un chemin, on aperçoit un troupeau de vaches, leur berger et … ses chiens !

Les chiens commencent à venir vers nous de manière agressive mais heureusement le berger les arrête avec une méthode qui consiste à crier et leur lancer des bâtons. On descend du vélo pour se frayer un passage parmi les vaches (elles aussi impressionnantes mine de rien) et on reprend notre chemin.

Il faut dire que les chiens sont le problème n°1 des cyclotouristes au long court, je ne compte plus le nombre de posts facebook où j’ai vu la question abordée avec des centaines de commentaires… Le matin encore, on s’étonnait de ne pas avoir été embêtés par les chiens alors que des cyclistes nous avaient prévenus que les Balkans étaient le début des em******. Autant dire, que la trêve a pris fin en Grèce !

On réalise qu’il y a pas mal de troupeaux autour de nous, on commence à les guetter avec anxiété. Un peu plus loin, le chemin se rapproche d’un troupeau de moutons. On entend un aboiement, je tourne la tête et vois un chien qui nous poursuit. Le terrain est en descente, c’est à notre avantage. Je conduis, je lâche les freins et on pédale comme des dératés. Les secousses sont telles que je pense sur le coup qu’on a cassé le vélo, je perds les pédales un instant. Claude, à l’avant, hurle de toute ses forces sur le chien, ça a l’air de le freiner, ouf ! Sauf qu’à ce moment, un autre chien surgit, puis un autre, puis un autre… On pédale, Claude hurle (c’est qu’il en a du coffre !), et on finit par semer la meute de chiens ! C’est notre 1ère frayeur et … victoire ! Claude n’a plus de voix, on rigole bien et on se dit qu’il va falloir peaufiner notre technique.

Après avoir relus les posts facebook, la technique la plus efficace semble de descendre de son vélo (si on ne va pas vite, on est beaucoup moins attirants puisqu’il n’y a rien à courser), crier, voire menacer le chien avec un bâton/caillou (pas besoin de le viser). Il paraît qu’un jet d’eau de gourde est aussi efficace, on va investir dans un pistolet à eau ! 😀

Le reste de la journée se passe bien, on trouve un bivouac sympa près de l’eau.

Le lendemain, journée sans grand enthousiasme, ça monte et ça descend pas mal, il fait chaud (il faut dire qu’on est partis tard…) et les paysages n’en valent pas vraiment le coup. On dirait qu’on est devenus un peu difficile ! 😉 On écoute des podcasts et la suite des 3 mousquetaires (merci LibriVox !)

A défaut d’aventures palpitantes, j’en profite pour vous raconter nos rencontres avec la faune locale. Claude vous a déjà fait part des tortues et des serpents. On en verra d’autres, les 1ères qui nous émerveillent, les 2nds un peu moins… (en Macédoine, dans une grande descente, j’ai notamment évité un serpent de 3m de long dans un grand cri !!)

On voit plein d’oiseaux : rapaces et aussi… cigognes ! On croise plusieurs nids sur les poteaux des villes.

On a aussi la chance de voir des petits mammifères : une fouine qui traverse devant nous et que l’on voit se cacher dans le bas côté et un magnifique renard qui fait des bonds à quelques mètres de nous !

En voyant les panneaux sur le bord de la route, il semblerait qu’il y ait aussi de gros mammifères que l’on puisse croiser. Ce n’est pas notre cas, ouf !

Les derniers animaux qui ne nous plaisent guère sont aperçus sur le bord de la route : des nids de toile énormes (gros comme mon poing) avec des grosses chenilles qui en sortent. On se demande ce que c’est et on se dit qu’il faudra qu’on dépasse notre dégoût pour s’arrêter et en prendre un en photo.

Le soir, un orage se prépare, on s’abrite sous le auvent d’un dispensaire abandonné. 4 chiens errants arpentent le village, ils ne sont pas méchants mais… bruyants ! Ils passent la nuit à aboyer/hurler. On met nos boules quies en se demandant comment font les habitants pour supporter ça tous les jours…

Hier, on se lève tôt pour éviter les chaleurs. Le paysage est assez beau mais on a quand même l’impression d’avoir choisi l’itinéraire qui passe toujours par le point le plus haut ce qui n’est guère motivant.

Dans l’aprem, je vois un panneau “meteora”, je me rappelle que le site des Météores est un des plus beaux sites de Grèce. Ce sont des monastères installés en haut de falaises, il vaut mieux les visiter à pied, l’idéal serait donc de prendre un hôtel pour pouvoir laisser le vélo pendant que l’on se balade. On fait une pause, il est 17h20, on a fait 44km et on est encore à 60km de Kalambaka (la ville la plus proche du site), autrement dit, la distance que l’on fait dans une journée habituellement… C’est bête, le timing est pile mauvais, on va y arriver demain en milieu de journée… On regarde le dénivelé : 10km de montée et le reste est en descente (même s’il y a toujours un peu de montée).

Allez, on se motive, on met de la musique et on fait le point dans une heure ! Waouh, on n’a jamais été aussi rapides ! Le son des Balkan Beat Box nous donne des ailes ! A force de pousser sur les pédales, on arrivera dans la vallée de Kalambaka peu après 20h avec une superbe vue qui annonce une belle journée !

A bientôt pour vous raconter nos impressions de ces monastères ! (si nos jambes ne refusent pas de nous y emmener ! 😉 )

Steph

PS : à défaut de pouvoir participer aux mouvements sociaux qui se déroulent en ce moment, je vous invite à visionner cette vidéo et je compte sur vous pour me représenter ! 😉

Au jour le jour

Albanie et Macédoine

Après le Monténégro nous passons la frontière de l’Albanie direction Koplik. La frontière est plutôt amusante, on retrouve les affiches anti corruption, pas de tampon dans les passeports, et cette fois il y a beaucoup d’activité ! En effet des dizaines de camions sont garés au bord de la route après le guichet albanais. Il y a donc pas mal de monde à la douane, les camions passent à la pesée etc…

La première ville dans laquelle nous entrons est Koplik, et le dépaysement est total ! La ville a vraiment des allures différentes de ce qu’on a vu jusqu’à présent, ça fait plaisir 🙂

Notre prochaine étape est la ville de Shkoder, qui est une ville énorme ! On trouve sans difficulté un guichet qui accepte nos kuna croates restantes pour les convertir en leke d’Albanie. Apparemment le guichetier à annoncé le taux de change en ancienne monnaie (??) à Stéphanie, bref on fait confiance car la conversion en 3 étapes via l’euro ça fait trop 😀

Notre monnaie en poche, après l’achat de deux kebabs pour un total d’environ 1 euro on se dit qu’on est en fait en possession d’un petit pactole 😉

Il y a énormément de vélos à Shkoder, et pour cause on apprendra plus tard qu’elle est connue comme la “ville du vélo” en Albanie !!

Au sud de Shkoder on longe une plaine par des coteaux peu élevés. On surnommera bientôt cette route la route des tortues ! Il y en a des partout !! La première qu’on a vu nous a évidemment surpris, mais après une nuit, on se rend compte qu’il y en a une tous les 500m sur le bord de la route 😀

En parlant de la nuit, on trouve un petit coin d’herbe auprès d’un restaurant plutôt cossu qui nous a très généreusement permis de rester dans leur ferme. Le propriétaire est ravi de nous voir et nous fait même poser pour un journaliste local justement présent pour recueillir de quoi écrire un article ! Stéphanie, la tente et le vélo devraient donc apparaître dans une publication albanaise prochainement, stay tuned 😉

Le lendemain nous attaquons une côte infernale sous un soleil intense. Plutôt que de vous décrire cette expérience difficile par le menu, je vais vous parler de comment j’ai sauvé une tortue ! (Oui oui) Cette inconsciente sprintait à quelques centimètres par seconde au travers de la route. Ni une ni deux je saute à bas de notre monture pour la déposer de l’autre côté de la route. Je sais, c’est héroïque, cependant elle a semblé avoir du mal à revenir de sa téléportation inattendue…

Bref, les reptiles mignons ont bon dos (enfin, carapace) mais on croise aussi la route de reptiles moins mignons, ceux qui n’ont pas de pattes par exemple…

Revenons à nos moutons et à la côte infernale qui pendant ce temps a eu le temps de se transformer en descente un peu raide (pratique ces ellipses), quand tout à coup, l’asphalte disparaît ! A ce moment là les protagonistes partiellement ophiophobes de mon récit ne se doutent pas que cette situation va durer plus de 24h…

Nous qui croyions les routes albanaises parfaitement lisses et meilleures qu’au Monténégro, notre avis va changer 🙂

Après la traversée un peu secouée d’une vallée magnifique, nous arrivons en vue d’un paysage absolument superbe ! Un petit lac complète le paysage de sa couleur turquoise.

Ne vous méprenez pas, tel le reptile qui peut être mignon ou non, ce lac fait partie des apodes !! Il a avalé englouti notre pont ! Pour plus de détails sur les circonstances de ce détour malheureux, voir l’article de Stéphanie. Après une matinée courageuse pour se sortir de ce mauvais pas, la traversée du barrage signe presque la fin de notre épisode rocailleux !

Nous avisons Rreshen, patelin annoncé miniature par osmand mais en fait débordant de vie et de tous commerces ! On en profite pour faire notre pause déjeuner de burrek et autres chaussons gras, auprès de Teresa dont j’ai eu la chance d’ajouter l’échoppe inconnue sur openstreetmap.

On croisera sur la route l’après midi la première personne qui nous parle français en Albanie, c’est Tony ! Un grand gaillard hyper sympa qui a vécu en Belgique et prêt à nous offrir l’hospitalité, nous refuserons en pensant faire encore un peu de route, mais rétrospectivement on aurait pu… En effet nous n’irons pas teeeellement plus loin ce soir là, une petite dizaine de kilomètres jusqu’au camping au nom italien de “camping alla chiesa”. En effet, c’est un camping au pied d’une église !

Le lendemain on innove en essayant de se lever plus tôt pour éviter de rouler aux heures les plus chaudes. Vous devinez certainement que ça ne fonctionnera pas si bien que ça vu notre efficacité matinale…

Nous arrivons à Klos, de nouveau une ville plutôt grande comparée à la rue unique qui semble la composer d’après openstreetmap… Avis aux adeptes du tracé de polygones, il y a de quoi faire en Albanie ! Nous y rencontrons même une américaine très sympa avec qui je discute quelques minutes.

Elle nous prévient que la route qui nous attend est assez… sportive. Sa mise en garde s’avèrera on ne peut plus correcte et nous passerons encore une longue montée en plein soleil ! On se dit qu’il va bien falloir s’habituer à ce genre de situation 😉

À Bulqizë nous rouvrons notre état major et décidons de revoir notre itinéraire. Ça nous occupe longtemps, trop longtemps même, et on ne trouve pas de bonne solution. Au dernier moment Stéphanie propose de plutôt passer par la Macédoine, car les petites routes albanaises sont vraiment trop difficiles… on ne réfléchit pas beaucoup avant de choisir cette route, on verra les détails plus tard !!

Nous passerons la nuit à l’hôtel à quelques kilomètres de la frontière avec la Macédoine.

Le lendemain matin nous arrivons donc dans la matinée au poste frontière. Côté Albanie rien à signaler, mais côté Macédoine c’est une autre histoire 😀 Nous arrivons à l’arrière d’une longue colonne de voiture, et premier élément bizarre, nous voyons la 4ème ou 5ème voiture de cette file s’en détacher et traverser la frontière. Ceci éveille nos soupçons, et c’est là que nous remarquons que les conducteurs sont tous agglutinés autour du guichet, et que c’est celui qui s’imposera qui passera le premier ! C’est Stéphanie alors à l’avant qui aura le plaisir de se prêter à cet exercice un peu sportif. On a même vu une personne arriver derrière nous et venir se mettre dans le mince espace devant elle, sans un regard. Après quelques minutes à tendre nos passeports et à se glisser dans tout interstice disponible, ses voisins jugent qu’elle a bien joué le jeu, l’un d’eux reconnaît son mérite et sa ténacité et même s’il serait facile de continuer à lui prendre la place, il indique aux autres que c’est son tour, victoire !

Nos quelques jours en Macédoine sont très agréables, c’est un pays avec énormément de lacs. La première route que nous prenons est belle, abritée par les arbres et aux pentes douces.

Nous arrivons dans l’après-midi à Struga, ville très touristique ! Cela contraste fort avec les zones plutôt isolées que nous avons traversées en Albanie (même si la côte doit être touristique aussi). La macédoine n’ayant pas d’accès à la mer, ce sont ses grands lacs qui s’entourent de stations balnéaires.

Nous avions l’intention de dormir dans un camping à Ohrid, au doux nom de “Partisan”, mais il est fermé 🙁

Grâce à osmand (encore !) nous dénichons un camp scout accueillant dans lequel nous pourrons nous installer 🙂

Cela sera notre seule nuit en Macédoine, et nous repassons la frontière, disciplinée cette fois, dès le lendemain. Nous en avons tout de même profité pour visiter Ohrid, qui est une très belle ville. Stéphanie a pu discuter avec des touristes malais, et visiblement, nous avons une adresse à Kuala Lumpur, si on y arrive 😉

Pour finir ce long article il ne me reste plus qu’à vous raconter notre dernière nuit en Albanie ! Le soir approchant et les emplacements de bivouacs étant plutôt rares dans ce pays bien dense, nous décidons de prendre de l’eau dans un village puis d’aviser. C’est à ce moment qu’un garçon fait signe à un autre que nous parlons français. Ce dernier se met alors à nous parler dans un français parfait !! C’est ainsi que nous faisons la connaissance de David, dont la famille merveilleuse et extrêmement généreuse nous accueillera pour la nuit !

Nous passons une soirée exceptionnelle en leur compagnie ! Plusieurs personnes parlent français, David et Gloria car ils étaient à l’école en France ces deux dernières années, leurs parents suite à cette installation à Bayonne pour quelques temps, et enfin Xhensika, étudiante à Tirana qui a appris dans les livres et s’en sort super bien !

Merci encore à tous pour cette superbe soirée, si enrichissante et joyeuse 🙂